Je suis allé vérifier, par acquit de conscience, et parce que je méfie de vous. Et c’est bien ce que je pensais, et même pis. Tout, dans la démarche de François Hollande et son interview, traduit l’homme velléitaire : il aimerait être, mais il n’est pas. Il sait ce qu’il devrait faire, mais il en est incapable.
Tout commence par la forme. Il a, nous a-t-on dit, hésité jusqu’au dernier moment sur l’opportunité d’une prise de parole, puis sur ses modalités. Il voulait surprendre, ou innover. Bonne idée. Quelle traduction ? Il invite des journalistes à l’Elysée. Surprise. Un présentateur du JT de France2 et une présentatrice du JT de TF1. Surprise. Il répondra à leurs questions. Surprise. Et sur le fond ? Rien non plus.
Rien que cette intervention sous forme de reniement, quoiqu’anecdotique, est symbolique. Bien sûr, affirmer qu’il ne recevrait pas de journalistes à l’Elysée était une ânerie de campagne. Et il était temps de devenir un peu chef de l’Etat et de cesser d’occuper sur les plateaux des JT la chaise encore chaude du people de la veille. La fonction a besoin d’autorité et, entre tous les présidents, ce n’est certainement pas François Hollande qui peut se permettre d’en abandonner la moindre parcelle. Il avait des velléités de se targuer d’une autorité naturelle, normale, il a vite compris que sa normalité était surtout un défaut d’autorité. Retour à l’apparat, qu’il n’aurait pas dû abandonner.
Velléité d’autorité aussi avec le limogeage de Delphine Batho, qui lui fut rappelé. Il devait montrer un homme à poigne, ce fut un autre échec et, hier, il semblait s’en excuser. Surtout, au sur-lendemain du limogeage, Arnaud Montebourg, dont on avait pourtant souligné le traitement déjà différent, s’est offert le luxe d’en rajouter une couche et de contredire frontalement le Premier Ministre, au lieu de se faire discret. Sans conséquences. Parce que Arnaud Montebourg n’aurait « pas contesté le budget », une nuance dont chaque Français se fout pas mal. Le message évident, c’est que pour Arnaud Montebourg, le Président est déjà du passé : il construit son destin et Hollande ne fait que passer. L’autorité, c’est lui.
Velléité encore, lorsque l’on apprend qu’il voulait dessiner la France de dans dix ans. Il l’a répété à maintes reprises. Et il a raison : il ne peut pas sacrifier le court terme mais il lui appartient de tracer le dessein national, le destin collectif, sans lequel personne ne peut consentir aux sacrifices qu’il semble vouloir (devoir) imposer. Trop de journalistes, sur le mode politicien, ont réagi en considérant qu’il se plaçait déjà dans l’optique d’un deuxième quinquennat. Là encore, il avait raison : ce n’est pas le sujet. On ne peut consentir à la rigueur (pour ne pas parler d’austérité) que si l’on pense avoir une chance raisonnable de sortir de la tempête, voir le bout du tunnel, sous sa conduite.
Alors, il l’a dit, à raison toujours : la France est un grand pays ! Nous en avons manifestement perdu la conviction et pourtant, nous avons, c’est certain, les atouts nécessaires.
Mais qu’a-t-il fait à part le dire ? Quel dessein, quel destin, a-t-il tracé ? Aucun, et c’est une habitude. Souvenez-vous du mois de septembre dernier. Il affirmait vouloir « fixer un cap », et il nous avait gratifié de quelques formules historiques : « le changement, c’est une force qui sait où elle va » ou encore « des choix courageux seront faits en 2013 et ils seront durables, justes et stables ». Encore des velléités. Mais revenons au cap. Il ne cesse d’affirmer ce qu’il devrait faire, ce qu’il sait très bien devoir faire : « fixer un cap », mais il ne suffit pas de l’annoncer, il faudrait l’incarner. Faute d’y parvenir, et parce que l’on ne peut pas promettre un cap des années durant tandis que perdure la tempête, il a changé d’expression : il ne va plus « fixer un cap » mais « tracer un dessein ». Mais là encore, il a dit ce qu’il devrait faire, sans pour autant le faire.
Pouvait-il d’ailleurs tracer un dessein dans ce format bâtard ? Enfin, Monsieur le Président, on le sait, depuis le temps, que les questions s’embourbent très vite dans les broutilles politiciennes. Sur une bien courte intervention, combien de questions consacrées au retour de Nicolas Sarkozy (pour lui permettre d’affirmer que ce n’est pas sa préoccupation : deux minutes de perdues), à Arnaud Montebourg, au format de l’émission, aux vicissitudes de l’UMP ? Mais que n’a-t-il alors imposé son tempo, pour se donner le temps de dessiner quelque chose, donner une vision plutôt que prétendre le faire ?
Retour au fond, mêlé de forme. Il a raison : rien ne se fera sans la confiance. Mais il n’y a qu’un velléitaire pour croire encore qu’elle peut se décréter. Vous releverez la subjectivité de ce qui suit, et ça tombe bien puisque c’est moi qui écrit, et pas vous. Mais pour incarner la confiance, il lui faudrait un changement de style. Et maintenant, le changement. Poser sa respiration, poser sa voix, aller chercher les basses, quitter ce ton heurté et sans cesse offusqué, oublier ces formules si peu ajustées – « Vous croyez que je l’ai fait par plaisir ? »… Non, mais on s’en fout un peu, à dire vrai. Au besoin, aller voir Lionel Logue ou Marianne James. Et ces paupières en accent circonflexe, entre Droopy et Caliméro… On avait dit : « pas le physique » ? Désolé, mais la gueule de l’emploi, ça compte, et une tête, le passé la modèle.
Pas plus que la confiance la reprise ne se décrète. Pire : faire confiance à un gars qui croit déceler une reprise dont personne n’a vu le bout de la queue, qui, dans la tempête, confond éclairs et éclaircie, est une gageure. Il y a une certitude, nous dit-il : « le second semestre sera meilleur que le premier ». C’est presque comique quand on sait qu’au premier trimestre, nous étions même retombés en récession. Nier la réalité, cela n’a jamais suscité la confiance. « Pourquoi du sang et des larmes ? Il faut donner de l’espoir », disait-il fin mars. Ouais, ok, mais Churchill n’a pas non plus vendu du rêve.
On a dit longtemps que le fait de n’avoir jamais été ministre avait été un handicap pour Hollande. Il faut croire que ce fut plutôt une chance : s’il avait exercé des responsabilités, nous nous serions peut-être aperçus de tout cela bien avant. Parce qu’en somme, Hollande, c’est le gars qui sait ce qu’il ferait, à la place du Président de la République. Il a tenu ce rôle pendant toute sa carrière. Aujourd’hui, il est à cette place mais il n’a pas changé de discours.
Ca n’est pas rassurant pour la France, pas rassurant pour l’économie et figurez-vous que, du coup, ça n’est pas rassurant pour mes finances non plus, ce qui signifie que non, je ne me réjouis pas. Sans compter qu’on les connaît ces petits chefs, sans vraie autorité. Ils n’en sont pas moins dangereux : faibles avec les forts, forts avec les faibles. Dur avec Batho, faible avec Montebourg.
Mou avec « la finance », dur avec les plus fragiles.
Il y a de quoi être inquiet effectivement. Mais 1) il n’était pas le seul à faire campagne en faisant abstraction de l’état économique de la France, comme si nous avions disposé de marges de manoeuvre 2) je ne suis pas sûr que son challenger aurait fait mieux sur le plan économique.
Maintenant passer d’un hyperprésident bling-bling qui se contente de l’apparence (un fait divers, 1 loi) à un sectaire jouet de trop de lobbys montre à mon sens l’essoufflement de nos institutions.
C’est exactement ça, un «ton perpétuellement offusqué», merci pour l’expression, je n’arrivai pas à caractériser son intonation par autre chose qu’un plat «toujours sur la défensive». Non, ce qui perce dans sa voix, et c’était très vrai dans l’interview d’hier, c’était ça : l’indignation hessélienne, l’offuscation perpétuelle comme justification de l’impuissance et de l’inaction.
Monsieur Hollande est l’archétype de la personne vélléitaire, autoritaire mais parlant et agissant sans autorité, vivant un rêve éveillé (dogmatique et sentencieux). homme politique raté, catho raté, bourgeois raté, concubin raté, arrivé au pouvoir par erreur, mis là par un destin qui se joue de lui et le met à une place comme chargé de montrer au peuple la ratitude et les recettes pour y parvenir. Toute sa pensée et ses gestes sont sans conséquence autre que celle sur lui même. Cet homme que vous décrivez à juste titre, indécis et mou, encombré de lui même, n’est atteint que par la volonté de ne pas apparaitre tel ce qu’il déteste mais qui pathétiquement le devient malgré lui. Il fera tirer dans la foule avec regret… mais bonne conscience. Ce qui compte le plus pour lui…
Il a donc une utilité mais pas celle qu’il croit… Servir d’épouvantail… En cela, il n’existerait pas il faudrait l’inventer…
Bien à vous…
Je partage globalement l’analyse. Mais on pourrait être un poil plus sévère, sans faire oeuvre d’injustice je crois, sur un point : voir à long terme, comme tu le dis Koz, est en effet excellent… mais le peu que j’en ai vu, le président n’a pas répété « la France, dans 10 ans… », mais « après moi, dans 10 ans »… suis pas analyste, mais moi ça m’a sauté aux yeux : il a mis une option sur un deuxième quinquennat, c’est net.
… et compte tenu du moment et de la situation, c’était simplement indécent.
Je rejoins MBLAH dans l’appréciation sur le ton de Hollande, perpétuellement offusqué en guise de « justification de l’impuissance et de l’inaction ».
Le hic c’est que, quand il parle aux Français, on a souvent l’impression pénible qu’il parle à son aile gauche et essaye de la raisonner…
Du coup, forcément, ça l’entrave un peu et ça irrite un peu quiconque aborde le monde avec un prisme moins naïf et militant.
Mais quelques éléments positifs tout de même, relevés dans le désordre :
en réponse au chômage, il a aussi évoqué les créations d’emploi par l’entreprise (dommage cependant qu’il ait spontanément d’abord évoqué les emplois aidés…) ;
il a sagement relativisé le « scandale » de l’accroissement de la richesse des plus riches (« la bourse monte ») ;
il a eu des propos très justes sur la dette, rappelant qu’accepter de s’endetter, c’est accepter de dépendre de créanciers et, partant, perdre en souveraineté. Bienvenu après les propos de Bartolone laissant entendre qu’on peut ENCORE se permettre de vivre avec 4% de dérapage budgétaire ;
il a rappelé à plusieurs reprises qu’il allait maintenant faire des économies (bon, on attend toujours de savoir où et quand, mais c’est déjà un travail d’approche pour son aile gauche) ;
sur les sujets « crispants », il n’a pas fait sottement l’indigné lorsqu’a été évoquée l’hypothèse d’un sabordage des voies de Brétigny ou celle de la création d’un parti islamiste en France. Il a assez mal répondu (quel rapport avec la démocratie chrétienne?) mais au moins, il a paru accepter que semblables questions fussent posées sans nuire au « pacte républicain ».
Et bien je ne suis pas entièrement d’accord avec votre analyse. Votre président a un cap très clair et parfaitement socialiste : collectivisme, législation au-delà des limites régaliennes, indifférenciation (égalitarisme) des individus (ni age, ni race, ni sexe, ni finance). Bien sur un état totalitaire a besoin de financements très importants : d’où les impôts et une dépense publique élevés.
Dans un état socialiste, le peuple n’est pas libre : il n’existe pas. Les individus sont les outils de production de l’Etat et doivent dépendre absolument de celui-ci. Par exemple : aujourd’hui il est faux de dire qu’une personne gagne un salaire ; aujourd’hui une personne reçoit ce que l’Etat veut bien lui laisser.
Très bonne analyse, velléitaire un mot à retenir qui traduit la posture présidentielle.
Un exemple pour illustrer ce trait de caractère :
FH nous affirme qu’il va réduire les dépenses de l’état pour les raisons que l’on sait.
Alors qu’il commence par les dépenses de prestige, par exemple en allégeant fortement le seul défilé militaire organisé dans un pays démocratique.
Nos soldats comprendraient très bien qu’une telle manifestation prendra son sens quand le pays sera en mesure de la financer.
En attendant, si FH était cohérent, avions et matériels pourraient rester au repos.
Hervé Mariton a dit il y a quelques mois exactement ce qu’on pouvait penser au sujet de la reprise, de l’inversion des courbes du chômage
… et donc de la confiance …
Le problème c’est que cette reprise européenne ( cela ne va pas déjà si mal que ça en dehors du Club Med ), elle finira bien par arriver à l’insu de son plein gré dans les quatre ans qui restent . On pourrait même penser que plus il fera sombrer la France et plus « les risques » de reprise seront possible. Le même bonhomme s’en fera prestement l’initiateur. Et voilà ! comme dirait le prestidigitateur ………….. Espérons que les français auront encore la mémoire du bateau sans moteur chahuté par les vagues et que le remorqueur ne soit pas trop coûteux !
koz, le probleme est-il son immobilisme naturel ou bien la fragilité de sa position actuelle? Etant tres impopulaire, repoussoir au vu des résultats partiels et ayant déjà usé pas mal de son credit couleuvre avec d’autres reformes (cumul des mandats typiquement), il ne pense plus pouvoir etre soutenu par sa majorité face a des corporatismes forts : je pense particulièrement a la reforme de la formation professionnelle, sa derniere carte face au chomage. D’où cette sensation de vide et d’insignifiance…
Everybody knows that the boat is leaking
Everybody knows that the captain lied
Léonard Cohen
J’ai écouté attentivement Hollande pendant les 35 minutes qu’a duré son intervention dimanche. Une perte de temps complète, sauf que cela me permet d’être au diapason avec ce billet. La France est certes un grand pays, mais son président est loin d’être à la hauteur.
Bon, je me dévoue pour le rôle d’avocat de la défense. Il en faut toujours un, disons que je me suis auto-commis d’office.
Ainsi selon votre caricature, François Hollande ne serait qu’un « velléitaire », c’est-à-dire une personne « qui n’a que des intentions fugitives, qui est incapable de prendre des décisions et de passer aux actes ».
Examinons les faits.
On sait que notre pays est en crise, que l’Europe est en crise, que le monde est en crise. On sait aussi que les politiques ont de moins en moins de marges de manœuvre, même s’ils ont naturellement tendance à les exagérer pour se distinguer de leurs adversaires. On sait par exemple que les dirigeants politiques français, quel que soit leur bord, n’ont pas d’autre choix aujourd’hui, face à l’Europe, à l’Allemagne et aux marchés financiers, que de réduire les déficits publics.
C’est ce à quoi s’est attelé François Hollande, à la fois en augmentant les impôts et en programmant des économies, et ce dans une dimension sans précédent depuis plusieurs décennies, quitte à encaisser une forte impopularité.
Il a pris également un ensemble de mesures fortes en faveur de l’emploi, de la croissance et la compétitivité (et ce n’est pas fini), qui ont carrément fâché son aile gauche, mais dont il espère (et nous avec) des résultats positifs à court, moyen et long terme.
Pas de décisions, pas d’actes ? Cette analyse ne résiste pas à l’épreuve des faits. D’ailleurs, en off, certains ex-ministres de droite reconnaissent qu’ils auraient difficilement pu faire plus, mieux ou vraiment différent – y compris pour l’intervention militaire française au Mali. L’UMP a d’ailleurs toutes les peines du monde (comme le PS en son temps) à faire émerger une politique alternative. Non, avec l’histoire du gars velléitaire et sans autorité, c’est simplement le story-telling de la campagne de Sarkozy en 2012 qui continue, pour préparer le retour du champion, qui piaffe déjà dans son box.
Certes, Hollande est moins « bateleur » (comme dirait Fillon) que son prédécesseur. Cela ne veut pas dire qu’il n’agit pas, comme cela ne voulait pas dire que Sarkozy agissait quand il mettait en scène son soi-disant volontarisme à coups de « karcher », de « racaille » et de « croissance qu’on va chercher avec les dents ». Tout cela, c’est seulement l’écume des choses. Ce qui compte, ce sont les mesures prises et les réformes réalisées, puis les résultats obtenus.
Bien sûr, Hollande n’est pas un magicien (qui l’eut cru ?) et les résultats ne peuvent être immédiats. Il a donc aujourd’hui l’obligation de poursuivre les réformes et de s’efforcer de stimuler l’optimisme et la confiance, en attendant que sa politique porte ses fruits et que la conjoncture mondiale et européenne devienne plus favorable. C’est ce qu’il a fait le 14 juillet, sans forcément convaincre, car les résultats ne sont pas (encore) là.
De toute façon, tout le monde sait très bien, à droite comme à gauche, qu’au-delà des mots, des interprétations et des caricatures, le vrai juge de paix de la politique d’un président, c’est l’évolution de la courbe du chômage. Tout le reste est littérature. Et la date du jugement (stop ou encore), c’est 2016 – 2017, soit dans trois ou quatre ans…
« Etant tres impopulaire, repoussoir au vu des résultats partiels et ayant déjà usé pas mal de son credit couleuvre avec d’autres reformes (cumul des mandats typiquement), il ne pense plus pouvoir etre soutenu par sa majorité face a des corporatismes forts »
C’est tout à fait cela. D’ailleurs, les ténors de sa majorité ne se sont pas bousculés pas pour le défendre. La plupart semblent bien décidés à freiner des quatre fers (fût-ce par omission) pour retarder/torpiller toutes les réformes que Hollande/Ayrault n’ont d’autre choix que de mettre sur le métier.
Le primo-député PS moyen se comporte encore comme s’il était dans l’opposition, et appelle (désespérément) de ses vœux une autre politique : qui un « big bang fiscal », qui un phasing out complet du nucléaire, qui un aggiornamento sociétal intégral (PMA, euthanasie…)… et tous se rejoignent dans un bras d’honneur imbécile à l’Allemagne.
Il est intéressant de comparer ce billet avec les commentaires que faisait la gauche sur les interventions de Nicolas Sarkozy. Son style agressif et autoritaire était également très critiqué, et son volontarisme qualifié de factice. Je rapprocherais volontiers cela des reproches faits à Hollande sur son style : « mou » = pas assez agressif et autoritaire; « velléitaire » = pas assez volontariste. Il y a une certaine symétrie. Tout cela porte principalement, dans les deux cas, sur le mode de communication plus que sur le fond des choses.
Au bout du mandat, seuls les résultats compteront à mes yeux. Il est fort à craindre que le bilan socialiste ne soit pas plus brillant que celui de la droite. Et pourtant, la barre a été établie à un niveau exceptionnellement bas par cette dernière… La ressemblance de fond est criante: dans les deux cas, c’est l’impuissance à changer le cours des choses qui prédomine.
@Gwynfrld
D’accord avec vous sur la différence de style. Sauf que la symétrie n’est pas parfaite. J’en connais peu, à gauche, qui se satisfont d’un président aussi peu décisif et charismatique…
Sur le bilan de la droite, il n’est pas fameux, c’est vrai.
Mais force est de constater que Hollande, en laissant bride au cou à son aile gauche sur les sujets sociétaux, fait encore pire que Sarkozy dans ce que ce dernier faisait de pire : diviser la société, dresser les gens les uns contre les autres, brandir des slogans clivants …
En matière économique, deux petits points à garder en tête pour la comparaison :
– le monde autour de nous était en récession et au bord de l’abîme en 2008-2010 (récession US, crise de l’euro, etc.). Le modèle social fcs et les dépenses massives de Sarko ont préservé la France, qui n’a fait que frôler la récession. Auj que le monde autour de nous va bcp mieux, mais Hollande semble incapable de faire rebondir le pays et noie le moteur dans des litres d’interventionnisme payé à crédit. Paradoxal…
– on peut et on doit critiquer Sarko/Fillon pour les réformes incomplètes (retraites, TVA sociale, etc.) mais souvenons-nous du caractère irresponsable de l’opposition socialiste qui torpillait le principe même de ces réformes dans l’opinion (au lieu d’en discuter les détails de façon constructive…)
vélléitaire , je crois que c’est beaucoup d’honneur . En fait il se fout du monde et de ce qu’il dit . A Berlin il encense Schroeder pour les mesures courageuses qu’il évite de prendre .Au Japon il encense le 1er ministre qui fait l’inverse de Schroeder ,cherchez l’erreur . Digne fils de François Mitterrand, il se sent nullement engagé par ses propos , l’essentiel c’est de les tenir .Moi Président je ferai ce que je veux même si ce n’est pas ce que j’ai dit. Vélléitaire ,franchement c’est trop sympa
moi Président je ferai la réforme des retraites……………du privé. Je prends les paris que ses bons amis fonctionnaires et leurs régimes outrageusement spéciaux ne seront pas concernés
Hélas, l’analyse est juste : on est dans un exemple typique d’attitude velléitaire. Le problème est que le président répète le mot « cap » mais qu’il n’a toujours pas dit quel était ce fameux cap (« mieux », ce n’est pas un cap, c’est un vœu pieux). Au fond, qu’il choisisse la relance ou la rigueur, les impôts ou les allègements de charges, la protection des salariés ou la souplesse d’embauche et de débauche, peu importe du moment que tout le monde comprenne quel est le choix effectué. Il y a sans nul doute de bons et de mauvais choix mais un mauvais choix vaudra toujours mieux que pas de choix du tout (même si choisir le matraque par la fiscalité intérieure n’est pas très intelligent quand on a ouvert largement ses frontières). Tenter de ménager la chèvre et le chou sans en fait ménager personne, c’est certainement la pire position politique possible et celle qui donne le moins confiance. Car avec une politique bien affirmée et cohérente, on sait où on va, même si on n’en est pas content, et on peut agir en conséquence. Là, tout le monde est dans l’expectative et personne ne veut prendre un risque dont les conséquences sont imprévisibles (et c’est assez fâcheux pour les gens qui cherchent un emploi, j’en sais quelque chose).
Mais que la politique économique soit incohérente est finalement logique : on est dans un pays où les bourgeois félicitent leurs enfants de se faire arrêter, où les écologistes proclament que l’humanité est une question de volonté d’autrui et non de nature, où les athées matérialistes pensent que l’homme est plus qu’un amas de cellules alors que les catholiques exaltent la biologie, où les partisans de la laïcité célèbrent la rupture du jeûne de Ramadan, où des gens de droite défendent le pouvoir de la rue, où les gauchistes prétendent s’offusquer qu’on manque de respect à l’armée, où les sourcilleux défenseurs des libertés individuelles se réjouissent de l’inscription de l’orientation sexuelle à l’état-civil, où les mêmes personnes peuvent promouvoir l’intégration des handicapés dans la société tout en organisant à grande échelle leur élimination in utero.
Bref, une bonne politique, ce serait chouette, mais je me contenterais juste d’un peu de cohérence pour commencer.
Amélie a écrit ::
Moi non plus je n’ai jamais compris ce paradoxe, ils veulent une société sans handicapés en utilisant les grands moyens pour y parvenir mais de l’autre se répandent en déclarations comme quoi les handicapés méritent le respect autant que les autres … bizarre, bizarre.
Mais ce n’est pas leur seule contradiction : Comment réduire la pauvreté? il suffit d’être généreux, mais pas avec son argent propre, ce serait scandaleux! non, avec l’argent des (autres) riches (de droite de préférence).
Au fond être socialiste c’est un peu ça, On est généreux, mais avec l’argent des autres.
azerty 2 a écrit ::
Tout , à fait d’accord.
Il est hilarant de lire ou d’entendre des éditorialistes se demandant avec gravité où sont les vraies convictions de FH. La réponse me paraît évidente : nulle part. Il n’aime pas les cathos, mais ce n’est pas son animosité qui le guide dans ses décisions, c’est le calcul politique.
Les antisarkozystes nous diront que Nicolas n’a pas plus de convictions vraies.
Ils ont raison..
Il y a à droite comme à gauche des personnes avec de vraies convictions. Elles peuvent finir député, avec beaucoup de chance ministre. Président, jamais. Le parcours pour y parvenir garantit qu’il faut un être un opérateur sans principes pour y arriver.
Michel a écrit :Moi non plus je n’ai jamais compris ce paradoxe, ils veulent une société sans handicapés en utilisant les grands moyens pour y parvenir mais de l’autre se répandent en déclarations comme quoi les handicapés méritent le respect autant que les autres … bizarre, bizarre. ::
Je crains que ce ne soit terriblement cohérent, les deux faces d’un même programme, ou plutôt les deux temps. L’objectif est de ne plus voir le handicap ni aucune différence. Le but ultime c’est qu’on soit effectivement tous pareils – programmation de bébés sur catalogue, sans aucun des critères définis comme imperfections ; voire sans notion de sexe, et pour ça, on les produit sans notion de sexe également.
Mais il va falloir plus ou moins de temps, et en attendant, on fait tout pour que la différence, a fortiori le handicap, ne se voit pas : aménagement d’équipements qui impactent tout le monde pour qu’on ait l’impression que ça ne fait pas de différence pour les quelques-uns (et je ne minimise en aucun cas l’attention, le soutien et la reconnaissance de dignité qui leur sont dus, tout au contraire) qui ont un manque ou une souffrance. Idem pour le sexe, on fait comme si être homme ou femme ne relevait que d’un libre choix avant de faire comme si c’était pareil de toute façon – et passant notamment par la négation de la richesse spécifique, de la fécondité – tout ce qu’il y a de naturelle ! – de la différence des sexes.
C’est effrayant oui, et sûrement pas conscient pour la plupart des soutiens pleins de bons sentiments de ces programmes objectifs, mais c’est bien ce qu’il y a au fond.
Et dans ces velléités diverses de notre Président, ces incertitudes, hésitations et autres interrogations perpétuelles (« FH est toujours celui qui sait ce qu’il ferait s’il était président », excellent) la seule constante sur laquelle on peut assurer qu’on avance avec un cap depuis un an, c’est bien celui-là. C’est sur le seul sujet de la négation des spécificités de l’humain dans sa diversité, de la prise en main de la liberté humaine par l’Etat, que l’on peut décerner une cohérence d’un gouvernement qui avance sans s’occuper des obstacles (voir les parodies voire francs refus de débat parlementaire sur ces sujets là).Aristote a écrit ::
(Oups, pardon pour le c/C surnuméraire, si quelqu’un peut virer la reprise du message d’Aristote – malgré son intérêt certain) et le présent commentaire qui sera du coup caduc…)
stanislas a écrit ::
Aucune symétrie n’est parfaite dans la nature, mais celle-ci n’en est pas loin. J’en veux pour preuves:
1) Votre commentaire lui-même, qui ressemble assez bien à ce que les commentateurs antisarkozystes disaient de Nicolas Sarkozy il y a 2-3 ans, ici même (remplacez « peu décisif et charismatique » par « autoritaire et provocant »).
2) Le terme « dictature socialiste », qui vaut bien la masse de points Godwin accumulée par la gauche parlant de Sarkozy.
3) La réponse de Jeff, image miroir des réponses pro-Sarkozy il n’y a pas si longtemps, sur le mode « que voulez-vous, mon bon Monsieur, c’est la crise, et le gouvernement précédent n’était pas mieux. »
4) La remarque (avec laquelle je suis d’accord, soit dit en passant) d’Aristote à propos des convictions ou de l’absence de convictions du Président. Aristote a d’ailleurs lui-même pointé la ressemblance.
@Humpty dumpty: je suis d’accord sur les contradictions d’un certain discours de gauche, qui demande d’accepter une différence qu’elle nie par ailleurs.
Ensuite, il faut faire attention à ne pas entrer et sortir du domaine du simple discours sans s’en apercevoir. Je réagis par rapport aux équipements pour les handicapés, parce que j’ai lu aussi chez Authueil des propos les remettant en cause pour le même genre de raisons, à savoir la contradiction idéologique. Permettre aux personnes en chaise roulante – ou poussant des poussettes! – d’accéder aux services publics, et plus généralement aux lieux publics, ce n’est pas de l’idéologie, c’est juste normal. Après il y a la question du financement, qu’il ne faut pas minimiser. Mais rejeter comme idéologiques les contraintes légales en faveur de l’accessibilité, c’est un peu, comment dire… idéologique. Au bout du compte, c’est un peu « pas de bras, pas de chocolat », mais avec bonne conscience.
Chez nous, ces contraintes légales se traduisent par des coûts particulièrement importants, parce qu’on est dramatiquement en retard sur ces questions. Parce qu’en France, les handicapés, on a plutôt tendance à les planquer, quand même. La différence, on aime bien, mais à condition qu’elle soit de bon goût.
Bref, dans la contradiction gauchiste « il faut aménager les espaces pour les handicapés, et d’ailleurs ils ne sont pas handicapés », c’est le deuxième membre de phrase qui est idiot. En fait il faut aménager les espaces pour les handicapés, précisément parce qu’ils sont handicapés.
@ Logopathe:
D’accord avec tout cela Logopathe. Je ne voulais en effet pas dire qu’il faudrait ne rien faire de plus que leur témoigner verbalement notre amour… sans rien de concret, pour permettre aux handicapés la meilleure vie possible. Et il est évident que chacun doit pouvoir accéder aux services publics.
Mais justement parce qu’il y a retard, je crains qu’il n’y ait parfois application de normes pas assez réfléchies, aveugles en quelque sorte, et investissant les domaines privés et non seulement ce qui est de l’ordre du service public avec une limite d’ingérence qui n’est pas forcément facile à cerner et déterminer, certes. Mais les exemples qui sont parfois donnés de situation absurdes, où l’on facilite l’accès à des équipements sportifs à des gens qui ne pourront pas utiliser ces équipements même s’ils peuvent aller jusqu’à eux, ce genre de choses. Bref, l’application de normes générales très contraignantes est-elle vraiment la bonne solution ? Je n’ai pas de réponse toute faite, je pense juste que la question mérite d’être creusée un peu plus en profondeur que ne me semblent le faire les pouvoirs législatif et (surtout ?) réglementaire sur le sujet.
@Humpty dumpty: on est bien d’accord!
Dans le même ordre d’idée, je crois avoir vu passer un assouplissement des règles de construction de nouveaux logements.
Il était obligatoire que chaque nouveau logement soit accessible aux personnes handicapées, ce qui entraînait un coût important et des aberrations (taille disproportionnée des WC…)
Il semble que ces contraintes draconiennes ne concernent maintenant qu’un pourcentage des logements.
(mais j’ai pê tout emmêlé…)
Bref, c’est triste, mais nous n’avons probablement plus les moyens de telles ambitions.
Autre réflexion en passant :
L’impuissance de Hollande provient bcp de la situation financière, de son caractère, du caractère hétérogène de sa majorité, des innombrables dévolutions à l’UE… mais aussi d’une féroce résistance au changement des Français.
Plus ça va, plus nous applaudissons les programmes qui nous parlent de « chgt » et plus nous sommes frileux et véhéments pour refuser telle nouvelle infrastructure, telle modification d’un petit acquis…
Les 3O Glorieuses, c’était aussi un fort consentement de chacun à être enquiquiné au quotidien au profit de projets d’envergure.
Auj, l’Etat ne peut plus tracer une autoroute ss avoir à surmonter d’innombrables levées de boucliers.
Exception étonnante: la facilité avec laquelle le taux du livret A est réduit à peau de chagrin.
Est-ce que les gens comprennent bien ce que ça implique pour leurs économies ?
Qch me dit qu’ils auraient furieux si le plafond avait été diminué (à taux égal)…
Bon we !
En effet cher Koz. L’autorité faisant défaut ( et pour cause, l’autorité n’existe pas en soi, il lui faut quelques assises solides, quelque légitimité), FH recourt à l’autoritarisme ( lequel se contente de légalisme, à défaut de légitimité), de la même façon que…. l’idéologie ( l’opinion lib lib )lui tient lieu de pensée..
Merci pour votre lucidité.