Plus personne n’ignore le nom de Boutin

Christine Boutin n’est pas celle que nous croyons. Amanda Lear non plus. Aujourd’hui, en effet, des catholiques se demandent si Christine Boutin était bien celle qu’ils croyaient. Et au-delà même de cette interrogation, l' »affaire Boutin » faire resurgir une fois encore ce serpent de mer qu’est la place du chrétien en politique.

Christine Boutin enchaîne les erreurs dans cette affaire, certains diront les fautes – laissez-moi encore le droit de ne pas l’accabler entièrement. D’autres y mettent en revanche toute leur énergie, tant la perspective de l’abattre enfin les met en joie.

Il n’était déjà pas très opportun de se répandre dans les médias sur les conditions de son éviction du gouvernement. Peut-être s’agissait-il de montrer au pouvoir son potentiel d’emmerdeuse, mais elle est aussi apparue comme une pleureuse. Mais pourquoi a-t-elle accepté les conditions de cette mission, alors que ces missions sont semble-t-il généralement bénévoles ? A-t-elle été naïve, lorsqu’on lui a proposé cette rémunération pour ce qui aurait pu n’être qu’un emploi comme un autre ? A-t-elle été gourmande ? De cette façon, il est certain que le pouvoir avait une main sur elle, à dessein peut-être.

Je n’alimenterai ni le procès en incompétence ni en subornation. Je ne suis pas en mesure de juger. Je note en revanche que l’on n’a pas fait ce procès à d’autres : ma mère dirait qu’on ne le fait qu’aux femmes. Le procès en « subornation » n’a – assurément cette fois – aucun sens. Nicolas Sarkozy l’aurait achetée, écrit-on. Pourtant, le 27 mai 2010, quelques jours seulement avant que cette affaire ne sorte, Christine Boutin déclarait à Valeurs Actuelles : « Nicolas Sarkozy a oublié ses engagements ». Elle affirmait encore son intention d’être candidate, si ses convictions ne lui paraissaient pas assez représentées par le candidat de la majorité…

Boutin piégée par le pouvoir ? La chronologie ne manque pas d’interpeller. On lit de part et d’autre que l’info du Canard Enchaîné « sort de chez Woerth », le Canard recevant des documents contractuels que Christine Boutin n’a pas encore reçus. Et l’on note que le 27 mai, paraît une déclaration fortement critique de Christine Boutin, le 9 juin paraît l’article du Canard et, le 16, Eric Woerth présente le projet du gouvernement sur les retraites. S’agit-il d’un coup pour la faire taire sur les retraites ? S’agit-il de la rappeler à l’ordre après sa précédente déclaration ? Ou, à plus long terme, de la tuer (politiquement) avant 2012 ?

Toutes les suppositions sont possibles  comme tout ceci peut-être erroné. Il y a tout de même dans les propos de Christine Boutin comme une variante de la « défense Dati »[1] qui accrédite l’idée que tout ceci vient à tout le moins de « l’entourage » du « pouvoir ».

Une accumulation d’erreurs de Christine Boutin. Accepter un tel montant (auquel il convient d’ajouter la somme confortable destinée à ses collaborateurs) si tel n’est pas l’usage était déjà malvenu. Ca l’est encore plus de la part d’un chrétien, qui va légitimement vanter la mesure, la sobriété, qui ne manquera pas de s’étonner, par exemple, du salaire des traders.

Si cela ne suffisait pas, l’accepter pour une mission portant sur l’évaluation des conséquences sociales de la mondialisation est symboliquement plus lourd encore. Peut-on se pencher sur le déracinement des uns, l’exploitation des autres, pour 9.500 € par mois ? Si Christine Boutin a probablement raison de dire qu’elle dispose d’une vraie compétence politique, et qu’elle aurait bénéficié de plus grands avantages si elle avait accepté le poste d’ambassadeur au Vatican qu’on lui proposait, la contradiction reste dévastatrice. Elle ne l’est pas moins lorsqu’elle se prend à proposer, pour le monde, la « logique du don et de la gratuité », dont on reconnaît la haute inspiration.

Christine Boutin a encore affirmé que tout avait été fait en toute légalité, un bien mauvais argument qu’elle a martelé au Talk du Figaro. C’est exact et peut-être fallait-il dissiper les doutes de certains. Mais en tant que chrétienne, elle sait tout à fait que la légalité n’est pas notre horizon. Combien de fois affirme-t-on justement que tout ce qui est légal n’est pas souhaitable ?

Le couplet sur l’enjeu de cette affaire, qui résiderait dans le fait qu’aujourd’hui, dans la société dans laquelle nous vivons, quand bien même on respecterait la loi, la loi nous protégerait plus, la démocratie et l’état de droit étant donc en danger, est pour sa part tellement décalé qu’il en devient cocasse.

Enfin, motiver sa renonciation à sa rémunération (sans en avoir toucher le premier €, précisons-le tout de même) en indiquant « entendre les français qui ont des bas salaires » était certainement plein des meilleures intentions, mais laissait aussi penser qu’elle ne les avait pas entendus auparavant.

Quant à l’affirmation selon laquelle désormais, « il n’y a pas un français qui ne connaisse pas le nom de Boutin », elle laisse profondément songeur, tant toutes les manières de se rendre célèbre ne se valent pas.

Quelque pénible que cela soit, notamment pour les personnes qui se sont engagées à ces côtés, il faut être lucide sur les erreurs, et sur les dégâts.

*

Tout ceci laisse donc un goût très amer dans la bouche. Elle interpelle encore sur ce débat à tendance indémerdable de la place des chrétiens en politique, du sel de la Terre et de la lumière du monde.

Combien auront pensé, depuis une semaine, que les chrétiens sont finalement bien comme les autres ? Qu’ils ne valent pas mieux ? Qu’en fin de compte, ils en croquent comme tous les autres, pour donner ensuite des leçons de morale ?

Alors, faut-il vraiment porter haut ses convictions, lorsque tout écart (et aucun de nous n’est un saint) rejaillira sur l’ensemble des chrétiens ? Mais serait-il, inversement, bien glorieux de taire ces convictions, pour échapper à leur exigence, au moins aux yeux du public ?

Faut-il porter haut ses convictions, participer, et prendre le risque d’apporter une caution – de surcroît sous l’autorité de la « solidarité gouvernementale » – à ce que l’on n’approuve pas ? Apporter un électorat dont les convictions seront ensuite ignorées, pour ne pas dire méprisées ? Et dans le cas présent, faut-il encore accepter que ce vote soit ramené à un vote de témoignage, et maintenu sous son étiage par quelques procédés douteux ? Si parti chrétien il doit y avoir, peut-il seulement être rattaché à la droite ou à la gauche ?

Patrice de Plunkett souligne l’instrumentalisation qui est faite des catholiques, réserve de voix achetée par quelques promesses vite périmées. Il prône « l’abstention militante aux deux tours ». Il dit sa préférence pour une politique hors de la politique, pratiquée au plus proche du terrain, au sein des divers mouvements chrétiens. Cela semble être aussi la conclusion du Père Pic. Mais n’est-ce pas entériner définitivement, à supposer que ce ne soit pas déjà le cas, que la politique se fasse, que les décisions se prennent, sans « nous » ou plutôt sans les convictions que l’on voudrait voir portées ?

  1. Souvenez-vous : cette dernière était désignée comme l’instigatrice des rumeurs sur les infidélités respectives de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni. On évoquait une enquête de la DCRI à cet égard. Et Rachida Dati affirma que ce n’était pas possible, le président ayant « toujours combattu ces pratiques ». Lundi soir, au Talk, Christine Boutin affirmait voir dans sa mise en cause une attaque éventuelle contre le Président, façon à peine voilée d’appeler au calme ceux de ses proches qui l’ont chargée et la chargent encore, s’ils ne veulent pas que l’attention se porte sur lui. []

36 commentaires

  • Tristement juste. J’ai beaucoup de respect pour ce qu’à fait Christine Boutin sans jamais être un fan inconditionnel. Je suis d’accord avec toi sur toute la ligne, jusqu’à l’interrogation finale…
    L’abstention aux deux tours ? Je me suis déjà abstenu au premier en 2007 ? Est-ce si important finalement ?
    Les législatives sont essentielles en revanche. Il ne faut pas oublier qu’il y a des lois dans ce pays. Même mal faites, même si elles sont difficilement voire pas du tout applicables, même si l’on s’assoie dessus à peine votées… et si elles sont injustes ? Faire de la politique en dehors des partis et hors de la politique ? Oui mais pas au risque de laisser passer des lois injustes que ce soit au plan sociale, économique ou éthique (not. en bioéthique).
    Il faudrait réunir une sorte de mouvement social chrétien qui servirait de base à un engagement plus politique sur un modèle type social démocrate (un parti fondé sur un syndicat et un mouvement social à l’origine tout au moins) et contredire concrètement sur le terrain les lois injustes. Doux rêves… (mais ça fait du bien)

  • Bonjour,

    J’aime bien que la question reste ouverte finalement… non pas qu’il ne soit pas important d’y répondre, mais j’aime que tu soulignes à quel point la question est délicate, compliquée, multiforme… comme l’implication des chrétiens dans la vie politique.

    Un texte que j’aime beaucoup, de Mgr Bruguès (2008) : http://pneumatis.over-blog.com/article-politique-hommes-politiques-vertus-et-saintete-38167740.html

    Comme je l’ai dit, ou tenté de l’exprimé, en commentaire du billet du Père Emmanuel Pic, je crois sincèrement à l’aspect multiforme de l’engagement politique des chrétiens, avec ce paramètre très spécifique de la vocation chrétienne qu’est le témoignage. Ce paramètre implique un rapport de proportionnalité entre la visibilité de votre action (témoignage) subordonnée à la foi chrétienne, et la pratique vertueuse de cette foi. On ne peut pas attendre d’être saint pour s’engager en politique, mais on ne peut pas non plus prétendre témoigner de la foi chrétienne en ne la respectant pas le plus fidèlement possible. D’où la nécessité, dans ce dernier cas, d’une volonté éminemment vertueuse, d’une excellente formation de l’intelligence à la foi chrétienne, d’une véritable humilité (pas incompatible avec l’ambition politique), et évidemment d’une pratique constante de la justice et de la fraternité : la deux-voie, pour ne pas dire l’autoroute, dans la recherche du bien commun.

    Exemple pour le cas de Boutin : il faut savoir, en ce qui nous concerne, tout à la fois la reprendre sur ses erreurs, s’en interroger, mais aussi témoigner reconnaissance et gratitude pour ce qu’elle a pu faire de bien, et se féliciter de ce qu’une voix chrétienne puisse faire entendre un peu de la DSE dans les sphères gouvernementales.

    Et c’est quelqu’un qui ne vote pas à l’UMP qui vous dit cela – sur les aspirations que je place en la démocratie, et en l’absence de propositions vraiment compatibles avec ma foi (celle de l’UMP n’en étant pas une, même avec le PCD dans la barque), que j’essaie d’ailleurs de contribuer à faire naitre (cf. Solidarité – Liberté, Justice et Paix), je campe sur la même position que Patrice de Plunkett : abstention militante.

    En dehors de ça, ça peut être l’occasion d’inviter à certains engagements politiques très « chrétiens », comme par exemple au sein de l’ACI ou encore de Pax Christi – ce dernier mouvement étant vraiment, je crois, un vecteur de service du bien commun particulièrement nourri en Saint Esprit.

  • C’est assez révélateur du « mensonge » qui a toujours existé dans la classe politique. Au delà des sentiments (ou non) que j’éprouve pour Christine Boutin il y a un engagement politique que je pense profond chez chaque homme ou femme politique. Je m’explique non ?!

    Elle a été grillée comme beaucoup d’autres par l’appareil d’un parti qui la projette toujours sur les présidentielles, sur les alliances, les combines comme d’autres l’ont été.

    L’action politique commence à se faire maintenant par le milieu associatif, par les coopérations sur le terrain et tu le dis toi-même et l’exemple de Quitterie (ex-MODEM) nous le montre bien.

    C’est une bien triste histoire pour une femme qui ne fait pas de « la politique » au sens de la belle définition de mon bouquin de CG que je n’ai pas le temps d’aller chercher 🙂

    Ok, je ne suis pas clair. A ma décharge : un bac philo et un commentaire écrit en quatre minutes 😉

  • @NM : +1 « Il faudrait réunir une sorte de mouvement social chrétien »

    je crois de plus en plus que ça ne viendra pas des politiques, ils sont trop prêts à tout pour éradiquer ceux qui veulent les empêcher de nous entuber en rond: là, une accusation, montée de toutes pièces entre les fils de Ph de Villers, ici, gros piège envers C. Boutin (qui a pu y voir une reconnaissance de ses propositions, une compensation au fait qu’elle se soit fait virer de son ministère, où le salaire était comparable, un nouveau job pour d’anciens collaborateurs… ).

    Je suis sûre que si un chrétien très correct et très juste arrivait à emporter l’adhésion des français, on le retrouverait suicidé!

    D’un autre côté, Bayrou qui avait choisi de ne pas brandir la Bible mais de faire du social, et de mettre en retrait son identité chrétienne, a été conduit à tolérer l’avortement dans un premier temps, sous prétexte d’être là pour tous les français, et maintenant, il va de plus en plus loin sur ce terrain, et il a perdu le lien avec le christianisme…

    Je crois que c’est une erreur de croire que des gens qui se sont assis sur des milliards en nous les piquant vont lâcher leur magot pour de bonnes idées. Sans être NPA pour deux sous, je crois qu’il faudra être vraiment inspirés pour les virer. Mais bon, en même temps, je crois que ça se fera; la facture est trop grande.

  • Bien d’accord avec Do, ça sent bon le coup monté cette affaire…
    Avec les frères de Villiers on peut aussi citer Gaymard il y a quelque temps.
    Je ne dit pas que ces traitements ou avantages sont justes (loin de là…) mais je reste persuadé que certains révèlent ces affaires pour en cacher de bien plus grosses…

    L’engagement en politique ça n’est pas simple et pour les chrétiens ça l’est encore moins. Prudence et grande intelligence sont donc de mise pour ceux qui ont le courage de se lancer dans cette jungle…

  • Edmond Michelet, un meilleur exemple du chrétien en politique ?

    Viser le « vote chrétien » me paraît contradictoire avec le fait d’être chrétien.

    Mais l’abstention, même engagée, non. S’abstenir, c’est d’une façon ou d’une autre faciliter la victoire d’un des deux camps. Autant l’assumer et voter, ne pas laisser aux autres la tâche difficile de choisir.

  • Ce que je reprocherais le plus à Mme Boutin, ce serait peut être la phrase que tu as choisi comme titre. La faute en elle même est sans doute légère, mais il ya des défenses qui vous enterrent, et cette dernière phrase, c’est quand même l’apothéose.

    Dommage, parce que j’étais presque en train de me réconcilier avec le personnage. Justement parce qu’au contraire elle avait commencé à se faire oublier. En apprenant que le meilleur usage d’une Bible en politique, ce n’était pas forcément de la brandir en pleine Assemblée pour exorciser le PACS.

    Et d’ailleurs, si l’affaire prend des proportions pareilles, c’est justement parce que personne n’avait oublié le nom de Boutin.

  • c’est vrai que Jésus n’a pas brandi la Bible en pleine assemblée (enfin, si, finalement), ni n’a gagné plein de sous, « Jean le Baptiste est venu en effet, ne mangeant pas de pain ni ne buvant de vin, et vous dites: Il est possédé!. Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites: Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs! » Luc 7, 33-4, je crois que ce n’est pas là le problème: ils ont fini exécutés tous les deux…

  • +1 koz
    Chargé la mule de Mme Boutin ne sert à rien si on ne s’interroge pas sur nous même. Catho ou pas mais particulièrement les premiers.

    Je crois que personne ne sort indemne d’une telle déferlante. Sur l’échelle de Ricter je crois qu’elle se place juste derrière México. Alors ses réactions… difficile de lui reprocher des « maladresses » dans ces conditions. Elles sont presque inévitables pour une mortelle. Ceci étant je partage le fait que faire amende honorable lui aurait évité moult circonvolutions.

    Pour la suite, si la fuite est un calcul politique « ils » feraient bien de l’abattre pour de bon car si elle en a l’énergie et le temps, je pense qu’elle peut renverser la vapeur avec toute la hargne accumulée ces derniers temps; 1 ou 2% ça suffit pour ne pas passer le premier tour. Et en supposant qu’il passe le 1er tour comment imaginer que les sympathisants de Ch Boutin aillent apporter leur suffrages à …l’arroseur.

  • J’ai plutôt l’impression que le traitement des « affaires » genre Boutin ou De Villiers… repose davantage sur l’impact vindicatif que sur la réalité des faits, et encore moins sur la gravité des faits. Les vraies gamelles effectivement, je pense qu’elles sont tenues discrètement au chaud, au cas où… Exemple: votre député-maire, y a quelques années de ça, arrive avec un bon retard dans votre bureau, où vous patientez avec votre patronne (une élue locale). Il fait des bonds, pour ainsi dire en entrant, le sourire jusqu’aux oreilles: « ça y est! Je tiens la pompe à fric des …, N m’a donné les infos ».
    Après ce genre de choses, vous perdez vos illusions chrétiennes et de deux chose l’une, soit vous tapez dans le tas comme moi, auquel cas vous êtes remercié rapidement, soit vous filez doux, comme tout le monde, tout en ronchonnant sur des blogs chrétiens… et là j’en vois beaucoup aussi. Au-delà du contre-témoignage chrétien apparent sur ce coup, je tiens à préciser que la longue dynastie politique du député maire s’est achevée aux échéances dernières, que ma patronne a été débarquée, et que j’ai franchi le cap en étant élu local à mon tour, genre McEnroe sur le cours de tennis.
    Comme quoi, ça peut faire mal l’engagement, mais avoir des couilles c’est forcément douloureux sur le moment semble-t-il. Demandez à Jésus!
    Et… Chrétiens de tous les coins de France! unissez-vous et vous aurez des élus! car en fait, on n’a que ceux qu’on mérite, et ce ne sont pas nécessairement ceux des sondages. La révolution, la vraie, elle est pas ailleurs que dans votre prise de conscience collective, et cela revient à dire, « cessez d’être des langues de putes geignardes, et agissez conformément à vos idées, à vos attentes, battez-vous, dites les choses telles qu’elles sont, telles qu’elles devraient être selon notre foi.
    Cette vaste fumisterie dont nous payons aujourd’hui les pots cassés, avec la conscience accrue d’être flouée, c’est l’occasion d’agir: 2012, 2014, deux échéances qui arriveront vite.

  • N’est pas Thomas More qui veut. Il est difficile de ne pas se compromettre en politique, mais alors ? Faut-il laisser le champs libre à tous ces apprentis sorciers sur les questions dites « sociétales » ? C’est bien beau les associations, mais ce ne sont pas elles qui votent les lois.

  • Bonsoir Koz,

    je n’ai pas de commentaires a faire en particulier sur Christine Boutin.

    Je pense par contre qu’il y a aussi de la demagogie dans certaines attaques sur la remuneration des politiques. Il y a un marche des « talents » qui fait que les « cadres et professions liberales » avec de l’experience (ingenieur, medecin, juriste) gagneront souvent de 3000 a 6000 Euros par mois, ceci souvent en echange de longues journees de travail, et d’une grosse pression intellectuelle.

    Un patron de petite entreprise gagne en moyenne je crois 4500 Euros par mois. Les cadres capables de gerer correctement une equipe d’ingenieur (Dieu sait que ce n’est pas facile) auront eu un salaire encore superieur (typiquement de 5000 a 10000 Euros). Un directeur d’usine ou de grands programmes sera encore un echelon au-dessus (il faut des reins solides pour gerer correctement un chantier de plusieurs centaines de millions ou milliards d’euros, et on y laisse souvent sa sante), et il n’est pas chocant que les chefs d’entreprises et autres ministres qui font un bon travail soient encore un peu au dessus. Une remuneration totale de 15000 a 30000 euros par mois pour ces gens-la ne me derange pas (c’est un autre ordre de grandeur que les parachutes dores de plusieurs millions d’Euros).

    Pour moi, le vrai probleme est le controle de la qualite du travail de la dite commission, pas le salaire en soi. Les hommes politiques ne sont pas non plus des benevoles.

    Pour le reste, et nous en avons souvent discute, l’eglise a a mon avis sa place dans le domaine spirituel, ou elle peut proposer sa morale, sa philosophie et ses convictions, et aussi rester « neutre » par rapport a certains conflits de nos societes pour pouvoir survivre avec un horizon millenaire.

    Si elle se met a la politique, elle prendra et recevra des coups, se fera prendre la main dans le sac, et risque aussi de faire beaucoup d’erreurs.

  • J’aurais trouvé plus élégant qu’elle reverse son salaire (après impôts) au Secours Catholique ; le message aurait été limpide.

  • L’idée que tout ça puisse être un piège pur et simple me semble excessive. Par contre il n’est pas exclu que tout compte fait, cette affaire arrange Sarkozy, car elle signale à C.Boutin qu’elle est très isolée et dépend de lui pour avoir un rôle même modeste. Je pense que, malgré ses airs bravaches, ses critiques à l’égard du pouvoir se feront plus modérées au fur et à mesure que l’échéance de 2012 s’approchera.

    @ Do: « Je suis sûre que si un chrétien très correct et très juste arrivait à emporter l’adhésion des français, on le retrouverait suicidé!  »
    Fô pô exagérer.

    Sur les réactions de la dame, je suis bien d’accord avec Koz. Elle proclame qu’ayant renoncé à ce salaire elle sera plus libre dans sa mission, mais elle est largement assez intelligente pour y avoir pensé avant de l’accepter. Quant à sa conclusion, elle nage en plein délire en prétendant qu’on a « affaibli l’État de droit » en la mettant en cause dans cette affaire. Si quelqu’un a affaibli quelque chose ici (à savoir non pas l’État de droit mais la crédibilité de la classe politique tout entière), c’est elle et personne d’autre.

  • Christine boutin est dans un cul de sac politique, et depuis un bout de temps, c’est un fait. Personnellement, cela me laisse froid parce que c’est pas ma came.

    Il faudrait tout de même voir que les missions sont très loin d’être généralement faites à titre gracieux (curieusement, passé les déclarations de principe, un voile pudique est retombé sur la liste des autres bénéficiaires).

    Surtout, on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Or aujourd’hui, la profession politique est, à niveau de responsabilité équivalent, largement moins payée que celle de haut cadre dirigeant en entreprise. Et encore, le niveau de responsabilité sur le devenir de la nation d’un homme me semble largement supérieur à celui d’un chef d’entreprise. Et il en va de même pour les parachutes dorés. La démocratie n’est pas loin de la démagogie lorsqu’elle refuse de payer les talents. (je ne parle pas spécifiquement de Boutin, mais de l’ensemble).

    Pour être plus cynique encore, j’ai eu l’occasion de constater que l’élu (en général) gagnait largement moins par son mandat que ce qui lui était accessible par prévarication. A défaut de justifier, cela explique peut-être pourquoi il a tant recours à cette dernière.

  • Ma réaction ne porte que sur la phrase : « Accepter un tel montant (auquel il convient d’ajouter la somme confortable destinée à ses collaborateurs) si tel n’est pas l’usage était déjà malvenu. Ca l’est encore plus de la part d’un chrétien, qui va légitimement vanter la mesure, la sobriété, qui ne manquera pas de s’étonner, par exemple, du salaire des traders. »

    Tout travaille mérite salaire. Il ne s’agit pas d’une mission de complaisance, au moins dans l’esprit de Christine Boutin. Sa mission peut déboucher sur des propositions concrètes pour « adoucir » les conséquences sociales de la mondialisation, qui à long terme seront dévastatrices pour notre pays, et en particulier les plus faibles. C’est donc une mission d’importance, qui nécessite des collaborateurs pour contribuer à la rédaction du rapport, et qui justifie une rémunération. Sur le quantum ? 9.500 €/ mois, c’est significatif, mais je ne veux pas dissocier le montant de la rémunération avec l’utilisation qui en est faite. Christine Boutin a expliqué (je ne sais plus si je l’ai entendu à la radio ou lu) que ses diverses rémunérations lui servaient à financer :
    – son parti politique (forum des républicains sociaux)qui prend des positions courageuses
    – diverses oeuvres

    Nous ne sommes pas dans le cas de quelqu’un qui cumule les rémunérations pour thésauriser, mais qui utilise son haut niveau de rémunération pour contribuer, à sa manière et selon l’idée qu’elle s’en fait, au bien commun.
    Je trouve qu’au lieu de s’arrêter sur les chiffres destinés à faire réagir l’immense majorité qui gagne moins, il faut se réjouir que des personnes qui gagnent beaucoup d’argent l’utilisent au service des autres.

    Des maladresse de sa part ? Peut-être.

    – Qu’elle n’ait pas réussi à faire davantage passer l’idée qu’elle redistribue une grande partie de ce qu’elle gagne. Mais on l’aurait alors attaqué sur la défiscalisation, j’imagine.

    – Qu’elle n’ait pas résisté plus longtemps à la pression médiatique déferlante mais éphémère, qui serait passée à autre chose 2 jours après. C’est plus facile à écrire derrière un écran qu’à faire quand on est confronté à la situation.

    Bref, pour une fois, je ne suis pas tout à fait d’accord avec l’intégralitéde l’article de Koz, dont je me félicite aussi du retour.

  • Assez d’accord dans l’ensemble : Mme Boutin ne me semble pas avoir mauvais fond, bien que je sois rarement d’accord avec ses prises de position (forcément, hein, suis athée tendance gaucho-bobo-utopiste, laissez-moi mes illusions). Dans ses propos et ses actes, je vois des erreurs et des maladresses, mais pas de malveillance.
    Dans tous les cas, je pense effectivement que d’un point de vue électoral, elle a grillé sa crédibilité en tant que tête de pont d’un centre-droit chrétien-démocrate.

    Ah si, juste un détail :
    « Ca l’est encore plus de la part d’un chrétien, qui va légitimement vanter la mesure, la sobriété, qui ne manquera pas de s’étonner, par exemple, du salaire des traders. »

    J’ai un peu tiqué de l’oeil gauche en lisant la fin de la phrase : ce n’est pas le salaire des traders (le truc versé chaque mois et qui figure sur leur bulletin de paie) qui est exorbitant, mais plutôt les bonus, versés une fois par an et souvent à part. Lesquels peuvent être plusieurs fois supérieurs au brut annuel du trader si celui-ci a vraiment cassé la baraque (sans faire sauter la banque).
    Mais là, on est vraiment dans du pinaillage technique de gestionnaire de paie.

  • « On n’a pas fait ce procès à d’autres : ma mère dirait qu’on ne le fait qu’aux femmes » : moi, je dis on ne le fait qu’aux cathos… Et c’est normal d’ailleurs, puisque ce sont eux qui font volontiers la leçon.

    Sale affaire en tout cas, qui montre toute la difficulté de l’engagement de chrétiens en politique. Elle m’inspire deux choses :

    1) Se réclamer du christianisme oblige à être irréprochable sur les questions d’argent. Ca me rappelle ce que des paroissiens me disaient un jour de leur curé : « il a une femme, mais ça on s’en fout. Ce qu’on ne lui pardonne pas, c’est qu’il aime trop l’argent ». Je dirais même plus : la relation à l’argent est un des principaux critères de discernement de la sincérité de l’engagement chrétien d’un élu.

    2) Il faut se méfier de ceux qui se rangent trop vite sous la barrière du christianisme, et qui brandissent trop facilement la Bible pour appuyer leurs arguments. Se rappeler ce qui est au centre des interventions de Benoît XVI dans tous les domaines : ce qui fait la spécificité du christianisme est sa capacité à s’exprimer rationnellement. Un élu qui ne se réclamerait que de sa fidélité au magistère ou de son interprétation de l’Ecriture, et qui n’appellerait pas au bon sens commun, serait plus proche des milieux fondamentalistes que de la tradition de l’Eglise.

  • Oui, le salaire est légal. La mission n’est pas bidon. Oui, les capacités elle les a. Elle s’est fait acheté? Si c’était le cas, cela fait bien longtemps qu’ils auraient réussi. Elle est inachetable. Elle s’en est pris plein la figure toute sa vie. Elle a l’habitude. Que le salaire légal soit trop élevé… peut-être. Qu’elle se soit fait roulé par le machiavelisme de certains, ce n’est pas inimaginable. Mais gagner de l’argent, ce n’est pas une faute! Avez-vous songé à quoi une femme comme celle-là pouvez utiliser son argent? Combien de bouche cet argent aurait-il permis de nourrir? Combien d’association caritative Mme Boutin aurait-elle financé avec cela? Combien d’emploi aurait-elle pu créer? Elle y a renoncé parce que les bas salaires ne peuvent pas comprendre. Elle y a renoncé, malheureusement peut-être, parce que que le parti chrétien démocrate aura alors plus de difficultés financières et certains s’en réjouiront probablement. Elle y a renoncer et peut-être qu’ Alliance pour les droits de la vie aura moins de moyens pour sauver des vies. Mais c’était peut-être ce qui était voulu par ceux qui sont à la source de la polémique et qui accepte sans scrupules des salaires bien plus élevés en ne travaillant peut-être pas autant. Quand au salaires de ses collaborateurs… Ils n’auraient pas le droit de nourrir leurs familles ces gens là? leurs familles peut-être nombreuses? Ils n’ont pas le droit de payer des études à leurs enfants, parce qu’ils travaillent pour Madame Boutin? Ils n’ont pas le droit de donner aux plus pauvre le fruit de leur travaille parce qu’ils travaillent pour Madame Boutin?
    Malheureusement, je crains que les 9500 euros que devait gagner Madame Boutin soientt bien plus mal utilisé par l’Etat que par elle.

  • @ PIC : « tout travail mérite salaire ». Certes, et un travail de haut niveau justifie un salaire de haut niveau. Ce qui est discutable ici, c’est le cumul entre un salaire de haut niveau, une retraite de haut niveau et en plus un mandat électif local: trois sources d’argent public, et sur chacune des trois, le contribuable est en droit de se demander s’il en a pour son argent.

    Les conditions de retraite très favorables des parlementaires sont justifiées par la grande insécurité de leur emploi. Mais cela ne devrait pas s’appliquer à ceux qui ont obtenu à la sortie un poste public encore mieux rémunéré qu’un mandat parlementaire. Quant au mandat local de Mme Boutin, on se demande comment elle peut utilement le remplir en même temps qu’une mission qui pour justifier un salaire pareil doit être très prenante.

    « Qu’elle n’ait pas réussi à faire davantage passer l’idée qu’elle redistribue une grande partie de ce qu’elle gagne. »
    Ce point n’est pas pertinent à mes yeux. L’argent public doit être au service du public exclusivement. La justification de ce salaire est donc uniquement dans la mission et non pas dans l’utilisation que Mme Boutin en fait, qui est d’ordre privé et ne nous regarde pas.

    @ Emmanuel Pic: totalement d’accord sur vos deux points. Oui, cela veut dire qu’il est spécialement difficile d’être chrétien en politique. Mais on ne choisit pas d’être chrétien pour se faciliter la vie !

  • En ce qui concerne le « piège », je reste perplexe devant les conditions dans lesquelles cette affaire sort, la prompte réaction d’Eric Woerth (que j’aime bien par ailleurs) pour lui demander de ne pas cumuler sa retraite et cette rémunération.

    Cela étant, si piège il y a, elle ne devait pas mettre la main dans la nasse. Je doute un peu qu’elle ait pu ignorer que les autres « missionnés » travaillaient bénévolement – si c’est confirmé. En outre, cette mission faisait déjà un peu trop recasage, de sorte qu’elle ne peut pas invoquer un quelconque « droit » à une compensation pour son départ du gouvernement. Elle n’a peut-être simplement pas vu le mal, mais en politique, ce n’est pas une naïveté que l’on peut se permettre.

    « Tout travail mérite salaire », oui, bien sûr. Mais s’il est avéré qu’habituellement ces travaux sont bénévoles, il y a un problème, symboliquement accentué par le thème de la mission.

    Schmah, si vous parlez d’un financement déguisé du PCD par l’Etat, je ne crois pas que ce soit de nature à améliorer les choses, même si cela écarte tout enrichissement personnel (légal ici). Mais je ne crois pas que vous sachiez plus que moi de quelle manière Christine Boutin aurait utilisé ces fonds. Par ailleurs, je n’a pas évoqué ses collaborateurs.

    Je suis en revanche assez d’accord avec Uchimizu pour dire qu’il finit par y avoir de la démagogie dans le discours sur les rémunérations des politiques.

    Voilà, j’ai dit, un peu vite, parce qu’il faut que je reprenne mon taf.

  • @Schmah
    vous défendez Boutin en enfonçant toutes les portes ouvertes que vous trouvez
    -tout travail mérite salaire
    -elle les vaux bien ses 9500eur
    -ce n’est pas une nabab
    -elle redistribue
    etc…

    d’autre part vous justifiez ces traitements parce-qu’elle au moins utilise bien cet argent.

    C’est très insuffisant. Et croyez-moi je fais parti de ceux qui tiennent compte des positions de Ch Boutin.

    Le constat: le cumul global de ses traitements (publics) est choquant pour le petit peuple que nous sommes.
    Elle s’est fait prendre, c’est un fait.
    On peut relever toute l’injustice dont elle est victime dans l’exploitation du buzz, comme dit un ami… c’est mort, c’est tout.

    Pourquoi en est-elle arrivé là? beaucoup d’avis ont été donnés qui expliquent comment elle en est arrivée là.

    Comme d’autres je la crois suffisamment solide pour rebondir. A condition d’être à la fois humble et réaliste sur cette situation, et intraitable sur l’essentiel, entre autres sur la politique familiale et sociale de la France.

    Si elle s’obstine à justifier ses cumuls de traitements passés elle perdra l’attention de beaucoup. Ce serait bien dommage.

    (dernier point: vous me mettez le doute, je n’ai pas lu que ses collaborateurs soient privés de leur juste salaire! si?)

  • Je ne parlais évidemment pas de financements occultes mais de dons comme tout le monde peut le faire. Je ne jugeais pas l’article de Koz, ni les commentaires. Je n’ignore pas les pièges de la vie politique dans lequel il est difficile de ne pas tomber. Je ne justifie pas les salaires de nombres de politiques, ni des footballeurs, ni de certains PDG. La loi est probablement à modifier. Je voulais seulement attirer l’attention sur le fait qu’un bon salaire n’est pas nécessairement mal utilisé. Pourtant, moi, je ne gagne pas un rond!

  • J’ai toujours eu du mal avec le mélange religion/politique. J’avoue que je ne le comprends pas. C’est probablement parce que je suis un ignorant athée laïcard. Mais pour moi, la religion est personnelle, c’est quelque chose que l’on pratique chez soi, pour soi. Il n’y a pas de raison de vouloir porter vos convictions dans l’espace public.

    Vous êtes contre le PACS, et bien ne vous pacsez pas. Vous prônez l’abstinence plutôt que le préservatif : alors abstenez-vous.

    Mais en quoi, nous laïcs, ça nous concerne ? Je ne crois pas que l’État français empêches les catholiques de vivre leurs vies comme bon leur semble. Alors pourquoi ressentent-ils le besoin de vouloir nous l’imposer ? Peut être que quelque chose m’échappe, mais j’ai du mal à comprendre ce que vient faire un religieux en politique lorsqu’il s’affiche comme tel.

    Christine Boutin est catholique, grand bien lui fasse. Mais par ses fonctions, elle représente la France dans son ensemble, et pas juste les catholiques de France. Par conséquent, ses positions religieuses ne devrait pas aller à l’encontre du reste des Français.
    Pour moi Christine Boutin est le parfait exemple de pourquoi on ne devrait pas mélanger politique et religion.

  • Optimi corruptio pessima.

    La corruption du (de la) meilleur(e) est la pire.

    On aurait aimé que Christine Boutin ne se mette pas dans ce mauvais cas, c’est vrai.

    Mais ce n’est pas un si mauvais cas que ça.

    Le sujet d’étude n’est pas ridicule, tout le monde croit tout savoir sur la mondialisation mais c’est loin d’être vrai. Etre payé pour une mission n’est pas honteux (rappelons-nous les exigences de VGE pour présider la Convention pour l’Avenir de l’Europe et le tollé qu’elles avait soulevé et qui d’ailleurs le fit renoncer). Cumuler retraite et honoraires n’est pas honteux non plus, et c’est très courant. Le montant litigieux est élevé mais pas honteusement élevé, et on peut penser que cet argent aurait servi aux activités politiques de Christine Boutin plus qu’à son enrichissement personnel. La défense de la « coupable » fut maladroite mais comment ne pas être maladroit quand on est ainsi en butte à un feu nourri d’accusations ?

    Allons ! on a toujours tort de montrer du doigt autrui.

  • Excellentes questions de Murdock, face auxquelles je dois avouer mon incapacité totale à répondre. Je suis curieux des réponses des lecteurs de ce blog (catholiques ou non) à ce sujet.
    Car c’est bien la question fondamentale de l’article (et de la polémique) qui s’y trouve : celle du rapport chrétien/politique.

  • Au-delà du cas de Christine Boutin (malheureusement loin d’être isolé), je constate que l’accumulation de « casseroles » sur l’équipe actuellement au pouvoir commence à faire vraiment beaucoup de bruit. A l’heure où l’on s’apprête à demander aux Français « ordinaires » des sacrifices sans précédent, cela brouille un peu le message, non ? Espérons que ce bruit insistant ne soit que le signe d’une simple fin de règne et pas celui d’une vraie perte de sens (et de décence) de la société toute entière… Espérons (mais il est malheureusement permis d’en douter) que les futurs bénéficiaires de l’inéluctable alternance sauront se montrer à la hauteur, sinon… Sinon quoi ?

  • Sur le sujet religion et politique, Murdock rappelle à juste titre plus haut les fondements de notre République. La religion est du domaine privé (même si rien n’empêche tout citoyen de prendre en compte ses convictions et ses croyances pour attribuer son vote). Mais il n’y a pas chez nous de parti de Dieu ni de « charia », et c’est très bien comme ça.

  • @ Murdock

    Les citoyens débattent et votent sur beaucoup de sujets. Ils le font en fonction de leurs convictions, mais ces convictions ne viennent pas de nulle part. L’histoire d’un citoyen, ses origines jouent, mais aussi sa liberté et les débats qui lui ont permis d’entendre des arguments opposés.

    Et là, je ne vois pas, par exemple, en quoi l’expression publique par l’Église catholique de son opposition à l’avortement poserait plus de problème que la promotion de l’avortement par le Planning Familial. Ce ne sont pas les évêques qui votent les lois, et c’est beaucoup mieux ainsi, mais pourquoi devraient-ils se taire ? Une loi a été votée, certes, mais en démocratie, l’existence d’une loi n’empêche pas sa contestation, dès lors que cette contestation ne recourt pas à la violence.

    Était-il antidémocratique de militer pour l’abolition de la peine de mort quand celle-ci était légale ?

    Cependant, dans ce débat avec tous les citoyens, l’argument d’autorité ou le recours à la Bible ne sert à rien. Mais si vous prenez l’exemple du débat sur le PACS, l’Église a essentiellement argumenté sur la base d’une analyse anthropologique qui n’était pas confessionnelle en tant que telle.
    Vous la trouvez ou non convaincante, mais dans le cadre d’une discussion qui n’engage pas la foi.

  • Murdock,

    Ce qui m’étonne, moi, c’est qu’on puisse « laisser la religion dans la sphère privée » quand on est engagé, qu’on défend des idées. Parce qu’une bonne partie de ces idées découleront directement de notre Foi religieuse (ou de notre manque de Foi, d’ailleurs). Et pas seulement des idées relatives à la sexualité et aux « affaires familiales », mais des idées sociales.
    Par contre, utiliser la religion comme argument d’autorité dans notre société laïque me paraît tout autant à côté de la plaque, puisque la laïcité même de la société implique que la religion n’y soit pas d’autorité.

  • Vos réponses sont intéressantes et éclaire certaines points de vue, notamment sur ma position qui, je l’admet, peut paraitre extrême.

    Effectivement, la religion ne doit pas être un argument d’autorité.

    Et pour moi, il y a une différence entre faire la promotion de l’interruption de grossesse et s’y opposer. En faire la promotion laisse un choix. On peut décider de faire une IVG, ou non (pour des raisons multiples et entres-autres religieuses).

    Mais s’opposer à l’IVG revient à retirer ce choix. On empêche tout le monde, qu’ils soient catholiques ou non. Sauf si par « s’opposer à l’avortement », les associations entendent par là « soutenir les femmes durant leurs grossesses » (et elles le font j’en suis sûr). Néanmoins, une partie de ces associations et des politiques, dont Christine Boutin il me semble, ont tout de même pour objectif de revenir sur la loi Veil.

    Bien entendu, l’IVG est loin d’être le meilleur exemple qui soit. Même pour les laïcs, se pose la question de quand commence la vie humaine. Mais c’est un débat qui s’entretient à un niveau biologique et non philosophique.

    Et effectivement, j’admets des arguments contre le PACS sur un point de vue anthropologique qui n’engage pas la foi. Mais ce faisant, l’Église n’admettrais pas elle même que ses arguments d’ordre religieux n’ont pas leur place en politique ?

    On peut voter pour un catholique car on pense que du fait de sa foi, il se conduira de manière admirable. Mais voter pour lui car, une fois en fonction, il remplirait un agenda catholique, cela me parait malsain, voir même une dérive communautariste contre productive.

    Il n’y a pas besoin de légiférer pour se conformer aux valeurs sociales de l’Église. Si on est catholique, on respecte la parole de l’Église et cela devrait suffire. Mais légiférer sur les valeurs sociales de l’Église, revient à imposer ces valeurs à tout le monde, y compris aux non catholiques (ou aux catholiques non pratiquants) qui sont tout de même assez nombreux en France.

  • Pingback: Moi, je l’aime bien, Woerth | Koztoujours

  • Cette triste affaire démontre une fois de plus qu’il ne faut pas mélanger politique et religion.

    Dans un pays laïc comme la France, un homme (une femme) politique a le droit droit évidemment d’avoir des convictions religieuses, mais il n’a pas à s’en servir d’étendard.
    A lui (à elle) de témoigner de la qualité de sa foi au travers de son action et de son comportement.
    Pour CB cela semble un peu compromis.

    Du moins c’est ce que je crois.

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