C’est un billet de Bruno Frappat qui a déjà un mois, Reprise. Mais un billet qui me revient en tête, régulièrement. En parler, ne pas en parler ? La vie, l’actualité…
« Trois jours sans une ligne… Trois jours sans un seul « commentaire »…. Bloguer ou ne pas bloguer ? Telle est la question. Mais trois jours occupés à se remplir la tête de visions neuves et à se vider l’esprit de pensées racornies. Vendredi, à Brest, congrès de la Presse hebdomadaire régionale: deux cent cinquante journaux, qui croient à l’avenir de la presse et qui ont bien raison. Samedi, à Granville (Manche) pour contempler la mer, toujours recommencée, à la longer par le sentier des douaniers où ne se rencontrent que des gens sympathiques. Dimanche, à Coutances pour accompagner (avec des milliers d’autres…) le nouvel évêque, Stanislas Lalanne, dans sa nouvelle mission, inaugurée par lui sous le signe de la joie. Enfin, retour à l’établi du journaliste, voyant se dérouler des dépêches sinistres. Comme s’il y avait deux mondes: la vie et l’actualité. »
Oui, comme toujours « l’arbre qu’on abat fait plus de bruit que la forêt qui pousse », comme souvent, on accorde plus d’importance aux reproches qu’aux compliments, on se sent plus sérieux parce que l’on est « concerné ». On s’indigne, mais est-ce que l’on s’exalte, est-ce que l’on s’enthousiasme ?
On se sent tellement plus important parce que l’on est préoccupé. Qu’importe si l’on se « préoccupe » de sujets sur lesquels on n’a aucune prise… en négligeant ce qui devrait pourtant, au quotidien, susciter notre attention constante.
La vie. La vie, c’est bien ce que Bruno Frappat évoque : contempler la mer, croiser sur les sentiers des douaniers – comme en montagne – des gens qui vous adressent un « bonjour » immédiat. La vie, ce sont aussi les joies simples, toutes simples, les plus simples. Pas plus que les tristesses ordinaires, me direz-vous, les joies simples ne feront jamais l’objet d’une dépêche. Et l’actualité, qui est censée nous donner une image du monde, nous renvoie toujours une image déformée. On le sait tous, on le déplore tous un jour ou l’autre, même un Bruno Frappat, ancien rédacteur en chef puis directeur de la rédaction du Monde, avant La Croix…
Sur ce blog même… Pour ma part, j’exclus, a priori, de parler de ma vie privée. Sauf à ce qu’il me semble qu’elle soit susceptible d’avoir un sens plus large. Mais la joie immense que je ressens à voir ma fille courir vers moi, de sa course d’enfant, souriant et criant « papa », je n’en ai jamais parlé. N’est-ce pourtant pas au moins aussi fondamental dans une vie ? Est-ce vraiment de la vie privée ? Occulter cette partie de la vie, parce qu’elle serait privée, n’est-ce pas, finalement, trompeur ? Cette expérience, partagée par de nombreux autres, n’a-t-elle pas un sens plus large ?
Pourquoi l’évoquer, toutefois ? Chacun sa vie. Vous n’avez pas besoin de la mienne pour savoir que ces joies simples existent.
C’est aussi que ce théâtre de gens « concernés » me gonflent parfois… Et que je me gonfle moi-même parfois d’y jouer un rôle.
Faudrait p’t’être que je m’ouvre à la simplicité. Et profiter des vacances pour faire un point.
Tu n’imagines pas à quel point je comprends ce dont tu parles.
koz a dit plus haut: »Mais la joie immense que je ressens à voir ma fille courir vers moi, de sa course d’enfant, souriant et criant « papa », je n’en ai jamais parlé. N’est-ce pourtant pas au moins aussi fondamental dans une vie ? Est-ce vraiment de la vie privée ? Occulter cette partie de la vie, parce qu’elle serait privée, n’est-ce pas, finalement, trompeur ? Cette expérience, partagée par de nombreux autres, n’a-t-elle pas un sens plus large ? »
faut-il penser que sa vie privee soit ininterressante, pour ma part je crois que ces images que tu evoques, avec ces petits bonheurs sont essentiels sans doute pour nous, mais aussi pour ceux qui en sont prives, prives de vie, en quelque sorte, et alors entr’ouvrir une image simple de bonheur et de satisfaction prend certainement une valeur beaucoup plus grande.
bien sur d’aucuns retorquerons que la lecture voire les films peuvent y pallier, mais il est toujours bon, je crois, de revenir sur le fait que la vie peut aussi etre belle !
Tiens, c’est comme ça que j’ai commencé à bloguer moi. En me disant qu’il fallait peut-être essayer de trouver un ton plus personnel que ce que je lisais d’habitude, plus proche des blogs « intimes ». Quand on s’intéresse à la politique, c’est d’abord parce qu’on a une vie, une famille, des amis, et qu’on souhaite le meilleur pour eux. La politique n’est jamais une réflexion désincarnée.
[quote post= »398″]Mais la joie immense que je ressens à voir ma fille courir vers moi, de sa course d’enfant, souriant et criant « papa », je n’en ai jamais parlé. N’est-ce pourtant pas au moins aussi fondamental dans une vie ?[/quote]
Si il y a une chose que je t’envie, c’est bien celle-là…
Si je me souviens bien, tu es un peu plus jeune que moi… Mais, même pour être sympa, je ne le nierais pas : c’est effectivement très enviable. Lorsque l’on dit que les enfants sont un cadeau, qu’ils bouleversent une vie, ce n’est pas très original, mais c’est vrai.
Et Lisette a raison : on regarde différemment le monde lorsque l’on a des enfants. Prenons la réforme de l’Université, par exemple… Je sais que, dans quinze ans, ma fille sera probablement concernée.
[quote comment= »35003″]Si je me souviens bien, tu es un peu plus jeune que moi… Mais, même pour être sympa, je ne le nierais pas : c’est effectivement très enviable. Lorsque l’on dit que les enfants sont un cadeau, qu’ils bouleversent une vie, ce n’est pas très original, mais c’est vrai.[/quote]
Vrai, mais pour le moment, on ne peut pas dire que ce soit très encourageant de ce point de vue…. 😉
Quand tu vois tous tes copains commencer à se marier, tu commence à sentir la pression.
@Poly : arrête, tu ne peux pas tout programmer…le vent… 🙂
[quote comment= »35005″]Quand tu vois tous tes copains commencer à se marier, tu commence à sentir la pression.[/quote]
Imagine si t’étais une fille !!!