Fin de vie en République – sortie le 6 janvier

« Livre-courage » selon mon éditeur et ma mère.

Si j’en crois les sondages, j’aurai en effet entre 93 et 96% (selon les précipitations en amont) de la société française contre moi. De mon côté, je serais parmi les 4 à 7% de Français un peu désaxés qui veulent vraiment mourir dans des douleurs insupportables. La bonne nouvelle, c’est que je ne crois pas ces sondages. Sans spoiler la première page de mon introduction, je ne crois pas que, par extraordinaire, il y ait un sujet et un seul qui rassemble tous les Français (sauf une minorité de principe, pour crédibiliser le sondage) et que ce sujet soit précisément celui qui suppose d’administrer la mort.

Je crois que nous sommes bien plus nombreux que cela à ne pas être favorables à l’euthanasie et qu’il ne s’agit pas tant d’avoir le courage de parler que de ne pas avoir la faiblesse de se taire. Mais tous n’ont pas l’occasion de se pencher sur ce sujet comme je l’ai fait, depuis 25 ans peut-être. Tous n’ont pas pu accompagner des associations de soins palliatifs, comme je l’ai fait, entendre des soignants, aller les rencontrer, visiter les unités de soins palliatifs. Sur ce sujet si complexe que les soignants vont jusqu’à réclamer pour les patients un « droit à l’ambivalence« , j’ai essayé de restituer ce que j’ai pu, d’articuler une réponse.

La fin de vie, ce n’est pas la mort. La fin de vie, c’est encore la vie. Ne craignez donc pas la lecture, vous y découvrirez tout le cœur que peuvent mettre des soignants jour après jour, avec tout leur corps et toute leur âme, pour nous accompagner quand nous irons mal et nous apporter les soins ultimes. Il y a de l’amour, chez eux, et des rires dans leurs services.

J’ai recueilli des témoignages, parce que l’on ne peut pas se contenter de cas d’école et d’approches théoriques, et sur leur base, je reviens sur ce que signifierait une légalisation de l’euthanasie et/ou du suicide assisté pour notre pays, au regard de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Je m’en explique, brièvement, ici.

Après, oui, ça va tanguer. Si je me fais entendre (et je vous donne déjà rendez-vous dans vos maisons de la presse habituelles dès demain dans Le Point et, normalement, Le Figaro – si ce n’est demain un jour prochain), il y aura des ripostes. C’est la vie. Vous pouvez me soutenir : en lisant le livre, en partageant ses arguments, en transférant ce texte.

Une phrase bien connue m’a accompagné ces derniers mois : « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Mais qui sait : si nous entreprenons ensemble, nous ne sommes pas à l’abri de réussir.


Vous pourrez trouver le livre un peu partout, dans vos librairies habituelles, à la Fnac ou ailleurs. Vous pouvez aussi le commander dès aujourd’hui, et voici quelques liens, de façon non-exhaustive.

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5 commentaires

  • Encore une fois merci Koz. Je vais me dépêcher de trouver le livre. Comment faire plus ? pour dire que je suis contre l’euthanasie mais contre, aussi, les souffrances intolérables. Pétition ? ou autres sondages ? Mais je crois vraiment que les services de soins palliatifs sont excellents pour accompagner la fin de vie quand elle parait inéluctable.

  • « Vous pouvez me soutenir : en lisant le livre, en partageant ses arguments, en transférant ce texte. » = bien sûr, je ne vous connaissais pas avant de lire l’article vous concernant dans le Figaro du 6 janvier. J (modestement) j’ai diffusé l’adresse de votre blog, et je ferai connaitre votre article relatif à l’euthanasie.
    Peut-on vous écrire autrement que par votre blog ?
    Cordialement.

  • J’ai lu en effet cette tribune mais, comme j’ai pu le dire à Marie-Jo Thiel, je ne suis guère convaincu sur le fond (outre le fait que je ne suis pas persuadé qu’il faille penser que « L’Eglise réfléchit à… », tout au plus que l’on ne s’est pas opposé à la publication de la réflexion d’un prêtre).

    Voici ce que je lui ai écrit :

    Je comprends le propos mais je suis inquiet.
    Certes, le suicide assisté paraît moins grave que l’euthanasie, qui implique un tiers dans l’administration de la mort.
    Encore cette différence est-elle relative car cela permet certes le plus souvent d’éviter de mélanger soin et mort, mais il y a bien des tiers impliqués dans la préparation du suicide. Admettons, toutefois, pour les besoins du raisonnement : on peut préférer que la personne se suicide plutôt que d’avoir à la tuer.

    Je pense en revanche qu’il ne faut pas se leurrer sur une chose : les cas extrêmes qui invitent à la légalisation de l’acte ont vocation à s’élargir, immédiatement. A ce titre, l’invocation du cas de Fabiano Antoniani suscite ma réserve. Car la réalité de l’euthanasie (mais il en sera vraisemblablement de même du suicide assisté) en Belgique, qui vient de m’être confirmée par Jacqueline Herremans, présidente de l’ADMD Belgique et membre de la CFCEE, c’est que l’on y euthanasie aujourd’hui pour DMLA. Ce qui m’est opposé, quand je m’en offusque, est que je ne peux pas juger de la souffrance d’autrui. De façon ultime, donc, dès lors qu’une personne ait affecté d’une pathologie incurable et qu’elle en conçoit une souffrance morale, l’euthanasie lui est ouverte.

    Je voudrais bien penser que ce qui a constitué l’évolution en Belgique ne se produira pas ailleurs, mais je ne vois guère de raison de croire que les Belges seraient fous, et le reste du monde sage.

    Accessoirement, un point me pose aussi problème dans son texte, que vous reprenez dans le vôtre : « l’inaction du législateur ou le naufrage du projet de loi serait un nouveau coup porté à la crédibilité des institutions à un moment déjà critique. Malgré la concomitance de valeurs difficilement conciliables, il nous semble qu’il n’est pas souhaitable d’échapper au poids de la décision en noyant la loi ». Peut-on vraiment, d’un point de vue éthique, mettre en balance le sort des institutions et une question bioéthique ? Il faudrait faire droit à une revendication bioéthique pour préserver les institutions ? Est-ce que, vraiment, c’est là le principal problème des institutions italiennes ?

    Ceci étant dit, j’espère ne pas me ranger dans ces funestes « partisans de la sacralisation absolue de la vie « .

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