Les médias sont-ils anticatholiques ?

Ca tombe bien : vous n’aviez pas tellement envie de parler ici aussi de la primaire socialiste. Et nous allons parler d’autre chose. Vous n’aviez pas forcément envie de parler rugby de nouveau et, de fait, nous allons parler d’autre chose.

Car une seule bonne raison a pu me tenir éloigné du match France-Angleterre de ce samedi : j’étais présent aux Etats Généraux du Christianisme, qui sont en passe de s’imposer comme rendez-vous des chrétiens de France.

Les vidéos et compte-rendus (avec une fortune diverse) des débats vous donneront un aperçu de la variété des thèmes abordés et des intervenants retenus. Pour ma part, à l’invitation de Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de La Vie, j’ai échangé avec Didier Pourquery, directeur délégué des rédactions du Monde sur le sujet en titre : les médias sont-ils anticatholiques ?

Ceux qui n’auraient pas fait le déplacement à Lille trouveront ici un compte-rendu que vous aurez évidemment à coeur de préciser en prenant connaissance là et ci-contre, du support intégral de mon intervention, au demeurant considérablement réduite à l’oral pour les besoins du chronomètre.

Les Etats Généraux du Christianisme ne sont pas seulement l’occasion de ces débats mais surtout celle de rencontres entre chrétiens de sensibilités diverses. Il était ainsi amusant de se trouver plongé dans un public qui a manifestement vécu d’anciennes controverses liées à la réception du concile Vatican II, et qui se montrent souvent et étonnamment disposés à distinguer action sociale et ancrage spirituel, comme si le fait d’insister sur ce dernier devait se faire au détriment du premier. Le col romain du Père Patrice Gourrier – grande gueule, écrivain et créateur du mouvement Talitha Koum – fut aussi l’objet d’une question désapprobatrice. Sur ces points, nous divergeons fraternellement…

Car les Etats Généraux du Christianisme, c’est surtout l’occasion de rencontres qui permettent de retrouver ce qui nous rassemble véritablement, au-delà de divergences de sensibilité finalement anecdotiques. C’est d’ailleurs, m’a-t-il semblé, l’esprit des débats, qui ne conduisent pas les intervenants à vouloir avoir le dessus sur leur interlocuteur mais plutôt à distinguer les points d’accord.

Le meilleur exemple vécu est ma rencontre avec Laurent Grzybowski, avec lequel nous avions eu un bref mais vif échange il y a quelques mois autour de l’anonymat sur Internet. Non seulement notre café nous a permis d’aplanir cette divergence mais au fil de la discussion, nous en sommes venus à évoquer sa conception du sacré dans le christianisme. Il se méfie de cette invocation du sacré et souligne cette spécificité du christianisme : la profonde intégration du sacré et du profane. Le Christ est venu au milieu des Hommes : ce n’est pas aux Hommes de remettre Dieu à distance. Il irait presque jusqu’à voir du néo-paganisme dans un goût du sacré qui éloigne l’Homme de Dieu. Cet échange m’en a rappelé un autre sur la déchirure du rideau du Temple, lorsque Jésus expire. Par cette déchirure, le Christ a aboli la distinction entre le sacré et le profane : le profane envahit le sacré, le sacré se loge dans le profane, Dieu est parmi les Hommes. Viennent ensuite les traductions humaines et liturgiques. Je ne suis toujours pas très Grzybowski-style mais je ne suis pas l’alpha et l’omega de l’Eglise et, au moins, je comprends et partage ce qui l’anime profondément.

Cela nous éloigne du sujet de mon intervention, mais nous a rapproché de l’essentiel. Et, tenez, dans la foulée, mercredi de 7h30 à 8h30, les lève-tôt mais moins tôt que moi pourront me retrouver sur Radio Notre-Dame, avec Louis Daufresne et Jean-Marie Guénois. Nous y parlerons de l’unité de l’Eglise. Comment ne pas voir dans ces Etats Généraux une contribution à cette unité ?

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29 commentaires

  • A lire ce compte-rendu, j’ai à la fois une peur et un espoir sur l’Eglise en France.
    L’espoir, c’est évidemment cette possibilité de dialogue entre les différentes sensibilités de l’Eglise.
    Et en même temps; c’est une peur, parce que les Etats Généraux du Christianisme semblent tomber dans les vieux travers rapportés par Baudriller dans Les Réseaux Cathos : la faculté pour les cathos à se diviser entre action sociale et vie spirituelle. C’est dommage pour un évènement neuf, dont c’est à peine la seconde édition : on aurait pu tirer des leçons du passé…

  • …sur la question du sacré, j’ai quelque part dans la bibliothèque un « prêtres et clercs contre Dieu » du père Louis Bouyer, trouvé par hasard dans un vide-grenier, dans lequel il propose quelque réflexions sur la tendance à l’évacuation du sacré ou au moins à la méfiance vis-à-vis du sacré – et sur l’erreur de vouloir cacher ou éliminer le sacré au motif (juste) que par le Christ se fait l’union entre le sacré et le profane. Réflexions pleines de bon sens, est-il besoin de le dire.

    (d’un autre côté, lui quand il écrit a en tête certains prêtres de son époque qui veulent à tout prix ne célébrer l’eucharistie que sur une table de cuisine dans une cuisine avec soucoupe et petite assiette)

    Quel était l’opinion du monsieur Grzybowski sur la question ?

  • Eh bien rassurez-vous ! Il y a certes une dimension « action sociale » plus marquée dans la tonalité des débats. Mais pourquoi pas, après tout ? Ne pourrait-on pas reprocher aux sessions de l’Emmanuel à Paray-le-Monial d’être trop déconnectées d’une réflexion sur une traduction concrète des convictions religieuses ? Mon propos n’est évidemment pas d’entretenir un procès quelconque à l’encontre de l’Emmanuel, mais simplement de souligner qu’il y a effectivement deux sensibilités qui doivent peut-être prendre garde chacune au travers qui les guette.

    Par ailleurs, j’ai évoqué le public, pas les Etats Généraux, ni les intervenants. Il n’y a pas de volonté de séparer action sociale et vie spirituelle. J’en ai d’ailleurs parlé à Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de La Vie, qui me disait qu’il ne comprenait pas pourquoi certaines personnes entretenaient cette distinction. Par ailleurs, les Etats Généraux du Christianisme, c’est aussi la Nuit du christianisme . D’ailleurs, l’Emmanuel proposait une adoration eucharistique à 3h00 du matin (je n’y étais pas, je l’ai vu sur les légendes des photos), signe qu’il n’y a pas d’opposition à entretenir.

    @ KPM : belle formulation.

  • Pour le jugement sur les médias, je suis d’accord avec Koz, avec un très très léger bémol sur les médias classiques qui sont en fait devenus un spectacle culturel souvent en déconnexion avec la réalité.

    Il y a donc une chance qu’un jour ils soient remplacés par ce qu’il se passe sur les réseaux. Ce qui rend le contre-pouvoir des réseaux de plus en plus efficace.

    Maintenant, je crois que l’Eglise en France et de par le monde n’a jamais oublié son action sociale.
    Celles et ceux qui y prêtent main sont merveilleux.

    Il y a cependant une évolution récente. Les sociétés dans lesquelles nous vivons ne sont plus uniquement sociales au sens où nous l’entendions avec une zone vie privée qui s’étend largement jusqu’à la vie économique et sociale en sa périphérie.

    Les sociétés deviennent de plus en plus relationnelles, c’est à dire qu’il y a un resserrement de la vie privée à la frontière de sa peau. Et encore… pour combien de temps ?

    Dans ce monde relationnel, hélas, ce qu’on appelait laïcité (dans un univers social) et qui demandait de vivre sa foi dans l’espace confortable et privé que nous possédions, est de plus en plus inapplicable du fait du resserrement de cette zone de vie privée.

    A moins de réduire la religion à ce qui est centré sur soi et donc la métaphysique.
    Certains s’en sortent brillamment de cette façon, cependant le sacré, lui, risque de disparaître,car ce dernier s’exprime dans la relation au monde.

    Je crois que c’est un peu pour cela que le message de Benoît XVI est de ne pas avoir peur, de ne plus avoir peur. Car immanquablement avec les outils actuels et futurs de communication, pour celles et ceux qui ont la foi, cette relation au monde transparaîtra et il ne faudrait pas qu’avec cet « outing » involontaire, par peur, ils ou elles se retranchent uniquement dans l’exercice métaphysique.

  • Ce qui est vraiment inquiétant, c’est que c’est l’ensemble de l’actualité, et pas seulement la catholique, qui nous arrive par le filtre des médias.

    Si l’on veut, on peut, sur le Net, trouver des sources raisonnables. Mais qui peut (compétence, temps disponible,…), qui veut ?

  • Impeccable votre intervention sur les relations media / religion catholique. Les donnés du problème y sont très clairement énoncées – ce qui ne donne pas beaucoup d’espoir dans ce domaine !

    Concernant la question de la distinction profane / sacrée en fin de note, je serais beaucoup plus prudent : il me semble que c’est justement par son abolition qu’on peut trouver une des raisons de la désertion des églises (je ne parle pas des touristes !) – le pape Benoît XVI s’efforçant justement d’y ré-introduire le sens du sacré.

    On peut relever que ce fut l’un des grands combats du Concile de Trente que de réinstaurer une claire distinction profane/sacré, qui se traduisit matériellement par des clôtures, en réaction à l’invasion du profane dans les églises. On demande également aux prêtres de se distinguer des laïcs par le vêtement et une attitude « grave et empreinte de religiosité ». Bref, on veut marquer une claire distinction.

    Finalement on rejoint la problématique plus globale du temporel et du spirituel : la ligne est assez subtile et l’équilibre pas facile à trouver, et rendre à chacun son dû est compliqué (c’est le rôle de la liturgie je pense). Mais il est indispensable de maintenir une distinction : Jésus-Christ n’est pas de ce monde ; il est le médiateur entre les hommes et Dieu, qui est le tout autre, car il est pleinement homme, mais également pleinement Dieu, sans confusion – en conséquence, s’il y a confusion sacré/profane, tous les sacrements se trouvent caducs.

    Le voile du temple est donc certes déchiré, mais il est remplacé en qq sorte par le tabernacle. Et n’oublions pas que c’est Jésus qui chasse les marchands de la maison de son père…

  • Si on est un peu girardien – ce qui est mon cas – on serait bien d’accord avec le lien sacré/paganisme ; il n’est qu’à voir la réutilisation du sacré « sacrificiel » par bien des tenants de l’art contemporain, pour ne prendre que des exemples récents..

  • Certes, mais il faut se garder des positions jusqu’au-boutistes. On a toujours tendance à vouloir absolutiser les positions des autres. L’un sera tout-sacré, l’autre rien-de-sacré. Je ne suis pas Laurent Grzybwoski et ne parlerai donc pas à sa place mais je ne pense pas qu’il soit opposé à ce qui relèverait simplement du sens du respect. De même, il me semble aussi que, bien souvent, ce qu’on entend par « sens du sacré » relève du sens de la beauté.

    Le Concile de Trente a pu vouloir répondre à une dérive mais cela retire-t-il quelque chose à ce sens plus profond de « Dieu au milieu des Hommes » ?

    Tenez, rien qu’hier, je signalais à ma femme que dans la paroisse de Lille où nous étions, une famille avait rangé leur vélo et leurs trotinettes à mi-hauteur dans la nef, ce qui me semble inconvenant. Je doute également que LG y soit spécialement favorable. Mais encore une fois, n’absolutisons pas les positions : dire que le sacré s’est mêlé aux profanes n’équivaut pas à un blanc-seing au bordel total dans les églises.

    Courtlaïus a écrit ::

    Les donnés du problème y sont très clairement énoncées – ce qui ne donne pas beaucoup d’espoir dans ce domaine !

    J’ai bien aimé cette formule d’Etienne Perrot, sur un tout autre sujet : « Le propre du chrétien est d’espérer contre toute espérance« .

    Une étudiante de l’Ecole Supérieure du Journalisme disait, en fin de débat, que des étudiants de l’ESJ s’intéressaient de nouveau aux religions. Un DirCom de diocèse me disait, à un autre moment, qu’il parvenait finalement plus facilement à faire passer ses communiqués de presse avec la jeune génération qui, n’y connaissant rien, n’était pas très regardante. Il me disait aussi qu’elle était plus indifférente qu’hostile. Ce n’est pas satisfaisant, mais cela laisse de la place à l’espoir, et notamment à celui que l’on puisse parvenir à quelque chose par le dialogue et la rencontre.

  • @ Courtlaïus,

    verbatim: « On demande également aux prêtres de se distinguer des laïcs par le vêtement et une attitude « grave et empreinte de religiosité ». Bref, on veut marquer une claire distinction. »

    Oui, mais faut pas trop forcer parce qu’ils vont vite ressembler à des femmes voilées.

    Mouarf!

    Faut se méfier avec le dress code: il dicte des comportements parfois décalés.

    Tenez, imaginez vous dans l’uniforme d’un nazi en face d’un juif. Tout de suite vous aurez envie de faire des conneries.

  • @ danette,

    Comme dirait Koz, puis-je espérer contre toute espérance que cette si belle religion compte plus de deux fidèles?

    Auquel cas vous seriez un miracle.

  • Je suis pris d’un doute. L’angoisse d’avoir mal fait. Je ne vous ai pas encore mis dans la boîte à trolls, vous ? Serait-ce une étourderie de ma part ? Détrompez-moi. Une autre fois, tout du moins.

  • Je ne comprends pas trop la position de Laurent Grzybowski sur le sacré.
    Je ne dois pas avoir lu la même définition que lui chez un historien éminent des religions comme Mircea Eliade.
    Le sacré n’est pas du tout respect ou mise à distance de Dieu.
    C’est plutôt ce qui est « réel » et qui fait sens dans la relation au monde de l’homme.
    Il n’y a pas « mise à distance » mais au contraire surgissement, dévoilement, union, etc.

    Le sacré repose justement dans la croyance que le monde n’est pas uniforme et continu mais qu’il y a des fractures ou des discontinuité qui font sens et résonne pour l’être humain religieux.

    Un simple exemple est la division de l’espace. L’étymologie indo-européenne du mot temple est « tem » qui veut dire coupé ou divisé.

    Que l’on estime par la suite qu’un lieu retranché du monde profane mérite du respect et de l’attention, peut-être, mais cela n’est qu’une représentation bien tiède et très sociale, du mouvement de l’âme que génère le sacré.

  • Et ur le sacré, il y a des milliers d’exemples , un musulman qui rentre sur la place de la Kaaba au sein de la Mosquée sacrée, un catholique sur la Place Saint Pierre au moment de la bénédiction papale, etc.
    Et on ne parle même pas des multiples « signes » qui jalonnent lavie, même d’un agnostique…

    J’aimerais que Laurent Grzybowski me dise où se trouve dans ses exemples la « mise à distance ».
    Si ce n’est que cela, ou du « respect » c’est bien fade et c’est une manière de dire que la religion n’aurait pas de place à occuper, ici et maintenant. Où est même la place de la vie d’un homme sans sens ou signification dans son rapport au monde ?

    Crever d’espérance en attendant un signe ? il n’y aurait tristesse et pas de joie… c’est une conception extrêmement doloriste.

  • tlhote a écrit ::

    J’aimerais que Laurent Grzybowski me dise où se trouve dans ses exemples la « mise à distance ». Si ce n’est que cela, ou du « respect » c’est bien fade et c’est une manière de dire que la religion n’aurait pas de place à occuper, ici et maintenant. Où est même la place de la vie d’un homme sans sens ou signification dans son rapport au monde ?

    La notion de « mise à distance » se trouve dans l’étymologie du mot : du latin sacire qui se traduit par rendre inviolable, délimiter. Ce qui est sacré est exclusif, protégé. A l’origine, quelque chose de sacré était bien quelque chose d’interdit au profane. Par exemple le Saint des Saints, où venait habiter le Saint Nom (le Seigneur), qui n’était accessible qu’au Grand Prêtre. Il y a bien dans la notion originelle de « sacré » une prise de distance entre Dieu et l’Homme.

    Je parlerais pour ma part de « nécessaire objectivation ». Parce qu’avant de pouvoir saisir en nous la présence de Dieu, il faut avoir conscience de sa parfaite altérité. Sauter les étapes de la révélation divine, c’est juste risquer une fois de plus de se prendre pour Dieu.

  • Ce n’est pas Dieu qui se met à distance de l’homme, mais l’homme qui s’est mis à distance par le péché.

    L’abîme a été franchi par l’incarnation, la passion et la résurrection de Jésus-Christ. Nous pouvons nous aussi franchir cet abîme en nous unissant au Christ, encore faut-il en reconnaître l’existence.

  • Ces Etats généraux, suivi par presse uniquement, m’ont laissé un peu dubitatif… Si un point unifiant est toujours bon, j’ai eu un peu l’impression d’un nième club bavard de gens bien entre eux (entre nous, je m’y colle !). Sexe des Anges et lexicologie à l’heure des 25 avortements/heure et des 5 suicides/jour, alors que chacun des petits que vous aurez etc…
    Etrangement le mot « Jesus » apparait peu voire pas dans les titres de forum, c’est pourtant le point de départ de notre force ? On sait le subtil distinguo de certains, préférant la promotion du concept de « Christ » à celui d’un juif ressucité, mais bon…
    Pour en revenir sur le forum, le titre me paraît symptomatique de notre approche assez franco-nombriliste : « Faut-il avoir peur ? », à la sauce interrogativo-médiatique-journalistique, alors que JPII nous précisait il y a 33 ans « N’ayez pas peur », nettement plus prophétique. Car il semble bien que ce qui nous manque aujourd’hui (et pas au Concile de Trente), ce sont des prophètes témoins forts parlant les mots d’aujourd’hui, accueillants et ouverts, mais aussi libérateurs et justes (parlant vrai)…
    Enorme job ! Car les justification du gender, du mariage hétéro, sont complètement hors piste si on ne parle pas de la Trinité, de la nature même de l’être -créé à l’image de Dieu, etc..- : sur ces sujets, finalement anecdotiques pour des non chrétiens, on tourne aujourd’hui en rond sur des concepts socio-tradis, un peu bancals.
    Je suis peut-être un peu agressif, pas trop relu, mais si ces forums pouvaient engendrer de vraies missions de terrain, des portes à portes physiques -la mission sur Facebook est juste un racolage, nécessaire mais aux échappatoires faciles-, des témoignages là où nous sommes, des nuits d’adoration, et pas de nièmes « journées de rapport des Etats généraux pour le diocèse de truc », ce serait pas mal…
    « Tout ce que vous avez fait au plus petit,… » et il y a du boulot hic, nunc,
    Bref, j’ai suivi -de loin- les Etats généraux…

  • Je vous trouve en effet un peu sévère, et un peu injuste. Vous avez un peu la même attitude, mais inversée sur l’échiquier, que la personne qui reprochait par exemple à Marc de Leyritz que les parcours alpha ne mènent pas à un engagement social. Pourquoi considérer qu’un évènement doit répondre à toutes les exigences ? Pourquoi n’y aurait-il que quelques thèmes légitimes ? La vie des chrétiens doit-elle s’arrêter parce qu’il y a l’avortement ? Et ne faut-il pas être soi-même un chrétien enraciné – intellectuellement et spirituellement, voire aussi physiquement – pour agir ensuite ? « Sexe des anges » ? Avez-vous seulement pris connaissance des thèmes traités ?

    Et « Faut-il avoir peur ? » serait franco-nombriliste ? Vous pensez vraiment que ce n’est pas un sujet également hors de France ? Soit dit en passant, l’évènement rassemblant des Français, ce ne serait même pas déconnant d’évoquer une problématique française.

    Bref, ne croyez pas qu’il n’y ait qu’un sujet unique qui s’imposerait nécessairement aux cathos… Laissez-les vivre !

  • Désolé d’avoir été injuste -vérité sans charité aucun intérêt et sans prétendre à la détenir du tout-.
    Très facile pour moi de partir en live comme çà après coup ! Et, enfin, c’est déjà bcp mieux que rien, et incite à avancer !

    Pour affiner, la visée de l’évènement était bien « général » et global, donc devant toucher tout (ou presque) ; encore une fois vu de l’extérieur par presse interposée, l’evt a SEMBLE parfois déconnecté de la source du « core business » chrétien, qui est Jésus-Christ. Tout sujet est légitime évidemment, mais il s’agit de hiérarchie pour « le temps que nous avons et qui est limité » -Steve Jobs 2005 pour changer de registre-. Par exemple, « la démocratie se perd-elle dans la société du spectacle ? », grand forum, relève-t-il du core business chrétien ? Sujet pas ininteressant et parfaitement légitime en soit, mais n’y a-t-il pas plus urgent ou plus pertinemment chrétien ?
    J’ai bien pris connaissance des sujets, mais trouvais qu’y pouvait manquer le lien à cette source chrétienne, Jésus Christ & Credo. J’y distinguais un peu plus la défense d’une tradition sociale européenne judéo-chrétienne sur des thèmes sympas mais pas centraux (où a-t-on traité qq chose du genre la nature de l’homme selon le christianisme p.exemple) que le lancement d’hommes nouveaux ayant le feu au coeur, transportés par un Verbe (cf quand même l’excellent P.Gourrier, et les père du désert, extrêmement profonds et modernes). Et plus on s’éloigne moins la parole est pertinente. Comment expliquer les choses à notre monde sans la Rédemption de Jésus, le péché et la grâce etc.., avec d’autres mots peut-être, mais les forums jouent des concepts (ex : qu’avons-nous fait de l’amour, très philosophico-blabla, mais on oublie parfois un peu que le l’amour, c’est d’abord un Dieu trinitaire incarné/mort etc). Pas facile, pas du tout, mais c’est bien notre raison ?

    L »aspect « français » relève d’une tradition bien de chez nous (et de mes années en pays afro-orientaux à la culture plus anglo-saxonne, donc très perso), celle de faire des questions un but plus qu’un moyen (« Faut-il avoir peur ? » plus que « N’ayez pas peur ! »). J’avoue être plus attiré par des topos affirmatifs que par une accroche interrogative (100% des sujets étrangement) qui répéte les 100 000 questions que je porte en moi…

    Bref, c’est donc bien de cet enracinement très profond dont je parle, qui seul permet d’agir de façon approprié (jouer à la source et non gérer chaque fuite).

    +

  • Il est certain que La Vie appartient à une sensibilité qui donne une importance particulière à l’action sociale et qui est probablement marquée par des souvenirs d' »enfouissement », en ce sens qu’elle met peut-être moins directement en avant l’aspect strictement spirituel et davantage l’existence d’un « regard chrétien » sur les sujets abordés.

    Mais soit.

    Moi, je considère qu’il s’agit d’une sensibilité qui existe et existera toujours. Et, comme le disait le premier commentateur :

    KPM a écrit ::

    « Je ne cherche pas à convaincre d’erreur mon adversaire, mais à m’unir à lui dans une vérité plus haute ».

    Encore que je ne parlerais ni d’erreur ni d’adversaire.

    jean duma a écrit ::

    J’avoue être plus attiré par des topos affirmatifs que par une accroche interrogative (100% des sujets étrangement) qui répéte les 100 000 questions que je porte en moi…

    Ce ne sont pas des topos mais des débats. Si vous intitulez le débat de façon affirmative, vous bridez un peu le questionnement.

    Maintenant, sérieusement, pensez-vous qu’à la question « faut-il avoir peur ?« , la réponse de La Vie soit positive ?

  • Koz j apprécie vraiment vos causeries auxquelles j abandonne volontier de mon temps parce qu elles sont souvent instructives et rafraîchissantes. Cependant permettez moi en tant que membre de l Emmanuel de dire qu une de nos « devises » est etre dans le monde sans être du monde. Je ne crois pas que le message véhiculé lors des sessions d ete de Paray soit de fuir le monde dans la priere mais bien au contraire de prier pour aimer le monde et désirer agir pour lui.
    En toute amitié
    Samuel

    Ps excusez l orthographe mon iPhone ignore manifestement les accents 🙂

  • Ah mais comme je l’ai dit, je ne fais aucun procès à l’Emmanuel. Je voulais juste illustrer l’existence de deux sensibilités différentes. L’une insiste plus sur un point, l’autre sur un autre, mais peut-on penser que les « cathos sociaux » ignorent le spirituel et les « cathos spis » ignorent le monde ?

  • Vous avez raison koz. Et on npeu meme rendre grace pour la générosité des chrétiens « sociaux ». Comme vous l avez dit plus haut on devrait toujours se réjouir de ce qui nous réunis plutot que de s attarder sur ce qui nous sépare. Et en l occurrence ce qui nous réunis c est le Christ!

  • Je me permets une petite remarque sur ton intervention très intéressante par ailleurs.Le 3eme exemple que tu prends pour démontrer l’anticatholicisme des médias me semble très ancré dans un temps particulier. Les indignés étaient dans la rue depuis des mois car les espagnols n’arrivent pas à trouver du travail et donc à manger. Le coût de ces JMJ devait naturellement émerger de cet état de fait.Je ne me souviens pas de ce questionnement pour Cologne mais je me trompe peut-être.

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  • La question du coût est invoquée de façon tout à fait systématique. Elle l’a été en France en 1997, l’avait été en 1995. Elle l’a encore été en Angleterre l’an dernier alors que Hessel n’avait pas encore publié son bouquin. C’est une séquence quasi-automatisée.

  • Connaissez-vous Teilhard de Chardin ?

    Pour moi, le Christ est plus grand que tout. Il est présent dans l’univers depuis le commencement. Nous sommes tous sous le regard de Dieu. Il crée l’univers par évolution. Il en est l’alpha, l’évoluteur et l’oméga. L’univers, tout ce que nous faisons, toute notre vie et nous même sommes sacrés.

    Mais étant humains, nous avons besoin de signes qui nous guident et nous manifeste ce sacré. Le Christ s’est fait homme pour nous révéler à nous en tant qu’humain le sens que ce Dieu d’Amour veut que nous donnions à notre vie. Jésus est le Guide de l’Humanité. Il veut que nous l’aimions et principalement dans notre cœur et que nous agissions pour faire progresser en amour de tout ce qui est en création dans l’univers.
    Il n’y a donc pas de sacré et de profane. Tout est sacré même si nous n’en avons pas conscience.
    Cependant, il y a des lieux et des circonstances dans notre vie ou ce sacré se manifeste à nous et ou nous entrons plus particulièrement en relation avec lui pour nous conduire au divin. Nous avons tous des missions différentes dans l’action au sein de ce monde pour le faire progresser et dans la relation avec Dieu. Ces deux directions ne s’excluent pas l’une et l’autre mais sont inséparables.

  • Bonjour,

    je pense qu’il y aurait beaucoup à dire sur « les médias » français, une profession sur le déclin, et dont l’opinion n’intéresse plus grand monde: j’ai entendu il y a deux jours que les français préféraient 20 minutes à Libération ou au Monde car le premier est gratuit, et surtout, dans 20 minutes, il y a les faits, pas l’opinion d’un journaliste vivant dans le cercle frelaté du tout Paris dont tout le monde se moque.

    Mais pour construire des relations sur de bonnes bases entre medias et l’Eglise, il faudrait à mon avis se mettre d’accord sur le fait que l’Eglise est une voix légitime dans les débats en France, mais une voix minoritaire parmi d’autres a priori aussi légitimes. Il faudrait que les deux côtés l’acceptent, et cela semble mal parti.

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