La rupture dans le mur ?

Le Grand Homme, l’Homme providentiel, bénéficient de l’imprévisible conjonction de leurs talents et du moment. Ils n’ont pas que des talents, ni tous les talents, mais ces talents sont ceux que le moment requiert. Michèle Alliot-Marie, elle, prend la providence de plein fouet. Elle n’a pas que des défauts, ni tous les défauts, mais ses défauts et ses erreurs se sont conjugués au moment défavorable.

Ce sont aussi trente ans de realpolitik française qui lui éclatent au visage. La mauvaise personne, au mauvais moment. Ca devait péter, c’est entre ses doigts. Mais voir une marque du sarkozysme dans cette chute et ses conditions, c’est oublier que c’est une héritière du chiraquisme qui tombe. Et dénoncer une quelconque singularité de la complaisance de Nicolas Sarkozy avec les régimes autoritaires, c’est oublier, comme l’a rappelé ce dernier hier soir que, depuis 30 ans, tous les Etats et tous les gouvernements ont entretenu des relations avec ces pays. C’est oublier aussi 30 ans de politique arabe, Omar Bongo ou les tribulations de Papamadi. Lorsque Jean Guisnel souligne le rôle de MAM et de Patrick Ollier dans les ventes d’armement en Libye, on lit aussi que le gouvernement français a autorisé la reprise des contacts dès 2001, trois ans avant la levée de l’embargo. Le gouvernement Jospin.

Rien n’a changé, alors ? Si Michèle Alliot-Marie avait raison d’écrire qu' »aucune présidence de l’Union européenne n’a été plus productive, plus reconnue, que celle de la France en 2008″, si aucun autre candidat de 2007 n’aurait géré la crise financière de 2008 comme Nicolas Sarkozy, on peine à percevoir les bénéfices de notre retour dans l’OTAN. « L’amitié permet de dire et d’expliquer », écrivait Michèle Alliot-Marie. Il serait stupide de nier notre amitié avec les Etats-Unis. Mais qu’avons-nous « dit et expliqué » ? Qu’avons-nous obtenu ?

Qu’avons-nous gagné au réalisme ? Le réalisme nous commanderait d’abandonner toute idée de rivalité entre notre universalisme et leur messianisme. De fait, la diplomatie française semble s’être inspirée de la partie la plus « réaliste » de la politique américaine : la chasse aux contrats. A nouveau : qu’avons-nous obtenu ? La sourdine apposée à la voix de la France n’a guère été récompensée. Ce réalisme à l’égard de régimes autoritaires est encore admissible lorsque les intérêts stratégiques de la France sont en jeu. Il devient désolant lorsqu’il ne s’agit que de contrats, et véritablement fâcheux si on ne les obtient pas. Le réalisme ne nous a pas servi politiquement, il ne nous a pas servi économiquement.

Alors, maintenant ? Même avec ce remaniement censé relancer la politique étrangère, Nicolas Sarkozy prend le risque de donner raison aux diplomates anonymes du Marly. Au milieu d’une tribune contestable et de critiques partisanes – celle de l’Union pour la Méditerranée est sommaire, et prématurée – ils dénoncent un « coup par coup sans vision ». Car il y a comme un aveu dans ce remaniement. Propose-t-on le Quai d’Orsay à celui qui porte une vision opposée ? Or, Nicolas Sarkozy l’aurait proposé le Quai à Dominique de Villepin, l' »homme de l’ONU », l’incarnation de la politique étrangère avec laquelle il voulait rompre. Il le donne finalement à Alain Juppé qui manifestait, il y a seulement deux ans, les plus expresses réticences sur le choix si symbolique de réintégrer le commandement militaire de l’OTAN. L’un des deux est-il seulement de nature à baisser pavillon, ou tirera-t-on à hue et à dia en un « coup à coup » permanent ?

 

*

Atlantico est un nouveau pure player, à l’instar des Rue89, Mediapart, Slate ou Le Post. Atlantico annonce « un vent nouveau sur l’info », ce qui nous vérifierons à l’usage. Certains, qui ne lui veulent pas non plus que du bien, l’ont décrit comme le pure player de droite. Il semble que ce soit un peu plus complexe que cela.

 

Pour son lancement, je publie un premier papier, sur les dernières avanies de notre diplomatie.

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38 commentaires

  • Eh bien, on verra. Je découvre, comme vous.

    A priori, non. C’est un site plus orienté à droite que les autres, mais sans orientation véritablement partisane. Je découvre que d’autres se sont montrés critiques parmi les autres billets. Pour ma part, j’ai essayé d’être équilibré : ni sarkozyste ni anti-sarkozyste. Ce serait en revanche, un peu idiot que l’on retrouve sur Atlantico les mêmes critiques qu’ailleurs.

  • Sur le fait que depuis trente ans tout le monde collaborait avec ces régimes: c’est vrai et cela n’a pas été assez dit dans les critiques actuelles. C’est l’éternelle question: mieux vaut il dénoncer et être tout seul dans sa dignité (mais cela n’est pas avec cela que l’on va participer à la mondialisation vu le niveau démocratique moyen de notre monde ^^) ou bien échanger avec ces régimes avec alors la question de savoir si l’on peut faire quelque chose? Je n’ai pas de prétention de détenir la science infuse des relations internationales tout au plus peut on reprocher à la France de ne pas avoir sais à temps ce qui se passait là bas (MAM au parlement qui propose de l’aide à Ben Ali faut pas pousser).

    Sur l’OTAN je pense que tu es un peu injuste. Nous n’étions pas en-dehors de l’OTAN, juste nous refusions de participer à 2 instances et de mettre sous contrôle notre arsenal nucléaire. la rentrée dans l’OTAN n’a consisté qu’à retourner principalement dans le commandement milliaire intégré donc bon faut pas enf aire un fromage.

    Sur MAM fantôme du chiraquisme: et Juppé?

  • un nouveau site d’infos, atlantico, ce ne serait pas un de trop ? faut il, en ligne, passer son temps à naviguer des journaux aux sites nouveaux, juste pour satisfaire quelques egos ?

    sur MAM lui est reprochée un peu la grande hypocrisie de la realpolitik, qui finit souvent, à terme, par être contre-productive, aussi la maladresse sur l’assistance des forces de l’ordre, beaucoup ses oublis, ses propres menteries sur les conditions de son voyage en tunisie…

  • A priori, je vois ça comme ce que j’ai fait avec Rue89, Slate ou Causeur. Une contribution de temps à autre. Ils m’avaient contacté y’a déjà un petit bout de temps pour savoir si j’accepterais de contribuer. Pour moi, c’est volontiers, mais je n’ai pas envie de quitter ma baraque artisanale. D’ailleurs, certaines choses ont une certaine tendance à me saoûler, comme le fait de m’être enquiquiner pendant le week-end (et d’avoir enquiquiner ma famille) à écrire un article dont on me dit qu’il sera « en Une » et que je ne trouve qu’en scrollant, de n’avoir aucun commentaire, ou de ne pas avoir reçu mes codes, de sorte que je ne peux pas créer un nouveau compte (Koz existant déjà, et pour…) et donc pas commenter.

    Donc, voilà, je ne suis pas certain que le petit surcroît de visibilité en valait la chandelle. Pour le reste, on verra à l’usage. Ah oui, aussi, je suis frappé par le sectarisme, sur Twitter, sur lequel Atlantico se fait bâcher, par principe. Les mêmes qui le font donneront ensuite de grandes leçons d’ouverture d’esprit et de pluralisme. Comme quoi, il ne faut vraiment pas entretenir de complexes avec nos camarades de gauche à cet égard.

    Sur le fond,

    Condé a écrit : :

    tout au plus peut on reprocher à la France de ne pas avoir sais à temps ce qui se passait là bas (MAM au parlement qui propose de l’aide à Ben Ali faut pas pousser).

    J’avais compris, à l’époque, cette proposition comme une façon de dire : « nous, on sait gérer une émeute sans tirer dans le tas ». Certains ont voulu en faire une exploitation politicienne en faisant semblant de comprendre qu’elle voulait envoyer des CRS sur place. Mais il reste que l’ambiguité était manifeste, et que ça manquait de vista.

    Après, reprocher à la diplomatie française de s’être mal adaptée est peut-être le seul reproche légitime, quoique je n’ai pas le sentiment que nous ayons été fondamentalement en décalage.

    En ce qui concerne l’OTAN, je ne suis pas spécialement dur. Ce que je note, c’est que c’était une décision symbolique et que ni Villepin ni Juppé ne partageait ce choix. Je n’ai pas non plus l’impression, à d’autres égards, que ces deux-là et Sarkozy aient vraiment partagé une même vision de la politique étrangère. Alors soit, ils peuvent s’adapter. Mais je trouve notable que Nicolas Sarkozy propose le Quai aux deux hommes qui incarnaient la politique étrangère « d’avant ».

    francis a écrit : :

    un nouveau site d’infos, atlantico, ce ne serait pas un de trop ? faut il, en ligne, passer son temps à naviguer des journaux aux sites nouveaux, juste pour satisfaire quelques egos ?

    A eux de montrer leur différence. S’ils ne le font pas, ils se planteront. Et ils disparaîtront.

  • Nous n’avons pas été plus en décalage que les autres. Tout le monde a été pris par cette vague du monde arabe. Quant au fait pour Sarkozy de proposer des hommes d’avant il faut avouer que ce n’est pas totalement faux, on manque un peu de renouveau dans certains choix.

    @ Francis: sur MAM, ce que l’on reproche à MAM d’autres (quelque soit le bord politique) ont fait et font bien pire. Oui elle a été maladroite et s’est mal défendue certes mais je n’ai pas un très grand penchant pour une politique du tout blanc. Attention je ne cautionne pas les abus mais la politique est fait par des hommes avec tout la contingence que cela implique donc pourquoi elle ou seulement elle (si l’on devait condamner tout ceux qui ont fait des écarts… ce qui n’empêche pas un respect accru pour ceux qui restent honnêtes). Talleyrand a été un très grand ministre des affaires étrangères mais bon à côté de lui Ben Ali est le président de Transparency International.

  • Voir la pluralité dans l’info, cela réjouit mon cœur, c’est que je commençais par me lasser de l’autre en face de la Rue, toujours prêt à casser du curé sans vergogne. J’ai pas vu l’ours y-est-il ? Laissons un peu de temps à ce pure player pour faire ses preuves, Il est dès aujourd’hui dans mes bookmarks TLJ : Tous Les Jours.

  • Bonsoir Koz,

    je suis un peu sceptique sur Atlantico, même si je suis toujours à la recherche, sur la toile ou sur papier, d’un média rigoureux, courageux, un peu provocateur et libre en langue française.

    Je n’ai par contre pas compris le parallèle que tu fais entre Realpolitik et alignement dans l’OTAN. Il me semble que la politique indépendante de la France était au moins aussi sale qu’une politique potentiellement plus alignée sur les Etats-Unis. Pour moi, c’est plutôt l’Europe qui est la championne de la realpolitik, qui exploite des puits de pétrôle en Libye, vend du matériel en Iran…

    Sans compter que si le vent de lève, malgré tout le mal que j’ai à côtoyer au quotidien un texan bruyant, moustachu et plein de certitudes, je sais que lui, au moment décisif, montera sans hésiter dans son avion ou son bateau pour aller botter les fesses à ceux qui menaceront la paix en Europe.

  • Je ne fais pas de parallèle entre realpolitik et alignement dans l’OTAN. L’intertitre ajouté par Atlantico est peut-être trompeur.

    Le seul parallèle peut être entre réalisme et intégration. Le réalisme, ici, c’est celui qui amène à dire : nous n’avons pas les moyens d’avoir une politique étrangère ambitieuse, nous n’avons pas les moyens de faire peser notre voix, alors fondons-nous dans un groupe plus large.

    Il est vrai que, pour qu’une voix pèse si ce n’est par la force, encore faut-il qu’elle puisse se prévaloir d’une certaine autorité ou légitimité.

    Mais, sans vouloir ressortir systématiquement l’ombre tutélaire du Général, et tout en reconnaissant évidemment le caractère exceptionnel des circonstances, s’il avait fait preuve de réalisme, en 40, il aurait fermé sa gueule, et en 44, il aurait accepté l’AMGOT. Parce que la France n’avait ni les moyens militaires ni la légitimité morale des ambitions qu’il avait pour elle.

    Quant aux US, comme je le dis, il serait stupide de nier notre amitié, notre proximité d’intérêts et de culture. Et je ne le fais pas. Mais un ami ne peut-il tolérer un peu d’indépendance, un peu de singularité ? Au passage, j’ai tendance à penser qu’un ami politique peut être plus utile s’il bénéficie de cette once d’indépendance.

  • Condé a écrit : :

    Pas assez de place pour commenter sur Atlantico

    Mon papier n’étant plus en page d’accueil, il est maintenant en intégralité ici.

  • A propos de l’AMGOT, je reste persuadé que cela aurait été un moindre mal. Je doute que les américains auraient laissé la bride sur le coup aux FFI lorsqu’ils ont entamé l’épuration qui n’était rien d’autre qu’une guerre civile larvée avec d’innombrables exécutions sommaires et qui souvent ont servi des desseins peu avouables. Et la plateforme du CNR qui n’en finit pas de plomber notre économie serait certainement passée à la trappe. Après tout, en Suisse comme aux USA ont ne meurt pas devant les hôpitaux comme le veux la légende urbaine si en vogue chez nous.

    Je ne suis pas américanophobe, loin de là, mais si je me sens beaucoup d’affinités avec les américains, il me semble que parler d’amitié pour des liens d’Etat à Etat me semble pour le moins étrange. Que nous ayons des vues communes sur un certain nombre de points, certes, mais croire à de l’amitié, non. Ils ont leurs buts et ce ne sont pas les nôtres, bien au contraire.

  • @ Harald:

    Sur l’AMGOT, c’est à dire la main mise sur le pouvoir en 44 par les Américains je me pose aussi des questions.

    Les américains étaient à cette époque anticolonialistes, alors peut-être nous auraient-ils obligé à nous séparer plus vite de nos colonies. Ce qui aurait peut-être évité la guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie.

  • @ Koz, Condé
    Certes, tout le monde collabore avec ces régimes et d’ailleurs, l’absence de collaboration n’a jamais entraîné la démocratisation (cf Cuba, Corée du Nord).

    Mais primo, peut-être n’étions-nous pas obligés de leur donner un certificat de bonne conduite lorsqu’on s’y rendait (cf tous, de Mitterrand à Sarkozy en passant par Jospin).

    Deuxio, avoir des relations économiques n’interdit pas de prendre un positionnement type Obama en Egypte, on fait du business mais s’il vous plaît emprisonnez un peu moins vos opposants. Que je sache, Poutine n’a pas rompu ses relations diplomatiques avec l’Allemagne quand Merkel lui a fait la morale en public. Ca n’a rien changé mais les Allemands étaient contents, et on a un peu oublié que Schröeder avait filé chez Gazprom sitôt son mandat achevé. On peut penser que c’est anecdotique, mais je ne pense pas, les relations internationales sont aussi faites de symboles.

    Tertio, quand le vent tourne, il faut le sentir, c’est aussi ça une bonne diplomatie. Et quand vous dites que nous n’avons pas été plus en décalage que les autres j’avoue ne pas être convaincu. Pas plus en décalage que les Italiens, Anglais, Allemands, certes, mais ces pays-là sont à la remorque pour ce qui est du Maghreb (sauf la Lybie pour l’Italie). Mais les Américains ont retourné leur veste un poil plus tôt, eux, et ça a suffi pour qu’ils passent entre les gouttes. C’est pour ça que la déclaration d’Alliot-Marie est scandaleuse, parce que ça révèle un temps de retard monstrueux, une incapacité à s’adapter terrible. Et même si c’est vrai que c’est une caractéristique propre à la diplomatie Française depuis très longtemps, ça n’excuse pas tout pour autant.

  • Pingback: Balance dans l’info |

  • Sur les bénéfices de notre retour sous commandement intégré de l’OTAN, peut-être faut-il rappeler que notre relation avec les US était alors à son plus bas historique après que nous ayons dirigé une fronde contre l’initiative US de déloger un tyran sanguinaire.

    Il est piquant de constater que les mêmes qui soutenaient l’opposition radicale à la guerre d’Irak reprochent aujourd’hui à la politique étrangère française d’avoir été trop accommodante avec des dictatures. Apparemment, la bonne posture, c’est la posture pure : des condamnations la main sur le coeur et rien d’autre.

    Un observateur qui parviendrait à envisager que Nicolas Sarkozy ne soit pas responsable de tous les malheurs du monde (rare en France) pourrait également réaliser que le désamour des US n’est pas réservé à la France mais couvre l’Europe toute entière.

    Sur le réalisme, l’expédition de Suez date de 1956. Il serait temps qu’on en tire enfin les conséquences. Nous n’avons plus de leadership mondial, seulement européen. Le reste de notre diplomatie consiste essentiellement à soutenir des dictateurs arabes et africains en échange de financement occulte pour nos partis politiques.

    Les arabes se révoltent et les africains sont recolonisé par les chinois. C’est bientôt fini.

  • lib écrit: « Sur les bénéfices de notre retour sous commandement intégré de l’OTAN, peut-être faut-il rappeler que notre relation avec les US était alors à son plus bas historique » … en 2007, alors même qu’américains anglais, espagnols s’étaient rendu compte que cette guerre avait fait des dizaines de milliers de morts, avait abouti à un pouvoir politique en irak instable, divisé, avait accru le terrorisme localement, n’avait eu aucun effet bénéfique sur la démocratie dans les pays voisins, que les peuples s’étaient aperçus qu’ils avaient été victimes d’une vaste manipulation de l’information de la part de leurs gouvernements, d’ une moderne dépêche d’ Ems, progressivement avouée par tous les dirigeants, les informateurs de l’époque ?… » je n’en suis pas certain, je ne m’en étais pas aperçu. c’est l’inconvénient de la realpolitik: elle nous habitue au mensonge d’état: saddam hussein a été notre client et ami, avant de devenir notre ennemi, un chemin que kadhafi a aussi parcouru…d’un coup, pour des raisons stratégiques et commerciales ( irak ) ou du fait de la pression du peuple, de la population et de l’opinion ( maghreb ), on s’aperçoit que « le roi est nu », la politique vire de bord à 180° et on nous demande de suivre, d’être convaincus…
    une question: à long terme la realpolitik paye t-elle ? ou n’est -elle qu’une solution de facilité ?

    et si obama avait été plus efficace que bush pour dégager les tyrans du proche et moyen orient ?
    le discours du Caire, le soutien accordé aux responsables des forces armées tunisiennes qui ont refusé de tirer sur leur peuple, l’image plus positive des USA… je me permets de douter que ce « printemps » se soit déroulé du temps du cow-boy texan…

    les dés n’ont pas fini de rouler, les peuples de lutter, les uns ou les autres de tenter de confisquer le pouvoir, on ne sait où ils seront cet été, s’il y aura un hiver…mais ces révolutions pacifiques, à la gandhi, luther king, mandela semblent plus porteuses que nos réalismes étriqués.

    a coté de tout cela, MAM et ses Maladresses, ses Approximations, ses Menteries, sa Morgue sont de bien petits épiphénomènes….

  • Francis, avant de dire que ces révolutions sont pacifiques, laissez un peu de temps passer. Qui ssait si nous n’assisteront pas à des débenalisation, dékhadafisation, démoubarakisation à l’image de notre épuration.
    Quant à la démocratie telle que nous la concevons, est-elle adaptable à toutes les régions et cultures du monde ? Les autres peuples la désirent-ils ? Rien de moins sûr. Dans beaucoup de pays la première préoccupation c’est avant tout d’avoir de quoi nourrir sa famille, de pouvoir travailler sans se faire racketter par les milices du pouvoir, être en mesure d’éduquer ses enfants. Si une monarchie absolue offre ces libertés, pourquoi pas.
    LA liberté dont on se repaît trop souvent sous nos latitudes est une chose bien plus abstraites que les libertés concrètes. Quand on regarde en arrière, on s’aperçoit qu’un paysan sous l’Ancien Régime était plus libre que nous ne le serons jamais dans notre social-démocratie soi-disant si enviable.
    Quant à ce discours actuel, la main sur le coeur, d’amour inconditionnel pour tous ces peuples épris de liberté, il ne masque pas la réalité : avancer ses pions pour occuper le terrain avant les autres.
    Enfin et pour finir, les gesticulations de l’ONU sont pitoyables. Cherchent-elles à faire oublier la présidence de la commission des droits de l’homme offerte à la Lybie de Khadafi ? Je gage que ces messieurs se fendront d’une énième de ces lettres de désapprobation qui font trembler les tyrans du monde entier et qui ont contribué à rendre le monde meilleur.

  • harald écrit : « Quand on regarde en arrière, on s’aperçoit qu’un paysan sous l’Ancien Régime était plus libre que nous ne le serons jamais dans notre social-démocratie soi-disant si enviable. » Cela nous éloigne du Quai, nous ramène sur terre, mais c’est vrai que j’aimerais savoir sur quoi est basée cette opinion balancée sans nuances ou précautions…

  • @ Lib: +1

    @ Francis et Harald:

    Sous l’Ancien Régime la notion de liberté était très différente de la notre. Elle était attaché à un état, une situation un corps. Quand on appartenait à telle ou telle catégorie sociale en fonction de l’endroit (ville/province), métiers, etc, il y avait des droits et des devoirs attachés à votre état et extrêmement dificile à modifier. Les libertés étaient en tant que telles effectives, « la France d’AR était un pays hérissé de libertés » disait Mauras. Le corollaire de ceci était la faiblesse congénitale du pouvoir royal qui n’arrivait pas à imposer une politique ferme mais devait négocier sans cesse avec les groupes sociaux. C’est le blocage de ces mécanismes de dialogues/négociations/ascension sociale qui a en parti conduit à la révolution française. Dons oui d’une certaine manière nous étions plus libre, mais d’une manière différente avec un État très faible pour vous donner quelques chiffres: Louis XIV, 20/25 millions de français => 50 000 fonctionnaires grands maximum sur le Royaume, Louis XVI 30 millions de français => 100 000 fonctionnaires, aujourd’hui: 65 millions de français => + de 5 millions de fonctionnaires…

    Actuellement la liberté est entendu comme quelque chose d’attacher à l’individu, mais un individus seul, non intégré à un groupe social particulier. Face à un État beaucoup plus puissant, voire omnipotent, la liberté est d’une certaine manière plus fragile.

    Ensuite il faut comparer les conditions de vies qui n’ont rien à voire (par contres est ce que haut niveau de vie = bonheur là je n’en suis pas sur du tout).

    @ Francis: sur la realpolitik on peut avoir des avis divergents mais je crains que de se poser en donneur de leçons sur la liberté, les droits de l’homme et la démocratie (comme nous savons si bien le faire) 1 nous serons marginaliser au vu de la nature de la plus part des régimes politiques qui existent sur cette planète 2 nous n’aiderons en rien les populations vivant sous de tels régimes. Je pense que Wikileaks est un ennemi de l’Occident, la diplomatie doit rester du ressort du secret et de la négociation, là on a le plus de chance d’obtenir des choses voire même des infléchissements de politiques.

  • à harald, merci de me faire une synthèse. à condé: pas très bien compris ce que le nombre de fonctionnaires faisait avec la liberté, mais je ne poursuis pas cette discussion trop trollesque.

    sur la realpolitik, il faut savoir parler et agir avec suffisamment d intelligence pour ne pas être « donneur de leçons » , ce qui est une tentation à laquelle certains cèdent facilement, même ici, mais faire savoir ce qui ne nous semble pas acceptable, ne nous est pas acceptable …

  • Koz a écrit : :

    Et je ne le fais pas. Mais un ami ne peut-il tolérer un peu d’indépendance, un peu de singularité ? Au passage, j’ai tendance à penser qu’un ami politique peut être plus utile s’il bénéficie de cette once d’indépendance.

    Bonsoir Koz,

    Un ami est effectivement plus utile s’il donne, en particulier quand on lui demande, son opinion sur ses actions, ce qui n’est d’ailleurs jamais facile. Mais qu’il s’agisse de particuliers ou d’états, personne n’appréciera d’être critiqué en public par un soi-disant ami.

    Et si l’on voit un ami partir dans une voie sans issue (ce dont il faut être sûr), on peut certes lui donner discrètement son avis, mais l’on ne va pas tout faire publiquement et à grand bruit pour faire échouer cet ami mal engagé, en essayant d’en tirer gloire au passage.

    Tout cela n’a rien à voir avec le fait de garder sa personnalité, et d’avoir sa propre politique.

  • Francis, il me semblait pourtant que la contribution de Condé était claire. Les corps intermédiaires étaient autant de barrières posées entre l’individu et le pouvoir, d’autant que si les rois disposaient de tous les pouvoirs ils n’en n’ont jamais disposé véritablement. Les libertés étaient choses concrètes attachées au sujet via les corps et les ordres, alors que l’apparition LA liberté abstraite a laissé le citoyen nu et sans défense face à la puissance de l’Etat.

    Plus prosaïquement, la république enseigne que les sujets étaient accablés d’impôts ce qui est bien entendu faux si l’on veut bien regarder ce qui se passe aujourd’hui, on fustigé également les lettres de cachet alors que chaque année des milliers de personnes connaissent l’arbitraire de la préventive. Sans parler du flicage via la surveillance des communications, les RG et autres officines démocratiques. C’est là, entre autres, que l’importance de l’hydre fonctionnariale joue. Nos vis sont sans cesse épiées par diverses administrations qui coupent et recoupent en permanence leurs fichiers où nos vies sont inscrites, pour notre bien, bien évidemment.

  • à condé, harald, …je vous laisse bien volontiers votre nostalgie de l’ancien régime et de ses libertés et de ses servitudes.
    Pour ma part je reste attaché à celles des citoyens issues de la révolution et des évolutions postérieures.

    Par certains côtés, j’ai l’impression que les peuples qui se soulèvent contre leurs « monarques », des autocrates en poste depuis bien longtemps, à la recherche d’une succession dynastique, parlent mieux que moi, et votent contre vous…

  • @ Francis:

    Il ne s’agit pas pour ma part de nostalgie mais de mise en perspective de la notion de liberté. La révolution française (à partir de la philosophie des lumières) a opérer sur le plan des idées un véritable bouleversement dont on se rend moins compte aujourd’hui.

    Pour les fonctionnaires: plus l’État dispose d’agents à ses ordres et sous son contrôle (revoir Max Weber) plus il est à même d’imposer sa volonté à l’individu et de le contrôler. Il est beaucoup plus facile d’établir un pouvoir totalitaire avec nos démocratie moderne vu le poids que l’État a acquis que dans les monarchies de l’ancienne Europe.

    Sur la société d’ordre je vous invite à lire ou relire les écrit du Federalist et de Tocqueville sur leur solution pour garantir la Liberté dans un État moderne, leurs solutions sont très intéressantes.

    Sur les régimes autocratiques entrain de basculer je ferai référence à Aristote (le philosophe et non le commentateur) et Saint Thomas d’Aquin. Outre la distinction entre les régimes Aristote a introduit la notion de régime légitime ou illégitime (monarchie/tyrannie; aristocratie/oligarchie; république/démocratie). Saint Thomas a ajouté la notion de légitimité d’origine (acquisition du pouvoirs) et légitimité d’exercice. les régimes qui tombent sont pour la plus part illégitime dès leur origine et toujours illégitime dans leur exercice du pouvoir. Au vu de ces conceptions anciennes je n’ai pas de scrupules à les voir tomber. Mes craintes sont plus pour leurs conséquences (islamismes ou pas, question des minorités religieuses).

  • Quelle pertinence Francis ! Mettre sur le même plan les capétiens et les satrapes moyen-orientaux actuels. Je gage que c’est le souffle de la révolution qui vous égare. Rien de bien étonnant d’ailleurs.

  • Sur les libertés, je trouve un petit côté « libertés formelles vs libertés réelles » à votre analyse. Cela me rappelle des souvenirs pas si lointains. Par ailleurs je ne vois dans la prise de pouvoir des monarques, des dynasties royales ou impériales aucune autre légitimité d’origine ou d’exercice, que celle de la force, de la ruse, de l’autorité imposée, du peuple soumis, là bas aujourd’hui comme ici avant-hier.

  • Vous ne voyez pas et pourtant Tocqueville le voyait. Mais bon, vu l’état de l’instruction publique rien de plus normal.

    « Je pense que l’espèce d’oppression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce qui l’a précédée dans le monde ; nos contemporains ne sauraient en trouver l’image dans leurs souvenirs. Je cherche en vain en moi-même une expression qui reproduise exactement l’idée que je m’en forme et la renferme; les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point. La chose est nouvelle, il faut donc tâcher de la définir, puisque je ne peux la nommer.

    Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux et ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.

    Au-dessus d’eux s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre : il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

    Si le pouvoir absolu venait à s’établir de nouveau chez les peuples démocratiques de l’Europe, je ne doute pas qu’il n’y prit une forme nouvelle et qu’il ne s’y montrât sous des traits inconnus à nos pères. Il fut un temps en Europe où la loi, ainsi que le consentement du peuple, avaient revêtu les rois d’un pouvoir presque sans borne. Mais il ne leur arrivait presque jamais de s’en servir.

    Je ne parlerai point des prérogatives de la noblesse, de l’autorité des cours souve­rai­nes, du droit des corporations, des privilèges de province, qui, tout en amortissant les coups de l’autorité, maintenaient dans la nation un esprit de résistance.

    Indépendamment de ces institutions politiques, qui, souvent contraires à la liberté des particuliers, servaient cependant à entretenir l’amour de la liberté dans les âmes, et dont, sous ce rapport, l’utilité se conçoit sans peine, les opinions et les mœurs élevaient autour du pouvoir royal des barrières moins connues, mais non moins puissantes.

    La religion, l’amour des sujets, la bonté du prince, l’honneur, l’esprit de famille, les préjugés de province, la coutume et l’opinion publique, bornaient le pouvoir des rois, et enfermaient dans un cercle invisible leur autorité.

    Alors la constitution des peuples était despotique, et leurs mœurs libres. Les princes avaient le droit mais non la faculté ni le désir de tout faire.

    Des barrières qui arrêtaient jadis la tyrannie, que nous reste-t-il aujourd’hui ?

    La religion ayant perdu son empire sur les âmes, la borne la plus visible qui divisait le bien et le mal se trouve renversée ; tout semble douteux et incertain dans le monde moral ; les rois et les peuples y marchent au hasard, et nul ne saurait dire où sont les limites naturelles du despotisme et les bornes de la licence.

    De longues révolutions ont pour jamais détruit le respect qui environnait les chefs de l’Etat. Déchargés du poids de l’estime publique, les princes peuvent désormais se livrer sans crainte à l’enivrement du pouvoir.

    Quand les rois voient le cœur des peuples qui vient au-devant d’eux, ils sont cléments, parce qu’ils se sentent forts ; et ils ménagent l’amour de leurs sujets, parce que l’amour des sujets est l’appui du trône. Il s’établit alors entre le prince et le peuple un échange de sentiments dont la douceur rappelle au sein de la société l’intérieur de la famille. Les sujets, tout en murmurant contre le souverain, s’affligent encore de lui déplaire, et le souverain frappe ses sujets d’une main légère, ainsi qu’un père châtie ses enfants.

    Mais quand une fois le prestige de la royauté s’est évanoui au milieu du tumulte de révolutions ; lorsque les rois, se succédant sur le trône, y ont tour à tour exposé au regard des peuples la faiblesse du droit et la dureté de fait, personne ne voit plus dans le souverain le père de l’État, et chacun y aperçoit un maître. S’il est faible, on le méprise ; on le hait s’il est fort. Lui-même est plein de colère et de crainte ; il se voit ainsi qu’un étranger dans son pays, et il traite ses sujets en vaincus.

    Quand les provinces et les villes formaient autant de nations différentes au milieu de la patrie commune, chacune d’elles avait un esprit particulier qui s’opposait à l’esprit général de la servitude; mais aujourd’hui que toutes les parties du même empire, après avoir perdu leurs franchises, leurs usages, leurs préjugés et jusqu’à leurs souvenirs et leurs noms, se sont habituées à obéir aux mêmes lois, il n’est pas plus difficile de les opprimer toutes ensemble que d’opprimer séparément l’une d’elles.

    Pendant que la noblesse jouissait de son pouvoir, et longtemps encore après qu’elle l’eut perdu, l’honneur aristocratique donnait une force extraordinaire aux résistances individuelles.

    On voyait alors des hommes qui, malgré leur impuissance, entretenaient encore une haute idée de leur valeur individuelle, et osaient résister isolément à l’effort de la puissance publique.

    Mais de nos jours, où toutes les classes achèvent de se confondre, où l’individu disparaît de plus en plus dans la foule et se perd aisément au milieu de l’obscurité commune; aujourd’hui que l’honneur monarchique ayant presque perdu son empire sans être remplacé par la vertu, rien ne soutient plus l’homme au dessus de lui-même, qui peut dire où s’arrêteraient les exigences du pouvoir et les complaisances de la faiblesse ?

    Tant qu’a duré l’esprit de famille, l’homme qui luttait contre la tyrannie n’était jamais seul, il trouvait autour de lui des clients, des amis héréditaires, des proches. Et cet appui lui eût-il manqué, il se sentait encore soutenu par ses aïeux et animé par ses descendants. Mais quand les patrimoines se divisent, et quand en peu d’années les races se confondent, où placer l’esprit de famille ?

    Quelle force reste-t-il aux coutumes chez un peuple qui a entièrement changé de face et qui en change sans cesse, où tous les actes de tyrannie ont déjà un précédent, où tous les crimes peuvent s’appuyer sur un exemple, où l’on ne saurait rien rencontrer d’assez ancien pour qu’on redoute de le détruire, ni rien concevoir de si nouveau qu’on ne puisse l’oser ?

    Quelle résistance offrent des mœurs qui se sont déjà pliées tant de fois ?

    Que peut l’opinion publique elle-même, lorsqu’il n’existe pas vingt personnes qu’un lien commun rassemble; quand il ne se rencontre ni un homme, ni une famille, ni un corps, ni une classe, ni une association libre qui puisse représenter et faire agir cette opinion ?

    Quand chaque citoyen étant également impuissant, également pauvre, également isolé, ne peut opposer que sa faiblesse individuelle à la force organisée du gouvernement ?»

    De la démocratie en Amérique – Livre II – Partie IV

  • Pour faire simple sur Tocqueville:

    Il estime que l’égalité est le corollaire des société démocratiques et que la marche vers la démocratie est inéluctable. Les Français ont la passion de l’égalité. La passion pour l’égalité de l’homme démocratique est « ardente, éternelle et invincible. Ils veulent l’égalité dans la liberté, et s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans l’esclavage. Ils souffriront la pauvreté, l’asservissement, la barbarie mais ils ne souffriront pas l’aristocratie ». (visionnaire quand on sait que c’est écrit en 1835/1840).

    L’égalité va isoler les individus des uns des autres (individualisme) et entrainer son replis sur lui-même et sur un cercle restreint de personne, plus de relations sociales organisées. Cela va entraîner l’avènement d’un despotisme inouï, celui de l’État qui ne sera pas violence mais plus tôt tracasserie. Cet État va organiser l’Égalité faire en sorte que chacun reçoive la même chose: il ne tue pas, il déresponsabilise : «il travaille volontiers au bonheur des citoyens ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilité leurs plaisirs, conduire leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ».

    Bref l’individu se retrouve isoler face un État tout puissant et la liberté n’est alors que de façade. Pour y remédier Tocqueville propose 2 solutions: les communes (sorte de décentralisation afin d’affaiblir l’État central) et les associations (afin de recréer des sortes de corps intermédiaires afin de laisser à l’État moins d’emprise sur l’homme).

  • Si seulement les Français avaient la passion de l’égalité…

    Il semble parfois que cette passion de l’égalité ne soit qu’une couverture qui dissimule mal la brûlure dévorante de l’envie.

  • C’est ce que Tocqueville sous entend, comme ils sont envieux ils ne supportent pas les différences et son égalitaire à n’importe quel prix

  • Vous opposez intérets stratégiques et contrats dans l’extrait suivant : « Ce réalisme à l’égard de régimes autoritaires est encore admissible lorsque les intérêts stratégiques de la France sont en jeu. Il devient désolant lorsqu’il ne s’agit que de contrats »

    Lorsque la France vend des avions Rafales ou des navires munis de technologies de pointe comme ce fut le cas récemment avec des ventes à la Russie, cela permet d’augmenter la production, d’effectuer des économies d’échelle, et de baisser le coût de production, et de rendre les technologies en question rentables, et finalement de pouvoir doter les armées françaises de tels outils en préservant l’indépendance technologique de la France, en restant à l’intérieur de l’enveloppe budgétaire du ministère de la défense qui n’est pas indéfiniment extensible, et c’est une litote.

    Attention avec le site Atlantico, car la page http://www.atlantico.fr/decryptage/libye-occidentaux-ne-comprennent-rien-44332.html mentionne Benoist-Méchin dans les « bonnes lectures », si toutefois j’ai bien compris.

  • Si vous regardez l’institution dont dépend le monsieur qui écrit l’article d’Atlantico précité, vous obtenez la page suivante : http://www.institut-thomas-more.org/fr/qui-sommes-nous.html où figure Marwan LAHOUD qui est un directeur d’EADS. On est donc probablement plus du côté du réalisme et des contrats d’armement que du côté des grandes idées généreuses (qui certes prennent parfois le risque de l’irréalisme) avec des plumes issues d’un tel milieu.

  • Les événements récents en Libye montrent une fois encore que la France n’a pas les moyens à titre individuel d’une politique étrangère qui la placerait dans le podium des grandes nations. Elle n’a surtout pas les moyens militaires conventionnels pour faire quoi que ce soit et par conséquent la seule ligne qu’elle peut adopter c’est la non intervention militaire. Cette politique pacifiste, cette neutralité par défaut, peut s’avérer bénéfique, mais cela reste à prouver.

    La France a l’arme nucléaire, certes, mais en ce moment elle ne lui sert pas à grand-chose. Par contre, la France est membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU avec droit de veto, et par conséquent aucune décision ne peut être prise par le Conseil sans l’accord de la France.

    Sarkozy, en nommant Juppé ministre des affaires étrangères, il met au commandes du bateau de la diplomatie française quelqu’un qui a été premier ministre et qui est de fait officieusement ministre de la défense et officiellement ministre des affaires étrangères. En plus, il a la réputation, aussi bien à droite comme à gauche, d’avoir été dans le passé un bon ministre des affaires étrangères. En ce moment, on entend Juppé dire qu’il n’y aura pas d’intervention militaire de la France sans mandat de l’ONU. Ce qui veut dire que la France est contre. Je pense que d’habitude Juppé se fait écouter. La preuve est que, même s’il ne faisait pas partie du gouvernement pendant la 2ème guerre du Golfe (invasion du Koweït par l’Irak), on l’entendait dire qu’il fallait absolument pas aller jusqu’à Bagdad et renverser Saddam Hussein après avoir libéré le Koweït car le mandat de l’ONU comprenait seulement la libération du Koweït. Je crois que si l’on aurait renversé Saddam Hussein à ce moment là, on aurait évité la 3ème guerre du Golfe et le cours de l’Histoire aurait été tout autre.

    J’espère que la France jouera un rôle important pour renverser Kadhafi et que la politique étrangère de la France ne sera pas dictée seulement par l’objectif de vendre des Airbus et du matériel militaire.

  • Giuseppe,

    Jacques Benoist-Méchin a certes été dans le gouvernement de Vichy, mais il a été un des meilleurs connaisseurs du Moyen-Orient au point de conseiller de manière privée certains de nos gouvernants célèbres. Ce genre de vigilance est vraiment fatiguant. Céline, Benoist-Méchin, etc., à qui le tour ? Ceci dit, je suis d’accord sur Atlantico, mais pas pour les mêmes raisons que vous.

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