Démission, démission, démission

huitretplaideursJe me souviens d’une émission de radio, il y a quelque temps. Deux ou trois journalistes accompagnés d’autant de penseurs s’interrogeaient sur le succès des blogs en France. Outre les considérations sur les skyblogs, témoignage de la méconnaissance ordinaire du pontifiant occasionnel, l’un d’eux évoquait le goût très français pour la conversation.

Je ressens toujours quelque gêne à évoquer ce qui serait spécifiquement français, contrairement à ceux qui ont le privilège de bénéficier d’une vue globale à la fois sur la France et les français mais également sur l’Espagne et les espagnols, la Hollande et les hollandais, la Patagonie et les patagons, de sorte qu’il leur est possible de distinguer les traits de caractère éminemment français. Je ne saurais donc dire s’il y a un goût très français pour la conversation. Mais avouer que, parmi les motivations évoquées lorsqu’on en vient aux blogs – narcissime, orgueil, fatuité – celle-ci a du chien. C’est notre curiosité intellectuelle, notre goût de l’échange, qui nous mènent au blog…

Quitte à contredire frontalement, toute honte bue, ce que j’écrivais ci-dessus, je me demande s’il n’y a pas aussi un autre facteur très français, notre goût de la polémique. Car à partir d’un évènement qui ne s’y prête pas, nous faisons preuve d’une capacité remarquable à créer une polémique. Quelques méritoires efforts parviennent à hisser les faits les plus insignifiants comme les interrogations légitimes en polémiques et mises en accusation.

Voyez la mort de cet enfant. Une infirmière s’est trompée de perfusion. Elle a confondu deux produits à la présentation similaire, et n’a pas prêté l’attention nécessaire au libellé de la poche de produit. Immédiatement après les faits, elle a reconnu son entière responsabilité. C’est, objectivement, un fait dramatique, terrible, qui survient un 24 décembre, et nous pensons à nos enfants… mais c’est un fait qui pourrait se produire dans n’importe quel hôpital de n’importe quel pays, dans n’importe quelles conditions de moyens. Pourtant, un homme, Patrick Pelloux – qui devait craindre de ne pas passer à la télévision s’il se contentait de tenir des propos sensés – n’a pas craint en revanche de mêler des faits sans le moindre rapport, de donner dans la récupération politique de la mort d’un enfant, et d’appeler à la démission du Ministre de la Santé. Pour une dramatique négligence d’une infirmière dans l’un des plus de mille hôpitaux français. Qui donc appellera à la démission de Patrick Pelloux ?

Ensuite la mécanique s’enclenche. Bien sûr, on peut poser la question des moyens. C’est, peut-être, le manque de moyens, la fatigue, qui expliquent que cette infirmière n’ait pas lu le nom du produit qu’elle injectait à cet enfant de trois ans, et qui expliquent que ce produit ne se trouvait pas à sa place. Peut-être est-ce le manque de moyens qui fait qu’il n’y ait pas eu de contre-vérification de la bonne localisation du produit dans l’armoire à pharmacie. Après tout -et même si le rythme hallucinant des gardes est certes très insatisfaisant mais loin d’être nouveau – nul ne le sait, mais ce n’est pas ce qui nous empêchera d’avoir un avis.

La question ultime, en tout cas, c’est bien celle-là : pendant que je blogue, qui bouffe mes huîtres ?

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57 commentaires

  • Patrick Pelloux n’existe, malheureusement pour son égo, que par ce genre de démagogie cynique. J’ai eu l’occasion de l’entendre sur une radio il y a quelques mois ou il a passé la demi-heure qui lui était impartie à vomir ses indignations partisanes et ses récupérations malsaines.

    Un adepte confirmé de ce militantisme opportuniste crasse qui consiste à marcher sur des cadavres pour faire passer un message.

    Détestable…

    Vous l’épinglez de la meilleure des façons.

  • Parler de manque de moyens à l’APHP qui en a de notoriété publique beaucoup plus que tous les autres hôpitaux de France et de Navarre est vraiment se foutre du monde mais correspond à la tactique permanente du sieur Pelloux

  • « C’est, objectivement, un fait dramatique, terrible, qui survient un 24 décembre, et nous pensons à nos enfants… mais c’est un fait qui pourrait se produire dans n’importe quel hôpital de n’importe quel pays, dans n’importe quelles conditions de moyens. »

    Dans n’importe quelles conditions de moyens, vous en êtes vraiment sûr ? Vous êtes au courant du contenu de l’enquête ? Et elle est terminée ?

    Moi je n’ai pas vos certitudes…

    Sur ces moyens, la conférence d’une infirmière, Anne Perraut-Soliveres :

    http://journal-la-mee-2.info/spip.php?article1438

  • Les français ont-ils un goût particulier pour la polémique ?

    A mon avis,les médias français utilisent souvent la polémique comme moyen de communication sous couvert d’information, histoire de faire réagir et pourquoi pas, de faire vendre.

    Les journalistes, si sourcilleux sur leur liberté et leurs droits, sont à l’image du citoyen moyen, ils oublient parfois qu’en face des droits il y a des devoirs.

    Et la responsabilité des médias, dans la façon dont un évènement est rapporté et ressenti par les téléspectateurs-auditeurs-lecteurs, est grande…

    Qui peut résister au rouleau compresseur du flash info répété en boucle à la radio, à BFM TV I TELE LCI qui passent et repassent les mêmes images et les mêmes commentaires ?

    Plus on entend parler d’un évènement, plus on lui donne d’importance. Pendant quelques heures, quelques jours, l’évènement va nous aveugler, s’installer dans notre esprit et qu’on le veuille ou non, nous faire réagir sur des faits dont nous ne savons rien.

    Et puis, le projecteur se tourne vers autre chose, les micros sont tendus vers d’autres bouches et abandonnent leur  » vedette « du moment, celle qu’il fallait absolument interviewer, et qui va se retrouver, selon le cas, soulagée ou abandonnée après avoir connu le cataclysme de la médiatisation éphémère.

    En quoi était-il nécessaire de filmer et d’interviewer le père ou l’oncle de ce petit garçon ? qui ose prétendre qu’il s’agit d’information ? en quoi la douleur et le chagrin sont-ils des informations ?

    Patrick Pelloux est un médecin-urgentiste qui a connu la célébrité médiatique au moment de la canicule de 2002. Sympathique, photogénique et très politisé, il parcourt depuis différents plateaux de télé, il est devenu une  » personnalité médiatique « qui intervient parfois totalement hors de son champ de compétence.
    Dans le même genre mais en moins sympathique, il y a Gérard Miller, psychanalyste et très politisé lui aussi, qui assène ses vérités dans les émissions de L.Ruquier

    Il y a ainsi des intervenants dont on ne sait plus très bien à quel titre ils interviennent et qui bénéficient d’une place privilégiée dans la grande famille de la télévision…

    Les journalistes devraient eux-mêmes réfléchir à une déontologie adaptée aux nouveaux moyens d’expression et d’information, à leur rôle essentiel qui ne consiste pas à piétiner l’existence de nombreuses personnes pour mieux brandir la liberté de la presse ( laquelle se ramène parfois de façon peu glorieuse à satisfaire le voyeurisme qui sommeille en chacun de nous )

    Et puis, il appartient à chacun de nous de ne pas être dupe, de garder ses distances face à une masse d’informations déversées à domicile grâce à un sens critique à conserver.

  • Mais pourquoi pénaliser l’homicide involontaire pour maladresse, inattention, etc ? Si ce n’est pour une erreur délibérée, le civil serait déjà amplement suffisant !

    Ce délit est injuste car toute maladresse n’entraîne pas un accident mortel et certains métiers sont plus risqués que d’autres !

  • En ce qui concerne le Net j’ai ma petite théorie sur la façon de procéder de nos journaleux. Ils lancent des news avec des titres provocateurs ou sensationnels. Souvent le texte en dessous est totalement anodin. Plus l’article « accroche », clics d’internautes, plus il remonte le fil; plus on le commente, plus on cherche à produire d’autres articles sur le même sujet.
    Je parcours presque tous les jours différents sites de news pour me faire une idée sur l’actualité et me surprends de plus en plus souvent à ne pas cliquer sur un article qui m’indigne pour sa partialité, sachant que sinon je participe au buzz.

    Il en va de même avec les personnages connus lanceurs de polémiques. Plus leur comportement est provoquant, plus on les invite à s’exprimer. Cela n’a rien à voir avec une quelconque vérité à découvrir pour informer les spectateurs/auditeurs. Il faut trouver le bon déclencheur de polémiques pour alimenter le buzz = pour faire de l’audimat …

    En ce qui concerne le décès accidentel du petit garçon il me semble que tout a été fait de la part du gouvernement (et de la police/justice) pour désamorcer le plus vite possible une montée éventuelle du courroux de sa communauté … et certains journaleux ont fait exactement le contraire en jouant avec le feu … C’est extrêmement payant pour la presse d’alimenter la polémique, voir des manifestations ou même des révoltes. Cela attire l’attention des gens et fait vendre.

  • « En quoi était-il nécessaire de filmer et d’interviewer le père ou l’oncle de ce petit garçon ? qui ose prétendre qu’il s’agit d’information ? en quoi la douleur et le chagrin sont-ils des informations ? »

    Carredas, sa douleur et son chagrin ne sont pas des informations, vous avez raison. Sa colère, ce qu’il dit de ce qu’il a vécu, l’attitude de l’hôpital à son égard, si. Même si son point de vue est contredit par ledit hôpital.

    Je suis bien placé pour savoir qu’un parent, même s’il n’est pas médecin, « sent » son enfant. Ici, il a été le premier à le sentir mal, très mal. Quand le personnel des hôpitaux associe les proches (et le patient) au processus de guérison, tout le monde s’y retrouve. La preuve :

    A Noël 2007, mon premier petit-fils (2 ans alors) est entré à l’hosto pour une vilaine fracture au fémur. Inquiétude folle car crainte de maladie orpheline, crainte (infondée) de carences du fait que sa famille est végétarienne. Ses parents se sont relayés jour et nuit à son chevet. Occupé et veillé en permanence, il s’est donc retapé en quinze jours alors qu’on leur avait laissé entrevoir de trois à six semaines d’hospitalisation. Autrement plus vite que les petits qui hurlaient tous les soirs voire les nuits car le personnel ne pouvait pas être partout en même temps. Eh bien ils ont eu affaire à deux extrêmes : ceux qui les associaient au soin et échangeaient avec eux car ils avaient compris leur rôle, ceux qui les traitaient en gêneurs. La pire étant cette infirmière venue pour une prise de sang, priant mon fils de sortir. Lui dit qu’il veut rester pour soutenir son fils. Elle : non, je n’ai pas l’habitude. Il sort. L… se met à hurler. Il rentre. Elle lui demande de ressortir. Il obéit. L… hurle. Il rentre, empoigne son fils, elle cède, elle pique… et tout se passe bien. Un autre jour elle arrive pour une piqûre : tenez votre fils contre vous, qu’il ne me voie pas. Lui : non Madame, vous n’allez pas le prendre en traître, vous allez lui expliquer que vous allez le piquer, qu’il aura mal mais que ça va le guérir. Et tout s’est bien passé. Etc. (elle ne parlait jamais à l’enfant) : ils ont fini par demander et obtenir qu’elle ne s’occupe plus de leur garçon.
    Moralité : on doit responsabiliser au maximum possible le patient et son entourage. C’est le meilleur moyen que la guérison se fasse plus vite… au bénéfice aussi de la Sécu !

    Avec les conditions qu’on prépare aux infirmières, c’est pas gagné.

  • Il y a quelques années quand un médecin urgentiste a envoyé à la morgue un accidenté de la route…qui s’est réveillé au moment où l’embaumeur allait faire son travail, on n’a pas entendu Patrick Pelloux réclamer la démission du ministre de la santé peut-être parce qu’à l’époque le ministre était socialiste! On verra comment tout marchera mieux quand Pelloux sera ministre de la santé! C’est un peu ce que le professeur Claude Le Pen lui avait dit chez Morandini au printemps dernier en qualifiant de surcroît les dires de Pelloux de propos de café du commerce, au grand dam de Morandini. Depuis ce jour Claude Le Pen n’est plus invité sur les plateaux mais on y voit de plus en plus souvent l’inénarrable Pelloux.

  • PMB a écrit:

    Dans n’importe quelles conditions de moyens, vous en êtes vraiment sûr ? Vous êtes au courant du contenu de l’enquête ? Et elle est terminée ?

    Moi je n’ai pas vos certitudes…

    La certitude que le risque zéro n’existe pas, quels que soient les moyens mis, ne me semble pas une certitude très risquée à avoir.

    carredas a écrit:

    Les journalistes, si sourcilleux sur leur liberté et leurs droits, sont à l’image du citoyen moyen, ils oublient parfois qu’en face des droits il y a des devoirs.

    (…)

    Plus on entend parler d’un évènement, plus on lui donne d’importance. Pendant quelques heures, quelques jours, l’évènement va nous aveugler, s’installer dans notre esprit et qu’on le veuille ou non, nous faire réagir sur des faits dont nous ne savons rien.

    Et puis, le projecteur se tourne vers autre chose, les micros sont tendus vers d’autres bouches et abandonnent leur ” vedette “du moment, celle qu’il fallait absolument interviewer, et qui va se retrouver, selon le cas, soulagée ou abandonnée après avoir connu le cataclysme de la médiatisation éphémère.

    Effectivement, cette société du zapping est exaspérante. Si l’on se penche sur les polémiques passées de 2008, combien ont mérité l' »encre » qu’on leur a consacrées ?

    Malheureusement, il semble difficile d’espérer échapper à cette logique. Tenir un blog est un bon moyen de s’en rendre compte : écrire un billet sur le sujet d’actualité (surtout si le titre est frappant) vous apportera un nombre de commentaires et de reprises incomparablement supérieur au fait d’écrire un billet déconnecté de l’actualité. Et les blogs, eux, n’ont pas de nécessité de dégager des recettes.

    margit a écrit:

    En ce qui concerne le Net j’ai ma petite théorie sur la façon de procéder de nos journaleux. Ils lancent des news avec des titres provocateurs ou sensationnels. Souvent le texte en dessous est totalement anodin. Plus l’article “accroche”, clics d’internautes, plus il remonte le fil; plus on le commente, plus on cherche à produire d’autres articles sur le même sujet.

    C’est assez vrai. Et je comprends votre sentiment de vous faire berner, en cliquant sur l’article concerné. Il y a même quelque chose d’un peu insultant dans cette pratique, tant on voit qu’elle table sur notre propre goût du sensationnalisme (qui est, en partie, tout à fait légitime : c’est aussi l’intérêt pour ce qui sort de l’ordinaire)… et que cela a marché, puisque l’on a cliqué.

    Cela dit, je n’accablerais pas les journalistes. Contrairement à ce que vous faîtes, combien se détournent de ces sites ? Je n’accepte pas l’argument qui consiste à dire que les medias qui exploitent la veine sensationnaliste ou people ne font que répondre à un besoin. C’est une explication hypocrite qui déresponsabilise à bon compte ceux qui les éditent, et que je classerais dans ces raisonnements relativistes qui font de l’audience la mesure de la qualité. Pour autant, depuis le temps, force est de constater que les lecteurs ne se sont pas détournés de ces procédés.

    Mais, surtout, je constate que les journalistes sont loin d’être les seuls et qu’ils ont, comme je le disais à carredas, l’excuse de devoir être rentables. Mais prenez les blogueurs… Comme les blogueurs sont censés être tous copains, et s’aimer follement, je ne donnerai pas de noms, mais il n’est pas difficile d’en trouver un certain nombre qui fonctionnent exactement sur la même veine, avec un titre accrocheur et plein de vide ensuite. Est-ce parce que nous avons intégré le fonctionnement des medias ? Est-ce simplement une pente naturelle de l’Homme qu’il faudrait prendre pour acquise ?

    margit a écrit:

    Il en va de même avec les personnages connus lanceurs de polémiques. Plus leur comportement est provoquant, plus on les invite à s’exprimer. Cela n’a rien à voir avec une quelconque vérité à découvrir pour informer les spectateurs/auditeurs. Il faut trouver le bon déclencheur de polémiques pour alimenter le buzz = pour faire de l’audimat …

    Dang a écrit:

    C’est un peu ce que le professeur Claude Le Pen lui avait dit chez Morandini au printemps dernier en qualifiant de surcroît les dires de Pelloux de propos de café du commerce, au grand dam de Morandini. Depuis ce jour Claude Le Pen n’est plus invité sur les plateaux mais on y voit de plus en plus souvent l’inénarrable Pelloux.

    Ce que tu dis rejoint assez bien ce que relève Margit.

    Sur le « buzz », je me souviens de la campagne présidentielle, durant laquelle l’équipe de l’UMP nous envoyait un petit « journal du buzz« . Rien que ce terme me hérissait, tant il révèle le vide. Comment traduire « buzz » sinon par « bruit » ? Ce qui intéressait était bien ce qui faisait du « bruit« . Il ne s’agissait pas de trouver des perles, les meilleurs analyses, les plus fines, mais de trouver ce qui faisait du « bruit« . Il n’y a que des communicants (pas les meilleurs) pour accorder une tonalité positive au « bruit« . Perso le « bruit« , ça m’évoque le truc qui me dérange, ça m’évoque les tentatives disharmonieuses de faire de la musique. Et en photo, ça m’évoque le défaut de qualité qu’on essaie d’éliminer… Pas en communication. La perle, ce fut quand on m’a traité de « buzzer« 

    En l’occurrence, Pelloux a l’avantage sur un Claude Le Pen de faire « du bruit« . Son propos n’est pas nécessairement (qui a dit : rarement ?) intelligent, mais le fait est que l’on parlera de l’émission de Morandini. J’entends parfois des émissions de polémistes et je me demande si je serais capable d’y participer. Quoique je sois un peu polémiste à ma façon, je dois avouer que, malheureusement pour une émission de radio, ça m’intéresse aussi d’écouter ce que dit l’autre. Quand je pense à ça, je me dis que je serais un bien mauvais client pour une émission de radio : un mec qui écoute, à la radio, ça fait pas de bruit.

  • @PMB

    Vous savez comme moi que le témoignage d’un proche touché de plein fouet par la mort brutale d’un enfant est à prendre avec précaution, la colère peut être fondée mais par définition, elle ne permet pas une information objective.

    Le problème n’est d’ailleurs pas dans l’émotion légitime de ce proche, mais dans le fait que cette personne soit sollicitée par les médias au moment du drame, et qu’elle réponde à cette sollicitation, comme si de nos jours, rien ne devait rester de l’ordre de l’intime et que tout avait une raison plus ou moins valable d’être exposé sur la place publique.

    Pour le reste, nous sommes nombreux je pense à avoir le souvenir d’une infirmière ou d’un médecin d’hôpital qui cadre mal avec l’image d’Epinal habituellement présentée, mon expérience à moi se rapporte aux nombreux séjours de ma mère à l’hôpital et je vous comprends…

  • Chacun a ses épouvantails.
    Pour certains c’est Pelloux, pour d’autres Bachelot, bof !

    Le monde des blogs est assez semblable au monde des « journaleux » comme certains d’entre vous les nomment.

    L’intérêt des billets, seul le blogueur en est juge, libre aux lecteurs de suivre ou de ne pas suivre.
    Les grivèleries d’un Dray valent-elles celles d’un Balkany, seules nos convictions politiques font la différence.
    La gauche aujourd’hui utilise les mêmes armes dérisoires et parfois vaines et stupides qu’utilise la droite lorsqu’elle veut discréditer le camp d’en face.
    C’est dommage des deux côtés. Finalement, la politique réelle se fait ailleurs que dans les journaux ou sur les blogs où règnent les grandes déclarations sans suite et sans suivi.
    C’est peut-être malheureux d’ailleurs, parce que hors des regards et des jugements du public mis parfois devant le fait accompli.

  • Certitudes pour certitudes (après tout, pourquoi n’en aurais-je pas moi aussi ;-), la seule que je me risque à avoir est que ce drame serait le résultat d’une chaîne de dysfonctionnements.

    Carredas, colère ou pas colère, il y a un fossé trop grand entre ce que dit cet homme et ce que dit l’hôpital. Quant il dit ça :

    « J’ai vu qu’il était en train de mourir. […] J’ai appelé au secours mais il n’y avait personne dans le couloir. […] Les soignants m’ont dit qu’il n’avait rien. « C’est moi qui ai entrepris de lui faire du bouche-à-bouche, puis des massages cardiaques », cauchemarde-t-il, ou ment-il ? Relisez ce « J’ai appelé au secours mais il n’y avait personne dans le couloir », ce « Les soignants m’ont dit qu’il n’avait rien », s’il vous plait…

    Quant à ne pas solliciter une personne au moment d’un drame, je vous suis. Mais ça implique qu’on raccourcisse les JT actuels de moitié. Bon, ça ne me privera pas : je ne les regarde jamais. Je préfère la presse écrite qui, même imparfaite, ne peut pas m’imposer son rythme – son pilonnement axé sur l’émotif brut.

  • Pelloux rappelle que le sous-financement chronique de l’hôpital public, du assez largement à la tarification à l’acte, ou à d’autres décisions politiques, conduit à la mise en danger des patients, et en appelle logiquement à la responsabilité des politiques. Qu’il le fasse à l’occasion de ce drame sur lequel on ne sait pas grand chose est, je vous l’accorde, déplacé. Mais qui l’écoute en dehors des moments de crise?

    St Vincent de Paul est un hôpital que la droite a décidé de fermer. Comme à son habitude, pour que ça passe (aucun habitant du coin, voir de plus loin, ne veut que ça ferme, bien sur!), il faut d’abord se débrouiller pour que ça ne marche pas. Donc diminuer les personnels, constater que ça déconne, dire « ça déconne », et conclure qu’il faut fermer. C’est cette logique que Pelloux dénonce, en soulignant qu’un hôpital qui déconne, c’est des gens qui meurent.

  • La télévision ne peut se permettre d’émettre un jugement ou une opinion faute de perdre des téléspectateurs donc il reste les chiens écrasés, les people, les catastrophes naturelles, les problèmes des autres pays (et là on a une opinion bien évidemment) et….les affirmations de scandale qui, par essence, ne nécessitent pas de raisonner mais simplement d’affirmer.

    Vous avouerez que  » manque de moyens », « complot contre telle ou telle profession », « mise à la casse de telle ou telle activité » ça passe mieux qu’exigence de résultats ou recherche d’amélioration de procédure. L’incendie par bouteille de gaz est plus intéressant quand il traduit le manque d’attention aux exclus de la société que l’oubli de fermer un robinet. L’erreur tragique d’une infirmière ne peut qu’être due à ses conditions de travail forcément aberrantes.

    Mais derrière ce goût du scandale se cache la volonté de ne pas regarder les choses en face, de ne pas vouloir reconnaitre qu’on pourrait simplement faire autrement et plus efficacement avec les mêmes moyens.

    Comme par hasard les bastions de l’immobilisme que sont l’éducation nationale, la justice et les hôpitaux publics sont aussi ceux qui réclament à tout moment le changement nécessaire et la démission des ministres (de gauche comme de droite) qui les prennent au mot.

    Ce n’est pas que ceux qui y travaillent soient forcément contre le changement ou l’efficacité, c’est que les enjeux ne sont pas placés à ce niveau du réel mais à celui de l’incantation rituelle par les représentants politiques qui en vivent ………et veulent passer au journal télévisé.

  • @Niamreg : vous affirmez que la droite a décidé de fermer St Vincent de Paul.Quelles sont vos sources? Cela m’étonne car dans le plan de l’AP-HP il est prévu d’y tranférer des services actuellement à Cochin et Necker et même de reconstruire cet hôpital. Les travaux sont d’ailleurs en cours.

  • Le Monde.fr :

     » les urgentistes dénoncent la surdité et l’irresponsabilité du ministère de la santé.
    – un homme décède après un malaise cardiaque faute de place pour l’accueillir en réanimation
    – plainte de la famille d’une octogénaire décédée par asphyxie après un repas
    – enfant mort: le flacon n’était pas à sa place. »

    Ce regroupement d’informations est-il du à la sagacité du journaliste ou aimablement suggéré par l’AMUF présidé par P.Pelloux qui s’exclame : » la sécurité des patients n’est plus assurée en France durant ces périodes de fêtes  » ?

    On ne peut que constater une volonté délibérée de créer de l’anxiété et de l’angoisse…

  • Nous ne sommes pas les seuls à avoir ce goût pour la polémique, mais notre capacité à restreindre notre champ de vision à ces sujets populaires est assez unique. Médiocrité des médias français, arrogance de notre élite autoproclamée vis-à-vis des Français jugés trop idiots pour suivre à la fois des sujets superficiels et des thèmes plus structurels ? Combien de grands débats ont ainsi été éludés au profit d’une affaire ponctuelle ?

    La stratégie de Nicolas Sarkozy joue certainement avec les règles de ce « marché de l’information » proprement français. Il sait qu’une information dominante permet de faire passer d’autres décisions inaperçues.

    Koz, tu pourrais être surpris de voir Sarkozy nommer un jour Peloux secrétaire d’Etat. Histoire de jouer l’ouverture très grand angle…et de calmer un emmerdeur chronique.

  • Aurelien a écrit:

    Koz, tu pourrais être surpris de voir Sarkozy nommer un jour Peloux secrétaire d’Etat. Histoire de jouer l’ouverture très grand angle…et de calmer un emmerdeur chronique.

    Vous voulez dire, nommer Peloux, en définissant ses prérogatives pour qu’il devienne responsable du meilleur fonctionnement de l’Hôpital Public en lui demandant de réorganiser les services, dans le cadre d’un budget responsable (en tenant compte du fonctionnement actuel de la sécu par exemple) de façon à ce que pour le même montant son habileté managériale fasse que, dans absolument tout le pays, on s’approche factuellement du risque zéro ? C’est sur, qu’au bout de six mois, il serait calmé, mais Sarkozy ne ferait jamais ça… ça serait trop cruel.

  • Echange entendu ce matin à la radio, qui me semble assez emblématique de l’instrumentalisation du drame :

    Jean-Claude Mailly : Je ne connais pas ce dossier, mais les problèmes de moyens dans l’hôpital public c’est vrai dans cette affaire comme c’est vrai pour ce que l’on entend actuellement pour la psychiatrie.

    Journaliste : D’après l’assistance publique, le service pédiatrie de l’hôpital comptait au moment du drame huit agents pour onze patients. Est-ce que l’on peut vraiment parler d’un problème de moyens ?

    Jean-Claude Mailly : Non mais il y a un problème global de moyens. Alors dans le service, je ne le connais pas, je ne peux pas vous dire mais il y a un problème global de moyens.

  • Ma fille a réussi son concours de première année de médecine en juin. À 19 ans, passionnée par ses études, elle est encore très loin de la politique.

    À la rentrée premier stage en hôpital. Elle a été, dans la naïveté de sa jeunesse, effarée par le gâchis de moyens, les guerres pichrocolines au sein du personnel, qui n’hésitait pas à pomper la pharmacie de l’hôpital avant de partir en voyage à l’étranger, par le psychodrame qu’a représenté le transfert d’une aide-soignante, manifestement en surnombre, dans un autre service du même hôpital.

    Je donne moi-même régulièrement mon sang dans cet hôpital. Le personnel y est charmant, mais il a manifestement le temps…

    Observations pointillistes, certes, mais ma pratique professionnelle de consultant en entreprise me laisse penser que oui, il y a une marge de progrès…

    Bien à vous.

  • On en revient aux éternelles revendications d’augmentation des moyens sans jamais revoir l’organisation globale. Pourtant, le sujet n’est plus tabou ailleurs en Europe. L’IGAS a même osé publier des analyses des systèmes anglais (public) et hollandais (privé et concurrentiel) pour inspirer les éventuels tenants d’un hypothétique débat à venir sur l’organisation du système de soin (sécu – articulation médecine hospitalière et ambulatoire – etc.).

  • La mort d’un petit enfant de 3 ans a une fois de plus permis à M. Pelloux de sortir une de ses belles chemises pour réclamer plus et plus
    En tant que femme, je préfère penser à la maman de ce petit, que ces messieurs de la famille ont protégée des regards de la caméra et à cette infirmière que la justice protège peut-être aussi en la gardant à l’abri des caméras, des parents …
    Jouer les vedettes sur tant de chagrin, sordide !
    N…

  • Suite au décès d’un homme victime d’un malaise cardiaque et qui n’aurait pas pu être pris en charge dans un service de réanimation, la ministre a demandé une enquête afin que soit reconstitué le parcours du patient depuis sa prise en charge par le SAMU jusqu’à son décès, et a prévu de faire connaître les résultats de cette enquête dés qu’ils seront en sa possession.

    A première vue, rien à dire…

    Mais, le figaro.fr qui n’est pas le dernier à poser des questions stupides à chaud à ses lecteurs, titre aussitôt :

    -avez-vous confiance dans les services d’urgence des hôpitaux ?

    oui

    non

    question à peine soufflée par l’AMUF dirigé par P.Pelloux…

    et 2750 personnes qui avaient un avis à donner sur la question ont déjà répondu…

  • Et après, Libéral s’indigne des caricatures qu’on fait avec les patrons. Vous avez surement raison, les fonctionnaires hospitaliers sont tous des fainéants, sous-employés, indifférents aux dépenses publics, adeptes de guerres pichrocolines, voleurs, réactionnaires, partisans de la terreur ou au moins de l’angoisse et l’anxiété des populations, menteurs, j’en passe et des meilleurs.

    Finalement, pas la peine de caricaturer la droite: vous êtes déjà des caricatures.

  • Profiter de la mort de cet enfant pour réclamer la démission du ministre est, en effet, un procédé répugnant.

    L’autre drame, mentionné par Carredas ci-dessus, va relancer la polémique (comme souvent, il y a un événement qui continue dans la lignée du premier). Celui-ci semble, vu les infos disponibles, aller dans le sens du manque de moyens en période de fêtes.

    Au passage, F.Lefebvre emploie un procédé tout aussi répugnant et malhonnête que celui du camp d’en face, en accusant « les 35H de Mme Aubry ».

  • Niamreg, je crains que vous n’ayez pas encore assimilé les excès du dernier réveillon. Liberal ne s’étant pas exprimé sur ce sujet, j’ai un peu de peine à voir la pertinence de votre rapprochement.

    Gwynfrid a écrit:

    Au passage, F.Lefebvre emploie un procédé tout aussi répugnant et malhonnête que celui du camp d’en face, en accusant “les 35H de Mme Aubry”.

    Pas si sûr, la gauche venant affirmer que la mort de l’enfant est la faute de la droite, il est peut-être un peu délicat de la renvoyer à ses responsabilités mais pas nécessairement « répugnant« . J’ai souvenir d’un article récent de Marc Landré sur les 35h à l’hôpital, qui lui donne partiellement raison (et je précise que, tout journaliste du Figaro qu’il soit, Marc Landré n’est pas manifestement un suppôt du capitalisme et de l’UMP : cf son blog.

  • Koz, on vous a connu plus en forme, aussi. Mon rapprochement avec Libéral vient d’une discussion sous un autre de vos billets, et j’avais bien remarqué, merci, que Libéral n’avait pas participé à cette discussion-là. D’autre part, j’ai précisé que le lien avec la mort de cet enfant est, je dois me citer, « déplacé ».

    Vous nous faites une petite démonstration de mauvaise foi de droite, pour faire concurrence au mauvais foie des lendemains de fête? (ouaip, celle-là est tirée par les cheveux; mais c’est les fêtes).

  • niamreg a écrit:

    Mon rapprochement avec Libéral vient d’une discussion sous un autre de vos billets, et j’avais bien remarqué, merci, que Libéral n’avait pas participé à cette discussion-là.

    Bon, et donc, le rapport entre Libéral, les patrons et les infirmiers ?

    Pour ce qui est du lien avec la mort de l’enfant, je n’ai pas prétendu que vous le fassiez.

  • @ Koz:

    Ce qui est répugnant à mes yeux, c’est l’expression « les 35H de Mme Aubry » employée dans un contexte où on fait enquête sur la mort d’un homme.

    Ce qui est malhonnête, c’est de mettre en cause les 35H alors que les gouvernements UMP ont eu 7 ans pour résoudre le problème – par exemple en abolissant les 35H partout, ou seulement à l’hôpital, ou quelque autre idée que ce soit.

    Je note ceci dans l’article que vous mettez en lien:
    « Depuis 2005, les choses se sont un peu arrangées. Les 45 000 postes d’infirmières et aides-soignants promis, ainsi que les 3 500 de médecins, ont été pourvus. Et c’est aujourd’hui plus la non-réorganisation des services – qui aurait dû intervenir après la mise en place de la réduction du temps de travail – que les 35 heures elles-mêmes qui est souvent source de dysfonctionnements. »

    Depuis 2005 le problème d’effectifs consécutif aux 35H est donc résolu, d’après Marc Landré. Mais on n’a pas réorganisé en conséquence. On est fin 2008 et ce n’est toujours pas fait ? La comparaison avec une entreprise privée est un cliché, mais j’ai du mal à l’éviter ici: si dans une boîte on laisse traîner un problème d’organisation pendant plus de 3 ans, et que le patron accuse ses prédécesseurs, il mérite la porte.

  • @ niamreg, plutôt que de projeter vos clichés fantasmés sur un absent (liberal), vous devriez réflechir aux carences de notre réseau hospitalier. La question n’est pas tant celle des moyens que son organisation planiste. L’hôpital public, comme l’école, c’est un peu l’Union Soviétique qui aurait survécu à la chute du mur.

    Ses acteurs n’ont pas de marge de manoeuvre, la hierarchie est aussi lourde que les procédures administratives inutiles. Les talents ne sont pas reconnus, pas récompensés. Comment ne pas comprendre le lent déclin de l’hôpital depuis des années ? Comment ne pas comprendre la démotivation d’une partie des personnels ans un cadre aussi déresponsabilisant ?

    Ce n’est pas un discours typiquement de droite que je vous tiens là, comme le confirment les mesures de maintien du système actuel des ministres de droite successifs. En revanche, c’est celui des libéraux de droite, rares, et de gauche (cercles rocardiens et bockeliens), encore plus rares.

  • Vous êtes tous des grands comiques là dedans.
    Pelloux exploite un fait divers, c’est très très vilain, dites vous.
    Or tous les participants de ce site ou presque soutiennent le chef de l’état qui est le spécialiste numéro 1 de la récupération des faits divers pour faire voter des lois à la va vite ou pour montrer sa bobine à la télé quand il n’était pas encore le chef de ce pays. Une attaque de chien, une loi le lendemain, un fou qui poignarde à Grenoble, une réaction immédiate (et on voit à Marseilles qu’il est toujours aussi facile pour un cinglé de se sauver de son asile), des émeutes dans la gare du nord (badaboum, le voilà sur tous les écrans), un pédophile surgit, revoilà Sarkozy qui convoque Darty pour lui demander une loi etc…

    Mais attention, Pelloux est politisé ! Waouu, quel crime ! Il pense, il a des idées et il les défend … je comprends que ça ne plaise pas à tout le monde. La tyranie c’est ferme ta gueule, la démocratie, c’est cause toujours. Pelloux, il cause toujours … koztoujours…. en vain … visiblement.

  • Poulpo, je crois que vous pouvez dire la même chose en évitant la phrase d’introduction. Et, franchement, je préfèrerais.

    Cela étant, sur le fond, puis-je me permettre de constater que ce que vous percevez comme de l’instrumentalisation de la part de Nicolas Sarkozy vous agace manifestement, tandis que vous semblez soutenir Patrick Pelloux ?

    Si vous voulez nous appeler à plus de cohérence, donnez donc l’exemple, et admettez que la récupération faite par Pelloux est déplacée.

  • Or tous les participants de ce site ou presque soutiennent le chef de l’état
    J’en doute trèèèès fortement. Que ce soit le taulier, ou les commentateurs réguliers, il ne m’a pas semblé qu’ils (nous) avaient un avis aussi tranché sur le président.

  • Gwynfrid a écrit:

    La comparaison avec une entreprise privée est un cliché, mais j’ai du mal à l’éviter ici: si dans une boîte on laisse traîner un problème d’organisation pendant plus de 3 ans, et que le patron accuse ses prédécesseurs, il mérite la porte.

    Vous le faites exprès ou c’est involontaire ? Comme si un service public avec tous les blocages, les lenteurs, l’inertie à se réformer, etc. peut être comparé à une entreprise privée.

    Poulpo a écrit:

    Une attaque de chien, une loi le lendemain, un fou qui poignarde à Grenoble, une réaction immédiate (et on voit à Marseilles qu’il est toujours aussi facile pour un cinglé de se sauver de son asile), etc.

    Non, la vraie récupération politique (de type Peloux) suite à une morsure de chien ça aurait été de monter au créneau en dénonçant la gauche, puis en demandant que les impôts locaux soient augmentées afin que des vigiles municipaux soient engagés dans le cadre d’emplois jeunes pour contrôler les propriétaires de chiens.

  • Eponymus a écrit:

    Comme si un service public avec tous les blocages, les lenteurs, l’inertie à se réformer, etc. peut être comparé à une entreprise privée.

    Ben voyons. Le service public n’est pas réformable, la belle excuse que voilà. Le gouvernement actuel a été élu, précisément, sur sa capacité à réformer, voire à faire acte de rupture, y compris sur la question des 35H – et certainement avec plus de fermeté sur cette question que sur bien d’autres. Cette histoire de désorganisation des services hospitaliers est invoquée régulièrement par la droite depuis des années, elle est au pouvoir, c’est son boulot d’arranger ça.

    Et de toute façon, un ministre n’est pas là pour s’abriter derrière les blocages du système, sinon, il fallait nommer quelqu’un d’autre. The buck stops here. Sarkozy a généralement le mérite de ne pas se défausser: évitez donc de le faire à la place de son gouvernement.

    Bob a écrit:

    Or tous les participants de ce site ou presque soutiennent le chef de l’état J’en doute trèèèès fortement. Que ce soit le taulier, ou les commentateurs réguliers, il ne m’a pas semblé qu’ils (nous) avaient un avis aussi tranché sur le président.

    +1. Poulpo n’est pas un lecteur régulier, ou alors, il n’est guère attentif. A moins que – je n’ose imaginer une hypothèse pareille – ce ne soit de la partialité ?

  • Je vous dois donc une explication: Libéral s’était élevé, à juste titre avais-je convenu, contre la présentation caricaturale que les gauchistes font des patrons (gros cigare, et très très méchants). Je souhaitais juste souligner que votre présentation des personnels hospitaliers, des fonctionnaires en général, et des services publics, n’est pas moins caricaturale (dernier en date, d’Aurélien: l’éducation nationale et l’hôpital, c’est l’union soviétique; dites moi où sont les goulags, j’irai faire une grève de la faim devant, promis).

    Après, on peut essayer de parler du système français de santé. Mais alors, on part du début: le service public (celui de la santé aussi) a été créé pour compenser les inégalités de fait, la santé étant un droit. Je ne trouve pas scandaleux que cela s’accompagne d’une diminution de la liberté des agents. Il faut effectivement des hôpitaux là où il y a des gens, et pas seulement là où c’est rentable, même si c’est du planisme. En parlant de planisme, la diminution des lits et la rentabilité comme critère absolu (c’est plutôt de droite, ça, dans les faits) impose de planifier les actes médicaux. Quand la salle d’op est réservée pour deux heures, y’a pas intérêt à trouver trop de métastases. C’est aussi une des raisons de la progression importante des césariennes.

    Bref, je reviens à mon point de départ: préparer la privatisation de la santé en ne donnant pas les moyens à l’hôpital public de fonctionner correctement, ça aura des conséquences sur la santé des gens. C’est ce que Pelloux voulait dire, je crois, et ça me parait censé.

  • Je connais un pays voisin où les personnes embauchées dans les services hospitaliers ( et au service du public en général) ont interdiction de faire grève (il parait que certains cheminots français sont en grève actuellement pour pouvoir passer Noël en famille …) et doivent s’engager de ne pas prendre des vacances pendant les fêtes … Il paraît même que dans ce pays les enseignants sont tous les ans « évalués » et puissent se faire virer s’ils ne donnent pas satisfaction …

    Cela fait des années que nous savons qu’il ne fait pas bon d’avoir besoin d’une assistance hospitalière pendant les fêtes : personnel réduit en nombre pour cause de ponts de vacances, alors que c’est un moment de grand rush (grippe, gastro et grand froid).

    A votre avis que dirait un patron du privé si ses employés se mettaient en grève ou réclamaient des vacances ou autres RTTs lors de journées de grande affluence de clients/commandes ?

  • « Cela étant, sur le fond, puis-je me permettre de constater que ce que vous percevez comme de l’instrumentalisation de la part de Nicolas Sarkozy vous agace manifestement, tandis que vous semblez soutenir Patrick Pelloux ? »

    Heu … vous inversez les rôles, c’est vous qui reprochez à Pelloux d’utiliser les médias et de faire son chou gras sur un fait divers. Alors que quand Sarkozy fait le zozo à la télé, pas un seul article sur votre blog.

    Je n’ai pas envie de lire l’historique de votre blog mais mon petit doigt me dit que vous n’avez pas écrit un seul article pour dire que le futur président aurait du éviter de parler de la mort de Clichy sous Bois (en disant que c’était deux voleurs) sans attendre la conclusion de l’enquête. Cela aurait peut être évité 1 mois d’émeute. Pelloux, il gueule, mais ça fait 5 ans et personne ne l’écoute. Il faut lui concéder au moins ça.

    On est dans une société de l’image, il faut donc faire le zozo à la télé pour être écouté et pour que votre cause existe. Jospin qui dit à des ouvriers qu’il ne peut rien faire, est franc mais il est archi battu. Voynet qui reste en vacances (ou Mattei pendant la canicule) pendant la marée noire, idem, on lui reproche de ne rien faire alors que ce n’est pas elle qui va retenir la pollution avec ses bras musclés ! Si Pelloux veut du fric (un peu comme nous tous, non ?), il saute donc sur toutes les bonnes occasions, et en voilà deux en deux jours.

  • Poulpo a écrit:

    Heu … vous inversez les rôles

    Vous avez remarqué ? Précisément, c’est là que c’est drôle.

    Poulpo a écrit:

    On est dans une société de l’image, il faut donc faire le zozo à la télé pour être écouté et pour que votre cause existe.

    Bon, donc, en fait, vous êtes plutôt satisfait de l’attitude de Nicolas Sarkozy ?

    Votre dernier paragraphe en est une magnifique justification.

  • Il y a cause et cause.
    Lorsqu’on met d’un côté des malades qui arrivent en « urgence » et de l’autre la préservation des intérêts des amis, chacun choisit son camp.

    Pour avoir eu besoin des urgences (hôpital de Melun), j’ai bien vu avec quoi et avec combien d’effectif était obligée de jongler la répartitrice.

    On peut toujours ironiser (et je suis le premier à le faire) sur le besoin de se répandre dans les médias, il faut bien reconnaître que dans cette civilisation de l’image, c’est comme cela que l’on obtient quelque chose, les politiques Sarkozy ou Royal, Besancenot ou Bayrou, entre autres, l’ont bien compris et ont bien utilisé l’instrument.

    Lorsqu’il s’agit du bien-être des malades ou des besoins fondamentaux de l’être humain comme le logement par exemple, utiliser cette caisse de résonance me paraît plus primordial que lorsqu’il s’agit des intérêts de monsieur Bouygues ou de monsieur Bolloré.

    Je doute que Monsieur Pelloux grogne pour son compte personnel ou pour celui de ses amis.

  • Amusante, cette façon d’introduire des débats parasites. Poulpo me parle des attaques de chiens et du fou qui s’échappe d’un asile psychiatrique, et Claudius vient renchérir : c’est bien vrai, ça, Sarkozy, lui, il se montre dans les médias pour favoriser ses amis. Donc c’est pas pareil. J’ignorais pas que Bouygues avait des pitbulls et Bolloré des asiles psychiatriques. Mais je dois être sous-informé.

  • « Bon, donc, en fait, vous êtes plutôt satisfait de l’attitude de Nicolas Sarkozy ? »

    Je dis juste que pour parler d’une cause ou pour faire passer une idée, il faut aller à la télé faire le mariole. C’est valable pour Pelloux, Sarkozy, Royal, Bové … je ne porte donc aucun jugement sur leur action, du moins pas ici. Il est juste hilarant de constater que seul, Pelloux vous provoque de l’urticaire, ce qui est quand même gênant pour un médecin. Enfin, je suppose que Bové doit aussi vous donner quelques boutons.

  • Poulpo a écrit:

    “Bon, donc, en fait, vous êtes plutôt satisfait de l’attitude de Nicolas Sarkozy ?”

    Je dis juste que pour parler d’une cause ou pour faire passer une idée, il faut aller à la télé faire le mariole. C’est valable pour Pelloux, Sarkozy, Royal, Bové … je ne porte donc aucun jugement sur leur action, du moins pas ici. Il est juste hilarant de constater que seul, Pelloux vous provoque de l’urticaire, ce qui est quand même gênant pour un médecin. Enfin, je suppose que Bové doit aussi vous donner quelques boutons.

    Sans chercher à diminuer votre hilarité, je souligne simplement que le sujet du billet de Koz porte sur un goût très français de la polémique, illustré par le drame de cet enfant mort à l’hôpital suite à une erreur qui sert de point d’appui à P.Pelloux pour dénoncer, fustiger, et exiger la démission de la ministre.

    Vous arrivez com 34 en nous traitant tous de  » grands comiques  »
    ( ce qui confirme votre goût de la rigolade ) parce que N.Sarkozy fait bien pire que P.Pelloux sans que cela gêne tous ces gens de droite sur ce site…

    Puis au com 41 vous en rajoutez une petite couche ( parce que les gens qui ne pensent pas comme vous sont nécessairement lents à comprendre et de surcroît de droite…) en insistant sur le fait que selon votre petit doigt, Koz n’a jamais été critique envers le chef de l’Etat et en justifiant la récupération de la mort d’un enfant par P.Pelloux par ces mots magnifiques :

     » si Pelloux veut du fric, un peu comme nous tous non, il saute sur toutes les bonnes occasions… »

    Et toujours prêt au bon mot, vous ajoutez :  » …seul Pelloux vous provoque de l’urticaire ce qui est quand même gênant pour un médecin… »

    Oui, P.Pelloux est médecin, et pas n’importe lequel, celui qui a vu venir les effets de la canicule !
    c’est pourquoi ses propos et l’utilisation qu’il fait de trois décès successifs mais dus à des circonstances différentes, sont contestables, il met en avant sa compétence médicale pour défendre un combat politique, c’est une façon de brouiller les cartes qui n’a rien à voir avec J.Bové, S.Royal ou N.Sarkozy.

    Celui qui serait le plus proche de son côté  » j’utilise à fond mon capital sympathie  » c’est O.Besancenot et son image de modeste facteur, mais un facteur n’a pas le même poids qu’un médecin urgentiste qui tient votre vie entre ses mains…

  • Superbe exemple de polémiqueur à la française : dans son salon devant son clavier, le cul vissé sur un bon fauteuil, le ventre repu et la tête totalement embrumée par la mauvaise conscience : l’image du révolutionnaire français tel que je l’ai découvert en 1968 en arrivant en France et constate depuis, toujours aussi effarée, sa persistance. Ces révolutionnaires/polémiqueurs ridicules qui du haut de leur caractère latin se croient obligés de gonfler leurs plumes de coq semi-gaulois pour avoir l’impression d’exister. Totalement incompréhensible pour un caractère germanique ou anglo-saxon, qui lui bosse, organise, corrige ses erreurs sans états d’âme et réussit, là où le coq latin/gaulois continue à discourir sans fin.
    Suis toujours impressionnée par le succès de ces beaux-parleurs dans ce pays …
    Superbe autre exemple de cette verve latino-ridicule façon poulpo : http://www.causeur.fr/le-trouillometre-a-zero,1597

  • Qui sème le vent… certes. Mais j’aimerais qu’on s’en tienne néanmoins à l’un des principes de ce blog qui réside dans l’absence, autant que faire se peut et malgré ses centres d’intérêt, de prise à partie personnelle.

  • « l’image du révolutionnaire français tel que je l’ai découvert en 1968 en arrivant en France « 

    La France, tu l’aimes ou tu la quittes … petite phrase au passage de votre modèle à penser 🙂

  • Effectivement, poulpo, vos interventions sont une illustration frappante de mon billet. Vous réussissez même à ressusciter les polémiques stériles de la campagne présidentielle.

    C’est « amusant » (ou est-ce plutôt lassant ?) au demeurant comme le schéma des réponses est commun à certains commentateurs.

    Vous écrivez un billet qui n’évoque pas Nicolas Sarkozy.

    En peine de pouvoir expliquer le comportement évoqué, on passe à « oui ben Nicolas Sarkozy, c’est pas mieux« . Merde alors, parce que j’avais écrit dans mon billet que Nicolas Sarkozy, c’était mieux ?

    Puis on enchaîne sur des polémiques sans rapport. C’est Claudius qui nous sort Bouygues et Bolloré, c’est poulpo qui nous sort « la France, tu l’aimes ou tu la quittes« .

    Dîtes, les mecs, ça devient obsessionnel. Non, tout ne se ramène pas à Nicolas Sarkozy. Débranchez, un peu, ça vous fera du bien ! Nous en sommes moins fans que vous en êtes obsédés.

  • Raté, mon cher poulpo… je suis française et heureuse de l’être (peut-être depuis plus longtemps que vous ?):-)
    Heureusement les révolutionnaires et autres utopistes sont bien moins nombreux maintenant qu’en 1968.

    Le fait d’avoir vécu pendant longtemps ailleurs me permet peut-être de saisir avec davantage de clairvoyance les particularités françaises 🙂

    Les quelques rêveurs verbeux de salon m’agacent prodigieusement, mais je suis optimiste depuis quelque temps. Avec beaucoup de patience, de persévérance et de courage pour faire passer les reformes nécessaires on arrivera à plus de compréhension du réel et plus de pragmatisme … comme dit le proverbe … il me semble, en tout cas j’espère « … mais la caravane passera » 🙂

  • Ah oui il y a comme un rush des pavloviens venus soutenir l’aboyeur chef Pelloux…

    Va falloir instaurer un point Goldwin spécifique !

  • Je réagis, avec un peu de retard dû aux vacances, au commentaire 40 de margit: il ne fait effectivement pas bon être malade au moment des fêtes: une étude américaine dont j’ai oublié les références avait quantifié cela il y a quelques années: Noël et le jour de l’an vous donnaient un risque de complication/décès accru, je crois, de 50%, à pathologie identique.
    Les causes: surcharge de travail et moins de personnel, celui qui est présent étant de plus le moins compétent (s’y colle le plus jeune…) voire pas en pleine forme s’il a réveillonné/ abusé la veille..
    Je précise que cette étude concernait le système de soins américain, que cela a donc peu à voir avec notre organisation publique des hôpitaux…

    Quant à l’histoire de la grève  » de confort » des cheminots pour passer Noël en famille, c’est une ritournelle rabâchée des pourfendeurs de service public et du droit de grève confondus…
    Et, entre nous, c’est illégal: une grève doit être un mouvement collectif, et non individuel, et concerner des revendications professionnelles. N’oubliez pas de signaler toute action anormale au ministre du travail….

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