Une campagne "populiste" ?

Nous aurons donc eu une campagne populiste. Et d’un populisme plutôt bien partagé. Ce sont certaines thématiques de Nicolas Sarkozy, c’est la participativité de Ségolène Royal, dont on sait quoi penser désormais. C’est la posture anti-système de François Bayrou, lui qui, après avoir bâti sa campagne sur la dénonciation des medias, embrayent sur la chasse aux hauts fonctionnaires[1]et poursuit avec des propos étonnants sur les entrepreneurs, considérant que ceux-ci devraient démissionner dès lors qu’ils seraient mis en examen, ce qui constitue, il me semble, une aberration politique, économique, sociale et, évidemment, juridique. Une transposition au sein des entreprises d’une bien inopportune « jurisprudence Balladur« .

C’est, aussi, la mise en avant, sur le site de François Bayrou d’un moment que l’on doit croire, là-bas, d’anthologie, à savoir une réplique à Nicolas Beytout : « l’on a tous envie, en France, d’être respectés pour ce que l’on est, même si l’on n’est pas directeur du Figaro« . Audace suprême pour un démocrate-chrétien : s’en prendre au patron du Figaro. Clin d’oeil à gauche.

* * *

Le constat de ce populisme-ci m’a amené, par nécessité d’équilibre, à celui des autres, à sa raison d’être spécialement dans cette campagne, à supposer qu’il présente une originalité quelconque et, finalement, au-delà de la répulsion que l’attitude parait appeler, si, en fin de compte, il y a tant lieu de s’en plaindre[2].

Le cas Bayrou étant vu, il est un fait que le choix de Nicolas Sarkozy a été plus périlleux. S’il a fait exploser, de façon jubilatoire, une certaine langue de bois, son intention d’aller chercher les électeurs du Front National pour les ramener dans le giron républicain l’amène à un exercice d’équilibriste auquel la tension d’une campagne n’est pas nécessairement la plus propice.

Pour Ségolène Royal, ce fut le recours aux « citoyens-experts« , aux « jurys populaires« , aux « débats participatifs« , vaste écran de fumée dissipé dernièrement par Eric Besson.

Cette campagne est-elle singulière en ce sens ? Il est un fait que toute campagne présidentielle a porté son lot de démagogie. Mais cette campagne a vu l’émergence d’une posture jusque là ignorée : le rejet des medias… par les candidats. Si François Bayrou en a fait son fonds politique, Sarkozy comme Royal ont eu chacun leur accès. Parce qu’ils ont compris que le citoyen aime cela, désormais, que le politique renvoie le journaliste dans ses buts.

* * *

Ce consensus parmi les candidats principaux est évidemment dû aux deux séismes électoraux que la France a connu : le 21 avril 2002, et le 29 mai 2005. Avec, peut-être, pour la généralisation du phénomène, une petite prime à ce dernier évènement.

Nicolas Sarkozy le répète régulièrement, dernièrement encore au Grand Jury : avec Le Pen au deuxième tour et un français sur deux qui ne votent pas, peut-on vraiment continuer comme d’habitude ? Peut-on se permettre de garder le même discours, le même ton ? François Bayrou invoque la crise morale du pays. Ségolène Royal, je n’en sais rien, mais elle invoque certainement quelque chose.

Et, de fait, qui a suivi la campagne référendaire[3]n’a pu qu’être marqué par cette sorte de contestation populaire qu’elle a révélé. Etienne Chouard redécouvrant la roue institutionnelle a eu plus de poids qu’un quelconque spécialiste de droit constitutionnel ou communautaire. Les medias furent enveloppés d’une même opprobre… On regrettera que ce soit la construction européenne qui ait fait les frais de ce courroux populaire mais ce courroux-là, doit-on le regretter ?

Il est d’ailleurs révélateur que ce soit cette campagne qui l’ait mis en relief. S’il y eut d’autres erreurs qui menèrent à l’échec du référendum, l’une d’entre elles m’apparaît plus intéressante en l’occurrence : la dramatisation de l’enjeu, la présentation de la ratification comme incontournable, nécessaire, inéluctable. Ne peut-on pas interpréter aussi le résultat du référendum comme une volonté populaire de réappropriation de la décision, du politique, du destin, personnel et collectif ?

J’évoquais l’an dernier ce que j’avais voulu appeler « les révoltés de l’inéluctable« , agissant par angoisse et révolte contre ces évolutions présentées ou perçues comme inéluctables : le réchauffement climatique, la mondialisation, les délocalisations, la fin de l’industrie etc. Ces décisions qui se prennent en des lieux qui leur semblent obscurs, institutions aux acronymes opaques. Alors, quand vient l’occasion de saisir un bulletin et de se rappeler au souvenir du monde…

Vous l’aurez compris : si je ne partage pas nécessairement les orientations concernées, j’avoue voir avec faveur une telle volonté de réappropriation du politique.

* * *

Alors, les politiques sont-ils « populistes » lorsqu’ils s’efforcent de répondre à une telle attente ? C’est, donc, retour au point de départ, Ségolène Royal qui propose au « citoyen-expert » de participer à un jury citoyen, c’est François Bayrou qui part en lutte contre le système.

Déroulant le fil de ma pensée, j’en viens à un passage où certains cesseront de me suivre, alors pourtant que le constat peut rester froid. Après celles, brièvement évoquées, de Royal et de Bayrou, la réponse de Nicolas Sarkozy, c’est sa foi en la politique. Que ce soit dans ses discours, ou dans Ensemble, le message qu’il reprend souvent, sur le pouvoir de la politique :

« La politique ne peut pas tout. Mais il est sûr qu’elle ne peut rien quand elle ne veut rien. Ce n’est pas d’abord un problème technique. C’est d’abord un problème moral. Ma conviction est qu’il ne faut pas faire de politique quand on est persuadé par avance que la politique ne peut rien contre le chômage, la misère, la crise du logement, la baisse du pouvoir d’achat ou l’immigration clandestine. Il ne faut pas faire de politique quand on est persuadé que la politique ne peut rien contre l’analphabétisme, l’inculture, l’injustice ou l’insécurité » (p. 19)

Profession de foi régulièrement répétée :

« Depuis vingt-cinq ans, nous vivons dans la résignation. D’année en année, on vous répète que contre le hômage, l’exclusion, les injustices, l’échec scolaire, et maintenant contre la précarité, les délocalisations, a pollution on ne peut rien. On vous explique que la politique ne peut plus agir parce que l’Europe agit à sa place. On vous fait croire que l’État ne peut plus intervenir parce que la mondialisation a anéanti le pouvoir des États. On vous prétend qu’il n’y a que deux choix possibles: périr ou bien nous adapter, c’est-à-dire renoncer à nos valeurs, à notre culture, à nous-mêmes.

Je vous propose d’en finir avec ce fatalisme, avec ce renoncement, avec cette résignation.

Je crois que le pouvoir existe encore. Je suis convaincu qu’il n’y a pas de fatalité. Je sais que la politique peut encore beaucoup de choses. C’est pour cette raison que je lui ai consacré toute ma vie et que je me présente aujourd’hui à vos suffrages. D’autres pays ont réussi en Europe. Il n’y a aucune raison que la France ne réussisse pas à son tour. »[4]

Or, voyez-vous, je pense que l’une des raisons pour lesquelles Nicolas Sarkozy mène si insolemment les sondages[5]depuis janvier, est qu’il porte une certaine cohérence à cet égard entre sa façon d’être, et son discours. Ce volontarisme, sur lequel je lisais dernièrement qu’il était question d’axer sa campagne sur la dernière ligne, il l’incarne. Probablement davantage qu’une Ségolène Royal, dont les « débats participatifs » sont vite apparus comme de petites mises en scène. Ou qu’un François Bayrou qui, pour s’être amélioré, reste marqué de l’image du centriste, toujours associé, malgré ses efforts, au caramel mou.

Il n’est pas jusqu’à cette question d’identité qui, probablement, ne réponde aux angoisses des français[6]: dans cette mondialisation nivellante, je veux savoir qui je suis…

Alors, en fonction de leurs sympathies, certains choisiront le terme de « populisme », quand d’autres y verront une réponse utile et légitime aux attentes populaires. En tout cas, même si ces questions ne sont qu’un élément de compréhension, je ne suis pas surpris d’apprendre à l’instant que, selon un sondage[7], 2/3 des sondés estiment qu’il fait la meilleure campagne[8].

* * *

  1. et chefs d’entreprise, au demeurant []
  2. en assumant totalement le paradoxe de l’idée []
  3. en particulier sur le Net []
  4. Projet de Nicolas Sarkozy []
  5. avec, oui, bien sûr, toutes les réserves qu’il convient de leur imposer []
  6. ou de français []
  7. et avec toutes les précautions de rigueur quant aux sondages []
  8. la plus précise -63% – la plus moderne – 61% – celle proposant le plus d’idées nouvelles – 58% – la plus crédible – 54% – et enfin, ex aequo avec François Bayrou, celle la plus proche des préoccupations des électeurs – 50%. []

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23 commentaires

  • Sarkozy est un magicien, un illusionniste de première classe.

    Apparus sur nos écrans un beau jour de l’été 2002 avec ce volontarisme que vous semblez tant admirer, il a passé 5 longues années à nous répéter inlassablement à coup d’émissions spéciales : »je veux… », « il n’est pas acceptable… » « je ne puis tolérer… », « ce n’est pas ma conception de… »

    Or, la plupart de ces affirmations n’ont pas fait l’objet d’examen quant à leur réalisation effective. Certaines ne se sont jamais réalisées (la promesse de revenir chaque semaine en banlieue, la promesse de mettre fin aux hausses de prix dans les supermarchés, la promesse de faire baisser la violence).

    Mais, aujourd’hui, il a réussi l’exploit de n’être pas comptable de ses coups de menton restés lettre morte. Bravo l’artiste !

  • Selon un sondage|7|, 2/3 des sondés estiment qu’il fait la meilleure campagne.

    Hi hi, j’aime bien vous voir vous rassurer avec les statistiques fiables car, comme disait Churchill, je les ai moi-même falsifiées.

    Cette question sur la « bonne campagne » est une fumesterie qui mesure essentiellement la perception qu’on ont les sondés, c’est à dire qui mesure essentiellement le traitement médiatique de la campagne. Mais que Sarkozy était une machine à scoop pour les journalistes, et l’ami de tous leurs patrons (tout le CAC 40 vote Sarkozy), ça on le savait déjà. Encore un chiffre asséné pour faire objectif, incontestable mais qui sert surtout à brasser du vent et à ajouter du bruit au bruit.

  • D’accord avec Koz.
    N.Sarkozy n’a fait usage ni d’artifice de pseudo nouvelle méthode ni de numéro d’équilibriste qui sont autant de poudres aux yeux que S.Royal et F.Bayrou ont utilisé comme rideau au manque de concret de leurs programmes respectifs.
    Au contraire, il s’est attaché dans un premier temps à rassembler tout son camp avec lui.
    Ils ont tous ensemble (avec la participation et le vote des militants) bâtit un programme complet, robuste et cohérent sur lequel il s’appuie depuis des mois.
    Fort d’un vrai programme sans fioritures, N.Sarkozy est envahi de convictions et d’une réelle volonté de réalisation.
    C’est effectivement loin des moratoires, des débats participatifs, des jurys citoyens et autres promesses qui sont autant de freins « populistes » à la modernisation de notre pays que nous propose S.Royal.
    C’est aussi loin des hésitations et revirement « populistes » permanents de F.Bayrou … et de S.Royal.

    Pas d’accord avec Steph73.
    – Quelques centaines de visites en banlieue en 4 ans au Ministère de l’Intérieur.
    – Destruction de cette ignominie de Sangatte.
    – Suppression de la double peine
    – Chute de la délinquance (sauf sur les agressions aux personnes)
    – Création du CFCM
    – Régularisation organisée et juste des familles ayant des enfants scolarisés.
    – 2% de baisse des prix pendant 1 an au Ministère des Finances
    – Sauvetage d’Alstom
    – …

  • Nicolas Sarkozy se pose ici comme un sacré enfondeur de portes ouvertes. C’est vrai que l’on a beaucoup, beaucoup entendu de politiques professer leur impuissance. Jusque là, j’ai toujours trouvé que les politiques promettaient beaucoup plus que ce qui était de leur portée, en particulier en matière économique, pour donner l’impression d’être capable d’agir sur tout. Mais il (via Koz) m’ouvre les yeux : en fait, ils n’ont pas cessé de professer leur impuissance.

    Soyons serieux : le dernier à avoir confessé une impuissance, c’était le trop honnete Jospin, qui a payé le prix fort. Mais avez vous UN, UN autre exemple de « D’année en année, on vous répète que contre le hômage, l’exclusion, les injustices, l’échec scolaire, et maintenant contre la précarité, les délocalisations, a pollution on ne peut rien. »

  • Le problème de Sarko, c’est qu’il parle de tout comme s’il était au bistrot du coin avec son ballon de rouge…
    « Ha oui, ma pov’ dame, tout ça c’est la faute aux racailles, j’vous l’dis.
    Et z’avez entendu cette histoire de vieux pervers avec cette gamine dans l’nord ? Tous ces pédophiles, j’leur couperais les c…. de toutes façons on peut pas les soigner, c’est génétique »

    Et je force à peine le trait : Il n’y a pas d’élévation du débat, c’est son coté populo inquiétant.

  • A deux semaines du vote, quand le  » citoyen se transforme en électeur », son bulletin de vote ira plutôt à la personnalité d’un candidat qu’à son programme. Surtout que les programmes veulent tous :  » tout changer », et que chacun marche sur les plates-bandes de l’autre.
    Si la volonté de changement l’emporte sur l’immobilisme Sarkozy à toutes ses chances, car Bayrou et Royal ont le profil de celui qui accompagnera  » la défaite tranquille » de l’économie francaise.
    Je souligne que je n’ai jamais voté à droite, mais que poursuivre une politique  » socialiste » qui sévit depuis au moins deux décennies avec les résultats que l’on connait ne me satisfait pas.

  • A toutes fins utiles, parce que, bien évidemment, à 12 jours du premier tour, ma dernière partie ne peut évidemment recevoir l’assentiment général, quoique, encore une fois, on puisse faire le même constat sans partager aucunement mes sympathies, puis-je me permettre de souligner que je serais preneur aussi de votre sentiment sur les parties précédentes ? D’accord, pas d’accord ?

  • Effectivement Koz, on peut voir dans de récentes occasions de vote, la volonté du citoyen de se réapproprier un certain nombre de choix, quand bien même ceux-ci n’existeraient qu’entre Charybde et Scylla.

    Je pense qu’il faut être plus précis d’ailleurs. La tendance est plus large : soit les individus se désintéressent totalement du fait politique et décident de ne plus voter (d’où un abstensionnisme croissant), soit ils se résignent à voter vers des alternatives qui ne leurs sont pas totalement représentatives, mais qui au moins permettent de marquer le rejet des vieilles tendances.

    Sur la deuxième partie de votre argumentaire, simplement je note que N.Sarkosy a fait plus dans son rôle de ministre de l’Intérieur que nombre de ses prédécesseurs. En termes de ministre des Finances par contre, le débat est plus mitigé.

    J’ai donc confiance en la faculté de l’homme d’agir et d’imposer le changement. Là où l’incertitude domine de mon point de vue, c’est qu’il me parait tout sauf profondément démocratique (c’est l’instinct personnel qui parle), et prompt à régler le cas des personnes qui barrent son chemin. Napoléon fut de ce genre, mais Bonaparte mis en place des institutions qui donnèrent un nouvel élan à la France d’alors. Reste que l’inquiétude d’avoir un grand soir « révolutionnaire » ne m’enchante guère (c’est que d’être papa vous amène à la prudence voyez-vous…).

  • Les dernières décennies d’errances idéologiques, de l’impuissance, du manque de courage des politiques français à adapter notre pays à l’évolution du monde ont provoqué chez beaucoup d’électeurs scepticisme et désillusions.
    Les français dans leur grande majorité ont depuis longtemps identifié les problèmes et ont attendu en vain des mesures appropriées, constaté des reculades, entendu la langue de bois idéologique chercher à enrober les échecs.

    L’alliance du PS/PC a enfermé la gauche gouvernementale dans une idéologie archaïque et personne n’a eu les compétences, le courage et la volonté de briser franchement le cercle vicieux psalmodiant d’un côté des paroles idéologiques et de l’autre avouant la contrainte de la réalité.
    A ce sujet il est d’ailleurs frappant de constater à quel point la gauche a cautionné la libéralisation européenne à Maastricht ou Nice …

    La droite a fait preuve d’un autre archaïsme en essayant de passer en force les reformes, puis en reculant devant les foules … Dernière exemple frappant Villepin et le CPE.
    Chirac n’a eu ni le courage ni la volonté de briser le carcan de la bien pensance installé depuis des lustres à tous les étages administratifs et sociétaux.

    Venons en à nos candidats :
    SR est comme un ovni dont les commandes ne seraient pas maîtrisées ou auraient lâchées, zigzagant dans toutes les directions et ne sachant pas où il se posera …
    FB profite de l’incertitude de l’atterrissage de cet ovni clinquant, mais n’offre pas un terrain d’atterrissage solidement construit.

    NS est un coureur de fond bien préparé avec un programme cohérent et la volonté affichée de le mettre en œuvre. La réussite du rassemblement de la droite laisse penser qu’il saura aussi négocier la réalisation de son programme.

    Sans vouloir paraître béatement enthousiaste, je dois bien avouer que c’est la première fois depuis bien longtemps, en fait depuis De Gaulle, que je me sens autant en phase avec une personnalité politique …
    Quant à vos inquiétudes, cher Irul, je suis mère de deux enfants et leur avenir est mon souci principal … 😉

  • @Delphine : non, mais si je l’étais, je prendrais bien N.Sarkozy comme acteur, il est plutôt doué pour ça 🙂
    Je savais que j’avais un talent caché. merci papa, merci maman.

  • [quote comment= »12970″]Reste que l’inquiétude d’avoir un grand soir « révolutionnaire » ne m’enchante guère (c’est que d’être papa vous amène à la prudence voyez-vous…).[/quote]

    En 81, nombreux étaient ceux qui pariaient sur la descente des chars dans la rue.

    Aujourd’hui, cette perspective est agitée par certains, pour influencer le vote. Peut-être seront-ils aussi déçus qu’à l’automne dernier quand les caméras allaient avec insistance en banlieue pour voir si, par hasard, pour l’anniversaire des émeutes, ça pourrait pas repartir un coup.

    Mais bon, à force de les appeler de leurs voeux, ces désordres, ils finiront bien par les avoir.

    [quote comment= »12963″]Si la volonté de changement l’emporte sur l’immobilisme Sarkozy à toutes ses chances, car Bayrou et Royal ont le profil de celui qui accompagnera  » la défaite tranquille » de l’économie francaise.[/quote]

    Le pari est plutôt osé. Les présidents qui l’ont emporté dernièrement ont plutôt donné dans la « force tranquille », du fait d’une présomption selon laquelle les français seraient rétifs au changement.

    Les deux séismes électoraux évoqués ont-ils été de nature à modifier le penchant des français ? Les défis actuels sont-ils de nature à les amener à choisir un président sur son volontarisme ?

    En ce qui concerne Bayrou et Royal, si j’avais la conviction inverse de la vôtre, je voterais probablement pour eux.

  • @Koz:
    « Parce qu’ils ont compris que le citoyen aime cela, désormais, que le politique renvoie le journaliste dans ses buts. »

    -Le politique a besoin du citoyen et du journaliste pour travailler.
    -Le journaliste a besoin du politique et du citoyen pour travailler.

    Le citoyen aime la télé-réalité. Faute de débats virils entre politiques, un coup de boulle d’un politique envers un journaliste est un événement comme les autres et comme l’air du temps est de critiquer les journalistes, puis viendront le tour des instituts de sondage, des bloggeurs et quoi d’autres ?

    @ Koz :
    « une volonté populaire de réappropriation de la décision, du politique, du destin, personnel et collectif  »
    Je suis bien d’accord et c’est en cela que l’idée des débats de SR étaient excellentes au départ car elle rassemblait tout ceux qui voulaient cela plus les femmes qui en général sont plus portée au pragmatisme qu’au débat d’idée. (Pendant que les hommes refont le monde théoriquement, les femmes pensent au côté pratique et efficace. ) mais tout son message a été brouillé par sa « féminité » (les femmes au pouvoir dans le monde ne sont pas des exemples de féminité) et tout ce que l’on sait.

    @Koz :
    « …Nicolas Sarkozy mène si insolemment les sondages depuis janvier, est qu’il porte une certaine cohérence à cet égard entre sa façon d’être, et son discours. »
    Je crois surtout que son message est lisible par tout le monde car très ciblé, peu de thèmes, rabachés et expliqués avec son talent d’orateur (il est pas avocat pour rien) et filtré .

    Bref comme le dit très justement Margit : »NS est un coureur de fond bien préparé avec un programme cohérent et la volonté affichée de le mettre en œuvre. La réussite du rassemblement de la droite laisse penser qu’il saura aussi négocier la réalisation de son programme ».

  • [quote comment= »12987″]Je suis bien d’accord et c’est en cela que l’idée des débats de SR étaient excellentes au départ car elle rassemblait tout ceux qui voulaient cela plus les femmes qui en général sont plus portée au pragmatisme qu’au débat d’idée. [/quote]

    Ayant participé (c’est le cas de le dire) à un « débat participatif », je ne suis pas certain que l’idée de départ ait été excellente. Elle l’eût été si elle avait fixé un objectif au débat, plutôt que de les laisser naviguer dans les propos généraux et autres évidences.

    Ceci étant dit, que des débats soient plus systématiquement organisés, notamment au niveau local, à supposer que le politique en charge sache s’effacer un temps, serait probablement une bonne chose.

    J’avais rencontré un maire socialiste qui pratiquait le « débat participatif » depuis quelque temps (un homme, pourtant) et sa pratique m’a paru intéressante et utile.

  • [quote comment= »12912″]
    Pas d’accord avec Steph73.
    – Quelques centaines de visites en banlieue en 4 ans au Ministère de l’Intérieur.
    – Destruction de cette ignominie de Sangatte.
    – Suppression de la double peine
    – Chute de la délinquance (sauf sur les agressions aux personnes)
    – Création du CFCM
    – Régularisation organisée et juste des familles ayant des enfants scolarisés.
    – 2% de baisse des prix pendant 1 an au Ministère des Finances
    – Sauvetage d’Alstom
    – …
    [/quote]

    *Centaines de visites en banlieue?
    Tant que vous y êtes, pourquoi pas milliers ? (comptabilité grotesque)…. Oui effectivement, magnifique résultat: 1ère révolte généralisée des banlieues pauvres françaises, exaspération à son comble instrumentalisée par Sarkozy, impossibilité pour celui qui veut être notre futur président à se rendre désormais dans ces mêmes banlieues — 1er personnage public dans l’histoire de notre république à ne pouvoir se rendre où il veut sur le territoire national.

    *Sangatte démantelé?
    Les réfugiés crèvent désormais comme des bêtes dans des trous ou cachés dans des bois du Nord-Pas-de-Calais. Grand progrès en effet !

    *Double peine supprimée?
    En théorie peut-être. En pratique, amalgame permanent entre immigrés, clandestins, délinquants et émeutiers (cf. propos du ministre après les émeutes de 2005).

    *Chute de la délinquance?
    Manipulation des chiffres (multiplication des mains courantes au lieu de plaintes), objectifs chiffrés affectés préalablement à la police (ce qui encourage aux abus policiers)… Et bien-sûr augmentation permanente des violences physiques (soit dans le sein des familles (stress d’une société devenue impitoyable?), soit dans la rue).

    *CFCM ?
    Légitimisation des intégristes, appui sur ceux-ci pour contrôler les « musulmans » (comme si tout Français d’origine d’Afrique du Nord devait se sentir avant tout musulman). Vision communautariste et religieuse de la société française.

    *Régularisation juste des familles (sic!!!)
    Quota préalable de 6000 familles édicté par Sarkozy. Régularisations arbitraires dans les Préfectures. Humiliations (files d’attente commencées à 3 h du mat’, morgue administrative, stigmatisation scolaire) et fichage des familles non régularisées (que va-t-on faire de ce fichier ?).

    * 2% de baisse des prix ?
    Chiffre contesté par les associations de consommateur. Augmentation continue des produits frais (les meilleurs pour la santé) depuis 2002 sans que Sarkozy n’y puisse rien changer.

    * Alsthom sauvé ?
    … et Arcelor mangé par Mittal ? Et le fiasco de la « gouvernance » malhonnête et incapable d’Airbus ? Et la promesse sarkozyenne de préserver le service public du gaz et de l’électricité (« je m’engage à ce que 70% du capital de GDF reste public » dixit). Le 1er juillet 2007, tout nouvel abonné au gaz subira les prix du marché mondial ( 30% d’augmentation).

    ====> Sarkozy prince du volontarisme mais roi de la prestidigitation et Empereur de la promesse non tenue.

  • Témoignage : j’assistais après les élections de 88 et l’échec de la droite à un diner politique,dont un des invités était un certain Nicolas Sarkozy qui m’avait agacé en nous disant : « cessez de tapper sur les médias, si nous avons échoué, c’est parce que nous n’y avons pas assez cru, parce que nous ne nous sommes pas assez battus pour convaincre… »

    Il n’était donc pas mal disposé vis à vis des medias , à l’origine !

    Mais je pense que tous les candidats dont on ne cite qu’un morceau de phrase tronquée, que l’on ne cherche qu’à pièger, à qui les medias font payer (pour notre plus grand plaisir ?!) le fait qu’ils nous demandent notre suffrage, bref, que ces medias sont l’instrument de vengeance du sans grade ! Font que
    les candidats se rebiffent, ils disent (sincère ou non) OK, je ne peux rien faire sans les medias mais je ne suis pas « qu’une marionnette » !

  • @steph73
    Je ne voudrais pas diminuer l’intérêt du blog de Koz en reprenant point par point vos précisions quelque peu approximatives, non vérifiables et non vérifiées basées sur la seule volonté de polémique.
    Vos propos sont la stricte répétition de formules et affirmations gratuites toutes faites énoncées par quelques politiques, journalistes et autres associations de gauches en réponse à des faits.
    Je rappelle que de nombreux responsables politiques de gauche ne contestent pas ces chiffres et parfois même s’en félicitent … Mais vous contesterez certainement cela aussi.

  • Ce qui me surprend le plus chez Bayrou , c’est sa vision du rôle du Président dans sa 6ème République et dont voici un copier-coller pour mémoire :

    l’ Etat
    « Celui qui est élu, le président, doit être celui qui gouverne. La responsabilité du gouvernement c’est de mettre en oeuvre sa politique « . ( F. Bayrou , programme présidentiel 2007 )

    Qu’on m’explique dans ce cas comment ce dernier mettrait en place un gouvernement  » d’ouverture  » aux diverses tendances politiques de ce pays , dont la gauche en particulier…si Bayrou prône une Présidence de type dictatoriale , comme il en donne lui même la définition .

    Est-ce à cause de cela que la sauce n’a pas pris avec les élephants du PS ? D’où la chute de Bayrou dans les sondages …

  • Toutes mes excuses pour cet artifice de présentation : vous ne vous êtes pas trompés, ce billet n’est pas d’hier soir, mais d’avant-hier soir.

    Cela dit, il y a dans ce billet des éléments auxquels je tiens et que j’aurais souhaité voir davantage soumis à la contradiction. Et le billet sur les déclarations de Sarko a coupé court à tout débat. Sur ce sujet là, je ne pense pas que l’on puisse me reprocher de ne pas avoir laissé la place au débat, après près de 130 commentaires.

    J’estime que, globalement, tout a été dit. On a même tendance à tourner pas mal en rond en reprenant les mêmes arguments.

    Je me permets donc de vous re-soumettre celui-ci. En espérant que le « procédé » ne vous heurte pas.

    edit : Bon, en fait, non, je n’intervertis pas

  • Voilà un extrait de NS à Lyon :
    « Depuis trente ans, ce sont des commissaires européens, des dirigeants de Banque Centrale, des cabinets ministériels, des grands corps des experts qui pensent à votre place, décident à votre place. »
    Si ce n’est pas du populisme !!!!! Le gars est ministre depuis Balladur (avec quelques pauses), il a crée un colloque d’experts (l’observatoire de la délinquance) et il vient nous dire que les élites sont des manipulateurs dont il faut se méfier …. Il ne manque pas de toupet.

  • Les citations que vous rapportez me semblent plus relever de la technique éprouvée à l’UMP de l’homme de paille que d’une sortie visant à aller chercher le peuple avide d’appropriation politique.

    Quand le candidat écrit :
    « Depuis vingt-cinq ans, nous vivons dans la résignation. D’année en année, on vous répète que contre le hômage, l’exclusion, les injustices, l’échec scolaire, et maintenant contre la précarité, les délocalisations, a pollution on ne peut rien. On vous explique que la politique ne peut plus agir parce que l’Europe agit à sa place. On vous fait croire que l’État ne peut plus intervenir parce que la mondialisation a anéanti le pouvoir des États. On vous prétend qu’il n’y a que deux choix possibles: périr ou bien nous adapter, c’est-à-dire renoncer à nos valeurs, à notre culture, à nous-mêmes. »

    De qui parle t’il ? Qui est ce « on » ? Qui est résigné ? Et résigné à quoi ? Qui dit que la politique ne peut plus agir ? Qui dit que l’Europe décide ?

    Personne. Quand Jospin lâche que la politique ne peut pas tout, il ne dit certainement pas qu’elle ne peut rien. Quand certains à droite ou à gauche vilipendent l’Europe, c’est surtout par calcul électoral, de Villiers à Le Pen en passant par Chevènement. Mais personne au gouvernement ces 25 dernières années n’a remis en cause l’Europe. Tous, à droite et à gauche, ont voulu l’Europe telle qu’elle est.

    Par contre, venir expliquer aux gens que c’est en faisant de la politique que la France sera dirigée, ce n’est pas démago, c’est juste un truisme.

    Ce qui est démago, par contre, c’est qu’un candidat vienne expliquer qu’il saura tout changer (« la rupture ») quand il fait de la politique depuis… plus de 25 ans (quel hasard !) et qu’il participe à gouverner depuis 5 ans. Cà, pour moi, c’est très démago.

  • A relire votre message un an et demi après, il m’apparaît clairement que le « volontarisme » est une notion commode pour évacuer toute analyse. Quel mysticisme!

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