Sarkozy, Président !

Je n’ai pas mangé. Ou presque. Je vais assister à l’Université d’Eté du MEDEF, chez les patrons, cigare et bretelles, ceux qui délocalisent, ceux qui vendent en France des ballons de foot cousus par des petites chinoises, lorsqu’elles cessent de pédaler pour produire de l’électricité, et pour tout déjeuner, je me vois offert joyeusement quoi ? Du boulgour, des carottes rapées, et un brownie… Et encore ai-je bénéficié d’un accès au club de presse, sans quoi je me contentais de chips à la banane. Alors, voilà, je ne suis pas rancunier, pas matérialiste, mais quand je ne déjeune pas, je suis pas de bonne humeur.

Le discours de Nicolas Sarkozy m’a déçu. Non que je ne sois pas d’accord avec ce qu’il a dit, non que je ne partage pas l’essentiel de son propos, mais il restait un parfum anachronique de campagne électorale. Sarkozy Président, on y est .

« Je veux le faire sans détour, je veux le faire avec franchise« … Je voulais surtout savoir précisément ce qu’il entendait faire.

« Le mot rupture ne me fait pas peur (…)Je veux la rupture avec le malthusianisme, avec le conservatisme, avec l’immobilisme, parce qu’il n’y a pas de révolution économique qui ne commence par une révolution dans les esprits »

J’en conviens. Mais la rupture, il n’est plus temps de l’appeler de ses voeux. Le temps est simplement venu de la faire.

« La croissance qui nous manque, je veux aller la chercher. Il nous faut aller la chercher non à l’extérieur de nous-mêmes, mais en nous-mêmes. Il ne faut pas attendre que la conjoncture internationale nous l’apporte. Il nous faut la fabriquer avec nos talents, nos imaginations, avec notre audace, avec notre courage »

100%, Nicolas. Mais j’attendais davantage. Et, si je veux bien admettre qu’il instaure un ton nouveau, si j’apprécie que le ton soit résolu, dynamique, je me suis cru trop longtemps dans un meeting de campagne, fait des inflexions générales habituelles, du volontarisme nécessaire, et de certains traits d’humour appréciables, comme sur sa capacité à utiliser les talents que le PS n’emploie pas… Mais je m’attendais à une annonce concrète de mesures. Alors, voilà, je suis en salle des blogueurs, et je me trouve en complet décalage avec les autres blogueurs. Même Versac semble avoir apprécié ce discours, c’est pour dire…

Reste quelques annonces. Notamment sur la fiscalité. Peu d’annonces nouvelles, à mon sens, ce qui reste compréhensible puisqu’il n’est, comme il le rappelle, président que depuis trois mois.

Reste, surtout, un symbole fort : le soutien clair apporté par le Président aux entreprises, aux entrepreneurs, pas aux « spéculateurs », aux « créateurs« . « Je veux en finir avec l’idéologie qui met l’entrepreneur au ban de la société. Je veux mettre l’entrepreneur au coeur de mon projet économique« .

Il les a assuré de son soutien, en leur demandant de… jouer le jeu, également, et notamment sur les salaires. Laurence Parisot est venue nous le dire tout à l’heure avec, je crois, une certaine émotion : cela fait dix ans, vingt ans, que les chefs d’entreprise attendent un tel discours, un tel soutien, de la part d’un Président de la République.

C’est certainement là la vraie rupture et le message essentiel de cet après-midi.

***La vidéo du propos de Laurence Parisot, évoqué ci-dessus, filmé par Natacha QS :


Laurence Parisot et les blogueurs
envoyé par NatachaQS

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43 commentaires

  • Si Parisot trouve que le discours de Sarkozy constitue une rupture par l’attitude du gouvernement envers les patrons, c’est déjà bien. Mais j’ai eu moi aussi l’impression d’être encore en mode campagne électorale.

    Hello, camarade, t’es président, là. Ca y est. Le moment est venu de prendre le mammouth par les couilles. Je comprends que ça impressionne, mais t’as été élu pour ça.

    Il ne faudrait pas que, pour ne pas exciter M. Thibault et consorts, on ait d’un côté une machine à réformes micrométriques, et de l’autre, un moulin à paroles révolutionnaire.

    De toutes façons, les syndicats vont hurler, que l’on coupe les ongles au mammouth ou qu’on lui coupe les roubignolles. Alors qu’est-ce qu’on a à perdre?

    Pour voir ce que serait une vraie rupture en matière fiscale, par exemple, voir ici:

    http://www.u-blog.net/liberte/note/57713

  • Oui, enfin Corinne Lhaïk est juste rédactrice en chef du service France de l’Express, qui n’est pas non plus le dernier éclos d’une couvée de canards… Y a pire, comme insulte.

  • [quote post= »446″]Reste surtout un symbole fort : le soutien clair apporté par le Président aux entreprises, aux entrepreneurs, pas aux “spéculateurs”, aux “créateurs“. “Je veux en finir avec l’idéologie qui met l’entrepreneur au ban de la société. Je veux mettre l’entrepreneur au coeur de mon projet économique“.[/quote]

    Juste un truc, qui me hérisse le poil, à moi qui suis chercheur en finance mathématique… Ce rejet du spéculateur est une hérésie ignoble. Et s’il est temps effectivement d’agir, changer vraiment de discours est assez nécéssaire.

    Le spéculateur n’est pas un nuisible de l’économie de marché ! Non, il est l’huile dans les rouage, le pourvoyeur principal de liquidité, l’assurance de suppression quasi instantanée des arbitrages etc. etc. Bref si le spéculateur n’est pas un créateur de richesse immédiat (encore qu’il est impossible de distinguer le spéculateur de l’investisseur, chacun est un peu de deux, parfois même simultanément, et qu’en prenant des risques il contribue également à la création de richesse) il est une des conditions d’un marché efficace et « socialement juste ».

    Bref, sans « l’ignoble spéculateur aux doigts crochus et couvert du sang des pauvres », le gentil entrepreneur risquerait bien de ne pas pouvoir avoir accès aux capitaux dont il a besoin, aux conditions d’équilibre, les salariés risquerait de n’être pas bien payés, et les petits épargnants méritants ne pourraient jamais se désinvestir pour prendre leur retraite. Avouez que ce serait ballot !!

  • [quote comment= »42530″]
    Il ne faudrait pas que, pour ne pas exciter M. Thibault et consorts, on ait d’un côté une machine à réformes micrométriques, et de l’autre, un moulin à paroles révolutionnaire.
    [/quote]

    Maintenant, est-ce que le MEDEF est justement l’endroit où faire un discours de politique économique et sociale de façon précise ?

  • [quote comment= »42559″]

    Maintenant, est-ce que le MEDEF est justement l’endroit où faire un discours de politique économique et sociale de façon précise ?[/quote]

    Très juste. Ne nous précipitons pas pour regretter un discours qui est plus théorique qu’empli de mesures pratiques… Ce n’aurait pas été l’endroit le plus approprié et puis la « rentrée » n’est pas encore vraiment effective pour tous… Attendons donc encore un peu.

  • C’est un petit pas pour l’homme….
    Puisqu’on parle de campagne, qui ne se souvient du leitmotiv de la gauche (la républicaine pis celle qui l’est un peu moins…) à propos de la droite qui défend le CAC40. Voilà l’ennemi héréditaire, pour cette gauche là! Alors oui, il faut des mesures, mais la préparation de ces mesures nécessite un travail pédagogique en profondeur (d’aucuns vous parleront de propagande!). Les (très) grandes réformes nécessaires à notre pays doivent passer et ne peuvent pas se permettre de tomber sous la pression de la rue, manipulée par des peurs attisées par les technocrates du socialisme (le vrai, le dur, le seul qui nous reste), qui viennent jusque dans nos campagnes (pas électorales celles-là) égorger nos fils… etc.
    Et le travail de pédagogie commence déjà par le patronat, c’est tout dire de la tâche que cela constitue! Pour ma part et étant à mon compte, j’en suis convaincu! Mais en bon joueur d’échecs, il est nécessaire de préparer le terrain, sous peine de voir une grande idée disparaitre dans les méandres d’une sous-variante mal appréciée.
    Amitiés échiquéennes!

  • Effectivement, on est assez d’accord avec Corinne Laïk. Je n’avais donc pas la berlue.

    Fondamentalement, je suis d’accord avec ce qu’a annoncé le président. D’accord, très clairement, avec son optique. D’accord sur la nécessité évidente d’opérer une révolution des esprits, de comprendre que le chef d’entreprise est essentiel à l’économie. Au demeurant, Manuel Valls, qui intervenait dans la soirée, ne disait pas autre chose. On tombe un peu facilementdans la démagogie qui consiste à dire que l’ouvrier est au moins aussi indispensable que le chef d’entreprise. C’est bien, c’est gentil, ça flatte et ça fait « bonne âme ». Mais c’est faux. Individuellement, un chef d’entreprise peut faire le travail de l’ouvrier, avec un temps d’adaptation, quand l’ouvrier ne peut (sauf exceptions toujours possibles, et tant mieux) pas faire le boulot du chef d’entreprise.

    Il est clair qu’à un moment donné, il faut savoir rendre hommage aux créateurs, comme aussi, parfois, au simple gestionnaire (lorsqu’il ne plante pas la boîte évidemment).

    Là-dessus, je trouve que son discours était un symbole fort et appréciable.

    Ce que je lui reproche – toujours ce matin, donc ça ne dépend pas tant que ça du déjeuner d’hier – d’une part d’avoir été assez peu concret. Un discours volontariste (adjectif que je retrouve dans les dépêches), c’est bien mais, à ce jour, c’est un peu insuffisant.

    Et d’autre part, je trouve qu’il ne s’est pas encore coulé dans l’habit du président : il n’a plus à évoquer les polémiques sans intérêt qu’entretient une opposition déboussolée.

    Pas à rentrer dans les propos sur les talents du PS qu’il utilise mieux qu’eux : il le fait, point. Il n’a pas davantage à justifier lui-même de sa présence à cette Université d’Eté, aussi bien qu’il le fasse. D’autres sont là pour en comprendre la portée à sa place. Et il ne manque pas de relais pour aider à la compréhension si nécessaire.

    Ce n’est plus de son niveau. Qu’il laisse ça aux lieutenants, sous-lieutenants, sous-sous-lieutenants. Voire à moi !

  • Au delà de ton commentaire que je partage – je voterai Nicolas Sarkozy! – deux réflexions:

    – Nicolas Sarkozy a été profondément marqué par les sclérosantes « années FN » qui ont abouti au 21 avril. Parti de l’épouvantail habilement dressé dans le champ de la démocratie française par François Mitterrand – modification du mode de scrutin pour les législatives de 1986 et entrée du Front national à l’Assemblée nationale -, le vote protestataire extrémiste allié à sa cousine l’abstention ont miné le débat politique et délégitimé l’action des gouvernants qui n’avait pas besoin de ça. Nicolas Sarkozy l’a rappelé hier pour expliquer et justifier ce que ses détracteurs appellent hyperprésidentialisation, hyperactivisme ou hyperproximité de sa part. J’en conviens, son engagement doit désormais être suivi d’effet

    – mais c’est aussi en référence au titre de l’Université d’Eté du MEDEF qu’il a justifié son volontarisme, ce qui lui a permis de réclamer la pareille aux autres joueurs. A cet égard, il a eu des mots justes et clairs en fin de discours pour en appeler à la responsabilité des acteurs. Il a notamment parlé de l’obligation de négocier sur les salaires, justifiée par le fait que depuis les 35h00, on ne parle plus de salaire dans ce pays et que les patrons ne pouvaient pas en vouloir aux salariés de s’inquiéter de leur pouvoir d’achat ou des contrepartie attendues à leur travail.
    A côté de l’omnipotence supposée du Président de la République, il y a de la place pour les corps intermédiaires. Aux partenaires sociaux de s’emparer de leurs prérogatives et d’agir. C’était aussi ça le sens du discours de Nicolas Sarkozy au MEDEF et de rencontres qu’il avait judicieusement organisées en parallèle avec les syndicats de salariés.

  • [quote comment= »42614″]Effectivement, on est assez d’accord avec Corinne Laïk. Je n’avais donc pas la berlue.
    [/quote]

    Mon intervention à son propos est difficilement compréhensible maintenant, parce que le post précédent a été modifié par son auteur entre temps. Pour info, on me reprochait de t’avoir insulté en comparant ton point de vue à celui exprimé dans L’Express. D’où mon argumentaire.

  • N.Sarkozy a demandé à un certain nombre de commissions de plancher pour nous sortir de notre situation économique avant que nous ne soyons complètement bouffés par les petits chinois . L’on ne peut pas lui demander de donner des solutions qu’il n’a sans doute pas encore.
    C’est vrais aussi que NS n’est pas entré dans les habits de président, du moins de présidents comme nous en avions l’habitude. Pour l’instant il secoue la France que l’on avait complétement chloroformée, il faut encore qu’il porte de la voix, nous étions profondément assoupis !
    Tous les camarades syndiqués hurlent à la trahison mais on s’en f.. pour une intervention positive que tout DRH de bon sens peut avoir sans eux, ils ont tellement nui à notre pays ces orphelins du marxisme !
    La prochaine fois KOZ demandez à votre épouse de vous faire un casse-croute cela vous rendra peut-être plus positif (objectif ?) . Chacun sait que « Ventre creux n’a pas d’oreille ! »

  • [quote comment= »42530″]Pour voir ce que serait une vraie rupture en matière fiscale, par exemple, voir ici:

    http://www.u-blog.net/liberte/note/57713%5B/quote%5D

    Ouah, ça c’est du programme, effectivement à ce prix là, la France deviendrait un paradis fiscal !

    En tant qu’incrédule, j’ai cependant du mal à croire au paradis. Dans ma tête trotte l’adage selon lequel Le paradis fiscal des uns est l’enfer social des autres. Non pas que le système fiscal ne soit pas à revoir de fond en comble, mais nul besoin de renoncer au passage au principe selon lequel chacun contribue selon ses moyens.

    Du reste, j’ai assez confiance en l’instinct de survie de Sarkozy pour savoir qu’il ne s’engagera pas dans une voie aussi extrémiste. Ne serait-ce que cette histoire de flat rate sur l’impôt sur le revenu. Demandez à Angela Merkel ce qu’elle en pense… En 2005, face à une gauche usée ratatinée par 7 ans passés au pouvoir, elle a fait campagne là-dessus avec son expert ès finances, le fameux professeur d’Heidelberg. A elle toute seule, cette idée a réussi à lui faire perdre une élection imperdable, la CDU devançant d’un cheveu un SPD à qui elle mettait 10% dans la vue un mois plus tôt, les 3 partis de gauche étant majoritaires en voix dans le pays. Depuis elle a compris que le néo-libéralisme n’est pas majoritaire dans notre civilisation, et mène une politique social-démocrate au point de désemparer un SPD qui recherche vainement un enjeu symbolique surlequel il pourrait se démarquer. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça marche pas mal !

  • « Un jour mon père m’a dit Sarko sera comme Chirac,
    Moi j’ai dit Non non non, il sera Facho-Libéral. »
    Cheveux mal coupé (pas de thunes pour le coiffeur), idées à courtes portées.

    Mon papa garde la sagesse (et le capital), je garde la fougue mal employée (et la précarité).

    Sarko se met dans les souliers d’un Chirac Bis.
    Point.
    Un peu de real-politik irresponsable avec la Lybie. Un vrai cadeau pour les riches et les sur-riches et puis retour en campagne pour dans 4 ans et demi.
    Réthoriques, incantations et première page permanente du « Nouveau Détéctive ». Rien ne bouge, c’est pourri, on reste avec la balle au centre.

    Pauvre France. Incapable après 11 ans de droite d’avoir un vrai programme de baisse de coût du travail. C’est nul quand même.
    Et la gauche ne rêve même plus de… de rien.

    Dublin, ça a l’air bien…

  • [quote comment= »42629″] Le néo-libéralisme n’est pas majoritaire dans notre civilisation.[/quote]
    Tout de suite les grands mots, JM Fayard. Notre civilisation!…

    Je croyais qu’il n’y avait que Le Pen et les beaufs au front de taureau à parler comme ça, affalés devant leur pastis au bar des amis.

    Vous arrivez à cette affirmation péremptoire après avoir rejeté d’un revers de main l’impôt proportionnel. Avez-vous regardé la liste des pays qui pratiquent l’impôt proportionnel? Avez-vous regardé leur taux de croissance, leur taux de chômage?

    Qu’appelez-vous « néo-libéralisme »? Qu’appelez-vous « notre civilisation »? L’Irlande est-elle néo-libérale, pour vous? Fait-elle partie de notre civilisation? Même questions pour le Portugal, l’Estonie, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Allemagne, la Suède, le Danemark, la Finlande, l’Italie…

    Tous ces pays ont, à des degré divers, adopté les odieuses solutions « néo-libérales ». Et tous se félicitent des résultats.

    L’Irlande est-elle l’enfer social de la France? Et si oui, que peut bien vouloir dire une affirmation aussi bizarre?

    Tous les pays qui ont massivement baissé leur dépense publique, baissé leurs impôts, libéralisé les règles du travail, ont vu le sort de leurs citoyens s’améliorer nettement.

    Les recettes sont connues, et s’abriter derrière une prétendue civilisation (la nôtre, bien entendu, l’unique, la seule — tous les autres peuples n’étant, au fond, que des barbares) est une piètre excuse pour le conservatisme et l’égoïsme de ceux qui ont des privilèges à défendre.

  • Sac griffée moche et ridicule au premier plan, polo de rugbyman de canapé porté sur les épaules (!!!!) en détail qui chatoue l’oeil, posture de Mussolini avec une ombre suspecte pour le sujet…
    Je verrai bien cette photo en page 4 de libé.

    Koz, vilain gauchiste qui s’ignore…

  • [quote post= »446″]Non pas que le système fiscal ne soit pas à revoir de fond en comble, mais nul besoin de renoncer au passage au principe selon lequel chacun contribue selon ses moyens.[/quote]

    Ben, il me semblait, mais j’ai du faire trop de maths dans ma vie, et pas assez de socialisme, que justement avec la flat tax tout le monde contribue à proportion de ses moyens… Le riche paye beaucoup, le pauvre paye peu… voire peut-être exonéré.

    Non, c’est le système actuel qui est inique, il vise en fait à punir les riches… Il n’a pas pour but l’équité mais l’égalité de force de tous… « Coupez les têtes qui dépassent et juchez le petits dessus »… un excellent moyen pour que tous se cassent la figure.

  • Que pensez-vous de la dépénalisation de l’abus de biens sociaux ? J’aimerais qu’on m’explique cette partie-là du discours de NS.

  • rien de bien nouveau dans ce qu’a dit sarko au MEDEF:
    les patrons sont les créateurs de richesse et la nation leur est reconnaissante…
    on trouve la même chose dans les propos de raymond barre, pour citer un disparu récent, jacques rueff, ou d’autres économistes ou hommes politiques « libéraux », « de droite »,…
    en remontant plus loin dans le temps, on trouve aussi au dix neuviéme l’ idée de travailler plus pour gagner plus : heureusement démentie par les faits et l’histoire: on gagne plus en travaillant moins, cela s’appelle le progrés économique et social…

  • [quote comment= »42728″]Que pensez-vous de la dépénalisation de l’abus de biens sociaux ? J’aimerais qu’on m’explique cette partie-là du discours de NS.[/quote]

    Nicolas Sarkozy n’a pas évoqué l’abus de biens sociaux. Il a évoqué la dépénalisation de la vie des affaires, ce qui est encore bien général pour savoir précisément quelles infractions seraient concernées.

    Il existe certains infractions, comme la discrimination commerciale (je précise « commerciale » car il ne s’agit que de traiter différemment un acteur économique par rapport à un autre, pour un motif commercial), pour lesquelles on peut imaginer que la répression pénale ne soit pas la plus adaptée.

    D’autres méritent de rester sanctionnée pénalement. Sans connaître précisément les infractions concernées, on ne peut pas en déduire grand-chose.

  • Merci Koz, même si je n’ai pas tout compris de votre deuxième paragraphe sur la discrimination commerciale. J’ai fait prof de lettres voyez-vous, ça n’aide pas 🙂

  • En bref : vous n’avez pas le droit d’imposer à des opérateurs commerciaux dans une même situation des conditions commerciales différentes (tarifs, conditions de paiement etc) ou des conditions semblables à des opérateurs dans des situations différentes.

  • Bon j’avais compris les mots mais je n’ai décidément pas le « background » pour me représenter ce que cela veut dire en pratique. Pas grave.
    Reste que Sarkozy a parlé d’être moins regardant à l’égard des erreurs de gestion. J’ai pensé que l’erreur de gestion pouvait dans certains cas avoir bon dos…

  • TDB, en tant que confident privilégié de Sarkozy, je vais vous révéler ce qu’il a voulu dire.

    Heu… non.

    Plus exactement: sans être dans le secret de la pensée du Conducator, je vais vous expliquer pourquoi, là comme ailleurs, il a toujours raison.

    Hmmm… c’est pas encore ça.

    Voilà pourquoi Sarko a raison de dire ce qu’il a dit, bordel de merde.

    Un entrepreneur, en France, est systématiquement soupçonné de malversations. Par l’opinion. Par l’URSSAF (vous avez remarqué combien ça ressemblait à URSS?). Par le fisc. Par les tribunaux de commerce, comme par les autres.

    Le gaz stupéfiant déconno-marxiste répandu par l’intelligentsia dans l’atmosphère provoque, chez les citoyens, des comportements irrationnels de haine et de mépris à l’égard des patrons.

    Pour l’URSSAF et pour le fisc, un patron est un présumé délinquant, et il lui incombe de faire la preuve du contraire.

    Savez-vous pourquoi le pourcentage des redressements fiscaux d’entreprises effectivement recouvrés par l’Etat est de l’ordre de 10% seulement du total? Pas, comme une présentation biaisée de cette information le laisse souvent entendre, par coupable laxisme à l’égard des « riches ». Mais parce que les tribunaux retoquent très souvent à la baisse les prétentions des contrôleurs du fisc.

    Pourquoi? Parce qu’elles sont fantaisistes, tout simplement. Parce que les contrôleurs touchent des primes indexées sur le montant des redressements qu’ils infligent, non de ceux qui sont finalement imposés à l’issue du contentieux. Comme, de surcroît, la loi donne à ces derniers d’immenses pouvoirs, ils forcent largement la dose.

    Evidemment, la comptabilité d’une entreprise, et la législation qui la concerne, est infiniment plus complexe que celle qui touche les impôts des salariés. Les marges d’interprétation sont donc beaucoup plus grandes. La nation paye donc des bataillons de fonctionnaires (financés par l’impôt) et des bataillons d’avocats (dont les honoraires sont ponctionnés sur la valeur ajoutée disponible pour les salariés — pour les entreprises qui ont les moyens de s’en payer), les uns affrontant les autres en un combat totalement improductif, où la richesse du pays part en fumée.

    Enfin, quand une entreprise dépose son bilan — ce qui fait partie de la vie normale d’une entreprise et du tissu économique d’un pays, il ne faut pas se lasser de le répéter — le petit entrepreneur, celui qui a mis les efforts et les économies d’une vie dans son affaire, tremble devant une menace terrible: celle d’être déclaré coupable de faute de gestion par le tribunal de commerce. Pas d’avoir pris dans la caisse de la boîte pour s’acheter douze Ferrari: de simple faute de gestion.

    S’il est déclaré coupable de ce chef, il est responsable des dettes de l’entreprise sur ses biens personnels. Autrement dit, c’est la négation même de la notion d’entreprise, personne morale, qui existe, justement, pour distinguer les biens de l’entrepreneur et ceux de l’entreprise.

    Et devinez quoi? Il n’existe pas de définition légale de la faute de gestion. Elle est entièrement laissée à l’appréciation des juges. Le créateur d’entreprise — je ne parle naturellement pas là du PDG du CAC 40, qui occupe trop souvent le devant de la scène — est tout simplement menacé en permanence de ruine personnelle, par simple caprice des juges, si jamais il dépose son bilan — ce qui est un risque non exceptionnel dans la vie d’une entreprise.

    Le dépôt de bilan, en France, revêt un aspect infamant qu’il n’a pas aux Etats-Unis, où la loi sur les faillites est faite pour donner le maximum de chances à l’entreprise de redémarrer — et ne pas décourager les créateurs.

    Ajoutons à cela que, de plus en plus, les chefs d’entreprise — comme les maires, d’ailleurs — sont désignés pénalement responsables pour toute une série de faits qui ne relèvent pas réellement de leur culpabilité au sens commun du terme, mais pour lesquels la société, de plus en plus, réclame des coupables emblématiques que l’on puisse montrer du doigt.

    Etonnez-vous, après cela, que la création d’emplois soit si poussive en France. Non seulement un entrepreneur doit être assez fou pour risquer son argent, ses nuits, sa santé, dans les aléas du marché et des affaires, mais en plus, il a en face de lui une administration et des tribunaux qui lui sont systématiquement hostiles, et qui, quand ils ne sont pas dramatiquement ignorants du fonctionnement de l’économie réelle (dans le cas des tribunaux ordinaires) sont bien souvent corrompus (dans le cas des tribunaux de commerce).

    Notre pays est marqué, comme en d’autres domaines, par une caractéristique contradictoire. D’un côté, l’indulgence est significative envers certaines malversations massives, complexes, à grande échelle dans les grandes entreprises.

    Beaucoup plus qu’aux Etats-Unis, où certains responsables de l’affaire Enron, par exemple, ont ét condamnés à de très longues peines de prison, de celles habituellement réservées aux meurtriers. Il y a aux Etats-Unis une réprobation sociale envers le mensonge, la falsification, la déloyauté, qui n’existe pas en France, où ces comportements susciteraient plutôt l’admiration.

    D’un autre côté, la vaste masse des entreprises, qui sont des PME dépourvues des moyens d’organiser des fraudes à grande échelle, sont soumises au joug implacable du soupçon et de la loi qui s’abat sur les petits, les sans-grade, même — et c’est le cas la plupart du temps — s’ils sont de bonne foi.

    Ne parlons pas du cas où le contrôle fiscal ou le contrôle URSSAF sert d’arme politique pour intimider les gêneurs, fait allégué tellement de fois sans soulever l’indignation de la population qu’il faut bien en conclure que tout le monde trouve cela normal.

    Je vous recommande, à ce sujet, les péripéties de la relativement petite association SOS Education, qui a eu le culot de s’attaquer frontalement au lobby des fonctionnaires, et qui a subi en représailles une avalanche de contrôles fiscaux, de l’URSSAF (à l’issu desquels il s’est avéré que c’est la Sécurité sociale qui lui devait de l’argent!…), et même de la CNIL (on se demande qui a bien pu se plaindre d’être « fliqué » par les fichiers informatiques d’une telle association…).

    Voilà pourquoi Sarkozy a raison de vouloir dépénaliser l’activité de chef d’entreprise.

  • Merci Robert. J’avoue que j’aimerais aussi avoir une réaction plus conséquente de Koz dont le métier est, si je ne fais pas erreur, celui d’avocat d’affaires.
    J’aurais à dire sur SOS éducation dont je réprouve tant les méthodes que l’idéologie mais ne mélangeons pas tout.
    Si je vous ai bien compris puisque la loi n’est pas toujours judicieusement appliquée (à vos yeux, moi je n’y connais rien) la solution serait de la supprimer !
    Avec un raisonnement pareil on pourrait supprimer un paquet de lois et pas seulement dans les affaires, l’erreur étant humaine me semble-t-il.
    Il se peut qu’il y ait dans notre beau pays un abus de tracasseries administratives à l’égard des entreprises et une injustice à l’égard des petites et moyennes qui n’ont pas les moyens d’entretenir une armada d’avocats. Il est possible qu’il règne dans ce domaine comme dans d’autres une grande hypocrisie – je pense notamment à la pratique des commissions sur les marchés étrangers – et qu’il y ait à mettre un peu de réalisme dans la pratique judiciaire (encore que je ne considère pas les juges comme des persécuteurs ainsi que vous le faites avec une certaine mauvaise foi mais comme des gens qui ont à faire respecter les lois). Ceci étant jusqu’où peut-on aller ? Où commence le crime ? Il faut bien mettre des limites. Avez-vous lu la réaction indignée d’Eva Joly ? Elle s’y connais un peu plus que moi…Je vous y renvoie.

    Et comme dit plus haut l’avis de Koz sur cette question m’intéresserait.

  • Mon avis, c’est qu’Eva Joly doit avoir plus de renseignements que moi sur le sujet pour pouvoir se prononcer ainsi, et de façon véhémente. Ce qu’elle dit n’est pas insensé, si l’on part de la même hypothèse qu’elle, à savoir peu ou prou la dépénalisation de l’abus de biens sociaux. Si tel est le cas, je partage son sentiment. Mais d’où le tire-t-elle ? De quel texte ? De quel projet ? A ce stade, j’ai entendu parler de dépénalisation, certes, mais je ne sais toujours pas quel type d’infractions est concerné et autant je considère que certains comportements souffriraient bien d’être dépénalisés, autant je n’imagine que l’on dépénalise l’abus de biens sociaux dont, de toutes manières, les premières victimes sont les entreprises.

  • Une autre façon de dire ce que dit Robert, c’est que notre droit des sociétés repose sur le principe qu’une faillite est forcément anormale, voire frauduleuse et qu’il faut donc un coupable (le patron, ses actionnaires, ses banques…)

    Le droit anglo-saxon intègre la notion de destruction créatrice : une faillite est un événement routinier, voire nécessaire dans le cycle d’évolution de l’économie. Il est de la responsabilité de ceux qui intéragissent avec une entreprise de se prémunir contre ce risque. Il est essentiel de protéger celui qui prend le plus de risques (l’entrepreneur) contre les conséquences d’un échec.

    Le droit français est donc très conservateur, inhibe la prise de risque et la création d’entreprises et d’emplois sans procurer de véritable protection aux « stakeholders ». Ca ne change pas grand chose pour un salarié ou un fournisseur de la boîte qui fait faillite de savoir que le patron est ruiné ou ira en prison.

    Bref, il ne s’agit pas de supprimer des lois parce qu’elles sont mal appliquées mais de les supprimer parce qu’elles sont nuisibles.

    Encore une fois, Koz a raison de souligner que personne ne parle de dépénaliser l’ABS, encore moins de le légaliser.

  • [quote comment= »43171″]
    Si je vous ai bien compris puisque la loi n’est pas toujours judicieusement appliquée (à vos yeux, moi je n’y connais rien) la solution serait de la supprimer !

    Avec un raisonnement pareil on pourrait supprimer un paquet de lois et pas seulement dans les affaires, l’erreur étant humaine me semble-t-il.
    [/quote]
    Il ne s’agit pas de lois mal appliquées, mais mal conçues. Donc, en effet, les supprimer ou les remplacer par d’autres bien conçues me paraît la chose à faire.

    A cela s’ajoutent d’autres comportements qui ne sont pas dans la loi. Ce ne sont pas des erreurs (car sinon elles se manifesteraient dans les deux sens), c’est une tendance sociale, une pression générale, une disposition de l’opinion et des gens qui détiennent le pouvoir, dont les juges.

    [quote post= »446″]Je ne considère pas les juges comme des persécuteurs ainsi que vous le faites avec une certaine mauvaise foi mais comme des gens qui ont à faire respecter les lois[/quote]
    Vous mélangez deux notions qui n’ont rien à voir: la pratique réelle des juges (sont-ils des persécuteurs, ou autre chose), et celle qui serait souhaitable (ils ont à faire respecter la loi).

    Et au milieu de cela vous affirmez sans la moindre preuve que je suis de mauvaise foi.

    Démontons votre raisonnement. Je considère, comme vous, que les juges ont à faire respecter la loi. Par parenthèse, si vous trouvez des gens qui ne sont pas de cet avis, qu’ils soient de droite ou de gauche, faites-moi signe…

    A l’extrême-gauche, peut-être pense-t-on que le juge doit être l’instrument de la lutte des classes. Je fais crédit à la majorité de la gauche (mais peut-être suis-je très naïf!…) pour penser qu’elle a dépassé ce stade.

    Mais je regarde les décisions que les juges prennent réellement. Et, surtout, comment ils les justifient. Et là, les bras, ainsi que pas mal d’autres trucs, m’en tombent.

    Lisez les attendus des jugements publiés dans la presse. Ils sont une insulte permanente à la démocratie, à la constitution, à la république, tout ce que vous voulez.

    Bien souvent, ils n’ont strictement rien à voir avec le droit, justement. Mais tout à voir avec les humeurs, les opinions, les sentiments, les caprices intellectuels et les biais politiques du tribunal.

    Il est ahurissant de lire, jour après jour, depuis des années, des jugements qui ne sont que de mauvais articles de journal, où le juge joue tantôt au journaliste, tantôt au sociologue, tantôt à l’économiste, tantôt au militant politique, tantôt à l’écrivain — quand ce n’est pas à l’avocat. Et, bien sûr, tout cela non seulement n’est pas leur métier, n’est pas ce qu’on leur demande, mais c’est du fort mauvais journalisme, de la fort mauvaise sociologie, etc.

    Je vous recommande à cet effet les attendus de la cour d’appel de Paris qui a prétendu déclarer illégal le CNE, au motif qu’il ne serait pas efficace pour diminuer le chômage — on se demande bien ce que cela a à voir avec le droit du travail, et quand on regarde le détail des « arguments » économiques utilisés, c’est évidemment l’économie selon Gaston Lagaffe.

    On peut débattre tant qu’on veut de l’efficacité d’un type de contrat de travail pour diminuer le chômage, mais c’est le rôle des partis et de la société dans son ensemble d’en discuter, celui du gouvernement élu d’en décider, et celui des juges de faire appliquer ce qui a été décidé. Point barre.

    Ce n’est qu’un exemple parmi des milliers d’autres.

    Donc, oui, ça aiderait pas mal si les juges commençaient par faire leur métier, tout leur métier, et rien que leur métier, c’est à dire faire respecter la loi.

    On en est loin.

  • Arrêtez de voir rouge, Robert dès qu’on vous parle de justice ou d’enseignement : vous voyez des gauchistes partout ! Peut-être même vous hantent-ils la nuit comme les lémuriens de Gilbert Bourdin. Je ne peux rien pour vous à ce niveau-là.
    Sur le CNE je croyais qu’il avait été retoqué à cause de textes européens ou quelque chose dans ce goût-là. Je n’ai pas suivi ça d’assez près pour vous répondre solidement.
    Merci à Koz et à Libéral, et même à vous malgré l’emportement dont vous êtes coutumier !!!
    Je ne poursuis pas la discussion étant une néophyte, mais je garde mon inquiétude.

  • @ Robert
    « Je vous recommande à cet effet les attendus de la cour d’appel de Paris qui a prétendu déclarer illégal le CNE, au motif qu’il ne serait pas efficace pour diminuer le chômage — on se demande bien ce que cela a à voir avec le droit du travail, et quand on regarde le détail des “arguments” économiques utilisés, c’est évidemment l’économie selon Gaston Lagaffe. »

    J’ai beau penser la même chose que toi, j’arrive pourtant pas à te croire sur ce point ! Tu n’aurais pas un lien ?

  • [quote comment= »43260″]Arrêtez de voir rouge, Robert dès qu’on vous parle de justice ou d’enseignement : vous voyez des gauchistes partout ! Peut-être même vous hantent-ils la nuit comme les lémuriens de Gilbert Bourdin. Je ne peux rien pour vous à ce niveau-là.
    Sur le CNE je croyais qu’il avait été retoqué à cause de textes européens ou quelque chose dans ce goût-là. [/quote]
    Mais ils sont partout, TDB. Il suffit de lire ce qu’ils disent et de regarder ce qu’ils font. Ce n’est pas toujours très visible, et ce n’est ni Le Monde, ni Libé, ni même TF 1 ou Le Figaro qui vous mettront tout cela en valeur. Mais je me base sur des centaines de faits parfaitement réels, objectifs et incontestables pour affirmer cela.

    Et je préfère les lémuriens. C’est beaucoup plus mignon et tout à fait inoffensif.

    Le CNE a aussi été retoqué sous prétexte qu’il n’était pas conforme aux textes du BIT, je crois. C’est là aussi un scandale. Juridique et constitutionnel, car c’est au Conseil constitutionnel d’apprécier cela, et non aux juges. Politique, car cela révèle la dérive droit-de-l’hommiste des textes internationaux, qui empêchent la France d’exercer sa souveraineté sur son territoire.

    Ce que les Anglais ont fort bien compris dans leur refus de l’Europe, alors que les nonistes français sont nombreux à motiver leur vote par le fait que l’Union n’impose pas suffisamment le socialisme aux pays membres.

  • [quote comment= »43271″]@ Robert
    « Je vous recommande à cet effet les attendus de la cour d’appel de Paris qui a prétendu déclarer illégal le CNE, au motif qu’il ne serait pas efficace pour diminuer le chômage — on se demande bien ce que cela a à voir avec le droit du travail, et quand on regarde le détail des “arguments” économiques utilisés, c’est évidemment l’économie selon Gaston Lagaffe. »

    J’ai beau penser la même chose que toi, j’arrive pourtant pas à te croire sur ce point ! Tu n’aurais pas un lien ?[/quote]
    Cela a été largement rapporté dans les articles d’actualité des quotidiens, entre autres: Le Monde, Le Figaro… Je crains qu’ils ne soient maintenant passés en archives payantes. Il faudrait faire une recherche avec « CNE » et « cour appel Paris ».

    La formule utilisée, de mémoire, était: « Il est paradoxal de croire que faciliter les licenciements va faire baisser le chômage ». Je ne la garantis pas au mot près, mais l’attendu était très proche de cela.

    Ben oui, connard: c’est paradoxal, mais c’est vrai.

    C’est pour ça que t’es juge, et pas économiste ni chef d’entreprise. Chacun sa compétence. Heureusement que t’es pas ministre des Finances!

    Bref, on est en plein gouvernement des juges. Chacun prétend faire le boulot des autres au lieu de faire le sien: c’est ça, la France.

  • Eponymus, voici ce qu’en dit l’IFRAP:

    11 juillet 2007
    L’annulation du CNE : une provocation calculée.

    « Voici l’argument utilisé par la Cour d’appel de Paris pour invalider le Contrat Nouvelles Embauches (CNE) : « dans la lutte contre le chômage, la protection des salariés dans leur emploi semble être un moyen au moins aussi pertinent que les facilités données aux employeurs pour les licencier et il est pour le moins paradoxal d’encourager les embauches en facilitant les licenciements ». Autrement dit le CNE ne saurait promouvoir l’emploi en France, et son institution est contraire au but que la loi prétend poursuivre, et donc « déraisonnable » au regard de la Convention 158 de L’Organisation Internationale du Travail.

    On a simplement envie de demander aux magistrats de la Cour d’Appel ce qui les rend si hardis de décréter une fois pour toutes ce qui est bon pour l’emploi et ce qui ne l’est pas. L’iFRAP avait titré son dossier du numéro de septembre 2005 de Société Civile « La liberté de licencier vaut 2 millions d’emplois », avec force témoignages émanant de responsables de pays voisins de la France. Le débat mérite-t-il une simple remarque ironique au détour d’une décision de justice ?

    A la vérité, la Cour d’Appel ne se livre à rien d’autre qu’à une provocation calculée destinée à contrer le Conseil d’Etat qui avait au contraire validé il y a quelques mois le caractère « raisonnable » du CNE… Un épisode de la guerre entre la juridiction judiciaire et la juridiction administrative. Vivement la cassation !

    Nota : Les Echos du 12 juillet ont publié une enquête (LCI-Manpower-Les Echos) selon laquelle 84% des chefs d’entreprise embaucheraient beaucoup plus si les règles du licencement du CDI étaient assouplies. » BN

    http://www.ifrap.org/6-actualite/logifrap/$vigilance.htm#04/09/07

  • [quote post= »446″]On a simplement envie de demander aux magistrats de la Cour d’Appel ce qui les rend si hardis de décréter une fois pour toutes ce qui est bon pour l’emploi et ce qui ne l’est pas.[/quote]

    J’ai bien envie de vous répondre que c’est toujours la même raison qui fait de la France un des pays où les manipulations médiatiques marchent le mieux : l’inculture et l’arrogance.

    Je le constate tous les jours avec mes étudiants, les français dans leur majorité, tout en ignorant totalement les mécanisme économiques les plus simples comme les plus complexes, sont convaincus de pouvoir parler d’économie sans avoir jamais étudié cette discipline.

    Bien que j’aime assez le personnage, Claude Allègre me hérisse fréquemment pour cela. Tout géophysicien qu’il soit, il parle souvent tort, parfois à raison, d’économie dans ses tribunes. Que dirait-il si un économiste se mettait à pontifier sur la tectonique des plaques à longueur de colonnes ? Si un chef d’entreprise donnait la leçon sur le sujet à la radio ?

  • [quote comment= »43372″] Que dirait-il si un économiste se mettait à pontifier sur la tectonique des plaques à longueur de colonnes ? Si un chef d’entreprise donnait la leçon sur le sujet à la radio ?[/quote]

    Il me semble que l’économie dépend d’un faisceau de facteurs sociétaux beaucoup plus vaste que la tectonique des plaques, dont les enjeux restent circonscrit dans une parcelle scientifique donnée… c’est ce qui explique qu’Allègre, qui reste un connaisseur empirique de la société française de par les responsabilités qu’il a exercé, se sente autorisé à intervenir (même s’il le fait parfois à mauvais escient, c’est tout à fait possible).

    En résumé, à mon avis, quand Allègre parle d’économie c’est plus comme si un instituteur parlait de pédiatrie que comme si un économiste parlait de tectonique… ce n’est pas son métier, mais il a touché au sujet.

  • [quote comment= »43372″] L’inculture et l’arrogance.
    [/quote]
    En effet. C’est très frappant. Et sur les blogs, je vous dis pas.

  • Une citation de ce discours a particulièrement retenue mon attention. Sarkozy raconte un peu n’importe quoi. Va voir mon blog si tu veux voir mon avis sur la question.

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