« En creux, le film reflète assez bien l’esprit de l’époque où l’affirmation de convictions catholiques vécues sincèrement suscite une forme de respect après le temps obligé de la dérision et du scepticisme ». Autant emprunter d’emblée la conclusion de Bruno Bouvet.
Car c’est peut-être la meilleure leçon à retenir de ce film. La moquerie est toujours plus ou moins ouverte. Certains semblent l’utiliser comme une forme de test. D’autres, par politesse, préfèrent la taire. D’autres enfin restent fermés parce que l’Eglise renvoie à des histoires personnelles mal vécues. Et puis certains cesseront de se gausser ouvertement, mais continueront dans leur for intérieur. Dans ce for intérieur, d’ailleurs, la dérision pourra même coexister avec le respect. Et si l’on tient bon, sans ostentation, sereinement, on dépasse ce qui semble infranchissable à trop d’entre nous. C’est à ce moment que s’engagent parfois des discussions inattendues. Lors du décès d’un proche, ou lorsqu’il est perdu, lorsqu’il se demande à quoi bon tout ça, le même qui vous chambrait se livre à vous plus qu’à un autre, attendant quelques paroles de réconfort et d’espérance.
La petite crise passée, souvent, il se paiera de nouveau gentiment votre fiole. C’est comme ça, c’est pas bien grave et il n’est pas dit qu’il oubliera complètement ces mots.
Après « Catholique Anonyme », « Qui a envie d’être aimé ? » (tiré du livre) montre la conversion improbable d’un homme accompli, bénéficiant d’un statut reconnu – Thierry Bizot est producteur de télévision, le personnage du film est avocat. Il a réussi, il a de l’esprit. Il reçoit un jour une invitation à une catéchèse de la part du professeur de son fils, à laquelle il se rend… par crainte de rétorsion. Cet homme à succès, bien dans le monde, arrive dans une salle polyvalente vide et glauque, au milieu de « bras cassés »[1]. Les chaises sont inconfortables, les catéchistes à guitare peu entrainants, le prêtre est ridicule.
Un peu rougeaud, il commence la catéchèse, la posture et la voix théâtrales – et j’en frissonne encore de honte – sur une question qu’il veut centrale, interpellante, percutante : qui a envie d’être aimé ? Antoine l’avocat, le plaideur, est au milieu de ce groupe dans lequel chacun lève sa main, volontairement ou pour ne pas déranger[2]…
Lui-même commence d’ailleurs par dénigrer joyeusement cette catéchèse ridicule, ces ratés qu’il a fréquenté un soir. C’est l’esprit du monde. Et c’est pourtant dans ce cadre totalement inadapté, à cent lieues de sa vie professionnelle, à cent lieues de son monde et de ses références, que Thierry Bizot se convertit.
La conversion chemine progressivement. Il ne se rend pas à toutes les catéchèses. Il envoie balader. Il tient à sa distance, notamment parce qu’il n’est pas comme eux, il a une vie réussie, c’est pas un branquignol, il n’a pas besoin de ça. Il n’est pas dépendant. Et puis il y retourne.
Dans le livre, Thierry Bizot décrit merveilleusement son cheminement et des émotions qui ne me sont pas inconnues. Son orgueil, la difficulté à le dépasser, à dépasser ses facilités. Et lui qui a la parole facile, c’est la parole qui le terrasse. Il commence, plein de force et de maîtrise, et l’émotion le prend.
Un soir, il explique à son groupe comme il n’avait aucune envie de venir, qu’il est venu pour faire plaisir. Il nous dit comme il savoure à l’avance ses effets. Il va les faire rire, il tiendra son auditoire, il rayonnera.
« Et brusquement je suis trahi dans mon élan, je trébuche et m’effondre en silence.
Tout se passait bien, je contrôlais la situation, je tenais l’attention de cet auditoire dans ma main. Mais ma voix se voile, mon regard se brouille. Je me sens lourd comme un arbre qui tombe. Ma gorge se serre au point que je me vois contraint d’interrompre mon numéro. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Les autres non plus, d’ailleurs. Ils étaient partis pour se bidonner un bon coup, et voilà que le clown est devenu triste. Je cherche des regards sur lesquels m’appuyer.
Les sourires se fanent, les uns après les autres.
J’aimerais poursuivre l’exposé spirituel que j’avais prévu, mais c’est un tout autre discours qui sort de ma buche. Je m’entends distinctement dire à ces inconnus combien cette catéchèse me remue, au-delà de ce que je pouvais imaginer. Combien ce que j’ai entendu dans cette pièce depuis plusieurs semaines m’a parfois ému. Comment j’y pense, dans la journée, dans mon lit, au milieu d’une conversation, comme j’y pense tout le temps… Ce programme dans lequel je m’étais inscrit en touriste, en cynique désabusé et content de lui, m’a fait réfléchir. Je découvre ces paroles tandis que je les prononce.
L’émotion qui m’inonde est inattendue et ne m’appartient pas. J’ai les larmes aux yeux. J’espère que cela ne se voit pas. Ma voix est altérée, elle s’étrangle par moment. Heureusement, ces braves gens ne la connaissaient pas. »
Je pourrais reproduire ici les pages qui suivent, tant Thierry Bizot m’emmène à sa suite. Dans l’édition « Points« , c’est aux pages 104 à 107. Vous irez lire, n’est-ce pas ?
C’est par la parole et la rencontre que Thierry Bizot se révèle à lui-même. Quand il écoute, certes, mais même lorsqu’il parle. La dernière note de Thierry Bizot l’évoque d’ailleurs :
« Pourquoi, après ma conversion, avoir écrit un livre et produit un film ? Ne devais-je pas plutôt me taire, méditer, garder ça pour moi et cheminer humblement, plutôt que de prendre le chemin des lumières médiatiques ? J’ai toujours répondu la même chose : ma conversion s’est faite en témoignant, d’abord à un ami, puis à mes proches, enfin à tout le monde. C’est ainsi que je vis ma relation à Jésus, c’est ainsi qu’il se montre à moi, c’est ainsi que je me reconvertis sans cesse, que je chemine derrière lui. Tout cela est venu naturellement. »
Et à vrai dire, c’est pas complètement con. Ni incohérent. On redira encore que la religion catholique n’est pas une religion du Livre, mais une religion de la Parole, de la rencontre.
Et même de la rencontre improbable, dans ce lieu qui ne possède aucun des codes auquel un producteur de télévision est habitué, qui ne possède souvent pas les trucs qu’il faudrait pour se rendre « sexy », consommable. C’est aussi cette Eglise de chaque jour que Thierry Bizot révèle, une Eglise ordinaire avec des gens ordinaires. On moque ses maladresses, sa gaucherie parfois. On la voudrait plus percutante, on la voudrait dansante, ah tiens, les évangéliques, eux, il savent faire, hein, et puis les gospels, aussi – mais attention, quand elle fait les JMJ, on lui dira qu’elle joue la partition facile du nombre et de l’émotion. Oui, mais c’est elle, qui s’adresse à tous et pas uniquement aux winners. C’est donc dans ce cadre impossible, et peut-être grâce à ce cadre impossible, et parce qu’il a osé se délester de ses atours mondains[3] que la Parole rejoint Thierry Bizot/Antoine, qui achète(nt) d’ailleurs une Bible, va voir de lui-même.
Le livre a été publié il y a bientôt trois ans et, si, depuis ce temps, Thierry Bizot a gardé la foi. Il n’a pas tout plaqué, il n’est pas parti avec Mère Teresa, n’a pas fondé une communauté de laïcs. Il regarde la vie autrement. C’est la grande résolution qu’il annonce un soir à sa femme, suscitant son inquiétude : il va voir la vie du bon côté, lâcher prise, quitter ses angoisses, comme il le dit au micro de MOF. Tant il est vrai que, s’il faut s’aimer un peu pour pouvoir aimer l’autre, être aimé permet aussi de s’aimer soi-même (à tout le moins, de s’accepter)[4].
Pour le principe, je concéderais deux réserves. La première réserve porte directement sur le film : même si l’on suit Antoine, il prend le parti du point de vue de l’entourage. J’ai regretté qu’on ne perçoive pas davantage ce que cette conversion change en lui. Ok, il se convertit mais pour quoi ? Peut-être faut-il lire le livre, justement. L’autre réserve porte sur la présentation du film. S’il est déjà remarquable qu’un tel film soit sorti, on évoque une « crise de la quarantaine », on souligne qu’Antoine se convertit de même que sa soeur va chez le psy : la foi serait une passion comme une autre, voire un dérivatif. Une simple question de développement personnel.
Il faut peut-être ça aujourd’hui, pour se faire entendre : dire que l’on pourrait aussi bien être un groupe New-Age ou une amicale de boulistes. Un peu à la manière d’Antoine, qui minimise et manie le sarcasme, devant ses amis. Sans que cela n’empêche, toutefois, la Parole de faire son chemin.
*
Je ne commente pour ainsi dire jamais, n’ayant jamais grand-chose à dire.
Mais là…
Je suis baptisé depuis toujours, mais ne m’estime catholique que depuis quelques années. Longtemps, je l’ai caché, j’allais prier en secret dans une église dont j’étais certain que nulle tête connue ne me verrait sortir, je souriais poliment aux attaques convenues contre le pape, etc…
Il faut que je précise que je viens d’une famille très anticléricale.
Et puis un jour je suis tombé sur votre blog, j’ai lu, vous m’avez agacé avec votre manie de parler sans arrêt de votre foi, du pape, de l’euthanasie.
Mais petit-à-petit (je crois que je vous lis depuis trois ans maintenant, peut-être deux) j’ai constaté que vous m’agaciez moins, et que corrélativement montait en moi l’envie de dire à tout le monde et n’importe qui que je m’estimais catholique, pour le meilleur et pour le pire.
Alors je l’ai fait, récemment, enfin le processus est en cours.
Mais je ne sais pas si c’est parce que nous sommes de milieux différents, quoiqu’il en soit les moqueries ne cessent guère, bien qu’elles ne me blessent pas spécialement (en même temps celui qui veut à tout prix me démontrer que Dieu n’existe pas, ou est un mythe oppressif bourgeois, se ridiculise plus que moi).
Et je ne suis pas si certain que ça m’ait servi à grand-chose de l’affirmer, hormis par obligation de cohérence et de sincérité.
Il n’est quand même pas si facile d’être catholique. Et pour une raison qui m’échappe, je suis plus mal vu, plus moqué, que mes potes Musulmans, qui eux n’ont pas à se justifier sans cesse d’avoir des croyances « rétrogrades » voire carrément « réactionnaires ».
Enfin, c’est un chemin intérieur, vous avez raison, mais c’est parfois un sentiment étrange que de devoir se justifier dès que le sujet vient sur la table, c’est comme se justifier d’être amoureux…
Tournez Manège ?
@ Viteking: navré de vous avoir agacé longtemps, ravi que ce soit moins le cas. Un blog est souvent thématique. Celui-ci évoque la politique et la religion : ce n’est pas illogique que j’évoque souvent ces sujets. Et j’évoque notamment des sujets qui ne me semblent pas traités comme je l’aimerais ailleurs. L’euthanasie est un sujet fondamental qui, effectivement, m’intéresse beaucoup parce que je pense qu’a-delà même du sujet, il s’y joue quelque chose de central dans notre société et notre humanité. Or je trouve que c’est un sujet traité plutôt superficiellement par les medias.
En tout cas, merci d’avoir persévéré malgré tout dans votre lecture.
Vous avez peut-être raison : je devrais peut-être modérer un peu mon propos en fonction du milieu dans lequel on se trouve. Cela étant, si ma famille, mes amis, sont plutôt cathos, dans mon cabinet, par exemple, je suis le seul qui évoque le sujet (pas tous les matins, non plus, je vous rassure).
Je ne pense pas, non plus, que tout le monde doive, forcément, faire état de sa foi et, surtout pas en la brandissant comme un étendard. A mon taf, par exemple, les gens ont fini par l’apprendre et, quand il y a eu les diverses crises qui ont secoué l’Eglise, j’ai essayé de faire valoir mon point de vue. Mais je ne donne pas mon avis, qu’on ne me demande pas, sur leurs choix de vie. Je ne clame pas tous les jours que je vais à la messe. Et j’évoque la religion quand c’est le sujet. De fait, ça en intrigue quelques-uns.
Je comprends aussi ce que vous dîtes sur le fait que les musulmans essuient moins de railleries. En tous cas, en face. Parce qu’en revanche, si les catholiques sont moqués, les musulmans font aussi face à un vrai rejet. Peut-être aussi parce que les gens ont davantage peur de leur réaction (mais faut-il inspirer la peur ?), peut-être parce qu’ils ignorent davantage encore l’islam ou qu’ils craignent que leurs moqueries soient assimilées à du racisme. On ne se moque pas de la même manière du minoritaire et du majoritaire (même si cette majorité est fictive).
Mais je comprends bien ce que vous dîtes. C’est peut-être aussi la responsabilité de gens comme moi, pour lesquels c’est éventuellement plus facile (aussi parce que mon métier a développé une certaine forme de répartie), d’assumer plus directement notre foi commune en espérant que, par ricochet, cela vous facilite la vie.
Et puis, je vous dirais que j’en rencontre encore, des moqueries, des préjugés. Je ne sais ps si je ne mettrais pas le holà si c’était quotidien.
Il y a du bon, dans la moquerie, et notamment dans celle dont on fait l’objet en tant que catholique. Ca empêche de se prendre trop au sérieux. Ca oblige à réfléchir, aussi; à croire ce qu’on croit pour des bonnes raisons. Je ne juge pas tant les gens sur leur système de valeur, qui la plupart du temps est hérité, qu’à leur capacité à en rire eux-mêmes, à en voir les limites.
C’est ce qui m’inquiète un peu dans l’Islam: il est difficile de s’en moquer. Je ne crois pas que ce soit bon, à terme, pour ceux qui sont nés dans cette religion.
@Koz
Je crois m’être mal exprimé (à la relecture, j’en suis même certain). Je voulais dire que mon agacement venait précisément de ce que, pour les sujets tenant au catholicisme j’étais mal à l’aise face à leur évocation et, pour l’euthanasie, de ce qu’il s’agissait pour moi d’un sujet qui, tel que vous l’évoquiez, me renvoyait précisément à ces questions de foi qui me dérangeaient.
Au demeurant sur l’euthanasie j’ai retourné ma veste, et vous y avez contribué (ainsi qu’un excellent prof de droit), parce que quand on est à court d’arguments, n’est-ce pas, il faut savoir baisser le pavillon.
Pour le fait de brandir sa foi…eh bien je ne sais pas non plus, c’est une bonne question. Il est évident que c’est quelque chose d’intérieur, de personnel, mais au bout d’un certain temps ça finit par faire tellement partie de soi que la cacher équivaut à mentir sur ce qu’on est. C’est un besoin étrange, que celui de le dire…
Pour les musulmans, il est certain qu’ils souffrent d’un véritable rejet, mais je ne suis pas certain qu’il soit lié à leur foi (pourtant irrationnelle, comme la mienne, ce qui est le principal reproche qu’on me fait) mais plutôt à la supposée nature de leur religion. Ce que je veux dire, c’est qu’empiriquement je constate que les reproches qui leur sont faits, quand on leur en fait, tiennent plutôt au djihad, à la place de la femme ou au complot mondial pour l’application de la charia (selon l’équation: je leur donne ma piscine municipale, ils prendront l’Elysée) qu’au fait qu’ils croient, lequel n’est jamais mis en question.
Et je passe sur l’assimilation arabes=musulmans, qui selon moi prend une bonne part dans l’islamophobie, comme vous le disiez excellemment dans le billet précédent (mais là encore c’est empirique).
Quant au fait que des gens comme vous assument votre foi pour faciliter la vie des gens comme moi, je crois que vous le faites déjà, ce blog est aussi là pour ça, non? 😉
@ Logopathe: vous n’avez pas totalement tort, mais c’est un peu une façon de positiver la moquerie.
@ Viteking: j’avoue que je préfère tout de même cette version-là de votre agacement. Je peux vous dire que, pour moi, c’est aussi un travail progressif, que facilite beaucoup la tenue de ce blog.
Viteking a écrit : :
C’est possible. Et je vous avoue que je ne suis pas certain de parvenir à l’expliquer et encore moins à le comprendre.
Viteking a écrit : :
Il n’a pas été créé dans ce but. D’ailleurs, je ne l’ai même pas créé à l’origine dans l’intention d’aborder des questions religieuses. Ca rejoint ce que vous dîtes sur le fait que cacher sa foi, c’est en quelque sorte mentir sur soi-même (en tout cas sous nos latitudes).
Maintenant, si mon blog peut aider certains catholiques qui sont dans un milieu totalement indifférent voire hostile à se sentir moins seuls, oui, c’est un but rempli.
En fait maintenant quand on est catho-pratiquant il y a une sorte de « coming out » à faire.Ce qui démontre que certains cathos qui se vivent et se pensent majoritaire devraient accepter qu’en fait ils sont un minorité parfois discriminée…
Il va y avoir un pic d’audience au JDS !
Pour le film, c’est un point de vue vraiment intéressant (enfin, disons que je le partage). Je suis particulièrement d’accord avec ta seconde réserve, tout en ajoutant que c’était totalement prévisible. Au-delà de ce qui se dit sur le film, je fais régulièrement cette expérience que le fait de vivre ma foi est perçu par ceux qui m’entoure comme un choix comparable à n’importe quel autre choix de développement personnel. Et c’est une attitude qui me paraît, bien souvent, plus déstabilisante que l’opposition ou la moquerie…
Réalises-tu que Koztoujours joue sans doute pour beaucoup, en tout cas pour moi, un peu le rôle de cette catéchèse pour Thierry/Antoine?
« La première réserve porte directement sur le film : même si l’on suit Antoine, il prend le parti du point de vue de l’entourage. J’ai regretté qu’on ne perçoive pas davantage ce que cette conversion change en lui ». Pour moi ce n’est pas qu’une réserve c’est une faille du film ;je n’ai pas lu le livre et la fin m’a laissée sur ma faim. Pour moi il était inachevé.
Le problème, c’est que ces néo-convertis se retrouvent souvent bien seuls entre une famille qui ne les comprend pas, et des croyants qui s’assument peu et ne forment pas une vraie communauté. Ils choisissent la voie la plus difficile, et ne sont pas forcément aidés sur le chemin…
Je crois qu’il va falloir que nous mettions un peu les mains dans le camboui. Arrêtons de nous conduire comme si nous représentions encore 98% de la population.
Bravo pour le courage que tu affiches quand tu t’affiches à la télé !
Btw, ta critique m’a décidé à mettre la bande annonce du film à la fin du prochain article de mon blog.
@ Thaïs: j’essaie de me dire que tout le monde ne cherche pas la même chose dans le film, et que nous en attendions peut-être plus. Mais ma réserve est une réserve forte : comme toi, à la fin du film, j’avais un peu l’impression d’entrer enfin dans les choses sérieuses, survolées le reste du temps. N’hésite pas à lire le livre, il le mérite.
Jouls a écrit : :
Oui, c’est une façon de relativiser la foi qui nous est étrangère. Pour résumer, nous sommes en quête d’absolu, on nous regarde comme si l’on faisait une séance de coaching.
@ Lib: non, mais ça me touche vraiment que tu me dises ça.
Après, pour dire quand même une connerie, il va falloir que tu t’excuses auprès des bras cassés.
@ Balkonx: c’est pas faux. L’Eglise me fait parfois l’effet des partis, qui sortent le grand jeu pour te faire adhérer, et t’oublie ensuite. On évangélise, on catéchise, et puis les fidèles qui sont là, on prend parfois un peu ça pour du tout-cuit. Bon, cela étant, en effet, à nous aussi de mettre les mains dans le cambouis.
Pour ce qui est de m’afficher à la télé, eh bien, ce sera la première fois. Pour le moment, j’assume. On verra lundi !
J’ai lu le livre, j’ai voulu voir le film, la salle était pleine.
Un moment dépité, puis je me suis dit, tant mieux…
J’ai fait un peu « d’évangélisation », dans le cadre de ma paroisse. L’effet en retour sur le beau parleur est violent : je leur dis que, etc., mais moi, est-ce que je le prends vraiment au sérieux ? Cela secoue grave…
@ Koz, bonne chance pour Dimanche et cette « sortie du placard ». Je mettrai le réveil pour vous regardez 🙂
Quand au film je ne l’ai pas (encore) vu mais j’ai pu visionner sur FB une vidéo où l’auteur témoigne de ce qu’il lui ait arrivé et j’avoue avoir été touché par son cheminement vers la conversion.
À propos du rejet des catholique j’ai plus l’impression d’une méconnaissance totale plus que d’un rejet qui lui est très présent dans les médias (mais sera t on étonné). J’ai participé à la course de l’EDHEC avec les aumôneries de Paris et c’est ce que j’ai retiré de mes rencontres avec d’autres participants totalement en dehors de l’Église. Beaucoup n’avait qu’une très faible connaissance de de l’Église et des crises de l’époque (Wiliamson) mais jamais de rejet, plus de la curiosité et un bon accueil. Bref ne désespérons pas de la France en tant que terre de mission.
Etonnant comme tous les films « cathos » fonctionnent plutot bien. J’y vois la traduction de la justesse de l’interrogation chrétienne, et puis bon il y a tout ce qu’il faut pour un bon scenario (la violence de la Passion d’un Gibson, le sacrifice heroique des moines de Beauvois, la redemption qui devient carrement un sous titre rabaché à chaque troisième episode d’une serie de films, la reflexion qui va un peu au dela du simplisme ambiant et qui declenche la curiosité puis l’interet, comme dans ce film sans doute).
Ce blog, j’en pense beaucoup de bien mais je suis pourtant surpris qu’on puisse y trouver la conversion. Je m’explique. Pour croire, dans un milieu laïc du moins, il faut qu’intellectuellement la croyance en question ne soit pas totalement inacceptable. Ce blog est un blog de débat, intellectuel et non incarné, et pour cet aspect la, il a un apport essentiel. Sur le coup du preservatif, j’avoue que je dois enormement a ta perserverance et a ta rigueur.
Mais voila, c’est une condition sine qua non mais j’ai du mal à l’envisager comme un element declencheur de la foi, parce que la foi, à mon sens, on y vient par l’amour, par une relation avec toute son affectivité. Un blog peut-il aller jusque là? Qu’en penses-tu Koz, toi qui dois commencer à avoir analysé le phénomène en détail?
Lib a écrit : :
Je le conçois très bien, même si personnellement je n’irais pas jusqu’à dire cela. Pour ma part, je trouve que ce blog m’apporte, sur ce plan, à la fois des exemples et une sorte d’entraînement pour devenir un chrétien différent: peut-être pas meilleur, mais plus solide; plus capable de répondre aux interrogations de ceux qui ne partagent pas ma foi, et de réagir sans se sentir agressé à leurs éventuelles moqueries. Pour ce qui est de ce dernier point, je tiens à dire que je dois beaucoup à Yogui 😉
Je vais aller lire, oui. Merci.
@ oim : La justesse de l’interrogation spirituelle, y compris chrétienne, me paraît difficilement contestable, ce qui n’empêche pas de trouver la réponse religieuse erronée.
@ Gwynfrid : Merci ! Vous voyez Koz que je ne cours pas sur le haricot de tout le monde … Pourquoi n’acceptez vous pas mon offre de devenir commentateur salarié de ce blog ? 😉
La où le propos du film renforce cette impression qu’il « se convertit de même que sa soeur va chez le psy » c’est dans sa dimension psychanalytique, où le personnage principal remplace la figure d’un père autoritaire et sans amour par la figure paternelle d’un Christ chaleureux et réconfortant. Il est dommage de résumer sa conversion à cela.
Aristote a écrit : :
Pour ma part, je n’ai fait qu’animer une ou deux séances de préparation au baptême mais le sentiment est le même que le tien. Même chose avec les enfants, d’ailleurs.
Et en même temps, je me dis souvent que l’on ne peut pas, et on ne doit pas, attendre d’avoir la certitude absolue que Dieu existe voire d’être saints, exempts de reproche, pour dire ce qui nous anime. Il faut le faire le plus honnêtement possible. J’essaie, généralement, de ne pas cacher mes questions persistantes.
Condé a écrit : :
Oui, moi aussi. Je trouve que le film ne lui rend pas vraiment justice, ni à son livre, même si le film ne raconte pas sa propre expérience et ne fait que s’en inspirer très largement, ce qui est un choix assez sain.
@ Gwynfrid,
@ oim : je dirais que chacun a son parcours. Les blogs donnent la possibilité de toucher des personnes qui ne connaissent aucun catholique et, si on ne s’y prend pas trop mal et si cela correspond aux questions de la personne, faire peut-être tomber quelques a priori. Après, j’ignore quels sont les chemins de la conversion. Et j’avoue que j’aimerais moi-même parfois être sûr d’être « converti ». Mais ces chemins semblent très nombreux, et ne jamais dépendre d’un seul fait. Il y a quelque chose qui met en chemin : une discussion, une rencontre, une lecture, une messe, un paysage, une architecture… et la personne suit ensuite son propre chemin. On ne peut pas absolument exclure qu’un blog contribue à une conversion. Peut-être peut-il juste lever des obstacles, pour rendre simplement le chemin envisageable.
En ce qui concerne mon blog, toutefois, ce n’est pas mon but. Je ne cherche pas à évangéliser et je n’écris pas des billets sur la spiritualité. Je parle d’ailleurs bien peu de Dieu, du Christ etc. Certains me disent que, même si ce n’est pas mon intention, c’est néanmoins ce que je fais. J’avoue que je ne veux pas m’en préoccuper. Ma seule préoccupation, c’est de m’efforcer au maximum de maintenir une cohérence entre ma foi et mes prises de position, en sachant très bien que ce que je peux estimer moi-même cohérent ne le sera pas pour un autre. Maintenant, moi, j’écris, je dis, et tant mieux si cela porte plus de fruit que ce que j’imaginais. Tiens, je ne vais évidemment pas comparer mon blog à Des hommes et des dieux, mais je lisais le témoignage d’un des deux frères rescapés, qui disait qu’un film, un livre peuvent dépasser les intentions de l’auteur. C’est un peu pareil ici.
@ Yogui : j’ai du rater ce mail. C’est ballot. Mais, oui, quand vous ne faites pas remonter les débats, en somme, à « mais Dieu existe-t-il ? » (je caricature), je n’exclus pas que vous soyez intéressant, hein…
@ JPV : oui, et en même temps, j’ai bien aimé ce qu’écrit Etienne Séguier sur « La suite du fils prodigue ». Il prend une autre perspective, qui est intéressante.
J’ai d’ailleurs davantage eu le sentiment que c’est la présentation qui en était faite dans les medias qui ramenaient le film à une illustration de la crise de la quarantaine. Et, en même temps, c’est amusant de voir que cela fait écho au parcours d’Antoine, quand il dit à sa soeur : « eh ben, moi aussi, j’ai un truc ». D’une certaine façon, il minimise pour que ça paraisse acceptable, tellement ça paraît énorme à certains dans notre société. Pareil pour les medias : on ne va tout de même pas parler religion. Et pourtant, Antoine minimise parce qu’il n’est pas sûr de ce qu’il vit, pas sûr de l’assumer pleinement encore, qu’il n’ose pas encore dire la force de ce « truc », il prend ses précautions. Mais je crois percevoir qu’en lui-même, il s’agit de bien autre chose. Côté medias, Fogiel commence comme ça, mais il invite Bizot et il lui laisse la parole.
Je crois avoir lu quelque part (mais je me trompe peut être) que la réalisatrice du film est la femme de Thierry Bizot ce qui explique aussi sans doute pourquoi elle a fait ce film et pourquoi l’on a la perception de l’entourage.
@ Condé:
Vous ne vous trompez pas. Je l’ai lu également, dans Famille Chrétienne (celui de ma femme ;)).
En outre, son épouse n’a pas du tout partagé la conversion de son mari – même si on sent beaucoup de respect pour le parcours de ce dernier.
Je n’ai ni lu l’un ni vu l’autre, mais dans ce que vous dites tous, le livre et le film me paraissent très complémentaires en ceci qu’ils mettent en exergue un événement vécu de l’intérieur et de l’extérieur. Me trompé-je ?
N’ayant lu que des extraits du livre et n’ayant pas vu le film j’avoue que je ne peux répondre à votre question. Toutefois je suis d’accord avec votre conclusion. J’espère pouvoir dégager du temps afin de combler mes lacunes.
@ Logopathe:
Attention quand vous « jugez » les autres à leur capacité d’auto-dérision : 1/ parce que vous les jugez ! 2/ parce que tous n’ont pas le même type ou degré d’humour. Nous sommes ainsi faits, .. différents !
11h30… Et comment je fais avec la messe ???
Allez, ce sera en ligne dès midi sur lejourduseigneur.com exceptionnellement. Mais bon, rien ne vaut le frisson du direct.
Ou alors, tu préviens tes paroissiens et vous faites une pause. Tiens pourquoi pas un écran géant sur le parvis ? Et des pop-corns ! Oh oui, des pop-corns !
@ Koz:
Bah en fait moi je suis plutot proche des communautés tradis, et au niveau de la formation ils proposent plein de choses!!
Après si tu trouves qu’il manque des propositions, pourquoi ne pas en parler à ton curé? (je dis pas le faire toi-même: tu as déjà ton boulot et le blog, et je sais pas comment tu fais pour avoir le temps de faire les deux!!! Moi j’y arrive pas!!)
@ oim:
C’est vrai ce que vous dites, surtout sur le préservatif (personnellement j’avais beaucoup apprécié l’article sur l’affaire de recife, et notamment d’avoir été vérifier le droit canon!! J’avais envoyé un message explicatif avec cela à tous mes contacts…)
Par contre, pour la foi, je pense que c’est différent pour chacun: pour moi découvrir que Dieu existait (j’était catholique pratiquant mou: j’allais à la messe, je prenais les sacrements et puis c’est tout) ça s’est bien fait par un chemin intellectuel: la structure de l’ADN qui théoriquement d’après les lois de la chimie ne devrait pas exister (en gros elle va toujours dans le sens du plus gros désordre, et de la cassure des grosses molécules; et l’ADN c’est plus une mégamolécule, là on est carrément dans la gigamolécule!! C’est à partir de là je me suis dit que non, forcément, il y avait une intelligence derrière, sinon ça pouvait marcher… C’est comme ça que j’ai vraiment cru en Dieu!!)
@ Yogui:
Parce qu’il est avare!! Non mais si on devait PAYER les types qui viennent jusque dans votre blog pour foutre la merde on s’en sortirait pas!! xD
@ Emmanuel Pic:
Vous enregistrez histoire de pouvoir revoir ce moment!!
Enfin, Koz, nous allons savoir à quoi vous ressemblez, nous serons là à 11h30 !
N…
Bonjour,
Je n’ai pas vu le film, étant donné que je vais au cinéma environ une fois par an, si le vent est favorable. Ceci dit, j’avais entendu T. Bizot présenter son livre il y a quelques temps dans l’émission V.I.P. (je ne sais plus si c’est sur RCF ou Radio Notre-Dame), et j’avais beaucoup apprécié. Sans faire de comparaisons vaniteuses et inappropriées, je m’étais un peu reconnu dans le personnage : en particulier dans ce sentiment de supériorité par rapport à tous ces « désespérés-qui-se-raccrochent-à-la-foi »… tout ça avant la conversion bien entendu. La comparaison s’arrêtant là, n’ayant pas le même parcours, ni le même succès (mérité) de T. Bizot.
Koz a écrit : :
Ah, j’avais adoré faire les préparations au baptême ! On tisse des liens formidables, et justement, quand on est un converti tardif, ça interpelle beaucoup ces nombreux parents qui viennent parfois demander le baptême pour leur enfant sans trop de conviction, avec ce mantra du « je-n’éduquerai-pas-mon-enfant-dans-la-foi-car-je-le-laisserai-choisir-tout-seul-sa-religion ». Quand tu as la chance de pouvoir expliquer à ces gens que tu n’as reçu aucune éducation religieuse, et que tu n’as pas vraiment l’impression d’avoir eu d’autre choix que d’être athée, il y a quelque chose qui s’éclaire dans leur regard.
J’aimerais bien refaire des préparations au baptême. Depuis que j’ai emménagé dans ma nouvelle paroisse, il y a 3 ans, mon curé refuse de nous embaucher pour ça, ma femme et moi : il a peur qu’on « néglige notre devoir d’état ».
Ah j’oubliais. Merci pour cette excellente présentation du film. Le billet est très intéressant, et au-delà du côté cinéma-cinéma, on voit que l’histoire t’as touché. Tu le fais bien passé, et ça touche aussi le lecteur que je suis.
@Le Peltier: mais il s’agit de beaucoup plus que d’auto-dérision et d’humour. Il s’agit d’admettre, non pas la relativité de la vérité, mais l’idée qu’on se trompe peut-être sur son compte. Il s’agit d’apprendre à vivre dans un pays où quantité de gens pensent que ce qu’on pense, c’est de la connerie. Parce que fondamentalement, un pays libre, c’est ça. C’est un pays dans lequel il y a des gens qui pensent des choses qui vous scandalisent au plus profond de votre être, et des gens que vos propres opinions scandalisent.
C’est ça, « accepter la différence ». On nous rebat les oreilles avec ce slogan, qui n’est plus compris du tout. On n’accepte plus la différence que si elle est acceptable.
Personnellement, plutôt que des moqueries je rencontre les réactions parfois violentes des gens traînant des vieilles blessures du fait de l’Eglise. Exemple, ce couple d’amis italiens divorcés remariés qui me disaient qu’à Turin, il valait alors mieux être prostitué(e) ou en prison (des aumôniers zélés s’occupaient régulièrement de vous) que divorcés-remariés, traités comme des pestiférés (ou du moins cela a été leur ressenti…) Le pape l’a courageusement affirmé à propos du scandale de la pédophilie dans l’Eglise mais cela est valable pour des affaires moins graves ou moins retentissantes: l’ennemi principal de l’Eglise est à l’intérieur, il vient du péché même de l’Eglise.
Concernant ce blog, que j’ai découvert il y a quelques mois grâce à celui de Pde Plunkett, je trouve que souvent il apporte des arguments accessibles à la raison naturelle que même un non croyant peut accueillir (cf l’excellent article 14 bonnes raisons pour dire non à l’euthanasie) et qui rejoignent forcément une vision de foi sur tel ou tel sujet parce que notre foi n’est pas irrationnelle: nous croyons en Jésus Christ, le Logos, Parole et Raison, incarné.
Merci!!
Ayé, j’ai vu de mes yeux vu la fin de l’anonymat kozien… ça fait un tout petit peu bizarre de te voir en chair et en os – bon, plutôt en pixels sur mon écran, mais ne pinaillons pas. Tous mes compliments, c’est très réussi. Vraiment. Combien d’heures de media training faut-il pour arriver à une telle aisance face à la caméra ? 😉
On sent, dans le commentaire de conclusion, une bonne dose de respect pour le travail accompli et la reconnaissance qui en résulte. Tant pis si je passe pour un cireur de pompes de la pire espèce, je le dis: c’est mérité.
J’épluchais les patates, un condé est venu me chercher, et je peux le dire, j’ai vu Koz…
Gwynfrid a écrit : :
+1
Koz a écrit : :
Bonsoir,
je comprend parfaitement qu’il y ait dans le christianisme, et dans le bagage intellectuel qui va avec, de quoi donner du sens à sa vie. il est probablement aussi possible de partir dans de « mauvais trips ».
Toutefois, le développement personnel ne se résume pas forcément à la caricature du coaching un peu bidon. Je pense que l’on peut aussi vraiment s’épanouir dans l’art, dans l’entreprise, dans l’enseignement, dans les responsabilités civiques, et même dans le sport. Il y a dans la plupart des domaines de la civilisation humaine de quoi tendre vers l’excellence, partager de la joie, et transmettre du savoir.
Le film fait un peu référence au « gout des autres » non ? Dites nous tout, koz, est-ce vous qui avez inspiré la profession d’avocat ? 🙂
Si vous voulez poursuivre la question sur les catéchèses et les catéchistes, ça se passe sur mon blog.
A bientôt.