Lâchez-lui les couettes !

Juillet, le plus chaud jamais mesuré au monde, s’est engagé sur une longue polémique autour de la venue à l’Assemblée Nationale d’une jeune fille, à peine plus qu’une enfant : Greta Thunberg. La démesure de cette invitation semblait évidente puis les précisions sont venues. Était-ce face à la représentation nationale ? Non. Au Palais Bourbon ? Même pas. Seule ? Non plus. Non, Greta Thunberg est intervenue brièvement avec d’autres jeunes et des scientifiques, dans des locaux attenants, au cours d’un colloque comme il s’en tient là-bas plusieurs dizaines par an.

On lui a tout opposé, dans un concours acharné de mauvaise foi, voire de grossièreté. Sa grève scolaire serait un mauvais signal pour les jeunes – on en reparlera si elle devait être massive. Certains raillent son physique. On pointe son expression, ou son manque d’expression. N’a-t-on pas lu, sous la plume de plus en plus fâcheuse de Michel Onfray, qu’elle aurait « le sexe d’un cyborg » ? Le fait est qu’elle est autiste Asperger,  et cela explique tout à la fois son expression et sa détermination.

Nouvel épisode, cette semaine : Greta Thunberg est sur un voilier. Il était donc urgent, pour des médias empressés, de titrer sur sa « très polluante traversée », puisqu’elle supposera malgré tout des vols transatlantiques par les marins. Déjà, lorsqu’elle avait pris le train, des polémistes avides de sujets essentiels avaient disséqué la photo de son déjeuner pour y trouver la preuve qu’elle n’était pas la vegan qu’elle prétend. L’objectif est évidemment de dénoncer une imposture. Mais quelle imposture ? Alors que les températures de juillet seront notre été ordinaire dans une génération, que la Suède a connu des feux de forêt, que des dizaines d’îles du Pacifique ont déjà été submergées, qu’en France des pans de montagne s’effondrent, les imposteurs sont ceux qui ont nié le réchauffement avant, face à l’évidence, de se rabattre sur la négation de son origine humaine, ceux qui ont ignoré avec constance les enjeux écologiques, ceux qui ne se sont jamais souciés du moindre bilan carbone – et encore moins du leur – avant de calculer celui de son voyage en voilier, ceux qui s’en remettent à l’apparition magique d’une solution technique pour sauvegarder la course insouciante de l’humanité. Autour de Greta Thunberg, tout le monde en fait trop, c’est acquis. Il y a de la com’, c’est certain. Mais que chacun prenne ses responsabilités. Quand le doigt pointe la Lune, on sait ce que font les imbéciles.

Chronique du 21 août 2019
On m’a, depuis, opposé que c’était des tresses. En réalité, ce sont des nattes. Et j’aurais pu modifier. Mais je suis comme ça, moi : j’assume.
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18 commentaires

  • Vous eussiez dû écrire « tresses » ou « nattes » plutôt que « couettes ». Si c’est la seule objection que j’aie à faire à ce texte, nous devrions être d’accord…

  • Le proverbe à propos du doigt qui montre la Lune tape en plein dans le mille. Il y a eu des réactions à l’égard de cette jeune fille qui sont effrayantes de cynisme, d’agressivité, et de sottise. Sa réponse « vous n’avez pas à m’écouter, mais vous devez écouter les scientifiques » est infiniment plus adulte que les attaques de bas étage des Onfray, Larrivé, Aubert et consorts.

  • Bien d’accord avec le titre.

    L’exposition médiatique est toxique. Exposer aussi massivement une jeune fille est absolument destructeur.

    Mais bon, la fin justifie les moyens. Les bénéfices de son enrôlement (disqualification de la critique) sont trop importants pour que la décence fasse le poids.

    J’espère qu’elle ne souffrira pas trop quand les marketeux auront trouvé une égérie encore plus bankable.

    • Je suis assez touché par ta sollicitude et ta compassion, et je n’en attendais pas moins de toi. Je suis un peu désolé en revanche que cela s’accompagne de la négation de son engagement personnel, ce que je ne crois pas juste et à tout le moins pas démontré, même si je ne m’illusionne pas sur le fait que, bien évidemment, d’aucuns ont saisi là une opportunité.

      Pour autant, lorsque l’on évoque une opération de com’ montée de toutes pièces, j’avoue que je reste dubitatif. Je serais consultant en communication et j’aurais dû choisir une égérie, je n’aurais pas porté ma décision sur une personne autiste, dont l’aisance relationnelle n’est évidemment pas le principal atout.

      Il reste, quoi qu’il en soit, que cela ne justifie pas l’agressivité et l’aigreur à son encontre. Je connais la nature humaine et j’imagine qu’il n’est pas à la portée de tout le monde de la prendre pour une simple interlocutrice mais je ne trouverais pas aberrant que l’on s’abstienne d’attaques personnelles. Quand j’entends un ancien président de la République française ironiser sur ses attitudes, je me demande si l’on est bien à la hauteur. Et si c’est bien raisonnable de la part de quelqu’un qui pourrait se souvenir que moquer quelqu’un sur sa taille et ses tics nerveux n’est pas spécialement intelligent. Et encore s’agissait-il d’un adulte.

      • Tu réponds à ta propre question. L’important n’est pas qu’elle soit convaincante, il est qu’elle soit inattaquable.

        C’est le rôle de son sexe, son âge, son handicap.

        C’est l’évolution moderne du débat. Plutôt que confronter les arguments, mieux vaut disqualifier la contradiction. Pas si moderne en fait.

        On donne à Thunberg une plateforme qu’aucun autre jeune de 16 ans, autiste ou on, n’a jamais eue mais on n’a pas le droit de la contredire.

        Elle médiatise sa transat pour sauver la planète mais on n’a pas le droit de souligner la supercherie des mecs qui prennent l’avion en coulisses.

        Si on trouve ridicule qu’une gamine de 16 ans vienne donner des leçons aux élus de la république, on est un salaud réac.

        Si on attaque ses arguments, on est salaud avec une pauvre petite sans défense.

        Si on attaque les cyniques qui l’utilisent, on est un salaud qui nie son engagement personnel.

        Le piège politique est parfait. Si ce n’était pas aussi grave, j’applaudirais.

      • Non, Lib, je suis navré mais tu retournes la perspective. La dire « inattaquable » est un peu cocasse qui, pour le coup, me donnerait envie d’applaudir à l’effet comique.

        C’est un peu comme tous ceux qui commencent un propos en disant « En France, on n’a plus le droit de dire que… ».

        Inattaquable ? Elle est attaquée, avec plus de virulence que bien d’autres militants. Un gars comme Laurent Alexandre va jusqu’à écrire dans sa bio qu’il est « anti Greta Thunberg », sans se soucier de sa participation à une personnalisation hystérique. Un président de la République se moque de son absence de sourire devant les patrons de France. Tu parles d’un tabou…

        Elle est attaquée sur ses expressions physiques, elle est attaquée quand on décortique la photo de son déjeuner, elle est attaquée quand elle vient comme tant d’autres à un colloque à l’Assemblée Nationale. Et quand elle s’exprime, au demeurant pour dire d’écouter les scientifiques, c’est qu’elle « fait la leçon« .

  • Il est mesquin de s’attaquer à la personne de Thunberg, mais lucide, avec Lib, de dénoncer la manipulation cynique en coulisse.

  • « On donne à Thunberg une plateforme qu’aucun autre jeune de 16 ans, autiste ou on, n’a jamais eue ».

    Cette jeune fille n’est pas la première ado militante pour une cause (écolo ou autre), loin de là, et l’argument de la jeunesse employé pour disqualifier la « gamine de 16 ans » ou « les cyniques qui l’utilisent » n’est pas neuf on plus. Je note, au passage, qu’en prétendant qu’elle est utilisée à des fins obscures, on essaie d’interdire à tout adulte de l’aider, ou même de tomber d’accord avec elle, sous peine d’être suspect de manipulation.

    « Elle médiatise sa transat pour sauver la planète mais on n’a pas le droit de souligner la supercherie des mecs qui prennent l’avion en coulisses. »

    Ben si, on a le droit, la preuve en est qu’on ne s’est pas privé de le faire. À juste titre, d’ailleurs. D’un autre côté, si elle avait pris l’avion pour aller à New York elle en aurait pris plein la tête aussi.

    « Si on attaque ses arguments, on est salaud avec une pauvre petite sans défense. »

    Voilà un pur homme de paille, surtout dans le contexte de ce billet. Les Sarkozy et consorts, dont parle Koz ci-dessus, n’ont pas attaqué ses arguments. C’est d’ailleurs très frappant de voir à quel point aucun politique français n’ose la contredire sur le fond. J’espère sans en être sûr que cela indique l’existence un respect encore à peu près décent pour la science, de la part de nos compatriotes (ce qui n’est pas le cas en Amérique du Nord). Mais non, Julien Aubert et les autres n’ont pas attaqué les arguments: ils ont bel et bien attaqué la personne de Greta Thunberg – le doigt, pas la Lune – , et en cela, ils se sont comportés comme des salauds, je n’ai aucun problème à le dire.

    Reste à savoir pourquoi le rejet vient, semble-t-il, principalement de la moitié droite de la scène politique. Vis-à-vis de la jeunesse militante, c’est assez classique: l’esprit conservateur tend à se méfier de l’inversion de l’autorité qui se produit quand les jeunes en remontrent aux adultes. Mais vis-à-vis du problème climatique, cette asymétrie politique reste mystérieuse pour moi. Les données scientifiques sont les mêmes pour tous, et les politiques de droite sont aussi capables que les autres de lire et de comprendre les données. Il y a sûrement un élément idéologique quelque part qui conduit à ce refus, mais je ne vois pas lequel.

    • « Cette jeune fille n’est pas la première ado militante pour une cause (écolo ou autre), loin de là »

      Tu as d’autres exemples? Ne serait-ce qu’avec 10% de son impact?

      « D’un autre côté, si elle avait pris l’avion pour aller à New York elle en aurait pris plein la tête aussi. »

      Ben évidemment. Elle culpabilise tout le monde en disant qu’il ne faut pas émettre de CO2 et z’avez qu’à vous démerder, mais elle elle a le droit parce qu’elle est plus importante que nous autres bouseux? Elle a pris le bateau parce qu’elle a voulu faire genre « je donne l’exemple, regardez comme on peut faire plein de choses sans émettre de CO2 » (faut quand même avoir 1 mois de libre et des copains riches) et ça lui pète à la gueule parce qu’en fait ça émet encore plus que si elle avait fait comme tout le monde. Elle pouvait pas la faire par Skype sa conférence? Cet épisode résume parfaitement le mouvement écocatastrophiste. Moralisme, autoritarisme, supercherie.

      « Voilà un pur homme de paille, surtout dans le contexte de ce billet.  »

      Laurent Alexandre attaque les arguments et se fait traiter de salaud. Mais ce billet n’en parle pas, il préfère parler de ceux qui ont attaqué le physique. Bien sûr que c’est dégueulasse, d’attaquer le physique. Maintenant, tu sais, la politique c’est dégueulasse. Sarkozy aussi, puisqu’on en parle, s’est fait attaquer sur le physique, traiter de cinglé… Personne n’a moufté. Pourquoi? Parce que c’était un homme blanc de 55 ans. Ca confirme mon point : balancer une jeune fille dans le champs de bataille politique, (i) c’est mauvais pour elle, (ii) c’est fait volontairement pour disqualifier les critiques.

      Les politiques n’attaquent pas le fond car il savent qu’il est suicidaire politiquement d’aller contre l’hystérie ambiante. C’est leur principale compétence : sentir le sens du vent. Souffrons qu’ils l’utilisent.

      Si tu es sincèrement intéressé par comprendre pourquoi la réticence face au catastrophisme climatique se trouve plutôt à droite (je dirais plutôt chez les libéraux mais n’ergotons pas), je peux te donner des éléments :

      Jeunisme. L’histoire a montré combien il est facile de manipuler les jeunes. Quand les idées sont suffisamment extrêmes, ça finit en boucherie (Hitler Jugend, révolution culturelle, Khmers rouges…) Difficile de trouver plus extrême que la fin du monde. Dans la plupart des pays l’éducation est très à gauche, et la gauche en général et les écolos en particulier n’ont jamais montré le moindre scrupule à utiliser leur autorité pour pousser leurs propagande chez les gamins. Dernier avatar en date, la généralisation des éco-délégués à l’école.

      Peur. Matraquage généralisé sur les méfaits réels et fantasmés du réchauffement. Niveaux de mers, coût économique, biodiversité, migrations, ouragans, désertification, famine, milliards de morts…

      Autoritarisme. Il faut se soumettre parce que c’est la science qui le dit. Ah merde, moi je pensais que la science c’était la démonstration et la vérification. Pas du tout en fait. Il faut « écouter les scientifiques » et « respecter la science ». Concrètement ça veut dire obéir aux politiques et activistes qui invoquent la science comme leurs prédécesseurs invoquaient dieu, la nation, le peuple ou la révolution. Ah sinon quand on fait de la science, qu’on va vérifier, lire les papiers, on s’aperçoit que la hausse du niveau des mers est modérée, l’impact économique à 2100 est estimé à 5%, on a beaucoup de mal à lier la baisse de la biodiversité au réchauffement, les migrations sont surtout causées par les guerres et la tyrannie, il n’y a pas d’augmentation des ouragans, la hausse du CO2 verdit la planète, il n’y a jamais eu aussi peu de famines sur terre (sauf au Venezuela), les milliards de morts sont un pur délire (mais publié dans des media mainstream)

      Ecologisme. Le fer de lance du catastrophisme sont les écolos et les écolos ont un historique épouvantable en matière d’erreurs, mensonges et falsifications. Ils mentent sur les vaccins, ils mentent sur l’homéopathie, ils mentent sur le nucléaire, ils mentent sur l’éolien et le photovoltaïque, ils mentent sur les pesticides, ils mentent sur l’agriculture bio. Ils publient des faux papiers scientifiques, ils créent de faux instituts de recherche. Tout cela est vérifiable, accessible au commun des mortels. Et il faudrait les croire sur parole sur ce qui est invérifiable (des modèles à un million de paramètres sur 100 ans)

      Politique. Le catastrophisme est explicitement invoqué pour réclamer l’abolition du système économique qui a quasiment éradiqué la pauvreté dans le monde. Pas seulement par des crackpots, le président et le ministre des finances, prétendument de droite, s’y mettent aussi. Les catastrophistes tournent systématiquement le dos aux solutions qui ne passent pas par la décroissance. Ainsi la France a un des appareils productifs les moins carbonnés de la planète grâce à notre parc nucléaire, mais nous allons quand même fermer nos centrales et arrêter la recherche. Encore une fois, je ne parle pas de cinglés extrémistes, je parle du gouvernement actuel centriste de la France.

      Et personne ne condamne ça sur le fond. Les Allemands ont fermé leurs centrales nucléaires et cramé 500 milliards dans du renouvellable et se retrouvent à produire de l’électricité 10 fois plus carbonnée que nous. Et on n’entend presque aucune critique dans le débat public. Pas de politiques, pas d’industriels, très peu de journalistes. Comment expliques-tu ça?

      Le catastrophisme climatique est une sorte d’expérience de Milgram à l’échelle planétaire. Si on te donne l’autorité scientifique, jusqu’où iras-tu pour imposer ta volonté?

      Les résultats sont, comme pour Milgram, glaçants.

      • « Les politiques n’attaquent pas le fond car il savent qu’il est suicidaire politiquement d’aller contre l’hystérie ambiante.  »

        Donc ils attaquent le physique, parce que c’est rentable politiquement – comme l’a fait Sarko, le mieux placé pour savoir à quel point c’est dégueulasse ? Et il ne faudrait donc pas, puisque c’est ce que tu me reproches, poser la question du bien-fondé, ou de la dégueulasserie, d’attaquer la personne, son physique, ses expressions ? Je crains que l’on ne soit en train de plonger dans l’absurde.

        Soit dit en passant, les prévisions climatologiques s’aggravent. Ce ne sont pas #lesécolos qui l’annoncent, c’est une enquête qui a mobilisé « centaine de chercheurs et d’ingénieurs qui ont simulé plus de 80 000 ans d’évolution du climat, en utilisant des supercalculateurs jour et nuit pendant une année, nécessitant 500 millions d’heures de calcul et générant 20 pétaoctets (20 millions de milliards d’octets) de données », mais l’important est disqualifier une jeune fille, et de prétendre se placer du côté de la raison face à l’hystérie. Et de la science, par-dessus le marché, alors que tout ton commentaire suffit à démontrer que tu rejettes ce type de conclusions par a priori contre ce que les écolos en politique ont pu dire jusqu’ici.

  • « Il y a sûrement un élément idéologique quelque part qui conduit à ce refus, mais je ne vois pas lequel. »

    Il y a des personnes de droite qui disent et écrivent que l’écologisme c’est aussi dangereux que le communisme. Ils perçoivent les écolos comme une menace pour l’avenir.

    • Certes, mais c’est plutôt vague. Le communisme était une menace pour les libertés, et une menace extérieure pour le pays, C’était clair. Une menace “pour l’avenir” est une notion trop générale pour expliquer le phénomène.

  • Pour ma part, j’ai pris conscience des bouleversements climatiques dans lesquels nous pénétrons, en 1987 très précisément, à la lecture d’un dossier alors publié par l’hebdomadaire l’Express. Je reste rétrospectivement saisi par tout ce qui y était méthodiquement annoncé par les chercheurs de l’époque et qui commence véritablement à se déployer désormais.
    J’ai donc été attentif dès lors à saisir les indices de ces bouleversements dont nous avons désormais les preuves et j’ai tenté d’agir écologiquement au quotidien – En matière de voyage, mon dernier date de plus de dix ans; mes véhicules durent 14 ans en moyenne et je roule plutôt lentement; mon téléphone portable est un simple téléphone portable proportionnellement peu gourmand en terres rares; je récupère pour l’arrosage environ 6000 litres/an d’eau usagée… Et il me reste encore à faire beaucoup de progrès.
    J’espère donc que Greta Thunberg aura permis, à sa façon, d’accélérer notre prise de conscience.
    Néanmoins, je n’arrive pas à « sentir » ce personnage apparemment peu empathique, son discours apocalyptique et ses fausses solutions aberrantes. Je ne « sens » pas le tapage médiatique et politique délirant qui s’est emparé d’elle. Les « sans-culottes » me glacent toujours un peu le sang. Autistes ou pas. Climato-sceptiques ou hystériques.
    Je trouve que Lib a davantage raison que vous dans cette affaire, cher Koz, et Onfray, excessif et brutal comme à son habitude, n’en soulève pas moins le trop d’ambiguïtés qui entoure cet emballement médiatique.
    Hélas, vous ne répondez pas aux critiques – violentes ou raisonnables : vous bifurquez sur le procès en méchanceté gratuite.
    Mais enfin, tant mieux si Greta peut convaincre ceux qui font grève avec elle de réduire le nombre de leurs smartphones successifs et leur consommation d’énergies comme de tous les produits si jetables dont leur génération aussi est majoritairement friande. Mais peut-être cela est-il une autre affaire ?

    • Mon propos n’est pas de répondre aux critiques. Je ne suis pas un partisan de Greta Thunberg. Comme je l’écris dans la chronique, et comprenez que, vu le peu d’espace dont je dispose, quand je mets une précision, c’est que j’y tiens : tout le monde en fait trop. Cela étant, je préfère malgré tout ceux qui aiment trop que ceux qui haïssent trop. Mon propos est, en effet, davantage, de pointer le niveau déraisonnable, ad « hominem », des attaques.

      Qu’elle soit critiquée, soit, c’est normal. Pas attaquée de cette manière. Et cette façon, trop répandue, ne manque pas d’être révélatrice.

  • >Il y a sûrement un élément idéologique quelque part qui conduit à ce refus, mais je ne vois pas lequel.

    Le refus de décisions non-individuelles.

  • @ Lib:

    « Tu as d’autres exemples? Ne serait-ce qu’avec 10% de son impact? »

    Va voir la fiche Wikipedia d’Emma Gonzales (celle en anglais), notamment la section « Attacks and conspiracy theories ». C’est édifiant.

    Sur la question des attaques sur le physique, ton argument est contradictoire, comme le fait remarquer Koz, je n’en rajouterai pas.

    « Laurent Alexandre attaque les arguments et se fait traiter de salaud.  »

    Je ne connaissais pas ce monsieur, mais j’ai trouvé son entretien dans le Point. Il n’attaque peut-être pas sur le physique mais il ne se gêne pas pour faire un portrait psychologique sans merci, et sans s’embarrasser de son absence de compétence en la matière. Son titre de médecin ne l’autorise pas à faire un diagnostic sur une personne sans l’avoir vue. Par ailleurs, son discours est au moins aussi catastrophiste que celui qu’il condamne : « vassalisation par la Chine », « révolution d’extrême droite », j’en passe.

    Cela dit: je suis d’accord sur la question du nucléaire: L’Allemagne a fait une grosse erreur en l’arrêtant aussi brutalement, et l’embarras politique, économique et technique de la France sur ce sujet est très inquiétant.

    Il n’en reste pas moins que ta lecture de l’état présent de la science sur le sujet du climat est pour le moins sélective. Ton argumentaire est avant tout politique et idéologique. Tu mentionnes quelques faits exacts, mais mélangés avec un diatribe dont la rationalité m’échappe. La science aurait tort parce qu’il y a des politiciens qui en font une lecture hystérique? Et pour combattre ce phénomène, il faut attaquer la science politiquement, et de façon tout aussi hystérique? On va avoir du mal à progresser avec de tels principes.

    Un détail au passage: « l’impact économique à 2100 est estimé à 5% »… sauf que quelques lignes plus loin, tu condamnes les « modèles à un million de paramètres sur 100 ans » comme invérifiables. Faudrait savoir…

    Revenons à ma question d’origine, pourquoi le rejet de la science sur la question du climat provient-il de la droite? Elle n’a aucun problème à accepter les conclusions scientifiques dans d’autres domaines. Le seul point convaincant, dans ta liste (parce que tous les autres ignorent la question initiale) est la méfiance face à ce qui provient de la jeunesse. J’en ai parlé dans un commentaire précédent: la jeunesse, c’est son rôle depuis toujours, bouscule l’autorité parentale et la tradition, valeurs conservatrices; alors que la gauche, c’est une de ses faiblesses, a intrinsèquement un penchant pour le jeunisme. C’est juste, mais ça ne suffit pas à expliquer la hargne des réactions.

    Gatien suggère que c’est l’individualisme qui peut expliquer la méfiance de la droite. Les solutions au problème sont-elles forcément collectivistes? Si c’est le cas, c’est alors que la droite manque singulièrement d’imagination. Face à un problème posé, je ne vois pas pourquoi le débat ne porterait pas sur les solutions de droite, opposées aux solutions de gauche. Mais non, on préfère dire que le problème n’existe pas, ou n’est pas grave, ou se réglera tout seul. L’ironie est que cela laisse le champ libre aux réponses collectivistes, qui finiront par être vues comme la seule issue.

    • Gonzales s’est fait tirer dessus, intervient dans le débat sur les mass shootings qui la concerne directement et n’a pas le 10e de l’exposition de Thunberg qui est reçue par tous les chefs d’Etat de la planète. Thunberg est une pure construction médiatique.

      Laurent Alexandre n’a pas fait de diagnostic, c’est Thunberg elle-même (ou ceux qui l’utilisent) qui affiche son autisme sur son compte twitter. Tu es bien sûr parfaitement libre de penser ce que tu veux de L. Alexandre, mais j’observe que le débat sur les idées de Thunberg passe encore à la trappe. Son autisme est clairement un asset en termes de PR.

      « La science aurait tort parce qu’il y a des politiciens qui en font une lecture hystérique? »
      Tu confonds la science avec la représentation dans le débat public de certains travaux scientifiques. La science n’est pas une personne qui aurait raison ou tort. Elle est une méthode pour élaborer et tester des théories. 0% de l’information que nous avons toi ou moi sur le réchauffement climatique provient d’une démarche scientifique de notre part. Nous ne faisons pas de science, nous lisons les déclarations d’une gamine, d’un politicien, d’un journaliste ou d’un chercheur. Nous ne vérifions rien. Nous n’avons pas la possibilité de vérifier. Au mieux nous estimons la plausibilité, et malheureusement notre perception de la plausibilité est fortement impactée par la répétition.

      Donc oui, quand les gamines, les politiciens, les journalistes ou les chercheurs invoquent la science pour pousser des délires hystériques, ça m’inquiète. L’article du Monde que cite Koz est caractéristique de cette situation : un titre bien flippant, plein de chiffres pour faire sérieux et impressionner les non-scientifiques, tout ça pour dire qu’ils ont changé des inputs d’un modèle parmi d’autres et que ça a changé l’output.

      Thunberg ne fait pas de science ni ne la promeut, elle l’instrumentalise. Pour promouvoir un agenda radical d’extrême gauche contreproductif.

      « Un détail au passage: « l’impact économique à 2100 est estimé à 5% »… sauf que quelques lignes plus loin, tu condamnes les « modèles à un million de paramètres sur 100 ans » comme invérifiables. Faudrait savoir… »
      Mon ami, tu commets ici une erreur de raisonnement. Moi qui ai fait un peu de science et beaucoup de modèles, j’ai appris qu’un modèle sert essentiellement à éclairer les relations entre divers paramètres, que c’est extrêmement difficile à calibrer (particulièrement sur le long terme) et que plus il est complexe plus il est faux. Je me contente ici de souligner la contradiction chez des gens qui annoncent l’apocalypse sur la base de modèles qui ne l’annoncent pas. Encore une fois, la plupart des scientifiques sont parfaitement conscients des limites de leurs modèles et tu auras du mal à en trouver un qui te dira que son modèle a prouvé quelque chose. Ce n’est pas par hasard que les catastrophistes ont choisi une ado comme égérie plutôt qu’un scientifique.

      « Revenons à ma question d’origine, pourquoi le rejet de la science sur la question du climat provient-il de la droite? Elle n’a aucun problème à accepter les conclusions scientifiques dans d’autres domaines. »
      A nouveau tu confonds science et instrumentalisation de la science. Mais en effet, maintenant que tu insistes, la droite me semble éprouver une réticence certaine envers l’argument d’autorité. Je peine à trouver des exemples où la droite aurait joué la carte « science » pour tuer un débat. Même quand c’est très important pour elle. Prends l’exemple de la méthode globale. L’écrasante majorité des gens de droite sont convaincus que c’est une atrocité qui nuit aux gamins et il y a pléthore d’études qui le confirment. Mais on a laissé les mains libres aux pédagos pendant des décennies.

      Peut-être est-ce dû à une plus grande sensibilité aux dérives historiques (lyssenkysme, matérialisme dialectique, classification des humains selon la forme de leur crâne…). Peut-être est-ce dû à un plus grand respect de la démocratie (à quoi bon faire voter si on sait ce qu’il faut faire).

      « la jeunesse, c’est son rôle depuis toujours, bouscule l’autorité parentale et la tradition, valeurs conservatrices; alors que la gauche, c’est une de ses faiblesses, a intrinsèquement un penchant pour le jeunisme. C’est juste, mais ça ne suffit pas à expliquer la hargne des réactions. »
      C’est curieux cette fixation sur la jeunesse. Les lycéens on plus d’énergie et souvent plus de curiosité, mais sont facilement manipulables et n’ont pas reçu d’éducation scientifique sérieuse. Bref, une lycéenne est la pire personne pour invoquer un argument d’autorité scientifique.

      Au fait, les jeunes français pensent à 86% que le nucléaire est un gros contributeur au réchauffement. C’est faux bien sûr. Et ça pose plein de questions. Qui leur a mis ça dans le crâne? Pensent-ils suivre le consensus scientifique? Si leur perception du consensus scientifique est fausse, pourquoi la tienne ou la mienne serait juste? La droite a-t-elle tort de rejeter le « consensus scientifique » des jeunes sur le nucléaire et la gauche a-t-elle raison de l’adopter? Ne faudrait-il pas apprendre aux jeunes que la science ce n’est pas croire aveuglément l’autorité mais vérifier des preuves? Et quid des moins jeunes?

      « L’ironie est que cela laisse le champ libre aux réponses collectivistes, qui finiront par être vues comme la seule issue. »
      C’est manifestement le plan. Surestimer le problème, rejeter les éléments de solution (nukes, modernisation de l’agriculture dans les pays du sud…), décrédibiliser les pistes de solutions (mécanismes de marché, capture du carbone, recherche techno…)

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