Ouch. La honte totale. Normalement, je vous parle d’Hôtel Rwanda, de L’étoile du soldat ou de La Chute (enfin presque). Pourquoi ? Parce que je suis un mec con-cer-né. Ouais. Je me soucie des problèmes du monde. Sans les citer, pour ne pas les minorer, je me cogne tout de même quelques bons sujets graves. Et pourtant… Mardi soir, j’ai regardé avec ma femme le potentiellement cucul la praline Love actually.
Humiliation suprême, à un moment donné, je ne suis même pas parvenu à réprimer un truc qui ressemblait à un gloussement. Pendant que ma femme restait impassible. Un vrai mec… tandis que je virais gonzesse.
Humiliation, humiliation… eh bien c’est vite dit, les truffes. Car j’entends bien clamer, debout sur ma chaise, le poing dressé et le manteau au vent mon droit de ne pas être concerné à la face d’un très hypothétique contradicteur.
Et Love Actually, j’ai aimé. Et pourtant, c’est bien la comédie romantique type, avec son impossible discours du premier ministre, sa chorégraphie à deux balles, son tout qui finit bien pour tout le monde… sauf au demeurant pour Emma Thompson, la pauvre, dont on ne parvient pas à comprendre vraiment si elle récupère pleinement son mari, où seulement après qu’il se soit offert un séjour secrétaire comprise. Il faut dire aussi, comme le soulignait fort justement ma mère qu’on a pris soin d’habiller Emma Thompson comme un sac et que, si une femme veut garder son mari, faut aussi qu’elle sache se mettre en valeur. En fait, je vais vous faire une confidence : c’est surtout l’histoire entre l’écrivain et la portugaise qui m’a plue[1].
Alors, ouais, ouais, ouais, vous pouvez vous marrer, vous gausser, vous moquer. C’est cucul. Mais, ah, purée, ça fait du bien de s’aérer.Tant pis pour les verts, verts du succès de Hulot après qu’ils se soient cassés la nénette pendant tant d’années. Tant pis pour l’ouverture des magasins le dimanche. Tant pis pour Julien Dray, le PS et la démocratie participative. Tant pis pour la réception des jeunes par Sarkozy. Tant pis pour la décentralisation de Royal. Tant pis pour la signature du « pacte » par Sarko. Tant pis pour le purin d’ortie. Tant pis pour la Turquie. Tant pis pour Johny Hallyday, Le Pen et Marie Drucker…
Et non, je n’ai pas honte, au regard des pauvres, des malades, des sans-abris, des détenus, des déplacés… d’être heureux.
Au contraire, même, ne serait-il pas fondamentalement indécent, à ma place, de ne pas l’être, hum ? Et si vous n’êtes pas heureux, bordel, ben forcez-vous, par respect pour les autres, que votre silencieuse compassion, votre souffrance solidaire, n’intéressent pas ! Assez de votre gueule de six pieds de long de mec con-cer-né : c’est pas vous qu’êtes dans la rue ! Quand on a la chance qu’on a, on est heureux… ou on ferme sa gueule. Voire on se cache.
Et les politiques, d’ailleurs, en fin de compte, ne devrait-on pas leur demander de produire une attestation de leur propre capacité au bonheur, avant de les élire, et de leur confier une part de notre destin ? Exigeons de nos candidats qu’ils produisent un Certificat d’Aptitude Personnelle au Bonheur !
- même si je ne suis pas certain que les portugais soient très fan du portrait fait d’un village typique [↩]