Le Choc

Un séjour en Vendée est-il susceptible de provoquer une quelconque distorsion de l’espace-temps ? De même que le TGV rend malades les vaches de Goscinny, ai-je roulé excessivement vite sur le chemin du retour pour me trouver concomitamment d’accord avec Guillermo et Versac sur leurs billets d’hier.

En deux ans de blogage, je ne suis pas inquiet : j’ai nécessairement été d’accord à tout le moins une fois avec Guillermo, et une fois avec Versac. Ca fait pas un pli. Ils écrivent beaucoup : on devrait donc pouvoir trouver ça. Mais les deux, le même jour, c’est assurément un évènement porteur d’un signe. Il y a quelque chose à interpréter, là-dedans, les mecs, c’est une certitude.

Guillermo fustige le comportement de ceux qui exigent que la justice soit faite en France, dans l’affaire de l’Arche de Zoé.

En ce qui me concerne, je suis resté prudemment à l’écart de cette affaire depuis qu’elle s’est déclenchée, hormis un commentaire chez FrédéricLN. Non que je n’ai pas d’opinion sur le sujet. Vous me connaissez : j’ai un avis sur tout. Limite gonflant, le blogueur, d’ailleurs. Mais il me semblait qu’il y avait trop d’informations contraires et que l’attitude du gouvernement cachait trop ostensiblement (il faut le faire, ça, cacher ostensiblement) quelque chose pour se prononcer. J’avoue aussi qu’il n’y avait pas là que de la vertu mais aussi pas mal de fatigue.

Très circonspect sur le comportement de cette association, qui risque d’avoir porté un grave coup au crédit des ONG françaises sur les divers terrains sur lesquelles elles exercent, je suis allé jusqu’à mettre en doute mon jugement, en constatant que certains soutiens de l’association semblaient se caractériser par leur opposition au gouvernement, tandis que mes critiques auraient pu être perçues comme une défense de principe. Maintenant que je pense comme tout le monde, je suis tranquille.

Ou presque. Parce que voilà, le billet de Guillermo dont je partage l’optique – colonialisme judiciaire – comporte en fin de compte une critique envers notre bien-aimé président. Eh oui. Mais halte là, mes gaillards, n’allez pas méjuger l’intégrité intellectuelle de Guillermo : son billet est d’hier, la déclaration de Sarkozy, de ce matin. Ce sont au demeurant quelques voix de gauche qui ont déploré que Nicolas Sarkozy n’ait ramené que les hôtesses (on le comprend, maintenant qu’il est seul) et les journalistes.

Nous pouvons donc raisonner librement. Et me voilà d’accord avec Guillermo : si l’on peut comprendre les craintes exprimées sur la possibilité de voir s’appliquer une justice équitable – notamment lorsque l’on voit une ordure telle que Déby, qui armait des enfants, tenter de faire pleurer dans les chaumières tchadiennes – exiger que le procès se tienne en France tient du colonialisme, ou du racisme. Verel fait le parallèle, sous le billet de Guillermo, entre cette affaire et l’affaire Cantat et tenons-en nous là effectivement : qu’ils soient jugés au Tchad, et qu’ils exécutent leur peine en France.

Un tchadien interrogé hier soir le disait clairement (en substance) :

« Les faits ont été commis au Tchad et le Tchad est un pays souverain, indépendant depuis la déclaration d’indépendance de 1960 ! »

Pour le reste, Guillermo a raison, aussi malheureux cela soit-il pour les humanitaires concernés (si on les suppose de bonne foi) :

« Cette exigence est insupportable, car elle sous-entend que les européens peuvent et doivent échapper à la justice ordinaire des africains. Bien sûr que la justice tchadienne n’a pas les moyens d’enquêter ni n’est independante comme la justice française, mais les délits sont avérés, ont été commis au Tchad, et il fallait y penser avant. Et si les conditions de détention sont insupportables, elles le sont pour tout le monde. Qu’on se batte pour des conditions décentes de détention pour tous nous honorerait, mais qu’on propose un traitement VIP pour l’ONG bidon n’est pas acceptable : cela pue le néo-colonialisme à plein nez. »

Bon, la référence au néo-colonialisme fait gauchiste mais après tout, j’ai aussi des amis de gauche (que j’invite à dîner avec mes amis juifs, mes amis noirs, et mes amis protestants libéraux). Et la référence n’est pas infondée.

* * *

Versac, lui, s’interroge sur le traitement du cas Rachida Dati et sur l’acharnement dont elle fait preuve de la part de certains, notamment sur la question de ses diplômes.

Lorsque l’enquête de L’Express est parue, l’une des secrétaires du cabinet, au jugement acéré, était en rage, demandant à quoi cela rimait de faire une enquête sur les diplômes de Dati et si l’on réservait vraiment le même traitement à tous les ministres ou si le fait qu’elle soit femme, et d’origine maghrébine pouvait avoir une influence quelconque. Et pourtant, combien y en a-t-il de ces « arrangeurs » de diplômes ?

Je ne crois pas L’Express mysogine, ni raciste, en tout cas jusqu’à preuve contraire.

Formalisé par Versac, cela donne ceci :

« Et c’est vrai : enquête-t-on autant sur Dominique Bussereau (exemple pris au hasard) ? Non. Pourquoi ? Parce que Dominique Bussereau est un bon produit d’un système installé, qu’il a bien fait son aparatchik de parti, qu’il est mâle, blanc, de terroir, qu’il a su garder ses amitiés politiques, qu’il n’est pas sorti de la botte d’un président en un clin d’oeil. Dominique Bussereau n’étonne pas. Rachida Dati, elle, intrigue : on pourrait donc réussir sans être blanc, mâle, dominant ?

L’enquête donne peu, donc, pour l’instant. Elle se concentre sur des aspects qui me semblent mineurs, du caractère (elle serait odieuse ? elle aurait été peu claire sur des diplômes aisément vérifiables ?). C’est signe, surtout, que le sujet intéresse, fait vendre, entretient de l’histoire, nourrit de la conversation. L’enquête, pourtant, pourrait nous raconter une histoire, celle d’une réussite qui passe par une subtile compréhension des parrainages et des amitiés, de l’alliance du public et du privé, mais dans un mode non conventionnel, plein de culot, et surtout, jusqu’ici réservé à une élite installée.

Faut-il donc enquêter sur Rachida Dati, ses amitiés, son parcours, à charge ? Oui, sans doute, mais autant que pour les autres : ce n’est pas parce qu’elle n’avait pas une connaissance innée des logiques de passe-droits de la République qu’on doit porter ça, plus que pour les autres, à sa décharge.

Bref, il serait temps de normaliser Rachida Dati, d’arrêter avec le délire de ce conte sarkozien, pour entrer dans la réalité de son action, non ? »

J’ai toutefois tendance à porter malgré tout son origine sociale « à la décharge » de Rachida Dati.

Dans un pays dont on dit, semble-t-il à juste titre, que son ascenseur social ne fonctionne plus, quitter le milieu dont elle vient a peut-être supposé quelques accommodements, a peut-être nécessité qu’elle joue des relations qu’elle pouvait nouer lorsque l’opportunité se présentait (ainsi lorsqu’elle affiche un niveau DEA parce qu’elle avait préféré rejoindre Jacques Attali à la BERD, même si certes, on fait de meilleurs choix).

C’est encore plus « risible » lorsque l’on pense à l’argument si souvent entendu selon lequel la France serait un pays dans lequel on prêterait une attention excessive aux diplômes et non aux capacités, aux potentialités ce qui, au demeurant, ne peut que désavantager certains jeunes prometteurs issus des quartiers difficiles.

Quant à son caractère, effectivement et là aussi, combien de fois s’est-on ainsi focalisé sur celui de ministres hommes et blancs ? Ce n’est pourtant pas faute que le vivier politique comporte, au moins autant que le Barreau, plus que sa part de caractériels…

Alors, oui, que ses opposants entrent dans la réalité de son action. Il y a certainement de quoi dire. Le reste n’est pas à leur gloire.

* * *

Il y a un enseignement à tirer de ces accords subits.

Moins je m’exprime, plus on partage mon avis.

Dure leçon pour un blogueur.

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51 commentaires

  • « j’ai aussi des amis de gauche (que j’invite à dîner avec mes amis juifs, mes amis noirs, et mes amis protestants libéraux) »

    Vos amis juifs et noirs sont tous de droite ?
    Elle est bizarre cette phrase.

    Sur le fond de votre billet, entièrement d’accord.

  • [quote comment= »55252″]Elle est bizarre cette phrase.[/quote]

    Ce n’est qu’une boutade auto-dérisante.

    [quote comment= »55253″]Il n’y a pas à dire, les vacances te font du bien – tu nous reviens indubitablement en très grande forme ![/quote]

    A votre service. Et pourtant, on peut faire mieux encore.

  • merci pour l’invitation du cote protestant , je passerais un de des jours, sinon epo as raison , les vacances te font du bien ! tu nous as ramene des photos ?

  • J’ai lu et relu, à la fois le billet de Koz et les pages d’infos sur l’Arche de Zoé.
    je n’ai pas d’opinion sur cette association, car je ne la connaîs pas.
    Il en ressort néanmoins, tous médias confondus – j’avoue n’avoir pas une grande confiance dans les médias, mais ils semblent tous d’accord ( sauf sur le cas de MF Peleran ) pour dire que cette association n’était pas clean.

    Par contre, ce que je constate – sans juger si l’action de NS est correcte ou pas sur le plan de l’article 49C de la convention et si la France peut effectivement avoir recours à l’article 29 de la convention d’extradition une fois le procès terminé – c’est que , lorsque N Sarkosy s’est déplacé au Tchad pour discuter de la libération des journalistes, nombre de voix se sont élevées pour critiquer le fait qu’il y avait deux poids deux mesures et qu’il aurait du aussi discuter sur le cas de ceux qui restaient.
    Alors que ce matin – même si effectivement il semble que ce soit une erreur de droit international et par là même une erreur diplomatique- des voix (les mêmes? ) s’élèvent pour critiquer son action !

    Alors, j’ai la triste impression que le problème n’est pas un éventuel « néocolonialisme » – même si cette action peut laisser sous entendre que la justice tchadienne n’est pas équitable et la vérité ne doit pas se dire en diplomatie- mais bien plutôt chercher quotidiennement, voire minute par minute, ce qui, dans l’action de Nicolas Sarkosy pourrait prêter à polémiques afin de le déstabiliser, tant sur le plan intérieur ( ce qui permettrait de remettre sur le devant de la scène la »force » des syndicats en mal de respectabilité ) que sur le plan de politique extérieure ( plan pour le Darfour ).

    J’espère me tromper en pensant qu’il s’agit d’enfoncer la politique extérieure française dès un faux pas de N Sarkosy, mais ai bien peur que non.

    La suite du billet sur Rachida Dati me semble d’ailleurs bien illustrer ce problème.
    Si elle avait été l’amie de François Mitterand, aurait on été vérifié ses diplômes ?

    Il est clair également que lorsqu’on voit le « barouf » qui a été fait parce qu’elle veut féminiser la profession de magistrats ( ou procureurs ? pardonnez moi, les subtilités de la hiérarchie judiciaire m’échappent royalement, sans jeux de mots ), on peut également se demander si la réflexion de la place des femmes dans la vie professionnelle et publique est bien enclenchée!

    Quant à son action au gouvernement, il me serait difficile d’en juger ( déjà que je n’arrive pas à faire la différence entre un procureur, un juge, un magistrat…).
    Néanmoins, habitant dans une toute petite sous préfecture où il n’y a jamais un chat au tribunal , je trouve logique qu’on le supprime . Il coûte cher tant d’entretien que de personnel ( mal aimable au demeurant, sans doute parce que peu habitué à recevoir du public..) pour franchement pas grand chose.

    Et puis croyez vous que les hommes qui l’entourent lui facilitent la tâche ?
    A croire qu’ils font des paris sur le temps qu’elle mettra à craquer !

    Maintenant, il est vrai qu’étant de sexe féminin, mon point de vue est forcément faussé !

  • Juste sur le parallèle entre l’affaire Cantat et celle de l’arche de Zoé, il y a tout de même deux différences essentielles, la première plus encore que l’autre d’ailleurs :
    1, ceux qu’on peut nommer victimes ici ne sont pas français, mais tchadiens
    2, je ne suis pas très au fait de l’affaire Cantat, mais il me semble qu’il a été incarcéré un moment en Lituanie avant d’être rapatrié en France pour purger le reste de sa peine.
    Donc, le parallèle ne me semble pas si évident.

  • Concernant Rachida Dati, l’erreur (la faute) de l’express n’est pas de s’être intéressé aux CV que Rachida Dati a déposé pour être admise à l’ENM (en effet, le problème n’est pas le CV qu’elle produit aujourd’hui, mais celui qui lui a permis de rentrer à l’ENM), mais d’avoir monté une affaire à partir de rien (le Canard enchaîné publie l’extrait du CV, il n’y a pas de quoi en faire un plat, c’est une façon assez classique de présenter une année d’étude non cloturée par un diplôme entre autre pour ne pas laisser de trous dans le CV).
    En revanche, il y a à mon sens un cafouillage complet du cabinet de Dati dans la gestion de cette histoire: il a fallu presaue une semaine pour voir la réalité du CV, l’entourage de Dati ayant préférer tenter la pression sur les journalistes plutôt que de présenter les faits bruts.

    PS: cependant, je suis sur la même longueur d’onde que Swissroll si l’affaire avait été flagrante, cela aurait mérité une démission de Dati (http://swissroll.info/?2007/10/25/1035-un-rachidagate

  • PS pour Koz,
    étant particulièrement fan de Goscinny, je voudrais bien savoir quelle est cette histoire de vaches et de TGV…bon, ce n’est pas une question grave au regard du reste du billet, mais je ne suis pas hors sujet non plus ! 😉

  • Comment ça, quel mépris pour les tchadiens ? On est quand même en train de parler d’une démocratie de pacotille, et, plus exactement, d’un régime autoritaire, avec un seul vrai patron, Idriss Déby, qui truque les élections, et pour être encore plus tranquille, muselle l’opposition.
    Quand là-dessus, on relit l’article du monde dont Koz fait état, on prend connaissance des déclarations du ministre de la justice. Les mecs du Bidule à Zoé, ils sont déjà jugés coupables ! M’enfin, les relations diplomatiques doivent-elles vraiment prendre le pas sur les droits de l’homme ? Il ne s’agit pas de néo-colonialisme, à mon sens.

  • Je suis forcément réticent à laisser un commentaire sur ce blog, y ayant été vertement conspué par le passé (j’avoue, à la naissance du mien, y avoir fait un peu de pub bien innocente), mais je tiens à dire que j’apprécie la mesure de ce billet, et suis heureux de voir un blogueur rappeler que si Rachida Dati a été critiquée, ce n’est pas forcément en raison de ses origines.

  • [quote comment= »55322″] suis heureux de voir un blogueur rappeler que si Rachida Dati a été critiquée, ce n’est pas forcément en raison de ses origines.[/quote]

    Non, c’est avant tout parce qu’elle est, de notoriété publique, proche d’un Sarkozy que les médias n’ont toujours pas eu le loisir de se « payer », malgré les diverses tentatives de Marianne et du Canard – à grands renforts de scoops foireux.

    Son origine, sociale ou ethnique, n’est donc pas le mobile : c’est un outil comme un autre pour ses détracteurs, comme lorsque nous avons droit au compte-rendu précis du procès de Jamal Dati, parce qu’il y a un espoir que cela éclabousse sa soeur. D’autres faisaient pareil avec le frère de Royal pendant la campagne, me direz-vous. Et vous aurez raison.

    Il y une phrase de ses entretiens avec Asko que reprend Laurent Geilsamer dans un article qui me plait beaucoup, c’est lorsqu’elle dit :

    « Le problème, […] c’est que les gens vous mettent une condition sociale sur le visage. Et sont persuadés d’être de fervents progressistes… »

    C’est tout le problème actuel de la gauche. A force d’être compatissante et condescendante avec les « minorités visibles », elle ne parvient plus à les estimer pour leurs compétences : celles-ci sont à jamais cataloguées. En ceci je rejoins Versac quand il dit :

    « Rachida Dati, elle, intrigue : on pourrait donc réussir sans être blanc, mâle, dominant ? »

  • Y a-t-il quelqu’un qui a lu l’article du Canard avant de l’accuser d’ignominie?
    Parce que, je l’ai lu, et trouve justement que c’est ce que le cabinet de Dati aurait du sortir lui même très rapidement pour faire dégonfler l’affaire (au lieu de tenter de faire pression sur les rédactions).
    Si le cabinet de Dati avait été un peu plus malin, un quotidien quelconque (le figaro?) aurait bénéficié d’une fuite le lendemain de l’article de l’Express contenant le document publié par le Canard et l’aurait commenté en disant que vraiment il n’y a pas de quoi s’exciter.
    Et je le répète, SI réellement Dati avait inventé un diplôme dans sa candidature à l’Ecole Nationale de la Magistrature, le sujet aurait été très sérieux, et une démission m’aurait semblé naturelle.
    Ici on ne parle pas du fait que Dati soit copine avec Sarkozy, ni qu’elle soit maghrébine, mais du fait qu’elle est Garde des Sceaux, et qu’il est difficilement envisageable que son passage à l’ENM n’ait eu aucune influence sur sa nomination à ce poste: si ce passage s’est fait sur des bases malhonnêtes c’est (à mon sens) une affaire sérieuse (un peu comme si on apprend qu’un ancien sportif nommé à la jeunesse et au sport s’est dopé pour obtenir ses médailles).

  • [quote comment= »55456″] si ce passage s’est fait sur des bases malhonnêtes c’est (à mon sens) une affaire sérieuse (un peu comme si on apprend qu’un ancien sportif nommé à la jeunesse et au sport s’est dopé pour obtenir ses médailles).[/quote]

    Le CV en question, celui sur lequel s’est appuyé le Canard, est visible ici :

    http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/la_justice_sous_pressions/20071031.OBS2309/

    Qu’y voit-on? Qu’elle y présente, sur une ligne, le MBA qu’elle a préparé – sans le valider, pour des raisons qui lui appartiennent, et qu’elle explique dans son livre.

    Tous les amis que je connais qui ont été dans ce cas de figure, celui de préparer un examen sans le valider – ou en échouant – font de même, car le CV, aux dernières nouvelles, reste un outil pédagogique de mise en valeur d’un parcours, non un catalogue d’échec, ni même un répertoire de diplômes. Son MBA est mentionné dans la partie « formation », et effectivement, elle a reçu la formation en question. Les recruteurs le savent, et débrouillent ceci lors de l’entretien, auquel l’intéressé(e) vient avec la copie des diplômes en question.

    Donc de 2 choses l’une :

    1) Soit les journalistes concernés sont de bonne foi, mais présentent une méconnaissance assez effarante du monde du travail dont ils se targuent de parler ;

    2) Soit ils sont de mauvaise foi, et à ce moment là, pour reprendre votre métaphore sportive, ils sont tout autant coupables qu’un quidam qui chercherait à détruire la carrière d’un sportif parce qu’il a vu dépasser une tablette de dolipranes de son sac.

    Alors, oui, c’est le Canard, et il faudrait tout lui permettre… Ok. Pas de problème. Après tout, dans l’écosystème, le vautour aussi a son rôle précis. Mais si on pouvait juste arrêter de faire comme s’il avait une haleine mentholée…

  • D’accord avec armel, et pas d’accord avec ce post (sur l’affaire Zoé). Vouloir juger ces crétins en France témoigne d’un profond mépris pour la justice tchadienne, mais ce profond mépris est parfaitement justifié.

    Ensuite, qu’il soit opportun ou non diplomatiquement de le signifier haut et fort, c’est une autre question. Mais la France est un Etat de droit, et le Tchad est un pays de merde. Le devoir de la France est de protéger ses ressortissants, fussent-ils de sombres connards, des atteintes aux droits de l’homme qu’ils sont susceptibles de subir.

    Pas en payant trop cher, certes. Mais quand même.

  • @JaK,

    C’est marrant cette histoire de pression sur les media. Ca fait plusieurs fois que j’en entends parler sans la moindre précision. Je n’arrive pas à savoir s’il y a vraiment eu des pressions ou si on glisse systématiquement ces insinuations dès qu’il s’agit de Sarko ou d’un de ses proches.

    Quant à l’incompétence que vous prêtez au cabinet de Dati, je commence à me demander si Sarko n’axe pas une grande partie de sa stratégie politique sur l’incapacité avérée de ses opposants à résister à la tentation de se jeter sur tous les chiffons rouges qui sont agités sous leur nez.

    Si le cab de Dati avait réagi promptement, il n’y aurait pas eu d’affaire et on en serait resté là. En réagissant plus tard, ils ont laissé tous les TSS primaires se ridiculiser et se décrédibiliser tout en faisant apparaître subtilement leur patronne (et par extension Sarko) comme une victime d’adversaires hyper-agressifs.

    Je ne suis pas certain que ce soit fait exprès, mais le schéma se répète tellement souvent (Clearstream, débat avec Royal, Wolfeboro, Guy Môquet…) que je commence à avoir un doute.

  • [quote comment= »55295″]Alors, j’ai la triste impression que le problème n’est pas un éventuel « néocolonialisme » (…) mais bien plutôt chercher quotidiennement, voire minute par minute, ce qui, dans l’action de Nicolas Sarkosy pourrait prêter à polémiques afin de le déstabiliser, tant sur le plan intérieur ( ce qui permettrait de remettre sur le devant de la scène la »force » des syndicats en mal de respectabilité ) que sur le plan de politique extérieure ( plan pour le Darfour ).[/quote]

    Loin de moi cette idée.

    Je ne sais pas ce qu’il en est pour Guillermo. Il me semble qu’il a effectivement écrit son billet avant les propos de Sarko. Pour d’autres, il me semble clair qu’ils ne réchigneront pas devant la contradiction pour le critiquer.

    [quote comment= »55299″]Je (…) suis heureux de voir un blogueur rappeler que si Rachida Dati a été critiquée, ce n’est pas forcément en raison de ses origines.[/quote]

    Pas forcément, et pas nécessairement explicitement. Mais que ses origines, le fait qu’elle soit femme, et qu’elle détonne ait été à l’origine des critiques (ne serait-ce que pour briser le « conte sarkozien »), ça oui, ça me paraît assez possible. Après, il y a aussi le besoin de vendre du papier. C’est assez misérable de la part de L’Express.

    [quote comment= »55463″]Alors, oui, c’est le Canard, et il faudrait tout lui permettre… Ok. Pas de problème. Après tout, dans l’écosystème, le vautour aussi a son rôle précis. Mais si on pouvait juste arrêter de faire comme s’il avait une haleine mentholée…[/quote]

    Ah tiens, connaissais pas, ça. Ca me plaît bien.

    [quote comment= »55465″]D’accord avec armel, et pas d’accord avec ce post (sur l’affaire Zoé). Vouloir juger ces crétins en France témoigne d’un profond mépris pour la justice tchadienne, mais ce profond mépris est parfaitement justifié.

    Ensuite, qu’il soit opportun ou non diplomatiquement de le signifier haut et fort, c’est une autre question. Mais la France est un Etat de droit, et le Tchad est un pays de merde.[/quote]

    Avec un peu d’assistance et une certaine attention, il me semble diplomatiquement possible de veiller à ce qu’ils écopent, s’ils doivent en écoper, d’une peine raisonnable, à exécuter ensuite en France, où l’on pourrait (si cela était nécessaire) s’arranger discrètement.

    [quote comment= »55477″]@JaK,

    C’est marrant cette histoire de pression sur les media. Ca fait plusieurs fois que j’en entends parler sans la moindre précision. Je n’arrive pas à savoir s’il y a vraiment eu des pressions ou si on glisse systématiquement ces insinuations dès qu’il s’agit de Sarko ou d’un de ses proches.[/quote]

    Qu’il s’agisse d’Aphatie ou, mais son cas est un peu particulier, de FOG, certains journalistes rappellent un élément qui ne me semble pas dépourvu de bon sens : si tu ne veux pas subir de pression, tu choisis un autre métier. Surtout pas directeur de la rédaction d’un hebdomadaire politique. Leur job est aussi de les gérer, les pressions. Non que je les excuse, mais qu’elles ont toujours existé et existeront toujours.

    FOG (dont je sais très bien ce que la gauche pense, merci) est assez sarcastique à l’égard de Barbier :

    Pour se faire mousser, Christophe Barbier fait état des interventions innombrables de la ministre ou de son équipe auprès de son vaillant directeur avant la publication d’une enquête gentillette intitulée : « La face cachée de Rachida Dati. » Mais il découvre la lune, le pauvre chat. Les puissants passent leur temps à faire pression sur nous. A nous de résister. C’est notre métier. Nous le faisons modestement, sans en tirer gloire. L’indépendance n’est jamais acquise, il faut la défendre.

  • @FC
     » le Tchad est un pays de merde  »
    voilà qui va faire plaisir aux tchadiens et les disposer favorablement à une extradition possible des ressortissants français, vous ne parlez pas du régime tchadien ou du Président Deby, mais du Tchad en général avec beaucoup de mépris.
     » le devoir de la France est de protéger ses ressortissants des atteintes aux droits de l’homme qu’ils sont susceptibles de subir  »
    Et si l’on parlait du devoir des humanitaires français de l’Arche de Zoe et des droits de la centaine d’enfants tchadiens qu’ils avaient décidé- sans en référer à personne ni au Tchad ni en France- de faire venir en France.
    Qu’il s’agisse de M.Breteau ou de sa compagne, le discours exalté est le même  » nous au moins on agit alors que le monde ne fait rien « ,  » si je dois aller en prison pour avoir sauvé des enfants, je serai fier  » cf le reportage sur M6
    Maintenant, si vous écoutez Rony Brauman de MSF, le discours change  » dire que le monde ne fait rien pour le Darfour est une contre-vérité, il y a plus de 12000 personnes au Darfour qui travaillent pour l’humanitaire, il faut arrêter de dire tout et n’importe quoi sur le Darfour  » cf c dans l’air sur France 5
    A quel titre M.Breteau décide-t-il qu’une centaine d’enfants tchadiens seront mieux en France dans des familles d’accueil que dans leur famille, car ils en ont, et dans leur pays ?
    parce que le Tchad est un pays de merde ?
    Ces  » humanitaires  » français ont menti à tout le monde et ils en sont fiers, les enfants tchadiens n’étaient pas en danger.
    Ce ne sont pas des criminels mais ce ne sont pas non plus d’inoffensifs zozos, ce sont des personnes nuisibles, nuisibles pour les autres ONG qui vont pâtir de cette histoire, nuisibles pour les enfants qu’ils étaient prêts à déraciner au nom de leur vision personnelle de l’humanitaire.
    Là encore, il faut écouter Rony Brauman de MSF quand il évoque avec réserve les adoptions d’enfants et aussi quand il s’interroge sur la capacité des pays occidentaux à intervenir pour faire cesser un conflit au Darfour ou ailleurs.
    M.Breteau et sa compagne sont à l’évidence dans le rôle de  » héros sauveteurs  » emportés dans le  » grand délire compassionnel  » dont parle Gérard Gachet sur son blog.

  • [quote comment= »55510″]Maintenant, si vous écoutez Rony Brauman de MSF, le discours change  » dire que le monde ne fait rien pour le Darfour est une contre-vérité, il y a plus de 12000 personnes au Darfour qui travaillent pour l’humanitaire, il faut arrêter de dire tout et n’importe quoi sur le Darfour  » cf c dans l’air sur France 5[/quote]

    Entendu aussi sur France2. Cela recadre quelque peu les perspectives.

    Il est vrai aussi que l’on devrait avoir, globalement, pour indice le fait que, si une tragédie se déroule réellement dans l’indifférence générale, alors, la probabilité est très élevée pour que nous n’en sachions rien.

    Le jour où l’information parvient à nos oreilles de simple citoyen, c’est que l’indifférence n’est clairement plus générale.

    Je ne suis, décidément, pas porté à l’indulgence envers Breteau et sa compagne. Il semble qu’une ONG plus sérieuse ait retrouvé pour la quasi-totalité des enfants des proches qu’ils considèrent comme leurs parents, et que Breteau et sa compagne aient menti aux parents tchadiens pour qu’ils leur confient leurs enfants (cela ressortirait du reportage du journaliste de Capa, que je n’ai malheureusement pas vu). Dans ces conditions, ok, les protéger est un devoir, mais plus les jours passent plus leur bonne foi me semble fortement sujette à caution.

  • @Liberal[quote comment= »55477″]@JaK,

    C’est marrant cette histoire de pression sur les media. Ca fait plusieurs fois que j’en entends parler sans la moindre précision. Je n’arrive pas à savoir s’il y a vraiment eu des pressions ou si on glisse systématiquement ces insinuations dès qu’il s’agit de Sarko ou d’un de ses proches.[/quote]
    Christophe BARBIER (qui est ce que vous voulez sauf un antisarkozyste primaire) indiquait sur son blog avoir subi « un déluge d’interventions »[1] (billet retiré) suite à l’article de l’express (Dati affirme semble-t-il qu’elle n’y est pour rien « Dès que je bouge une oreille, c’est comme une bombe » [2]
    Le journaliste du Canard a reçu un appel de Rachida Dati l’accusant presque de racisme s’il publiait son article (Rachida Dati reconnaît aussi avoir eu une conversation véhémente avec le journaliste du Canard Enchaîné [2]

    @ Damocles, vous n’avez manifestement pas compris mon propos (je croyais qu’il était pourtant clair):
    suite à l’article du Canard, je pense en effet qu’il n’y a pas lieu à s’intéresser plus avant à cette ‘affaire’. Par contre, après l’article initial de l’express, il y avait évidemment toutes les raisons de penser qu’une démission était une des deux alternatives possibles (l’autre étant la transparence). Il n’y a bien qu’en France qu’on traite ce genre de dossier par dessus la jambe.
    L’article du Canard ne fait d’ailleurs pas un scandale du CV (des pressions subies par contre…), ne demande pas la démission, ne prétend pas qu’elle a usurpé ses diplômes ou qu’elle est incompétentes. J’ai vraiment l’impression que la plupart des commentateurs de l’article du Canard n’en ont pas lu la moindre ligne!

  • @carredas

    Ma phrase sur le Tchad incriminait évidemment les conditions dans lesquelles on y vit, et donc le régime, comme il faut être d’une mauvaise foi abyssale pour ne pas le comprendre. Je sais que les gens de l’Arche de Zoé sont des blaireaux nuisibles, et je ne l’ai rappelé. Votre réponse n’a pas de rapport avec mon commentaire.

  • Ouf, j’ai eu peur. J’ai craint un instant que Dati aie assigné un journaliste en justice pour calomnie ou atteinte à la vie privée.

  • ben, si tu trouves ça normal et sain comme rapport entre le pouvoir et les média, alors, en effet cela ne pose aucun problème.

    On a le droit de penser que ce n’est pas comme ça que cela devrait fonctionner?
    Que c’est une anomalie bien française?
    Que si les journalistes français sont aussi pleutres face aux politiques c’est peut-être pour ce genre de raisons?
    Que si cela se perpétue, c’est parce que les français s’en foutent?
    On vit certainement dans une des seules démocratie au monde dans laquelle ce sont les journalistes qui ont peur des élus et non l’inverse!

  • Tu as le droit de penser ce que tu veux.

    Mais on a aussi le droit de penser que la France est le seul pays où un journaliste vient pleurnicher quand, après avoir publié un dossier qui ferait honte à un étudiant de première année d’école de journalisme, il se fait engueuler par la personne qu’il a essayé de salir.

    On a le droit de penser (et je vais mettre les points sur les i puisque tu ne sembles pas avoir saisi l’allusion) qu’il est plus choquant de voir Royal multiplier les procédures judiciaires à l’encontre de journalistes ou d’auteurs de livres qui lui déplaisent que de voir Dati passer un coup de fil à Barbier pour l’engueuler.

    On a le droit de penser, en lisant la tribune de Delanoë ce matin dans le Figaro qui répond à un récent édito d’Yves Thréard le critiquant, que c’est comme ça que ça devrait se passer. Delanoë a sans doute appelé Thréard pour l’engueuler. Plutôt que de hurler aux pressions inadmissibles, le Figaro lui donne un droit de réponse. On est en droit de penser que Thréard s’est grandi là où Barbier s’est vautré.

    On est en droit de penser que le principal problème de la presse française n’est pas que les journalistes ont peur des politiques, mais qu’ils couchent avec eux. Qu’il n’est pas que les politiques passent des coups de fils aux journalistes pour leur reprocher un travail de merde, mais plutôt qu’ils ont fait un travail de merde pour commencer.

  • Je suis assez d’accord avec ce que dit Guillermo mais je me pose une question sur le journaliste de Capa après avoir juste vu un extrait.
    Quand on assiste à un vol dans une banque on alerte pas la police ?
    Je ne préjuge en rien de sa responsabilité et je me garde bien de remettre en cause son travail.

  • @FC
    Il n’y a rien d’évident pour moi dans la pensée qui sous-tend les mots que vous utilisez.
    Si vous pensez  » régime tchadien  » alors parlez du régime tchadien et non du Tchad et n’ attendez pas des autres qu’ils comprennent ce que vous ne dites pas ( en les accusant de mauvaise foi pour faire bonne mesure )
    J’ai parlé de personnes nuisibles en évoquant les membres de l’Arche de Zoe, vous, vous parlez de blaireaux nuisibles ou de sombres connards et de crétins, je vous ai interpellé sur une de vos phrases que je trouvais méprisante pour le Tchad mais en fait vos propos sont méprisants pour tout le monde.

  • [quote comment= »55615″]Tu as le droit de penser ce que tu veux.

    Mais on a aussi le droit de penser que la France est le seul pays où un journaliste vient pleurnicher quand, après avoir publié un dossier qui ferait honte à un étudiant de première année d’école de journalisme, il se fait engueuler par la personne qu’il a essayé de salir.

    On a le droit de penser (et je vais mettre les points sur les i puisque tu ne sembles pas avoir saisi l’allusion) qu’il est plus choquant de voir Royal multiplier les procédures judiciaires à l’encontre de journalistes ou d’auteurs de livres qui lui déplaisent que de voir Dati passer un coup de fil à Barbier pour l’engueuler.

    On a le droit de penser, en lisant la tribune de Delanoë ce matin dans le Figaro qui répond à un récent édito d’Yves Thréard le critiquant, que c’est comme ça que ça devrait se passer. Delanoë a sans doute appelé Thréard pour l’engueuler. Plutôt que de hurler aux pressions inadmissibles, le Figaro lui donne un droit de réponse. On est en droit de penser que Thréard s’est grandi là où Barbier s’est vautré.

    On est en droit de penser que le principal problème de la presse française n’est pas que les journalistes ont peur des politiques, mais qu’ils couchent avec eux. Qu’il n’est pas que les politiques passent des coups de fils aux journalistes pour leur reprocher un travail de merde, mais plutôt qu’ils ont fait un travail de merde pour commencer.[/quote]

    Tu sais que j’aime bien ce que tu écris, toi ? 😉

    [quote comment= »55619″]Je suis assez d’accord avec ce que dit Guillermo mais je me pose une question sur le journaliste de Capa après avoir juste vu un extrait.
    Quand on assiste à un vol dans une banque on alerte pas la police ?[/quote]

    Il répondait à cette question, sur France 2, en disant que, si un journaliste posait la caméra chaque fois qu’il assistait à quelque chose qui n’était pas conforme à l’éthique, il n’y aurait plus de journalistes pour témoigner.

    Ca me convient assez comme réponse.

  • « en fait vos propos sont méprisants pour tout le monde. »

    Oui. Je suis d’humeur comme ça. En ce moment.

    Mais ils n’ont pas seulement une forme, mes propos, ils ont aussi un fond. Qui a ou n’a pas d’intérêt, mais qui est seul digne qu’on y réponde – ou pas.

    Sans quoi on sombre dans le commentaire d’articles de Libé.

  • Mettons bien les points sur les i si tu veux.
    Je pense, à l’inverse que la justice est le bon lieu pour savoir si une action quelle qu’elle soit (écrire un article est un exemple) est légitime ou ne l’est pas. C’est une technique de Farwest de penser que le règlement ‘face à face le plus costaud aura raison’ est préférable à l’oeil de la justice. Je pense également que passer par la justice est justement le seul moyen de faire les choses avec transparence (et donc que les français soient parfaitement au courant des actions menées).
    Mais oui, on a le droit de préférer la confrontation à la loi…

    Je ne tiens pas spécialement à défendre Ségolène Royal, je ne savais pas que dans ce type de billet il fallait absolument continuer à jouer les gentils contre les méchants, la droite contre la gauche… etc…
    Je trouve que ses pressions faites aux journalistes sont lamentables qu’elles viennent de droite ou de gauche (et je suis certain que le PS fait ça très bien aussi).

    Oui, une tribune de réponse est la bonne solution, mais:
    – rien n’indique que Delanoe a fait pression pour obtenir un droit de réponse (qui il me semble est un droit)
    – rien n’indique que Rachida Dati a fait la moindre demande de tribune de réponse, mais a plutôt demandé à ce que des articles ne parraissent pas.
    Je ne suis pas certain qu’il y ait le moindre rapport entre les deux démarches

  • [quote post= »510″]Je suis assez d’accord avec ce que dit Guillermo mais je me pose une question sur le journaliste de Capa après avoir juste vu un extrait.
    Quand on assiste à un vol dans une banque on alerte pas la police ?[/quote]

    Lire Thaïs a écrit plus haut…je ne sais pas comment rectifier.

    Je suis assez d’accord avec le questionnement de Thaïs et assez peu convaincue par les arguments du journaliste et du patron de l’agence Capa.
    J’imagine une situation différente. Un journaliste et son cameraman sont sur les lieux d’une inondation. Une personne est bloquée dans l’eau et risque la noyade.
    Les journalistes filment et commentent le sauvetage par les pompiers. Normal.
    Mais si il n’y a pas de pompiers ? Si à ce moment-là, il n’y a personne pour venir en aide à celui qui se noit ? Les journalistes doivent-ils continuer à filmer et commenter sans agir ?
    S’ils ne sont pas dans la capacité technique de venir en aide à celui qui se noit, n’essaient-ils pas de téléphoner aux pompiers pour les alerter et les faire venir ?

    Dans le cas de l’arche de Zoé, les journalistes n’étaient pas en train de filmer un conflit entre deux camps armés qui s’affrontent. Ils n’étaient pas non plus en train de risquer leur vie parce que tenus en joue par des braqueurs de banque en pleine action. Ils n’étaient pas non plus en train d’enquêter sur des agissements mafieux, enquête pour laquelle ils risquaient potentiellement leur vie.

    Alors, tout comme Thaïs, je m’interroge.
    Sur la femme journaliste de la trois aussi qui était là en tant que postulante pour accueillir un de ces enfants.
    Loin de moi le moindre souhait de les voir être condamnés à vingt ans de travaux forcés au Tchad. Mais, on peut tout de même se demander pourquoi la dénonciation de l’opération n’a pas été faite par exemple par l’un des journalistes.
    Encore une fois, questionnement n’est pas jugement, car je serais bien incapable d’affirmer qu’à leur place, je n’aurais pas agi comme eux.

  • Mais précisément, tu fais une distinction entre l’existence d’une menace de mort ou non. Ce que faisait aussi le cameraman. Et que doit faire un journaliste dans un camp de réfugiés ?

  • Une menace de mort ? Sur les journalistes, non. Tu veux dire sur les enfants ?
    Mais alors, pourquoi dans les interviews autant de questions des journalistes sur la possibilité d’erreurs sur la nature orpheline et soudanaise des enfants ?
    Et pour le camp de réfugiés, j’aurais tendance à placer ce cas dans la même famille que le conflit armé.
    Toute la différence, peut-être, vient de ce qu’on se trouve dans une situation à laquelle on ne peut rien changer individuellement ou pas.
    Et on peut se demander si là, un certain nombre de personnes n’étaient pas dans la possibilité de faire quelque chose.
    Mais je le répète encore, et le répèterai autant de fois que je parlerai du sujet, c’est une question, une gêne, pas un jugement.

  • Ou j’ai mal compris ta question et tu voulais dire que comme il n’y avait pas menace de mort sur les enfants du fait de l’arche de Zoé, il n’était pas indispensable d’agir ?
    Mais le déracinement d’enfants est tout de même lourd de conséquence, même si effectivement, il ne s’agit pas de mort.

  • Mon exemple était mal choisi car il ne s’agissait que de biens matériels ; de là à faire une distinction entre menace de mort ou non je ne pense pas à mon humble avis que ce soit acceptable. Il est sur qu’entre une menace de mort dont le journaliste est témoin et un rapt d’enfants il y a une différence mais de là à se taire ? Non !
    Mais je ne veux pas anticiper et comme le dit cilia « Encore une fois, questionnement n’est pas jugement »

    Moi je suis parent et si j’apprends que mon enfant a été enlevé et que cet enlèvement a été filmé, j’hurle et le journaliste qui n’a rien fait pour l’empêcher se prend un poing dans la g…..
    C’est tout !

  • [quote comment= »55615″]Mais on a aussi le droit de penser que la France est le seul pays où un journaliste vient pleurnicher quand, après avoir publié un dossier qui ferait honte à un étudiant de première année d’école de journalisme, il se fait engueuler par la personne qu’il a essayé de salir.

    On est en droit de penser que le principal problème de la presse française n’est pas que les journalistes ont peur des politiques, mais qu’ils couchent avec eux. Qu’il n’est pas que les politiques passent des coups de fils aux journalistes pour leur reprocher un travail de merde, mais plutôt qu’ils ont fait un travail de merde pour commencer.[/quote]

    Je ne veux pas tomber dans les congratulations confraternelles vu que je suis un peu de la boutique, mais que c’est bien dit et avec peu de mots.

    A tel point que tu me coupes la pensée sous le pied. Ce qui ne m’empêchera pas d’intervenir, mais avec plus de détails :

    Ca me rappelle une anecdote qui répond à plusieurs points des propos de JaK. J’étais allé il y a quelques années consulter un avocat assez connu sur Paris qui est devenu du reste un ami depuis. A peine entré dans son bureau, le téléphone sonne et il a au bout du fil une journaliste du Monde qui répondait à un message laissé par lui à la rédaction un peu plus tôt. Elle l’avait allumer la veille pour les besoins de son article (et surtout pour tenter de salir quelqu’un d’autre par amalgame) en ressortant une vieille histoire archi fausse, archi prouvée comme telle, archi réfutée dans le passé, etc.

    Je n’entendais que la moitié de la conversation, mais il lui a d’abord demander poliment une correction. Elle l’a envoyé bouler en lui sortant d’après ce que j’ai compris une position de principe et en l’invitant à utiliser les voies judiciaires s’il le souhaitait. Et c’est là que ça a commencé…

    J’ai rarement vu quelqu’un se faire engueuler de la sorte. Il lui a sorti une diatribe de 15 minutes dans laquelle à peu près tout est passé : les doutes sur son professionalisme, ses intentions politiques cachées avec moult détail, que LUI, à la différence d’ELLE, ne couchait pas avec tel juge d’instruction en vue (en le nommant) pour obtenir des PV d’audition, etc. pour finir par une longue explication révélant que LUI, n’avait pas eu besoin pour faire carrière, à la différence d’ELLE, de devenir la maîtresse de tels et tels hommes politiques au pouvoir (en les nommant).

    A la fin, j’ai vaguement perçu un faible gargouillis en provenance du combiné, généralement signe d’un évanouissement proche, avant qu’il ne lui raccroche au nez. Inutile de dire, que je me suis enfoncé de deux cm dans le rembourrage du fauteuil mais je buvais du petit lait en me faisant oublier. Le lendemain, un correctif bien placé était publié dans Le Monde. Ce jour là, j’ai beaucoup appris sur le boulot d’attaché de presse et, accessoirement, un peu plus sur les moeurs en vigueur dans ces sphères.

    Bon c’est clair JaK, je ne dis pas que cette ambiance western devrait être la règle déterminant les relations entre la presse et le pouvoir, mais il faudrait un jour que tu pousses la porte du monde réel pour quitter le monde de bisounours fantasmé du « quatrième pouvoir ».

    Bien entendu, ça ne veut pas dire que « la liberté de la presse » en tant que droit inaliénable doit être écorné d’une quelconque manière, mais ça veut dire qu’un autre droit, « celui de prendre son téléphone et dire à un con ce que l’on pense de ses méthodes crapuleuses » (aka « la liberté d’expression ») doit aussi exister en contrepartie. Et si certains journalistes abusent de leur liberté en violation complète de leur ethique professionnelle, il est absolument sain pour la démocratie et pour la liberté de la presse elle-même qu’ils se l’entendent dire.

    Tu suggères que « la justice est le bon lieu pour savoir si une action quelle qu’elle soit (écrire un article est un exemple) est légitime ou ne l’est pas ». Cela me parait être une façon bien curieuse de défendre ces libertés. Faudrait-il déléguer aux juges, avec tout ce que comporte cette délégation en termes d’arbitraires et de lenteur, l’appréciation de la légitimité de tout article avant sa publication ? Faudrait-il soumettre l’ensemble des publications à l’oeil soupçonneux de la magistrature après coup ?

    Ou penses-tu réellement, qu’un procès en diffamation, soit la façon correcte de réguler l’éthique journalistique ou même soit la façon correcte de redresser les torts ?

    Encore une fois, par pitié, ouvre la porte de la dure réalité du monde de la justice et de la vie tout court. Un article pourri et salissant mais habilement écrit paru en Une (et qui peut littéralement ruiner la vie de quelqu’un sur la base de mensonges et de rumeurs) est toujours extrêmement difficile à attaquer.

    De plus, le bénéfice d’un procès est pour le moins incertain même en cas de gain en termes d’image puisque tu passes pour le méchant procédurier et que ton jugement positif fera l’objet d’un entrefilet en page 10 un an après, sauf exception. Cette affaire aura aussi le gros inconvénient d’ouvrir un débat public pendant des mois – les avocats adverses profitant bien entendu de l’occasion pour en rajouter plusieurs couches – et ce n’est plus un journal qui relaiera l’info mensongère, mais 10, 20 en se camouflant derrière le simple rapport du déroulement d’une audience judiciaire.

    Sans parler qu’il faut encore avoir le bon avocat – puisque comme l’affirmait Coluche, il y en a de deux sortes, ceux qui connaissent le droit et ceux qui connaissent le juge – face à des ténors que les grands groupes de presse ont, eux, les moyens de se payer. Tu fais allusion à la Loi sur le droit de réponse et elle existe bel et bien, mais là pratique de la presse pourrait t’apprendre qu’un droit de réponse est très souvent refusé par principe, qu’il est plutôt facile bien que cher, d’en imposer la publication après une procédure, mais que là encore, le bénéfice est minime car il ne faut pas espérer un article correcteur équivalent à celui ayant causé le dommage, mais une petite ligne ou brève annonce afin de corriger un point précis que personne ne lira jamais.

    Tout ceci est tellement réel, que Jacques Chirac avait pris le parti de ne JAMAIS essayé de corriger même la pire ignominie parce que de toute façon c’était perdu d’avance.

    Le jour ou tu liras en ouvrant un tabloïd que « JaK a été vu dans la rue unetelle à l’heure du crime par un témoin » et que le journaliste a « oublié » de préciser que c’était sur un écran de télé, derrière une vitrine de marchand d’électroménager, à l’occasion d’une vue des gradins du match Lille -Lyon, tu comprendras mieux ce que je veux dire.

    De nos jours, on ne peut pas devenir une femme/homme célèbre sans disposer d’une solide et bien organisée section chargée des relations avec la presse. Son boulot est de s’assurer que la meilleure image possible de son patron est véhiculée par les médias. Cette section intervient avant ou après coup lorsqu’un article est publié. Ca se passe souvent bien d’ailleurs mais ça peut prendre des tournures d’affrontement quelques fois. C’est comme ça et personne ne cherche d’ailleurs ni à le nier ni à le contester.

    Que le boulot tout à fait légitime de ces spécialistes des Relations Publiques dans le cas d’articles particulièrement vicieux soient dépeints comme des pressions sur la presse et des manipulations visant à supprimer ses libertés est bien évidement une manoeuvre visant à donner le mauvais rôle à la personne salie.

    Et en l’occurrence, cela fait partie des tentatives de diabolisation du gouvernement actuel ou de tout ce qui touche à Sarko. Je ne dis pas que certains journalistes espèrent une intervention de ce genre pour enfin pouvoir en parler et se poser en victimes, je le hurle. Et je suis bien placé pour le savoir, j’ai été des deux côtés de cette barrière dans ma vie.

  • tout ça pour terminer sur:
    les journalistes sont des anti sarko qui inventent des coups très tordus pour se faire de la pub et se taper le président…

    la conclusion était connue au début, au vu du nom du rédacteur…

  • [quote comment= »55684″]la conclusion était connue au début, au vu du nom du rédacteur…[/quote]

    Disons que chacun, sur certaines questions, est prévisible à sa manière, francis

    Prévisible, ou cohérent.

  • [quote comment= »55684″]les journalistes sont des anti sarko qui inventent des coups très tordus pour se faire de la pub et se taper le président…[/quote]

    Je serais assez d’accord avec vous quant à cette affirmation francis, mais je pense que vous exagérez… je dirais « certains » journalistes… pas tous.

  • epo, tu as l(honneur d’attiirer a toi les meilleurs commentateurs de ce blog, reste donc dans laqualite qui en fait notre prefere j’ajoute d’ailleurs pour koz restond dans le sujet, alez je vous aime bien quand meme

  • [quote comment= »55706″]Pour le coup, Christophe Barbier est ce que vous voulez sauf un antisarko, et le Canard est anti-tout-le-monde.[/quote]

    Que des journalistes soient anti-Sarko, ça me gène pas le moins du monde ; qu’un dossier complet soit écrit sur Dati et critique sévèrement sa politique, donne la parole à ceux qui proposent une alternative, bref, toute l’INFO du monde ne me dérange pas… Je parlais d’éthique journalistique dans le cas d’un coup monté pourri et d’un autre côté de l’utilisation systématique du « j’ai reçu des pressions » (suivi de youpie je vais pouvoir en parler) lorsqu’il s’agit d’un travail de Relation Publique classique que l’on enseigne dans nos facs ou d’un contact direct d’une personne qui estime qu’elle a été traitée pour le moins inéquitablement.

  • @eponymus

    « les journalistes sont des anti sarko qui inventent des coups très tordus pour se faire de la pub et se taper le président… »
    je pensais vous caricaturer, vous assumez:
    « Je serais assez d’accord quant à cette affirmation francis, mais je pense que vous exagérez… je dirais “certains” journalistes… pas tous ».
    ah bon, en a donc tout de même de moins partiaux que d’autres!
    tout comme il ya « certains » patrons de presse qui ne sont pas des affidés du président….

  • Eh, c’est bon, faudrait arrêter la parano organisée. Non seulement on s’est payés des medias quasi unanimement de gauche pendant des années, mais les journalistes restent très majoritairement à gauche. Ensuite, on a Libé, on a le Nouvel Obs, on a Marianne, on a 20 Minutes (en plus soft, mais dont un journaliste me disait en février dernier que je ne trouverais pas un seul sarkozyste parmi les membres de la rédaction) alors arrêtez donc les jérémiades, messieurs de gauche.

    Je n’ai pas cité L’Huma, ni Le Monde Diplo. J’ai encore de la ressouce

  • et bouygues télé, elle roule pour qui?
    et arlette, patrice de carolis, de grands gauchistes?

    en quotidiens , le figaro chez dassault
    libé de rotschild,
    les echos d’arnault et la tribune du même, je m’y perds…
    le match de lagardere, l’europe1 du même et de jean pierre elkabach réunis, connus pour leur irrévérence par rapport au pouvoir…
    le point et l’express vs le nouvel obs..
    pas d’équilibre en presse écrite, encore moins en télé…
    et la télé ça compte dans les chaumières, plus que le monde diplo ou l’huma!

  • Koz, sur l’arche de Zoé,

    Je suis très perplexe.
    Nous voyons les mêmes images. Moi, elles me font tomber de ma chaise, toi, elles t’inspirent que ces gens sont juste inconscients…
    Je serais parent adoptant ou même simplement accueillant j’en aurais des sueurs froides.

  • Bah, francis, quand on en est à mettre Libé dans les journaux favorables au pouvoir, je crois que l’on souffre d’un petit biais dans son appréciation.

    [quote comment= »55762″]Koz, sur l’arche de Zoé,

    Je suis très perplexe.
    Nous voyons les mêmes images. Moi, elles me font tomber de ma chaise, toi, elles t’inspirent que ces gens sont juste inconscients…
    Je serais parent adoptant ou même simplement accueillant j’en aurais des sueurs froides.[/quote]

    C’est simplement qu’en visionnant ces images, je ne les sens pas malveillants. Inconscients, stupides, oui. Avec en prime, je le crains, de la mégalomanie pour Breteau.

  • [quote comment= »55756″]Eh, c’est bon, faudrait arrêter la parano organisée. Non seulement on s’est payés des medias quasi unanimement de gauche pendant des années, mais les journalistes restent très majoritairement à gauche. Ensuite, on a Libé, on a le Nouvel Obs, on a Marianne, on a 20 Minutes (en plus soft, mais dont un journaliste me disait en février dernier que je ne trouverais pas un seul sarkozyste parmi les membres de la rédaction) alors arrêtez donc les jérémiades, messieurs de gauche.

    Je n’ai pas cité L’Huma, ni Le Monde Diplo. J’ai encore de la ressouce[/quote]
    Je ne comprends pas ce commentaire dans le cadre de cette histoire de diplôme de Rachida Dati.
    Cette histoire est sortie dans l’Express qui n’est pas antisarkozyste. C’aurait été dans l’Huma ou Libe, OK on pourrait discuter de l’influence de l’antisarkozysme sur les choix rédactionnels mais je ne comprends pas ce que viennent faire ses considérations à propos de l’Express (qui parait-il faisait ici la course avec Le Point qui a obtenu les ‘meilleures pages’ du livre à venir de Rachida Dati) deux journaux que personne n’oserait qualifier de journaux de gauche.

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