La caillera n’est pas le prolétariat

J’ai mis de côté la colère, elle est mauvaise conseillère. Et elle est tuante, à la longue. Il faut donc en faire un usage parcimonieux. Restent la sidération et l’hilarité. « Comme Raboliot soulevait une carpe encore, il resta sidéré, à contempler un pareil monstre. (…) il hochait la tête, avec un air de stupeur vertigineuse » (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 32). « Victor et Félicien, déjà cramoisis par une hilarité contenue à grand’peine, éclatèrent d’un rire gargouillant qui leur sortait par le nez et secouait les épaules »(Aymé, Nain, 1934, p. 37)[1]. C’est au choix même si, je le confesse, l’hilarité serait un peu surjouée.

Libération a publié une pétition dont le quotidien ne s’est pas vanté. Une de ces pétitions dont ce journal a le secret, et dont il aura honte dans quarante ans, comme il doit avoir honte de ses pétitions d’il y a quarante ans. Elle aurait pu rejoindre les poubelles des pétitions honteuses sans l’attention que lui a prêtée Daoud Boughezala, pour Causeur. Mais elle mérite d’être relevée pour savoir qu’elle existe, et savoir que Libération peut aujourd’hui publier un tel texte.

Si je n’avais pas décidé de mettre la colère de côté, je dirais bien que son titre annonce une couleur amère. « Pour les cinq de Villiers-le-Bel » … Certes, ils sont encore à cette heure présumés innocents, mais cette formule fait référence à de glorieux innocents, tels les Guildford Four, auquel il paraît encore bien hasardeux de les assimiler. Le parallèle semble d’ailleurs réel puisque la pétition s’intitulait initialement « pour les quatre de Villiers-le-Bel » avant qu’ils ne s’aperçoivent qu’ils en avaient perdu un en route.

Le texte est révélateur des indulgences coupables et des profondes erreurs dont on croyait guérie une certaine gauche. Il n’en est rien et les voilà donc qui se placent résolument du côté des cailleras et, de fait, des caïds et trafiquants des cités, dans un raisonnement dialectique qui rappelle ces années où la gauche justifiait l’injustifiable au Cambodge, au Vietnam, dans les pays de l’Est.

C’est en effet une resucée de lutte des classes que l’on nous propose. « On est soit du côté de la police, soit du côté du peuple. Il n’y a pas de tiers parti« .

Pour en arriver à un tel simplisme, il faut avoir pris soin de planter soi-même le décor. La police, c’est celle qui « s’amuse de mois en mois à shooter des gamins ». Les mots sont choisis avec les gros sabots, sans nuance ni subtilité. Les policiers shootent, ils shootent des gamins, et ça les amuse. Le peuple, c’est la population de Villiers-le-Bel, ou plus précisément, cette population devenue le peuple dans un de ces instants historiques où l’ordre des choses est renversé. Quels instants ? Rien moins qu’ « un jour de 1789 ». « En novembre 2007, l’histoire était à Villiers-le-Bel ». Vous le voyez, là, le dilemme entre la sidération et l’hilarité ? Et ça n’est pas fini : Villiers-le-Bel, c’est la Commune. Et les forces de l’ordre de Villiers-le-Bel, les héritières de la troupe qui commit les massacres de 1848.

Les héritiers de 1789, ceux de 1848, devraient se lever contre ce détournement crapuleux. La population, le peuple de Villiers-le-Bel, pour attaquer les signataires de ce texte. Non, les sans-culottes, les communards, ne dealaient pas, ne violaient pas. Non, la caillera, ce n’est pas le prolétariat. Non, les émeutiers de Villiers-le-Bel ne sont pas le peuple de Villiers-le-Bel, de sorte que je suis du côté de la police et du côté du peuple, sans qu’il s’agisse d’un tiers parti. Une police qui, soit dit en passant, n’a pas riposté face à des tirs à balles réelles, ce qui suffit à souligner le ridicule de la comparaison avec la troupe en 48.

Prendre le parti des émeutiers, c’est prendre le parti des caïds, ceux qui s’efforcent de maintenir les forces de l’ordre hors des quartiers pour protéger leurs trafics, pour maintenir leur domination, exercer leur pouvoir, leur loi et leur terreur. Par le vocable de « forces d’occupation », ces pétitionnaires légitiment la notion de territoire de ceux qui assassinent ces quartiers. Ceux qui ont tiré sur les policiers, pour tuer – et non, comme on pourrait le croire à la lecture du texte pour viser les gilets pare-balles – ne sont pas la population de Villiers-le-Bel. A fortiori, ils n’en sont certainement pas le peuple. Le paradoxe est qu’en entretenant cet amalgame, ces idéologues enferment les quartiers et leurs habitants dans leur délinquance, et donnent aux délinquants minables, aux criminels, les outils pour justifier leurs activités crapuleuses. Ils se placent du côté des oppresseurs des quartiers, de leur violence, de leurs trafics,  qui n’ont rien de glorieux, rien de romantique, rien de révolutionnaire, mais tout de sordide. Quitte à choisir une analyse de gauche, aurait encore préféré que Libération prenne le parti d’un Michéa – rappelé par Daoud Boughezala – qui voit au contraire dans le système délinquant des quartiers un système ultralibéral : « en assignant à toute activité humaine un objectif unique (la thune), un modèle unique (la transaction violente ou bizness) et un modèle anthropologique unique (être un vrai chacal), la Caillera se contente, en effet de recycler, à l’usage des périphéries du système, la pratique et l’imaginaire qui en définissent le Centre et le Sommet » .

On aurait aimé que cette pétition suscite quelques réactions à gauche, des réactions d’indignation. On voudrait être certain que cette analyse soit cantonné au petit monde gauchisant.

Et l’on aimerait en prime que Libération regrette.

Mais ce serait de la gourmandise.

  1. source : c’est vachement pratique []

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40 commentaires

  • « un raisonnement dialectique qui rappelle ces années où la gauche justifiait l’injustifiable au Cambodge, au Vietnam, dans les pays de l’Est »
    Ne généralisons pas ! Il y a eu une gauche qui a toujours condamné les régimes totalitaires. C’est cette même gauche qui, aujourd’hui encore, ne se reconnait en aucune façon dans cet appel de Libération, tant elle a compris depuis des décennies que le manichéisme ne peut mener qu’à la défaite de la pensée.

  • Oui, et non.

    Il y a bien cette tendance énervante de l’ultra gauche à transformer des émeutiers en révolutionnaires – et à confondre 1848 ou la Commune avec le soulèvement de Villiers le Bel. Il y a cette haine du flic qui minimise bêtement la violence des tirs sur les policiers. D’ailleurs c’est un plaisir de minoritaire, ils savent bien que personne ne prend le parti de ces délinquants, d’où leur texte.

    Reste que je ne crois pas à la thèse de la délinquance organisée ou des dealers qui s’en prennent au flic pour protéger leur turf. Ils n’ont aucun intérêt à ce soulèvement qui attire les CRS et empêchent leur business. Le but est que ça passe le plus vite possible, et leur intérêt est que la repression soit rapide et efficace. Business as usual, c’est leur objectif, comme pour le patron de PME qui attend la fin d’une grève (provoc gratuite, mais ça m’amuse).

    Reste enfin que le fait de construire une accusation sur des témoignages douteux, achetés ou extorqués sous les coups, est également inacceptable. Pas de pitié pour ceux qui tirent sur des flics, certes, mais ce n’est pas une raison pour bacler les actes d’accusation.

  • Hum, simplisme contre simplisme ? Ça ne mène pas loin.

    Pourquoi en est-on arrivé là dans ces quartiers ?

    Pourquoi diminue-t-on les actions éducatives, d’animation, de police locale, bref la prévention, pour privilégier une répression qui ne fait que mettre de l’huile sur le feu et attiser les ressentiments de tous côtés ?

    Pourquoi diminue-t-on le nombre de policiers, tout simplement ?

    Pourquoi met-on les coups de projecteur sur la partie délinquante de la population, en oubliant l’autre, qui souhaite vivre en paix ? Pourquoi Sarkozy est-il passé à 11h du soir, et pas dans la journée ? Nombre d’habitants regrettaient qu’il n’ait pas choisi de discuter avec ceux qui vivent le jour… Bref, pourquoi le gouvernement et la police entretiennent-ils aussi cet amalgame que tu dénonces avec justesse ?

    Electoralisme et économies ? Peut-être un autre simplisme, certes, mais je crains que cette pétition (publiée dans libé, mais pas de libé) et ton billet n’abordent qu’une petite fraction du problème. Sauf quand tu cites Michéa : l’analyse est intéressante et certainement pertinente. Travailler plus pour gagner plus, tout est dans la nature du « travail ».

    Il y aurait beaucoup de travail à faire pour améliorer la situation, et je pense qu’on est en train de partir (sciemment ?) dans la mauvaise direction.

  • @ Franck: probablement, mais où place-tu la gauche Libération ? Et qu’on ne me dise pas que le fait de publier n’est pas cautionner. Il n’y a probablement pas une complète identité de vues entre Libé et les auteurs de la pétition, mais un journal ne publie pas comme ça une pétition, si elle va à l’encontre de sa ligne éditoriale.

    Guillermo a écrit : :

    Reste que je ne crois pas à la thèse de la délinquance organisée ou des dealers qui s’en prennent au flic pour protéger leur turf.

    Sauf à penser que la réaction n’est pas monolithique, uniforme. Le déclenchement des émeutes n’est peut-être pas le fait des vrais caïds. Qu’elle soit le fait de ceux qui gravitent autour d’eux, et dont j’ose penser qu’ils ne s’illustrent pas par des décisions pleinement rationnelles, en revanche… Qu’ensuite, les caïds organisent au moins un affrontement pour éviter que la police ne s’introduise trop loin dans les caves, cages d’ascenseur et autres lieux de planque, ça n’a rien de strictement impossible.

    Guillermo a écrit : :

    Reste enfin que le fait de construire une accusation sur des témoignages douteux

    Je n’entends même pas rentrer dans ce débat, dont j’ignore tout. A supposer que ces accusations soient exactes, elles n’expliquent pas le reste de l’article.

    hipparkhos a écrit : :

    Peut-être un autre simplisme, certes, mais je crains que cette pétition (publiée dans libé, mais pas de libé) et ton billet n’abordent qu’une petite fraction du problème.

    C’est même une évidence. Mais mon billet n’a pas pour sujet les banlieues ni pour objet de dégager une solution pour les quartiers, mais la pétition de Libé et ses amalgames.

    hipparkhos a écrit : :

    Pourquoi Sarkozy est-il passé à 11h du soir, et pas dans la journée ?

    S’il va avec la presse, on parle d’une opération de com’. S’il y va sans la presse, François Hollande demande si c’est donc si dangereux qu’il ne faille pas qu’il y ait la presse. S’il y va de nuit, on dit qu’il ne dialogue pas avec ceux qui sont là dans la journée. S’il y va la journée, on dit qu’il se garde bien d’y aller lorsque c’est dangereux.

  • Je ne savais pas que Libé était devenu un journal humoristique.

    A noter quand même : il n’y a pas grand monde dans les signataires, et personne de Libé (ou ex-Libé, les Serge July et autres du même acabit)
    Les réactions sur le site de Libé sont outrées, en majorité
    Effectivement, pouffons un bon coup : rire tous les jours garantit de vivre mieux et plus longtemps. Je vais donc me réabonner à ce torchon.

  • Ce texte est l’œuvre de Libé ou d’un collectif de soutien ? Ce n’est pas tout à fait la même chose et ça expliquerait la vision parcellaire du manifeste.

    Quant à l’aspect manichéen de la présentation, il faut avouer que la politique sécuritaire du gouvernement en place y contribue fortement. De la suppression de la police de proximité aux propos de Sarkozy à Toulouse en 2003 (« les flics doivent cesser de jouer au foot avec des jeunes des cités »), le Pouvoir n’a jamais cessé de marteler le bien-fondé de sa politique du bâton. Le contexte social/sociétal dans lequel vivent ces jeunes est totalement oblitéré des débats. Peu importe après tout que les problèmes de fond demeurent et que les relations entre la police et la jeunesse des quartiers populaires soient de plus en plus délétères…

  • Reversus a écrit : :

    Ce texte est l’œuvre de Libé ou d’un collectif de soutien ? Ce n’est pas tout à fait la même chose et ça expliquerait la vision parcellaire du manifeste.

    Je n’ai pas écrit que c’était l’oeuvre de Libé. Mais, comme je l’ai dit plus haut, sans en épouser pleinement toutes les vues, un journal ne publie pas une pétition qui heurterait sa ligne éditoriale. Quand je vois la difficulté que nous avons eue à faire paraître l’Appel à la vérité, malgré les signatures illustres que nous avions recueillie, la publication d’une telle pétition, signée par douze salopards inconnus, me paraît traduire une certaine complaisance.

  • Bonjour, le père Ménard en fin renard s’est reconverti dans son émission quotidienne « Ménard sans interdits » où il a reçu récemment Rokhaya Diallo des Indivisibles, association ayant signé le manifeste de Libé. Je ne rate aucun de ses émissions, je peux dire que la mère Diallo est complètement allumée : elle fait l’apologie du crime dès lors qu’on tire sur des flics et considère que les policiers et donc l’état assiègent les villes, justifiant ainsi toutes les réactions violentes qu’on a connu.

  • Oui, d’accord, c’est simpliste, les raccourcis malvenus.

    Mais cet article parle aussi (et surtout) de la justice expéditive. Dénonciations anonymes invérifiables, procès bâclés et non respect de la présomption d’innocence (que vous évoquez sans pratiquer). Les jeunes qui sont inculpés ne sont pas forcément de la « caillera ». Etre « connu des services de police » n’est pas une preuve suffisante.

    Pour finir, la posture manichéenne « flics ou peuple » de la pétition est tout aussi dangereuse, fausse et stupide que la posture populiste pronée par sarkozy et TF1, à savoir qu’il faut choisir entre le respect de la victime et le respect du coupable… comme si la justice était un arbitrage entre ces deux actions.

  • Euh, moi je me pose une question toute bête. Pourquoi il y est passé tout court ?

    Sarkozy n’a rien à annoncer de nouveau, rien à apporter, ne peut constater l’efficacité de ses annonces précédentes. Il va là bas uniquement pour se montrer, ou j’ai raté qqch ? Un préfet, c’est pas assez bien pour ce genre de taf ?

  • Je crois, Reversus, que la phrase de Sarkozy était plutôt du style « le rôle d’un policier n’est pas de jouer au football, il est d’arrêter les délinquants ». Je suis convaincu que quelqu’un aussi soucieux d’éviter le manichéisme que vous doit voir la subtile différence.

    Par ailleurs, je ne crois pas que « le contexte social/sociétal dans lequel vivent ces jeunes (soit)totalement oblitéré des débats ». Je pense qu’il constitue au contraire pour beaucoup l’alpha et l’omega du débat.

    C’est cela qui vous fait manquer le point du billet de Koz pourtant fort bien résumé dans son titre « la caillera n’est pas le prolétariat ».

    C’est cela qui vous fait totalement oblitérer le fait qu’il y a des jeunes qui vivent dans le même contexte social/sociétal et qui choisissent la vertu. Travailler à l’école, trouver un job, se lever tôt, ne pas tirer sur les flics. Il y en a plein. Peut-être même la majorité. Vous n’en parlez pas de ceux-là. Libé n’en parle jamais. Ils ne vous intéressent pas?

    C’est aussi cela qui vous fait écrire « les relations entre la police et la jeunesse des quartiers populaires soient de plus en plus délétères… »

    Encore une fois, ce n’est pas la jeunesse des quartiers, ce sont les cailleras. La jeunesse des quartiers c’est surtout plein de gens honnêtes qui ne veulent surtout pas être amalgamés aux cailleras.

    Et ce n’est pas la police, c’est l’ensemble des représentants de l’autorité : profs, pompiers, médecins, conducteurs de bus, éducateurs sportifs…

    La politique de sécurité menée par Sarkozy est largement critiquable, nul besoin de sombrer dans la caricature bandits=victimes et police=méchants.

    Quand à l’analyse de Michéa, elle est elle-même très pauvre. Ce qu’il décrit est tout simplement l’anarchie. Il faut un véritable grand écart intellectuel pour arriver à coller l’étiquette « libéral » là-dessus. Ainsi apprend-on que le libéralisme c’est un système unique, un objectif unique, un modèle unique. Magnifique contre-sens. C’est exactement le contraire : la conviction que les solutions naîtront de l’initiative des individus, si on les laisse s’exprimer. Et qu’elles seront généralement meilleures que celle que tentera d’imposer une organisation centralisée.

    On a là une belle illustration de la pauvreté ontologique de la pensée marxiste. Bornée par l’horizon indépassable du conflit dominant-dominé.

  • Quand j’ai lu ce texte j’ai pensé à la bande à Coupat. Et bingo! il y a Benjamin Rosoux dans la liste des signataires. Il y a aussi l’avocat Dominique Tricaud qui a comme client Julien Dray. Il y a sans doute d’autres perles parmi les signataires, mais ça me gonfle de vérifier.

  • Fô comprendre, je comprends vite mais vues les méandres utilisées, j’étais un peu larguée. Je raccroche !
    Je me souviens avoir dit à un de mes patients en 1992, un monsieur franc-maçon, qui se demandait pourquoi il y avait eu le feu au Chaudron. Des jeunes réunionnais avaient mal interprété un mouvement de protestation initié par une radio locale, Freedom (joli nom bien trouvé) et avaient tout cassé. Je lui avais répondu que ces pauvres hères n’avaient pas trouvé d’autre moyen de s’approprier le contenu des vitrines de la grande consommation.
    Est-ce l’offre qui fait la demande ou l’inverse ? Aujourd’hui, c’est la Chine qui voit s’envoler son besoin d’équipements modernes pour s’aligner sur la vie occidentale. Ça nous promet un avenir sombre (au secours les ressources naturelles).
    Revenons aux banlieues.
    Dans des familles aux avenirs sans espoir (crise identitaire, crise familiale, crise sociale,…) il y a un travail énorme à faire.
    Travaillez plus pour consommer plus ! Devenez un Zidane, c’est un gars de la banlieue qui a trouvé sa place au soleil ! Poudre aux yeux, écran de fumée pour taire les vrais problèmes et les traiter par dessus la jambe.

    Dans les écoles, redonner une place aux « pions » trait d’union entre les profs et les élèves. Les enfants ont besoin qu’on veille sur eux et pas qu’on les surveille.
    Les conseillers d’orientation : il faut qu’ils soient eux-même déjà motivés par leur mission pour réussir à dépister les compétences des élèves.
    Les familles aux revenus modestes : l’idée de supprimer les allocs pour non assiduité est une sanction et elle est préjudiciable à l’enfant.
    Arrêter de construire des ghettos, des gazas de banlieue. Quand je vois l’érection de toutes ces grilles autour des nouvelles résidences, à quand les miradors ? En plus, ça attise les convoitises. Une amie m’a raconté que depuis que la résidence de sa mère (transfuge iranienne) était « protégée », les cambriolages avaient augmenté.
    Cette même amie m’a raconté que sa mère, l’une des premières co-propriétaire de son immeuble qui a 20 ans, elle est toujours considérée comme l’étrangère alors qu’elle est parfaitement adaptée à la vie occidentale. Ce n’est pas pour rien qu’elle a fui l’Iran.

  • Dernière chose, dire que j’avais pensé envoyé mon « manifeste » à Libération et à L’humanité !! je ne sais pas ce que cela aurait donné.

  • Bien sûr que c’est irrecevable !
    Bien sûr que la caillera n’est pas le prolétariat ! Mais tout de même, on constate tous les jours un deux poids, deux mesure, car la caillera hors prolétariat est bien difficile à appréhender, à mettre en garde à vue, à juger. Elle a beaucoup d’argent et de pouvoir.
    Alors s’installe un mauvais climat en France, du jamais vu…et au quotidien ! Jusqu’à un journaliste giflé lors d’une visite nocturne du Président. Je ne critique pas cette visite nocturne mais pourquoi de nuit ? Tout un symbole quand même ! Aller la nuit ainsi, pour le commun des mortels, cela paraît bizarre comme si on voulait se cacher…
    Tout comme Woerth, peut-être, ce couple est-il honnête, mais tout paraît bizarre aussi.
    Je croyais que la politique, cela consistait également à savoir manier les signes, les symboles, et à fonder du collectif.
    Visiblement, le gouvernement et son chef n’ont plus (pas) cette capacité.

  • Rokhaya Diallo…
    m’étonne pas qu’elle signe ce genre de mascarade malgré sa tête d’ange.
    Elle est très efficace dans ces interventions. Elle devrait s’exprimer (un peu) plus souvent sur ce genre d’aberration pour que les auditeurs et téléspectateurs situent bien le p’tit ange.

  • eneem a écrit : :

    Mais tout de même, on constate tous les jours un deux poids, deux mesure, car la caillera hors prolétariat est bien difficile à appréhender

    Euh… la caillera jouit d’une relative impunité au contraire. On a moins de chance d’avoir des ennuis aujourd’hui comme dealers, si le type s’organise bien, que comme petit patron. Il y a beaucoup de petits patrons qui ont du s’inscrire au RSA cette année. Beaucoup condamnés pour divers manquements adminstratifs.

    Par contre, la caillera en question roule en Merco. Organise des parties montre dans des boîtes réservées pour la nuit. Investit dans l’immobilier. Passe du fric en masse à l’étranger. Imaginez juste ce que peut être les revenus de la drogue, hors impôts, même pour un dealer moyen… Et comme le souligen Lib. non ce n’est pas du Libéralisme, c’est de la barbarie et la loi de la jungle.

    Et quand bien même on se ferait arrêter, il faudrait encore que la condamnation soit autre chose qu’un sursis de plus. Un jeune a agressé mon fils il y a deux ans. Avant que la police ne bouge, il y a eu 47 agressions – vols à l’arraché, racket, + traffics, etc.(avouées par le gamin). Résultat : rien côté justice deux ans après. Par certains côtés, je comprends les juges qui rechignent à envoyer la caillera en prison – je me suis déjà exprimé sur le sujet. Mais c’est juste un état de fait. Le problème de la caillera c’est précisemment l’impunité. Celle qui commence par l’insulte à un prof sans conséquence et qui finit par la gestion d’un réseau plus ou moins grand.

  • @ Eponymus:
    Ah, le mythe des jeunes qui roulent en Merco. Les organisations de malfaiteurs sont des structures dans lesquelles seules les plus « hautes » sphères gagnent beaucoup d’argent. Pour un gros poisson qui boit du champagne, combien gagnent une misère à faire le guet dans les Cités? Celui qui vole un ipod à la sortie n’est pas un type qui roule en merco, ce dernier n’en aurait pas besoin.

    Quant aux délits financiers -qui ont des conséquences bien plus graves qu’un racket à la sortie des classes ou mille voitures qui partent en fumée, je n’ai pas de statistiques sous la main mais je ne pense pas être très loin de la réalité quand je dis qu’ils sont majoritairement le fait de gens biens sous tous rapports : éduqués et bons joueurs de golf et pas d’ostrogoths à capuche.

    Pour ce qui est de la dureté des sanctions, vous ne trouvez pas qu’on en fait beaucoup trop en ce moment? Vous lisez la presse? Peines plancher à rallonge pour les récidivistes, augmentation dramatique du nombre de détenus, emploi abusif de la garde à vue (que même à l’UMP, on s’en inquiète). Un problème? On alourdit la sanction ma bonne dame.

    Et pour quels résultats? Que dalle. Les policiers n’ont pas eu le temps de s’occuper de votre bambin? C’est tout simple, ils étaient trop occupés à faire du « chiffre » pour le président que vous avez élu parce qu’il voulait que les policiers fassent du « chiffre ».

  • Eponymus a écrit : :

    Imaginez juste ce que peut être les revenus de la drogue, hors impôts, même pour un dealer moyen…

    On imagine des tas de choses, mais en réalité les dealers de base habitent chez leurs parents parce qu’ils ne gagnent pas assez pour aller ailleurs.

    Dante a écrit : :

    Quant aux délits financiers -qui ont des conséquences bien plus graves qu’un racket à la sortie des classes ou mille voitures qui partent en fumée

    Ça dépend si vous êtes le retraité ruiné par un Madoff quelconque, ou le môme racketté, ou le smicard proprio de la voiture cramée. En termes de dégâts sur la société, ce genre de concours du pire délinquant n’a aucun sens.

  • @ Gwynfrid:
    Ah, Freakonomics 😉 . Je voulais le citer mais je craignais qu’on me dise que la France, c’était pas comme les USA.

    Les problèmes de société sont analysés en terme utilitaristes. C’est sous-optimal socialement et humainement mais on n’a pas trouvé mieux jusqu’à présent. Eponymus mélange les petites frappes, les grois caïds, les délinquants financiers qui sont selon lui les gros caïds… Comme si un dealer de banlieue avait un compte en banque!

    Avec en prime un petit passage pathos rigolo comme tout sur le gentil patron qui s’inscrit au RSA, brisé par la méchante Administration Française pleine de gauchistes qui n’aiment pas l’entreprise! Le Grand Mythe! « Quoi, il y a un code du travail »? Pas de stats là-dedans, mais j’étais dans de l’industrie bien française et bien paternaliste pendant la crise : comme partout ailleurs, les premiers virés sont les intérimaires, c’est bien connu, puis viennent les emplois supports (administratifs etc)… Ce sont ces catégories qui forment l’immense majorité des chômeurs.

    J’aime beaucoup la compassion de droite pour les « honnêtes gens » de banlieue, eux aussi victimes de la caillera, au même titre que nos têtes blondes. C’est juste un moyen d’enrober votre dégout pour les jeunes-de-banlieue. Les honnêtes gens des quartiers nettoient nos fenêtres et nos chiottes, trient notre courrier et font nos sandwich. Ils ne nous aiment pas non plus! Et, consciemment ou non, vous le leur rendez bien en élisant des présidents de droite.

  • Dante
    Je pensais que vous finiriez votre post en appelant tout le monde à signer la pétition au nom de l’injustice faite aux racailles voleurs d’ipod par ce que c’est juste moins grave que les méchants en col blanc.

    Croyez-vous que les travers des uns puissent justifier ceux des autres? Dans un sens comme dans un autre?
    Les actes des cailleras en cols blanc ont des conséquences réels dans notre société te méritent d’être condamnés. Vous enfoncez une porte ouverte Dante. Pourquoi se refuser le plaisir d’en enfonce une de plus en admettant que la caillera qui violente son voisinage mérite (à minima) de ne pas être défendu ?!

    Le sujet de la pétition publié par Libé est intéressante car elle met en évidence cette minorité gauchiste et ces objectifs à court terme : fédérer toutes les raisons de mécontentement pour faire brûler le chaudron. Elle n’a pas le monopole de cette technique, souvenez-vous de Philippe de Villiers appelant à voter Non car « on a tous une bonne raison de dire non ». C’est tellement vrai …que se battre avec des armes moins simplistes et plus civilisées semble bien naïf. Cette frange gauchiste pactise à mon sens avec l’anarchie.
    « Hésiter entre le rire et les larmes » fait donc bien partie des options que nous avons face à la tribune de Libé.
    Nicolas Sarkozy nous avait laissé espérer une autre option quand il se demandait à propos de l’anti sémitisme (je crois) : faut-il s’étonner qu’à force de tolérer l’intolérable, on finisse par accepter l’inacceptable?

    Force est surtout de constaté qu’aujourd’hui se sont les forces de l’ordres qui sont à se point intolérables qu’il faille encourager les mecs qui leur tire dessus comme dans un jeux, où de toute façon après GAME OVER, y’a toujours le bouton rouge « libé » pour vous libère…

    Koz nous laisse toutefois un motif d’espoir en rappelant que Libé ne se vante pas aujourd’hui d’avoir volé au secours des pédophiles en 1977 en obtenant d’illustres signatures comme Serges July, Philippe Sollers, Jack Lang, Bernard Kouchner, etc…

    comme le monde change.

  • @ Gwy

    10 ans comme intervenant en toxicomanie, il ne faut pas me la faire… Je te parle de dealers moyens – tu me réponds dealers de base (qui sont le plus souvent eux-mêmes des toxicos). Ca peut durer longtemps ce genre de discussions. Dante, carrément évoque les guetteurs qui sont en général des gamins mineurs qui se font de l’argent de poche de cette façon. Les réseaux dans les cités sont maintenant extrêmement organisés et du top à la base il y a de nombreux échelons qui se font de la thune. Ce n’est pas pour rien que la stratégie a changé en les touchant au portefeuille via le fisc. Ce n’est pas pour rien que l’on trouve des armes de guerre dans certaines saisies. Ce n’est pas pour rien qu’il existe une défense du territoire qui n’a rien à voir avec le « prolétariat » mais tout à voir à une organisation assez intelligente pour envisager des opérations de dissuasion, d’intimidation, etc. vis à vis des flics.

    Et oui, la façon dont le traffic est organisé avec ses structures pyramidales, la passivité ou l’innéficacité des services de police parfois (des journalistes ont souvent plus d’infos que les flics), la nature même de ce genre d’économie qui rends cette lutte extrêmement difficile à mener, les getthos désertés par la République, l’omerta locale, la clientèle (parfois huppées) font que beaucoup de ces délinquants ne risquent pas plus que les grands patrons même si ce n’est pas pour les mêmes raisons.

    La merco n’est pas un mythe. J’en ai rencontré. J’ai même bossé avec une fois sans le savoir.

    Je suis d’accord avec Dante ceci-dit sur le « chiffre ». Mais l’histoire est juste un peu moins simpliste. Un Ministre de l’Intérieur qui ne demanderait pas de chiffre devrait être viré sur le champs. C’est la nature du « chiffre » qui compte. On en revient à la même conclusion. Arrêter des fourmis ne sert pas à grand chose à part remplir les prisons de petits délinquants pour en faire des grands criminels. Et les commanditaires des coups de feu sur la police et des émeutes ne sont pas ceux que les flics ont ramassés. Mais on en revient à des questions techniques de pure police qui seraient totalement hors sujet ici.

  • Je n’ai aucunement écrit que je soutenais cette pétition (je la trouve caricaturale et idiote). J’ai même employé le terme « dangereux ».

    Pour le « chiffre », c’est justement ça le problème : la sécurité recoupe tout un éventail de valeurs qui ne se réduisent pas à un nombre d’interpellations et d’affaires élucidées. Et dans cette complexité des indicateurs/objectifs nécessaires pour évaluer une situation se reflète la complexité des causes de l’insécurité (victimes et coupables). J’arrête, avant qu’on m’accuse d' »angélisme »…

    Quant aux jeunes-de-banlieue, vivement qu’ils votent et élisent -pour peu qu’ils ne soient pas dégoutés de la politique de façon irréversible- pour que tout le monde comprenne que la France, c’est n’est plus que Jeanne d’Arc, la fille ainée de l’Eglise et Maupassant (entre autres quoi)…

  • @ Pepito:

    Il y a aussi Eric Hazan, éditeur de l’insurrection qui vient ;

    Je me demande par ailleurs si « l’évènement » mis en exergue dans le texte ne serait pas une référence à A. Badiou.

  •  » ces années où la gauche justifiait l’injustifiable au Cambodge, au Vietnam, »

    C’est absolument faux.

    Au Vietnam, l’essentiel de « l’injustifiable » a été commis par les US, et justifié par la droite atlantiste.

    Au Cambodge, les massacres perpétrés par les Khmers Rouges n’ont jamais été justifiés par la gauche.

  • Complaisance passée avec les crimes du communisme etc etc etc (pédophilie, Mitterrand), tout ça, c’est le point Godwin de droite.

  • Dante
    Ne partez pas déjà sur Godwin, le débat est plus intéressant que cela.
    C’est vous qui faites le procès de vos contradicteurs en anticipant sur l’issue du débat. Personne ne fait de procès d’intention à la gauche entière! et Franck a bien précisé que TOUTE la gauche n’est pas à mettre dans le même sac. Mais admettez que gauche et droite ont leurs extrêmes et qu’elles font généralement assez bien leur travail populiste.

  • Les jeunes des banlieue ont sûrement de bonnes raisons d’être mécontents. Certains peuvent aussi considérer que, dans une société qui laisse peu de deuxièmes chances, les trafics divers sont une des seules possibilités d’ « ascenceur social » (encore que ce soit semble-t-il faux, le crime ne paie pas tant que cela: voir l’article « Pourquoi les dealers habitent encore avec leur famille ? » de Freakeconomics), surtout une fois que l’on a commencé à fréquenter le côté obscur.

    Toutefois, si l’on peut opposer ces jeunes à tous les conservatismes de la société française (l’état trop dépensier qui crée du chômage, les diverses corporations qui abusent de leur privilège, peut-être aussi un racisme latent qu’il ne faut toutefois pas exagérer), il me semble complètement à côté de la plaque de taper sur une police qui n’a vraiment pas un travail facile en banlieue.

  • Vous avez raison : les pétitionnaires mélangeant allègrement tous les événements (jusqu’à évoquer Tocqueville commentant des massacres de « 1948 »), j’ai fait de même…

  • La caillera n’est peut-être pas LE prolétariat à elle seule, mais elle en est quand-même issue. Non? Des fils de banquiers parmis ceux-çi?

    (simple méditation sur le titre du billet)

  • Sur les cinq témoins, quatre se sont dessistés. Un des témoins qui a refusé de témoigner a expliqué pourquoi : menaces sur lui et sa famille, lettres anonymes, intimidation, etc. Il ne s’agit pas de petits délinquants « qui vivent chez leurs parents » mais bel et bien d’un système maffieux. Les maffieux sont aussi issus du prolétariat ou de la paysannerie.

  • Les menaces bellevillésiennes ne sont pas que des menaces. On se fait assez facilement descendre par balle en sortant de son immeuble par des sicaires portant cagoule et non bonnet phrygien.

  • @ Pepito

    En fait le modèle, c’est Scarface. Pour en avoir discuté avec certains (dont un qui avait constitué une bande qui pillait les coffre-forts des directeur de salles de cinema en les séquestrant et en les torturant jusqu’à ils donnent la combinaison) – ils connaissent le film par coeur, chaque réplique. Et ils retienne du film, bien évidemment, que l’accès au pouvoir, à l’argent, aux femmes de ce petit délinquant immigré en Floride issu du régime cubain qui prend la place de la maffia locale pour y instaurer sa propre loi grâce à sa détermination, sa sauvagerie et son intelligence. Jamais sa chute. C’est aussi le sujet du film d’Audiard, « Le Prophète », qui explique à la fois ce phénomène de remplacement du milieu par ces jeunes et l’absurdité du régime carcéral actuel qui les transforme en monstres.

  • @ Epo

    Il y a les films (fiction), la réalité sur le terrain (pas fiction, hélas) et les délires littéraires de l’ultra-gauche dans Libé…

  • Je suis en train de regarder les 5 saisons de « The wire » (« Sur écoute » en français). Je conseille vivement. Évidemment, c’est Baltimore, et pas Villiers-le-Bel, c’est une fiction, et pas la réalité. Mais la description des intrications compliqués entre « caillera » et « prolétariat » est très convaincante.

    Sinon, je vois mal un témoin qui se désiste dire que c’est parce qu’il a juste raconté des bobards pour toucher le pognon. Rémunérer la délation n’a jamais produit grand chose de bien fiable.

  • C’est certain. Comme il est également peu probable qu’un habitant des cités de Villiers-le-Bel ose témoigner à visage découvert. Vous avez vu passer cette histoire de meurtre, sur l’autoroute A13 ? Pourtant là, il ne s’agissait que d’éraflures sur une clio. Même pas une merco, en plus.

  • @ JP:

    Au Cambodge, les massacres perpétrés par les Khmers Rouges n’ont jamais été justifiés par la gauche.

    De quel bord politique était l’auteur de la description de la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges dans Le Monde, texte qui a fait l’objet d’une critique savoureuse de Legris dans Le Monde tel qu’il est (reproduit si je me souviens bien dans un ouvrage de Volkoff sur la désinformation) ?

  • Dante a écrit : :

    J’aime beaucoup la compassion de droite pour les « honnêtes gens » de banlieue, eux aussi victimes de la caillera, au même titre que nos têtes blondes. C’est juste un moyen d’enrober votre dégout pour les jeunes-de-banlieue.

    C’est plutôt un moyen de montrer son dégout pour la racaille (merci de ne pas employer des euphémismes stupides comme « jeunes », qui est stigmatisant pour les jeunes honnêtes), que cette racaille soit jeune ou non, qu’elle soit de banlieue ou pas.

    Maya :

    Quand je vois l’érection de toutes ces grilles autour des nouvelles résidences, à quand les miradors ?

    Je ne comprends pas votre réaction: on dirait que vous critiquez les volés, qui essaient tant bien que mal de se protéger, plutôt que les voleurs.

    
    

    En plus, ça attise les convoitises. Une amie m’a raconté que
    depuis
    que la résidence de sa mère (transfuge iranienne) était « protégée », les cambriolages avaient augmenté.

    Causalité ou corrélation ? Peut-être que les cambriolages auraient augmenté encore plus sans les protections.

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