Slava Ukraini !

On diffusait ce vendredi Le vieux fusil. Dans un petit village, en chemin pour la Normandie, les SS de la division Das Reich violent et tuent Clara, incarnée par Romy Schneider, devant sa fille, elle-même abattue par un officier. S’impose alors le souvenir du calvaire insupportable de cette toute jeune fille de 14 ans, violée devant sa mère pendant dix longues journées, avec une brutalité délibérée pour que, jeune Ukrainienne, elle ne puisse pas porter d’enfants (Le Monde, 12 mai 2022). Dans la nuit du 7 mai, dans le village de Skovorodinovka, le tir direct d’un missile a détruit le petit musée érigé pour la mémoire du philosophe et théologien Hryhorii Skovoroda. Au même moment, on apprenait que les Russes avaient visé un centre de recherches agronomiques comptant près de 160.000 échantillons de semences, parmi lesquelles des espèces de plantes aujourd’hui disparues. Dans le petit village de Lozove, le 20 mai, un missile a détruit le Palais de la culture. Les diplomates peuvent refuser d’employer le terme de génocide, qui contraindrait le monde à l’action, ces exactions sont bien autant d’éléments qui dessinent une guerre d’anéantissement. C’est le peuple ukrainien, sa culture, ses enfants, son être même qui sont visés.

Slava Ukraini !

Le pays du vieux fusil devrait avoir plus de mémoire. Que signifient, à la fin, ces dénonciations répétées d’une « guerre par procuration » des Etats-Unis, faisant incidemment peser sur eux la responsabilité d’une prolongation du conflit ? A la lumière de ces faits et de tant d’autres, faut-il se préoccuper de ne pas « humilier la Russie », d’«acculer » Vladimir Poutine, de lui faire « perdre la face » ? Se soucie-t-on maintenant de l’honneur d’un génocidaire ? Quelle face lui reste-t-il aujourd’hui, devant le monde, l’Histoire et même la Russie ? Qui, demain, évoquera encore, le regard romantique, l’« âme russe » ? Poutine corrompt tout.

Personne n’ignore, non plus, les risques d’escalade. En les pointant, nos pro-Russes de toujours ne lancent pas des alertes, ils agitent des évidences. Poutine attend précisément que cette Europe qu’il méprise cède, se lasse ou s’effraie pour mener à bien sa besogne. Le martyr passé de notre « cher vieux pays », sa honte devant l’Histoire, devraient lui commander de choisir aujourd’hui la responsabilité et l’honneur en opposant un front uni et déterminé à l’autocrate russe.

Chronique du 23 mai 2022

Photo by Ihor OINUA on Unsplash

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22 commentaires

  • Je lis toujours avec attention vos articles mais je lis aussi des infos de gens qui soutiennent la Russie. Je vous fais confiance et j’espère que ce que vous nous dites aujourd’hui est vraiment juste et vérifié mais, en même temps, y a-t-il d’autres destructions matérielles ou « spirituelles » de la part de l’Ukraine, qui peuvent , non pas justifier, mais provoquer ces excès. Je n’arrive pas à ne voir en Poutine qu’un monstre ou alors, pourquoi l’est-il devenu et qui en a la responsabilité ? Pourquoi n’a-t-ont pas commencé par comprendre, et cela depuis des années sans doute, pour en arriver là aujourd’hui. Nos dirigeants, et, quand même les Américains en particulier, auraient drôlement besoin de psychanalyse et psychothérapie. Et nous ? on peut faire quoi, à part prier ???

    • Oui, il y a des gens qui soutiennent la Russie, mais c’est une honte. Pour ma part, non, je ne prends pas le risque de diffuser des informations qui ne sont pas « justes et vérifiées » – pour autant que, évidemment, faute d’y aller voir soi-même, on puisse les considérer comme telles. Y a-t-il d’autres destructions matérielles ou spirituelles de la part de l’Ukraine qui auraient pu provoquer ces excès ? A vous de me dire à quoi vous pensez. Pour ma part, je ne vois pas. Et ce que je vois assez clairement, c’est que ceux qui se font massacrer, ceux dont les villes sont rasées, ceux dont le patrimoine est anéanti, ce sont les Ukrainiens.

  • Même commentaire d’ autres voix disent que Poutine est coupable mais que des circonstances diverses venant de l’ OTAN de l’ Europe et des USA on poussé un personnage très autoritaire et responsable d’ un immense pays à la faute. Entre vrais et fausses informations restons vigilants et aidons les Ukrainiens autant que possible.
    Mais évitons de brandir le sceau du Nazisme .

    • N’hésitez pas à transmettre cette recommandation à Vladimir Poutine, qui en fait le ressort de son agression contre les Ukrainiens. Pour le reste, sans qu’il soit nécessaire de caractériser une idéologie nazie, les viols répétés, les massacres de civils, les bombardements de convois d’évacuation (dont témoigne la mort du journaliste français), les destructions délibérées du patrimoine ukrainien, de leurs villes, les fosses communes, les près de 50.000 morts civils à Marioupol, rien de tout cela ne pourra m’interdire de comparer le degré d’horreur de cette guerre à ce qu’a produit l’armée allemande pendant l’Occupation.

      Quant à la faute de l’Otan et des USA, ça va 5 minutes. On dit aussi que nous avons humilié Vladimir Poutine. Probablement lorsque nous l’avons décoré de la Grand Croix de la Légion d’Honneur, par exemple ?

  • La Russie communiste inspirait une peur bleue à beaucoup dans mon enfance et mon adolescence, jusqu’au début des années 80. Sur les ruines de cette idéologie et dans la détente post-1989 a grandi un Vladimir Poutine dont on ne s’est pas assez méfié. Il faut être maintenant sans aucune faiblesse face à lui (et aussi, incidemment, face à son âme damnée le patriache Kirill) tout en évitant l’escalade qui pourrait nous conduire au pire, en clair des échanges de bombes atomiques. Cette ligne de crête s’annonce extrêmement ardue et vertigineuse.

    • C’est en effet vertigineux et je ne suis pas en mesure d’évaluer avec une compétence suffisante le risque nucléaire. En revanche, il ne faut pas non plus surévaluer l’armée russe ni exagérer des menaces qui nous paralysent. Le sort de l’Ukraine dit aussi beaucoup du nôtre.

  • Bonjour,

    merci pour votre article. L’essentiel de votre message doit, je crois, doit pouvoir être partagé par tous : cette agression est injustifiée, injustifiable et accompagnée de crimes indicibles (celui que vous décrivez est particulièrement sauvage et je n’ose y penser plus d’une seconde).

    Même si je peux entendre tel ou tel argument (« provocations » de l’Occident, etc.) sans jamais être en mesure de le soupeser dans le moindre détail, la seule position possible quant à l’attitude de la Russie et de Poutine est une condamnation sans réserve.
    De même que pour les populations de l’Ukraine qui sont bombardées, attaquées, violentées : solidarité de coeur sans réserve.

    Cependant, il me semble qu’il y a beaucoup de nuances possibles vis-à-vis de l’Etat Ukrainien. En France, nous avons beaucoup de mal à ne pas plaquer sur d’autres pays notre schéma d’une vieille nation formée sur de longs siècles.
    L’Ukraine est un Etat jeune qui se cherche et cherche à s’affirmer. Son territoire actuel est en grande partie issu des vicissitudes de l’Histoire et surtout des conquêtes et arbitrages soviétiques. Toute personne vivant sur le territoire de la RSS d’Ukraine, devenue indépendante en 1991, n’était pas nécessairement un Ukrainien (loin s’en faut). Le terme même d’Ukraine a à peine 200 ans.
    On ne peut forcer quiconque à se reconnaître Ukrainien en 30 ans, alors qu’il est Hongrois, Roumain, Tatar, Russe ou que sais-je, depuis des siècles. C’est pourtant ce que tente de faire l’Etat Ukrainien depuis des années. De manière plus ouverte depuis 2014, mais larvée depuis bien plus longtemps.
    C’est pourquoi, reprendre « Slava Ukraini » me choque et choque mon épouse, issue d’une des (nombreuses) minorités présentes sur le territoire de l’Ukraine. Des minorités qui d’après mon épouse vivent tant bien que mal en bonne intelligence les unes avec les autres, et qui se voient bousculées par les Ukrainiens qui veulent imposer leur nationalisme à tous.
    Un de nos neveux a été passé à tabac à l’école il y a 10 ans parce qu’il n’était pas Ukrainien. Ces dernières semaines, un réfugié accueilli dans un village de l’Ouest demande (ivre) ce que c’est que « cette langue de chiens ». Ce ne sont que 2 exemples, mais révélateurs de l’ambiance dans laquelle baignent beaucoup depuis longtemps.

    Solidarité sans réserve avec les populations attaquées, oui. Solidarité sans réserve avec le « peuple » ukrainien, j’ai beaucoup plus de mal. Crier « Slava ukraini », certainement pas.

    Pardon si mon commentaire est lapidaire ; je ne suis pas rompu aux débats argumentés et essaie tant bien que mal d’éviter le péremptoire. J’essaie juste d’apporter mon grain de sel, et de le confronter à d’autres 😉

    En tous cas merci pour votre travail, que je suis depuis des années, et bon courage à vous.

  • Il ne s’ agit pas d’ être avec Poutine mais de remettre l’ histoire qui a conduit à cette guerre en terme clair et intelligible, la politique n’ est pas une mince affaire . Que ce soit les russes ou les ukrainiens chacun nous donnes les informations et les images pour créer le mythe historique qu’ ils souhaitent nous faire avaler soutenons et aidons les ukrainiens pas les politiques.

  • Merci pour votre article, très clair et très ferme. Il tranche heureusement avec certains commentaires très complaisants pour Poutine, comme l’historien Éric Branca qui qualifie le président Zelenski de « va-t’en guerre » ou d’autres qui se rêvent gaulliens mais ne sont que munichois.

    • Je suis atterré et attristé par cet entretien.

      Reconnaître l’indépendance du Donbass et de la Crimée, s’engager à ne jamais adhérer à l’OTAN, en somme, c’est quoi, sinon une capitulation de l’Ukraine ?
      Je dois être vieux jeu mais quand je lis « solution négociée », je m’attends à des concessions réciproques. Quelle concession Gaël Giraud demande-t-il à la Russie ? Ils renoncent à assassiner Zelensky ? A éradiquer l’Ukraine ? Et Gaël Giraud croit vraiment qu’ils vont s’arrêter là ? Quelle naïveté coupable…

      Il n’y a pas non plus, dans cet entretien, ni de la part de Gaël Giraud, ni de la part d’Andrea Tornielli, la moindre mention des crimes de guerre innommables de la Russie (sauf en une ridicule incise, au regard des obstacles à la négociation). Rien sur les destructions systématiques, rien sur la volonté d’anéantissement de la culture ukrainienne, et évidemment rien sur les viols systématiques de femmes et de filles, sur les exécutions sommaires, sur les tirs délibérés sur les civils et les quartiers résidentiels rasés. J’aurais attendu que Gaël Giraud l’évoque, éventuellement au titre d’une contribution russe à la reconstruction (rien que ça), ou qu’au moins Andrea Tornielli le relance. Mais rien. Ça n’est pas ma conception de la justice.

      Il est évident que la fin du conflit passera par une solution négociée. Personne ne peut sérieusement envisager renverser Poutine (d’autant que personne ne peut dire ce que l’on aura ensuite). La moindre des choses est de ne pas négocier en position de faiblesse – or Giraud prend explicitement appui sur un revers ukrainien pour appuyer l’idée d’une négociation (à croire qu’il s’agit de donner l’avantage aux Russes). Et il serait au minimum utile pour les Ukrainiens que les gens de l’arrière, que sont les Occidentaux, ne témoignent pas dans une telle négociation d’une précipitation à les lâcher.

      Il y a dans cette position, dans ce qu’elle sous-tend d’hostilité de principe au « camp occidental » (et je ne l’idéalise pas, a contrario), des relents déplorables.

      • Tout aussi attristé par votre argumentaire. La guerre est ignoble en soi,il s’agit d’y mettre fin surtout quand elle menace d’embrasser le monde (lire le blog de Plunkett). Que proposez-vous exactement,a part dire votre parti avec véhémence, ce n’est pas clair pour moi.

        • J’ai de l’amitié pour Plunkett mais, et il le sait très bien lui-même, quand il a une idée en tête, il n’en démordra jamais. C’est de nouveau le cas sur la situation de l’Ukraine, où il n’a voulu voir que des néo-nazis. Cette regrettable erreur dirige son analyse depuis.

      • Vous dites que Plunkett se trompe sur les neo-nazis ukrainiens…mais vous, ne vous tromperiez-vous donc jamais ? Je ne vous suis vraiment pas quand vous appelez de vos voeux à précéder d’un acquis guerrier une éventuelle négociation avec la Russie, ce qui, si j’interprète bien vos propos, pourrait passer par une plus grande participation de la France (de l’Europe, de l’OTAN..) aux combats des ukrainiens. Une entrée en guerre de fait, dont on peut d’ailleurs se demander si elle n’a pas déjà eu lieu, bien qu’elle n’ait pas fait l’objet d’un débat ne serait-ce que parlementaire….Et comme le dit Plunkett et d’autres avec lesquels j’abonde sur ce sujet, un engrenage risqué encouragé par des intérêts puissants. Bien loin du débat un peu hors-sol sur la pertinence ou non du slogan ukrainien.
        Comme si la responsabilité et l’honneur ne pouvent considérer la diplomatie qu’accessoirement…

        • Je crains que cet échange ne devienne stérile. Qui prétendrait ne jamais se tromper ?

          Mais, de fait, malgré l’amitié que j’ai pour lui, le fait de citer Punkett ne suffit pas à m’imposer son raisonnement. Plunkett est resté marqué par une vision quelque peu biaisée depuis Maidan, et très compatible avec la propagande russe. J’ai plus d’une source d’information sur ce sujet, de personnes très familières des questions russes et ukrainiennes. Pour le reste, je trouve un peu agaçante votre façon de faire. Evidemment, oui, comme d’autres, je peux me tromper. Et bien sûr, il y a un risque dans le fait de soutenir les Ukrainiens. Il y en a bien moins à s’écraser devant la force brute et à les abandonner à leur sort. Ce qui peut difficilement se parer de responsabilité et d’honneur.

  • La salutation « Slava Ukraini ! » prête à controverse puisqu’elle a été adoptée par le parti de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) qui est une organisation fasciste, impliquée dans le génocide, se réclamant d’une proximité avec Mussolini et Hitler, et qui adopte lors de son second congrès à Cracovie en avril 1941 le salut fasciste, avec la salutation « Slava Ukraini ! » (Gloire à l’Ukraine!) à laquelle il est répondu « Heroiam Slava! » (Gloire aux héros!).

    Source : Grzegorz Rossoliński-Liebe « Stepan Bandera – The Life and Afterlife of a Ukrainian Nationalist – Fascism, Genocide, and Cult », Ibidem Verlag, Stuttgart, p.40.

    • Il est malheureusement assez tristement révélateur que, face à une situation évidente d’agression, face aux crimes de guerre qui se multiplient, votre propos soit de placer les Ukrainiens du côté du nazisme – ce qui reste goûteux dans le cas d’un pays dont le président est juif. La propagande russe fait bien son œuvre dans les esprits.

      Mais c’est oublier, d’une part, la réalité de cette salutation aujourd’hui, portée en résistance face à un pouvoir qui se développe dans le totalitarisme et la criminalité de guerre. C’est d’autre part résumer de façon très partiale l’Histoire de l’Ukraine, qui a connu dans le même temps des combattants aux côtés des nazis par conviction, mais aussi contre le pouvoir soviétique, et des combattants contre les nazis.

      Enfin, c’est négliger que cette salutation est antérieure à 1941

      https://en.wikipedia.org/wiki/Slava_Ukraini

      Vous trouverez des éléments de réfutation ici, notamment https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/gloire-aux-heros-euro-2021-les-origines-du-slogan-ukrainien-qui-ulcere-moscou – mais vous pouvez tout aussi bien choisir de relayer les positions du criminel de guerre Poutine.

  • Je ne relaie pas l’un des pôles de votre vision du monde manichéenne (*), mais celle de Grzegorz Rossoliński-Liebe, l’un des rares historiens à avoir travaillé de manière crédible et sérieuse sur ces pages sombres de l’histoire ukrainienne.

    Ce que vous dites sur la réalité de cette salutation aujourd’hui reflète l’hégémonie – au sens gramscien – de l’idéologie nationaliste ukrainienne, qui n’a toujours pas fait la repentance de ses crimes et de ses responsabilités morales, de ses péchés par action et par omission.

    Derrière la façade du sympathique Zelensky, il faut regarder la réalité de l’État profond ukrainien.

    Ce déni des crimes du passé a été la cause – enfin ! du renvoi de l’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne, à la suite de ses déclarations nauséabondes condamnées par les gouvernements israélien et polonais : https://www.spiegel.de/politik/andrij-melnyk-israelische-botschaft-wirft-botschafter-der-ukraine-verharmlosung-des-holocausts-vor-a-d8fa72cd-0356-4364-bdfd-285260f2d781

    (*) Pape François : il faut s’éloigner du schéma habituel du «Petit Chaperon rouge» où le Petit Chaperon rouge est bon et le loup est le méchant. Ici, il n’y a pas de bons et de méchants métaphysiques, de manière abstraite. Quelque chose de global est en train d’émerger, avec des éléments qui sont très imbriqués. https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2022-06/pape-francois-civilta-cattolica-ukraine-allemagne-concile.html (14 juin 2022)

    • Je suis content que vous connaissiez les travaux d’un universitaire. J’ai dans mon entourage deux universitaires, professeurs de litterature et science politique russes, l’une étant Ukrainienne, ainsi qu’une professeur de russe, elle-même russe et au chevet des réfugiés ukrainiens.

      Et je ne suis pas de fait pas convaincu de la pertinence de l’utilisation que vous faites des travaux de votre référence. Qui prétend que Stepan Bandera n’a pas existé ? N’a pas, avec ses partisans, commis d’exactions ?

      Car oui, votre choix d’en faire en somme l’archétype de l’Ukraine est transparent. Il puise directement à la propagande russe mise en place à tout le moins depuis 2014 et Maidan.

      Plus de 4.000.000 d’Ukrainiens ont combattu dans l’Armée Rouge. 200.000 aux côtés des nazis. Et vous faites le choix de ne voir que ceux-là… et de m’imposer une vision manichéenne, ce qui en est pour le coup risible.

      Personne ne prétend non plus que l’Ukraine soit un pays parfait. Quel pays l’est ? La France, peut-être ? Mais être incapable de distinguer un agresseur d’un agressé, colporter l’idée que cette salutation ne serait que celle d’un petit groupe de néo-nazis (ce qui est faux), ce n’est pas faire preuve de la nuance dont vous semblez vouloir vous parer. C’est une caricature déplorable.

      Le moins révélateur, dans votre contribution, n’est pas votre absence de toute attention au sort des populations ukrainiennes aujourd’hui, alors même que je vous l’ai fait observer dans ma première réponse. La première fois, cela peut être une maladresse. La deuxième est révélatrice.

      Je vous rappelle l’objet du billet. Et je remarque que face aux indéniables et multiples exactions russes, votre seule intervention ici consiste à dire que les Ukrainiens ne sont pas tout blancs, et qu’il y a tout de même des néo-nazis en leur sein. On évoque le calvaire de cette jeune fille de 14 ans violée pendant 10 jours et vous n’avez pas un mot pour cela ? Votre idée, c’est que certes oui, on massacre, mais les victimes ne sont pas innocentes ? Permettez-moi d’avoir un certain doute sur vos motivations.

      Quant au pape, dont les positions en politique étrangère ne sauraient m’obliger – malgré le procédé un peu grossier de le citer ici – il lui arrive d’être mal inspiré sur certains dossiers. Votre information sera meilleure lorsque vous ferez aussi référence à ses déclarations plus récentes. Contrairement à vous, il n’a alors pas eu de mal à distinguer un agresseur et un agressé et à dénoncer des crimes de guerre, loin de cette déclaration grotesque sur le loup et le chaperon rouge

  • Je doute que les plus de 4.000.000 d’Ukrainiens qui ont combattu dans l’Armée Rouge se soient salués sous le cri de « Slaval Ukraini ! ».

    Le pouvoir soviétique et sa soldatesque se sont rendus coupables d’innombrables crimes qu’il convient également de dénoncer.

    Je ne suis pas opposé à ce que vous appelez « l’objet du billet ». Je faisais juste une remarque en passant sur le titre.

    Ce que dit le pape sur le chaperon rouge n’est pas grotesque : cela nous oblige à voir cette guerre autrement qu’une croisade. Les croisades étaient des guerres avec un but métaphysique. Et là, le pape nous dit, « je ne serai pas le pape de cette croisade ».

    Il faut se souvenir de la 4e croisade qui a détruit Byzance, c’est à dire la chrétienté orientale. Une Byzance impériale, autoritaire, tout autant que le régime actuel de Poutine.

    Est-ce qu’aujourd’hui le bilan de cette 4e croisade est un motif de fierté en Occident ? De même le bilan de la guerre anti-russe actuelle sera-t-il un motif de fierté aux yeux des générations qui nous succéderont ( s’il existe toujours à cette date une chose telle qu’un « Occident » ?) ?

    Puisque vous avez de compétents universitaires autour de vous, j’aimerais si vous en avez l’occasion que vous leur posiez cette question de ma part : où en est la hiérarchie catholique, gréco-catholique ukrainienne dans sa démarche de repentance par rapport aux crimes de la seconde guerre mondiale ? Est-ce qu’elle a fait ne serait-ce qu’un petit pas de fourmi dans ce domaine ?

    • En somme, à vous lire, il y a deux types d’Ukrainiens. Le mauvais Ukrainien, nazi, qui a commis des exactions et le mauvais Ukrainien, soviétique, qui en a commis aussi. Même les Polonais, qui ont souffert des exactions de part et d’autre, se sont montrés plus nuancés que vous. Cela clarifie votre positionnement.

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