Eloge de la repentance

Ce titre fera bondir plus d’un lecteur, je le sais et on y verra une provocation ou une critique envers le chef de l’Etat. Le Président Sarkozy déteste la repentance. Il l’a dit et répété tout au long de sa campagne. Sans doute a-t-il raison. Trop de repentance tue la repentance, c’est évident. De plus un Etat doit se sentir suffisamment sûr de lui pour admettre ses erreurs ou les crimes commis en son nom. Ce n’est évidemment pas le cas de la France qui connaît une crise de confiance aussi surprenante qu’injustifiée.

Est-ce à dire que Chirac n’aurait pas dû, par exemple, présenter des excuses pour la rafle du Vél d’Hiv, pour les errements de Vichy ?

Ses prédécesseurs avaient estimé que Pétain et l’Etat français n’étaient qu’une parenthèse dans l’histoire de France, que la République n’avait rien à voir avec les persécutions antisémites.

Dans le même temps la RFA, bien que n’étant pas héritière du IIIe Reich, versait des compensations pécuniaires aux rescapés des camps ainsi qu’à l’Etat d’Israël qui n’existait pourtant pas à l’époque de la Shoah. Le bénéfice tiré par l’Allemagne de cette politique fut énorme. Seuls les communistes osèrent s’en prendre aux « revanchards allemands ». Le reste du monde comprit tout de suite que l’Allemagne fondée en 1949 était en rupture totale avec Hitler et son idéologie. Si les allemands n’avaient pas pris ces décisions courageuses leur présent aurait été grevé par le poids du passé.

Il faut dire aussi qu’il y a des peuples qui acceptent plus facilement que d’autres de faire amende honorable.

Dans le fond la repentance est un acte qui s’apparente à la confession des catholiques.

A quoi sert la confession ? A demander pardon sinon à la personne offensée tout au moins à Dieu pour le mal dont on s’est rendu coupable, à s’infliger une pénitence, et surtout à prendre l’engagement de ne plus recommencer. L’absolution obtenue permet au pénitent de recommencer à vivre sans traîner le boulet de ses fautes. Cela est particulièrement important pour le pécheur dont la transgression est notoire, surtout s’il occupe une haute fonction. Son remords doit devenir public.

Des exemples de contrition au plus haut niveau de l’Etat ne sont pas rares dans l’histoire européenne. Le cas le plus spectaculaire c’est Henri II Plantagenêt qui se rend en robe de bure à la cathédrale de Cantorbéry pour s’y faire flageller et expier le meurtre de Thomas Becket, après être revenu sur les décisions qui avaient suscité l’opposition de l’archevêque martyr.

Plus près de nous c’est Willy Brandt agenouillé devant le mémorial du ghetto de Varsovie.

Les protestants qui ne connaissent pas la confession telle que la pratiquent les catholiques n’en sont pas moins eux aussi capable de repentance.

Dix ans après les tristes procès en sorcellerie de Salem le Commonwealth du Massachusetts admit s’être trompé, ordonna un jeûne collectif dans toute la colonie, versa des indemnités symboliques aux victimes ou à leurs descendants.

On m’objectera que les calvinistes n’ont pas demandé pardon pour l’exécution inique de Michel Servet. Justement, on peut estimer qu’ils se grandiraient en s’imposant cette démarche.

Le champion de la repentance fut Jean-Paul II qui s’attira de nombreuses critiques pour ses demandes de pardon. L’histoire retiendra j’en suis certain les paroles qu’il prononça lors de son voyage en Israël, le billet qu’il glissa entre les pierres au Mur des Lamentations. Ce grand moment mit fin à des siècles d’incompréhension, de rancoeurs cachées entre juifs et chrétiens.

On m’opposera que lorsque le successeur de Pierre prit en compte les crimes de l’Inquisition, cela n’avait aucun sens si longtemps après les faits. Je pense le contraire. Le Pape voulait très certainement signifier que les chrétiens doivent se garder de telles dérives. C’est dans le même état d’esprit qu’il réhabilita Galilée, qu’il fustigea l’exécution de Giordano Bruno ou celle de Jan Hus.

Quel est le protestant qui ne s’attend pas à ce que les catholiques condamnent la Saint-Barthélemy ? On pourrait éluder en objectant que c’était il y des siècles, dans un contexte politique et religieux que l’on appréhende mal aujourd’hui. Peu importe, les faits sont connus. On ne peut que se désolidariser avec ces pratiques barbares.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, les descendants de ceux qui ont souffert sont sensibles à la contrition des enfants des persécuteurs.

Il ne fait aucun doute que si Jean-Paul II avait eu le temps de se repentir au nom de l’Eglise pour les massacres qui suivirent la prise de Constantinople par les croisés, les relations entre catholiques et orthodoxes se seraient décrispées.

La repentance est aussi un acte politique exemplaire et judicieux. On l’a vu dans le cas de l’Allemagne.

Lorsqu’en 1957 le Sénat américain censura McCarthy, cette procédure purement symbolique eut une portée politique et sociologique considérable. Les américains reprirent goût au « vivre ensemble » interrompu par la chasse aux sorcières. Dommage qu’ils n’aient pas montré le même zèle envers les indiens en reconnaissant ne jamais avoir respecté un seul des 400 traités signés avec les chefs amérindiens. Dans les Réserves on attend encore une amorce d’excuses.

Imaginons un seul instant l’impact qu’aurait une démarche de repentance de la part de la Turquie à l’égard des arméniens. Tout le monde sait que la négation du génocide est resté une grande souffrance pour les petits-enfants des victimes.

Bien entendu il ne faut pas que la repentance soit à sens unique. Demander pardon pour Hiroshima devrait imposer en parallèle une attitude de contrition des japonais pour les atrocités commises en Chine, en Corée, aux Philippines.

C’est peut-être l’absence de réciprocité qui gêne le plus nos contemporains.

Nous ne voulons pas demeurer les seuls à battre notre coulpe.

Comment ne pas proclamer que l’esclavage fut une honte ? Oui mais ce serait plus facile s’il était dit que de nombreux esclaves furent vendus par leurs propres chefs, que les arabes furent actifs dans ce commerce indigne.

Repentance donc mais pour toutes les parties concernées.

C’est peut-être là l’erreur de la loi sur les aspects positifs de la colonisation. Outre qu’il n’appartient pas au législateur d’écrire l’Histoire, affirmer que la colonisation a eu des bienfaits (ce qui est évident pour tous les gens de bonne volonté) sans faire allusion aux zones d’ombre était une bévue, au moins tactique.

On pourra toujours estimer que notre génération n’a pas à se reprocher ce que les autres ont fait de mal. Accepter que les anciens se sont trompés, ont mal agi, ne peut que nous renforcer, nous grandir.

L’amour propre d’une nation est peut-être atteint par la démarche de repentance mais les avantages sont si évidents que nul ne devrait hésiter. La paix civile, les bonnes relations de voisinage en dépendent souvent. Et il y a de quoi faire, pour nous français et pour les autres.

Nous pourrions dire, simplement dire, que nous avons été durs, implacables, avec les prisonniers allemands, que nous avons été injustes avec les pieds-noirs, cyniques avec les harkis… Les autrichiens pourraient accepter de reconnaître leurs responsabilités dans les agissements des nazis. Les italiens pourraient regretter d’avoir mitraillé des civils français pendant l’exode, les anglais d’avoir détruit une flotte française désarmée à Mers-El-Kébir, ou d’avoir tué des centaines de milliers de réfugiés à Dresde. Les communistes pourraient, devraient, se faire pardonner le goulag…

Il y a matière à repentance partout dans le monde.

Il est sûrement venu le temps de pardonner. Mais comment pardonner à des gens qui ne reconnaissent pas leurs fautes ?

Craint-on une culpabilisation à outrance ? Une réécriture de nos épopées ? Dire que Napoléon s’est mal comporté en rétablissant l’esclavage ne devrait rien enlever à son génie, à sa gloire. Déplorer la rouelle imposée par Louis IX aux juifs ne veut pas dire qu’il ne fut pas un saint homme. Condamner les lois raciales de Vichy ne devrait pas empêcher de saluer en Pétain le vainqueur de Verdun.

Ce n’est pas en cachant les défauts de nos ancêtres que nous les grandissons.

Regarder la réalité en face, prendre en compte les leçons du passé ne peut que nous rendre plus justes, donc plus forts.

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24 commentaires

  • @Dang concernant JPII tu as oublié le pardon qu’il a demandé aux Indiens d’Amérique qui après une analyse scientifique de l’époque avaient été déclaré comme animaux et traité de la sorte par les colons espagnols et portugais.

  • Oui! Reconnaître les torts que « les notres » ont commis, c’est çà aussi l’identité nationale, une sorte de solidarité et de co-responsabilité inter-générationnelle. Il faut le faire une fois pour toute, sinon effectivement çà devient de la repentance un peu morbide.

  • oui, bon- tuez les tous et dieu reconnaitra les siens, c’est du passe, mais les indiens d’amerique se vengent derisoirement avec leurs casinos et comme tu dis les esclaves ont souvent ete vendus par leur chef de tribu, les juifs parques des le moyen-age dans le ghetto de venise, plus on fouille plus on en trouve de ces derives maintenant insupportables, alors jusqu’ou faut-il aller ? on ne peut pas refaire l’histoire et c’est en cela que je suis tout a fait d ‘accord avec NS. tirons un trait, sans pour autant oublier. arretons tous les ans de nous apesentir sur la shoa, le genocide armenien, l’oublie de l’histoire i.e. le cambodge et bien sur les purge staliniennes, c’est pas dans l’ordre chronologique mais bon,il y a des gens dans le monde qui vivent au quotidien ce dont nous nous flagellons intellectuellement, il y a de quoi relativiser, alors de grace regardons devant nous avec la foi et l’espoir.

  • Pas d’accord à ce stade, Sir.

    Tu évoques un premier élément qui permet de distinguer les faits que tu évoques : l’écoulement du temps. Qu’il s’agisse de la RFA, de Willy Brandt, de McCarthy, Plantagenêt ou les sorcières de Salem, tous ces exemples ont en commun d’avoir suscité un remords, une condamnation quasi immédiate. Dans ce cas, il ne s’agit pas de demander pardon pour les crimes de ses aïeux, mais des siens propres, ou de l’Allemagne, de l’Amérique, de son temps.

    Il est peut-être révélateur que le seul exemple qui ne concerne pas un cas d’Histoire immédiate soit la repentance voulue par Jean-Paul II. L’Eglise a un autre rapport au temps.

    Cela étant, a-t-on cessé pour autant de faire les mêmes reproches à l’Eglise que ceux qui étaient faits avant ? Tu me diras, et j’en serai d’accord, que l’essentiel est d’avoir posé cet acte, quel que soit la façon dont il est reçu.

    Je peux comprendre que les descendants de victimes, prenons les protestants, soient sensibles à une reconnaissance mais je ne me sens aucune espèce de responsabilité dans les actes de ceux qui ont commis des massacres à leur encontre. Le seul fait que je sois catholique ne m’incite pas à regretter ce que d’autres catholiques ont fait il y a 500 ans et que je considère, de surcroît, comme totalement extérieur au catholicisme. Ce n’est pas le catholicisme qui a produit ça. Maintenant, est-ce que je condamne ce qui s’est produit à l’époque ? Ca me semble tellement évident que je trouverais même ridicule de croire nécessaire de condamner.

    A la rigueur – mais, évidemment, c’est plus facile de dire cela lorsque l’on se place du côté des descendants des auteurs (les majoritaires : français de longue implantation, blancs et catholiques – je suis presque choqué qu’un protestant, aujourd’hui, puisse voir en moi un descendant de massacreurs. Ca me paraît parfaitement absurde, au sens fort.

    On pourrait toutefois se dire, espérer, que la repentance pourrait être un moyen de parvenir à la réconciliation et, en cela, ton billet se situerait dans la droite ligne du précédent : mettre fin à deux siècles de guerre civile (voire plus).

    Je suis en train de lire, avec scepticisme, un livre de Marc Ferro, Le ressentiment dans l’Histoire. Je ne suis pas sûr de le terminer, tant il me paraît enfoncer de portes ouvertes : oui, bien évidemment, la quasi-totalité des troubles, guerres, massacres, faits douloureux de l’Histoire, sont suscités par le ressentiment (ainsi notamment de la Seconde Guerre Mondiale, de l’enchaînement des violences au Proche-Orient). Ca me semble tellement évident… Mais effectivement, on peut se dire : alors, si l’on veut assurer un fonctionnement apaisé du monde, il conviendrait d’en bannir le ressentiment. Outre que cela me paraît illusoire pour l’avenir (on ne va pas subitement devenir moins cons), ça me paraît également pas gagné pour le passé (cf la deuxième raison ci-dessous).

    Je reproche également deux choses à la démarche : (i) qu’elle amène à vivre en permanence dans le passé et (ii) la concurrence victimaire et la dérive communautariste qu’elle suscite. Les deux sont d’ailleurs assez liés.

    Puisque l’on a reconnu la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs, voilà que nombre de minorités semblent comme se mettre en quête de leur motif de repentance. Et chacune de fouiller l’Histoire pour brandir à la face de l’Etat et de la société leur brevet de souffrances. Ce faisant, à intervalles réguliers, on repart dans un long débat historique afin de déterminer si, et dans quelle mesure, on a vraiment et spécialement été des enculés, ou pas. Je veux bien qu’un pays soit en mesure de mener de front examen du passé et projection dans l’avenir mais je ne suis pas certain que le nôtre en soit spécialement capable, ni que ce ne soit pas notre relative incapacité de nous projeter dans l’avenir qui nous fait tant aimer les poubelles de l’Histoire.

    Concurrence victimaire, puisque, donc, chacun s’en va cherchant le motif de repentance qu’il pourrait brandir.

    On pourrait m’opposer, il est vrai, que je suis dans cette position parce que je suis, donc, français de longue ascendance, blanc et catholique et que, donc, j’ai toutes les chances d’être davantage du côté des méchants que des gentils.

    Mais faites-moi un peu ch… comme ça, et je vous dirai qu’avec des ascendances basques, vendéennes et bretonnes, je peux (i) faire état du comportement oppressif de la République vis-à-vis des minorités régionales et (ii) que j’ai de très bonnes chances de trouver dans mes aïeux quelque chouan qui me fournirait une excellente raison de ressortir les Guerres de Vendée, largement reléguées dans l’oubli, et la fondation de la République dans le sang des paysans bretons et vendéens.

    Et encore ne sait-on pas vraiment ce que l’on peut découvrir parmi ses ascendants ?

    En outre, non seulement chacun peut ressortir un motif plus ou moins fondé, amenant à des examens scrupuleux répétés mais il y aura toujours ceux qui considèreront que, si repentance il y a eu, elle n’était pas suffisamment sincère à leur goût, ou qu’elle ne s’est pas accompagnée de dédommagements, signe d’ailleurs de la permanence du comportement dominateur de la majorité.

    Concurrence victimaire, donc, communautaurisme puisque chacun s’identifie à une communauté souffrante. Je serai donc fils de chouans contre les républicains, les libre-penseurs etc. On en vient donc à raisonner en communauté de souffrance et non en communauté de destin, ce que je ne trouve pas très heureux pour l’avenir d’un pays.

    A moins que le mal ne soit déjà fait, et que l’on ne vive cette période assez neuve de demande de repentance que parce que notre capacité à « vivre ensemble » est déjà fort entamée. Cette demande serait-elle davantage un symptôme que la source du communautarisme ? Ou ne s’agirait-il pas d’uns spirale vicieuse : l’affadissement de la communauté nationale produit cette demande qui favorise elle-même l’éclatement de ladite communauté ?

    Tu vois, effigy, tu as de la marge !

  • ou qu’elle ne s’est pas accompagnée de dédommagements,
    la grande questionm les dedommagements mais au nom de quoi, combien,pourquoi,pour qui?, ça c’est un truc qui me fait vraiment flipper, alors on ramene tout, son honneur, sa dignite, son heritage socioculturel a une simple question d’argent, quelle misere, la on ne doit plus parler de fierte.

  • @Koz : je me doutais bien que je n’emporterais pas ton adhésion, mais il faut que ton désaccord soit grand pour que tu te fendes d’un si long commentaire. Cela arrive rarement.

    Comme tu le supposes ce billet est la suite du précédent.

    Je pars d’un constat qui est la propension des français à entretenir un climat de guerre civile ou tout au moins de grande discorde.

    Ces dissensions interminables ont coûté très cher à la France.

    Je suis persuadé (mais c’est mon éducation catholique qui me fait penser ainsi, j’en conviens) que les parties majoritaires doivent faire un geste d’apaisement envers les autres quand il y a des litiges.

    Cela les français ne savent pas le faire.

    Il suffit pour s’en persuader de relire les discours des congrès socialistes au début du règne de Mitterrand. On se serait cru au temps de la Révolution.

    J’en arrive à me demander si la paix sociale que l’on observe ailleurs ne vient pas d’une meilleure aptitude des uns et des autres à reconnaître leurs erreurs.

    Si McCarthy n’avait pas été censuré (vote symbolique du sénat américain, sans aucune conséquence, je le répète) les américains auraient traîné longtemps encore les ressentiments de la période 45-55.

    Comme pour la confession la repentance permet de repartir à zéro et de ne plus ruminer le passé.
    Contrairement à ce que tu penses j’estime que la repentance permet de regarder vers l’avenir après avoir réglé son compte au passé.
    Il me semble que Vétéran a bien compris mon moint de vue à ce propos.

    Je crois aussi que la repentance est d’une grande habileté politique.
    Elle désamorce mauvais esprit et protestations sans fin.
    Et elle ne coûte pas grand-chose si ce n’est un peu d’amour propre.Mais elle fait tellement de bien à ceux qui l’attendent.

    Demande à un arménien ce qu’il en pense. Si la Turquie n’avait pas eu cette attitude fière et butée il n’y aurait plus de litige entre arméniens et turcs depuis des lustres.

    Je me souviens du sermon d’un curé catholique en Louisiane. Les noirs étaient regroupés comme ils en avaient l’habitude depuis toujours autour de la statue de St Joseph artisan. Le curé s’adressa à eux et leur demanda pardon pour cette forme de ségrégation qui n’osait pas dire son nom. On avait obligé les noirs, autrefois, à se regrouper pour qu’ils ne soient pas mélangés aux blancs. Ils avaient gardé cette habitude, signe que la ségrégation n’appartenait pas encore au passé. Je vis deux vieilles femmes noires pleurer. Le curé avait-il eu raison ou tort de soulever le problème et de demander pardon?

    Tu suggères à juste titre que la repentance n’a de sens que si les victimes de l’injustice sont encore là. Oui mais lorsque l’on fait repentance pour le mal commis par les aïeux, on sait bien que les contemporains n’ont rien à voir avec ce qui s’était passé, on veut simplement signifier qu’on se gardera de retomber dans les mêmes travers. C’est je pense le message de JPII.

    En revanche je suis d’accord pour dire qu’il ne faut pas faire repentance pour tout et pour n’importe quoi. La repentance doit aussi être unique. Je suis contre les commémorations à répétition.

    Enfin je suis convaincu que la repentance est le luxe des pays qui sont sûrs d’eux-mêmes. Ce n’est aps le cas de la France, malheureusement.

  • @effigy : la question des dédommagements est importante. Dans le cas de la repentance à Salem à la fin du 17e siècle on avait estimé que les compensations ne pouvaient qu’être symboliques. Il y a une certaine absurdité c’est exact à donner de l’argent ou des avantages aux descendants des victimes, sauf si on a spolié leurs ancêtres et qu’on a privé les descendants de ce qui aurait dû leur revenir.

  • La repentance des actes commis pendant une époque ancienne, hélas permet de nous dédouaner de ceux que l’on commet en ce moment même.
    Le procès fait à nos aieux est souvent ridicule, qui sommes nous pour émettre des jugements péremptoires sur des époques dont la réalité quotidienne nous échappe complétement?

  • @dang
    « Demande à un arménien ce qu’il en pense. Si la Turquie n’avait pas eu cette attitude fière et butée il n’y aurait plus de litige entre arméniens et turcs depuis des lustres. »
    « Enfin je suis convaincu que la repentance est le luxe des pays qui sont sûrs d’eux-mêmes. Ce n’est aps le cas de la France, malheureusement.
    et ce n’est certainement pas le cas de la turquie qui recidive joyeusement avec les kurdes cette fois-ci.
    comme il semble definitivement exclu qu’ils se repentent eux, ça ne fait pas parti de leur religion, meme si l’etat se dit laic, on peut donc considerer que la turquie n’est pas sure d’elle meme,elle n’est d’ailleurs pas sure tout court.

  • Pexi a écrit plus haut :

    [quote post= »345″]@Dang concernant JPII tu as oublié le pardon qu’il a demandé aux Indiens d’Amérique qui après une analyse scientifique de l’époque avaient été déclaré comme animaux et traité de la sorte par les colons espagnols et portugais.[/quote]

    Oui c’est la fameuse controverse de Valladolid. On se demandait encore si les indiens avaient une âme.
    En Amérique du nord c’était plus subtil. Les puritains protestants estimaient que les indiens étaient des suppôts de Satan. Il était donc plus facile de prendre les terres de ces gens-là. Au 19e siècle la plupart des indiens d’Amérique du nord sont christianisés. Cela n’empêche pas leur massacre. Le général Custer proclame : « a good indian is a dead indian ». Cela permettra à De Gaulle de s’exclamer un jour où on lui dit l’inquiétude des américains devant sa politique algérienne « les américains? Ils ont zigouillé les indiens ».

  • On ne va pas s’ étonner de ce qu’un vrai catho se charge de tout les pêchés du monde, c’est inscrit dans les conventions collectives. Je ferais simplement remarquer qu’il y a des lieux pour ça (c’est facile à reconnaitre, y’a une croix dessus).

    Mon avis personnel est que la repentance est l’enfant naturel du racisme anti-occidental, du révisonnisme historique et de la manipulation mentale. Une monstruosité innommable donc.

    Raciste parce que les fautes des uns sont imputé à tout un peuple, sans même que cela soulève une quelconque interrogation (alors que c’est exactement le même principe que »les arabes c’est tous des voleurs »)

    Révisionniste parce que les faits qui ne vont pas dans le bon sens sont simplement oubliés (Personne ne demandera jamais ni la France, ni à l’Algérie, ni au 93, de faire repentance pour les viols en séries commis par les « indigènes » de l’Armée de la Libération en Alsace, par exemple)

    En fait, demander aux occidentaux(car c’est bien uniquement d’eux qu’il s’agit) de faire repentance du tort qu’ils auraient causé au reste de la planète, ça m’apparait aussi abject que si on demandait à l’afrique de nous remercier officielement pour les médicaments anti-palu et l’alphabétisation dont elle a bien profité.

  • En fait, Dang, tu parles plus de pardon que de repentance dans ton billet.

    Je suis d’accord avec toi sur un point. Le pardon demandé et accordé est un élément fondateur de la réconciliation et du « vivre ensemble ».

    Le problème est qu’en France, la repentance est utilisée comme une arme idéologique pour attiser et non apaiser les ressentiments. Quand la personne en face n’a aucune intention d’accorder son pardon, sa demande de repentance devient une agression.

    La plus belle illustration, c’est que ceux qui en France exigent du pays une repentance permanente sont généralement des militants de gauche et d’extrême gauche. Ils exigent que la France fasse des excuses mais n’en présenteront jamais eux-même pour avoir cautionné, soutenu, défendu des régimes totalitaires et/ou sanguinaires. S’ils recherchaient vraiment la réconciliation sur la base de fautes mutuellement reconnues et pardonnées, ils ne se priveraient pas de montrer l’exemple.

  • [quote comment= »25638″]

    Comme pour la confession la repentance permet de repartir à zéro et de ne plus ruminer le passé.
    Contrairement à ce que tu penses j’estime que la repentance permet de regarder vers l’avenir après avoir réglé son compte au passé.
    Il me semble que Vétéran a bien compris mon moint de vue à ce propos.

    Je crois aussi que la repentance est d’une grande habileté politique.
    Elle désamorce mauvais esprit et protestations sans fin.
    Et elle ne coûte pas grand-chose si ce n’est un peu d’amour propre.Mais elle fait tellement de bien à ceux qui l’attendent.

    Demande à un arménien ce qu’il en pense. Si la Turquie n’avait pas eu cette attitude fière et butée il n’y aurait plus de litige entre arméniens et turcs depuis des lustres.
    [/quote]

    Je suis entierement daccord avec toi Dang .
    Tirer un trait et avancer sans regarder derriere n’apporte pas grand chose hormis laisser des plaies béantes . Le temps peut aider à faire oublier ( sans doute ce qu’attend la Turquie pour la cas des Arméniens), mais un seul siècle n’y suffira pas.
    A la repentance je prefère la Reconnaissance, qui ouvre des portes, donne une lumière, sans pour autant faire peser le poids des actes du passé qui je le reconnais peut être trop lourd à porter.

    Effigy tu cite les Kurdes qui subissent aujourd’hui la récidive Turque, eux par exemple on reconnu avoir participé au génocide Arménien aux côté des Turcs , ce qui arrive aujourd’hui est une abération.

  • @isildur, oui un peu comme les ukrainiens lors de la 2eme guerre mondiale,complices des ss puis pourchasses par ceux-la meme qui les avaient utilises si fort commodement.

  • @Liberal : j’ai été interrompu et n’ai pu terminer mon commentaire. Comme tu le supposes le « pardon » au sens chrétien du terme se trouve au centre de ma réflexion. Je pense que le pardon est la supériorité du christianisme et la condition de la paix sociale, du bien vivre ensemble.
    On peut lui donner le nom de « repentance » si on veut (ce qu eje fais lorsque l’Etat est impliqué) ou de « Reconnaissance » comme le suggère non sans raisons fw.isildur, mais la démarche est la même. Tu l’auras deviné ma repentance à moi n’est pas celle des gauchistes. Je ne la situe pas du tout dans la même démarche intellectuelle. Les gauchistes veulent la repentance pour affaiblir la France. Je pense quant à moi que la repentance serait l’expression d’une France forte, apaisée, réconciliée avec elle-même (cf. mon précédent billet) et avec les autres.
    Je ne saurais trop insister néanmoins sur le fait que je ne conçois pas la repentance comme une expression manichéenne. Il n’y a pas à mes yeux ces salauds de français d’un côté et les gentils exploités de l’autre.
    Prenons par exemple les massacres de Sétif en 1945, longuement occultés par les divers gouvernements de la République. Cela ne me gêne pas de reconnaître nos torts et nos crimes dans cette triste affaire et d’admettre toutes les bavures qui ont émaillé la guerre d’Algérie, mais je m’attends à ce que le gouvernement algérien reconnaisse aussi les crimes commis par le FLN : massacres de villageois fidèles à la France ou partisans du MNA , attentats sanglants, assassinats et enlèvements d’européens, massacre des harkis.

  • @ toto : vous aurez compris que la repentance dont je parle n’est pas celle que vous décrivez.

    En fait je me pose une question simple : les allemands auraient-ils dû ignorer la Shoah au prétexte que c’était le passé et que la RFA n’existait pas?
    Chirac aurait-il dû faire l’impasse sur les lois antisémites de Vichy et sur l’aide apportée par l’Etat français à l’occupant?
    A-t-il eu tort d’instaurer une journée du souvenir pour les harkis?
    Aurait-il dû faire l’impasse sur l’esclavage?
    Ma réponse est que l’Allemagne n’aurait jamais pu occuper la place qui est la sienne sans sa repentance active et que Chirac a eu raison de prendre les initiatives que je cite.

    Je répète qu’il y a repentance et repentance.

    D’ailleurs je constate que les lecteurs de gauche qui sont toujours prêts à donner des leçons se gardent bien de m’approuver.
    La repentance serait-elle donc leur chasse gardée?

    Désolé, on peut être de droite et n’y voir que des avantages.

  • Nous sommes passer d’un époque où « malheur aux vaincus » était la règle universelle à « malheur aux vainqueurs » (avec le principe « si ce n’est pas toi, c’est donc tes pères »).

    Aujourd’hui en Europe, les champs de batailles appartiennent à l’histoire. Il est donc normal de regarder le passer et pas le futur.

    La repentance générale disparaitra lorsque la France (ou Europe) sera sur les champs de bataille de demain…

  • La repentance ? Mais notre pays a toujours été irréprochable, plus particulièrement d’ailleurs, dans ses relations avec l’Afrique, et il continue à l’être …

  • Bonjour,
    Oui ce texte sur la repentance me frappe, étant face à une situation de ce genre, mais évidemment de moindre importance (peut-être…) : l’histoire d’une invention en horlogerie, mais invention qui date des années 1770/1780 et qui équipe toute l’horlogerie de nos jours, dont les retombées économiques indiscutables.
    Un historien suisse Alfred Chapuis, allié au technicien Eugène Jacquet, ont attribué un dispositif de montre automatique au Loclois Abraham Louis Perrelet, dans un ouvrage paru en 1952 aux éditions Griffon de Neuchâtel.
    Depuis cette attribution est rentrée dans l’histoire partout est pourtant elle n’était pas accompagné de documents concrets et fiables.
    En 1993 j’ai analysé un document de l’Académie française des Sciences de Paris, qui décrit ce dispositif attribué à Perrelet et l’auteur en était Hubert Sarton, horloger de la Principauté de Liège.
    Ayant révélé ce fait nouveau dans différentes publications, je pensais que « l’erreur » serait vite reconnue…ça fait 15 ans que j’attends, et je constate au contraire qu’on restent partout sur l’attribution Chapuis/Jaquet, mais en refusant de présenter les documents d’époques qui, à ce jour, restent toujours absents
    Des pays, le Vatican, etc. ont fait preuve de repentance, c’est tout à leur honneur, qui n’est pas capable d’en faire autant sur ce tout petit détail historique, très certainement sans aucune conséquence ?
    Joseph flores

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