Commencer par les pleurs

lampedusaPoursuivons.

Non par plaisir mais parce que l’actualité n’a pas de pitié. Elle poursuit, elle. La polémique sur le traitement des Roms n’était pas achevée que plus de 350 personnes ont sombré dans la Méditerranée. 350 personnes. 350 destins, autant d’espoirs, autant de rêves et autant d’amours. Autant de vies de misère en Somalie, en Erythrée.

Il s’agirait de vieux et de moches, cela devrait être pareil. Mais ce sont aussi des femmes et des petits, saints innocents dont la vie s’est achevée dans un voyage sordide, les cris, la terreur, la nuit, puis la mort, noyés.

Je le sais, certains auront lu ces lignes avec agacement, y trouvant du pathos. Je l’ai fait aussi. Pour ne pas se laisser toucher, bousculer, pour ne pas penser aux conséquences, parce que Lampedusa est presque loin, parce qu’il est plus facile de passer à autre chose, parce qu’on n’y peut pas grand-chose tout seul, parce que ce serait la fatalité. Dans le meilleur des cas.

Dans d’autres cas, je l’ai lu, parce qu’il faudrait penser d’abord au risque de remplacement culturel qui guetterait l’Europe voire parce qu’ils sont entrés illégalement (et je vous passe l’emphase sur le « illégalement« ). Par peur, aussi. Peur de voir disparaître ce que nous sommes.

Je peux le comprendre en partie mais en partie seulement. Excuser tous les égoïsmes par la peur ne peut pas durer. On écoute, on comprend, en disant : « ces gens ont peur« . Mais la peur, elle est lâche, aussi, et ça se guérit à grands coups de pompes dans le derrière.

Le pape a dénoncé une « mondialisation de l’indifférence« , et il a bien fait. Si les réactions ont fini par poindre, on a pu observer un retard à l’allumage. Vendredi, seuls trois quotidiens – La Croix, Ouest France et Sud Ouest[1] – avaient pris la mesure de la tragédie, et consacré leur Une à la mort de plus de 350 personnes. D’autres ont employé une formule très justement dénoncée par Pascal Riché : un drame de l’immigration. Les politiques aussi ont eu un temps de latence. Matignon et l’Elysée ont marqué le pas. Il n’y a pas si loin de ce temps de latence à l’indifférence.

Le pape a, aussi, déclaré vendredi : « aujourd’hui est une journée de pleurs« . Commencer par pleurer. A défaut de pleurer, il faut à tout le moins prendre le temps de se laisser toucher.

Certains dénoncent une compassion inutile, une indignation stérile. Ils vous répondent : « et concrètement, vous faites quoi ?« . J’aimerais être certain que ce reproche couvre vraiment leur souci d’une action concrète. Je crains qu’elle se borne à manifester l’agacement à fleur de peau, à se déculpabiliser soi-même de n’en avoir rien à cirer en culpabilisant l’autre de se laisser toucher.

Oui, je pense que l’émotion est première, la compassion, la bienveillance. C’est le premier ressort de notre humanité. Oui, se laisser toucher, comme un doigt qui vient toucher ta poitrine, à toi. Cela ne veut pas dire que l’on a des solutions, des propositions. Cette objection fréquente est idiote tout autant qu’hypocrite : qui ne se prononce que sur les sujets pour lesquels il a des solutions ? Et depuis quand l’émotion ne serait légitime qu’à la condition de proposer ensuite un programme ? Se laisser toucher soi, par ce doigt qui toque à ta poitrine, pour ouvrir ton cœur, ce n’est qu’un préalable. Celui qui t’empêchera d’ignorer, celui qui ouvrira aussi tes oreilles aux bonnes solutions des autres. L’émotion est insuffisante mais elle est un préalable, pour écarter l’indifférence – y compris en Afrique.

Qu’on se rassure d’ailleurs, elle n’engage à rien. Rangez vos insinuations misérables et vos dispenses faciles : « alors quoi, il faut accueillir toute la misère du monde ? ». Personne ne demande d’accueillir toute la misère du monde. On demande juste de se sentir concerné, autrement que par le fait que son petit confort, son petit Occident, si opulent par comparaison, soit un peu bousculé.

Même l’Eglise, qui « n’oublie pas de mettre en évidence les aspects positifs, les potentialités bénéfiques et les ressources dont les migrations sont porteuses« , reconnaît à « chaque État le droit de réguler les flux migratoires et de mettre en œuvre des politiques dictées par les exigences générales du bien commun, mais toujours en garantissant le respect de la dignité de chaque personne humaine »[2]. Elle réaffirme aussi, avant même le droit fondamental d’émigrer, le « droit ne pas émigrer » [à ne pas confondre, comme certains le font, avec l’injonction de dégager] c’est-à-dire d’être en condition de demeurer sur sa propre terre« .

Permettez-moi de penser que le rôle du chrétien est d’être toujours là pour réaffirmer l’humanité de l’immigré, avant toute autre considération. C’est sa place. Qu’ils se rassurent, les inquiets, il y en aura toujours d’autres – et tant d’autres ! – pour encourager l’indifférence, soutenir la fermeture et plaider l’identité menacée. C’est aussi un classique de l’humanité.

 Photo par Geraint Rowland

  1. de mémoire, pour ce dernier []
  2. Message du Pape Benoît XVI pour la Journée Mondiale des Migrants et des Réfugiés 2013 []

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80 commentaires

  • Ah, le « illégalement », le truc qu’on a tôt fait, quand on a le souci de l’ordre et des choses et des civilisations bien rangées, d’assimiler à « illégitimement ».

    Cette équation que certains n’hésitèrent pourtant pas à remettre en cause aux moments les plus chauds de la Manif pour tous, mais qu’ils se sont empressés de rétablir sitôt la page tournée. On aurait le droit moral de défier l’État et ses lois pour sauver des enfants d’une adoption à risque… mais pas pour sauver ses propres enfants de la misère ?

  • Très bel article de Koz. Le juste milieu. Juste et modéré. Juste parce que modéré. Ce doit être ça, ce que l’on appelait au Grand siècle, un « Honnête Homme ». Merci, Koz! A vous lire encore et encore.

  • Remarquable. Mais qu’est ce qui vous arrive ? Rien que le rythme des billets…

    Je me demande avec irritation ce qu’il a de plus que moi, le pape François, pour obtenir ces résultats…

  • Je suis souvent peu d’accord avec vous (c’est même pour ça que je vous lis, curieusement) mais là… vous avez dit tout ce qu’il y a à dire.

  • Et combien continuent à mourir, là-bas?
    à cause de la course au pouvoir, de l’islamisme fanatique…
    Pour moi, la seule solution reste l’évangèlisation,
    Et la prière pour que les intégristes comprennent que Dieu,
    Que que soit le nom qu’ils leur donnent,
    Ne leur demande pas ça.

  • @ Henry le Barde : ton parallèle est cruel mais terriblement juste. J’espère que les personnes concernées liront ton commentaire et s’interrogeront sur leur propre cohérence.

    @ Charles Vaugirard : oui, j’ai vu sur Cahiers Libres que nous avions une certaine communion de pensée 😉

    @ Haglund : je ne vois pas grand-chose de changé, ni sur le fond ni à vrai dire sur la fréquence. Au demeurant, François ne dit pas non plus tellement autre chose que Benoît XVI ou Jean-Paul II, sur les migrants. Peut-être incarne-t-il mieux le propos, et lui donne-t-il plus de force ?

    @ do : l’islamisme a sa place mais la misère aussi. Avant que ce ne soit les Shebabs, il y avait des Seigneurs de la guerre pas franchement religieux.

  • @ Koz:
    pour Benoit XVI, ça, c’est vrai. La grande différence, c’est que lui se faisait copieusement insulter dans le courrier des lecteurs du Figaro en disant exactement la même chose. Ceci dit, je n’ai pas vérifié pour François. Mais assurément, il peut se permettre plus de choses; pourquoi ? Mystère.

    Pour la fréquence, j’en suis à peu près sûre; il y a actuellement quatre fils actifs…

  • Ce qui est intéressant, avec votre article, c’est qu’on peut en prendre l’exact contrepied :

    • Le pathos : il me semble pour ma part beaucoup plus facile de pleurer sur la mort d’immigrants lointains que sur la mort des clochards qui parsèment nos villes. La photo du jeune Amare qui serre ses mignons petits poings, ça passe quand même beaucoup mieux que celle du vieux Marcel en train de s’étouffer dans son vomi.

    • Le « illégalement » : c’est pourtant une question fondamentale, celle de la maîtrise du territoire. Vous n’y répondez pas. Je note en outre que vous n’adressez votre psychologisme culpabilisant (l’égoïsme, la peur) qu’aux potentiels accueillants (nous). J’en déduis que les immigrants, eux, investissent illégalement notre territoire inspirés par les plus nobles motifs.

    • Sur l’action concrète : vous ne répondez pas non plus. En dehors d’un sentimentalisme dégoulinant qui vous permet de vous donner bonne conscience à peu de frais (intellectuels, moraux) et vous offre le bonus de pouvoir faire la leçon à ceux qui ne partagent pas votre sensibilité, j’ignore toujours comment vous comptez faire pour ne pas accueillir toute la misère du monde sans empêcher, d’une manière ou d’une autre, des immigrants d’atteindre nos terres.

    « Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d’aimer ses voisins. » (Jean-Jacques Rousseau)

  • Merci Koz. Le genre d’article que chacun a envie de partager…
    Pour ma part, j’ai ressenti, comme beaucoup, une certaine honte et apprécié du coup les qq politiques qui ont repris cette antienne de la « honte de l’Europe ».

    Mais pquoi cette honte?
    – non, pas la honte de ne pas accueillir plus de migrants dans des conditions légales et faciles.
    – d’abord la honte d’avoir du mal à ne pas se sentir plus proche, d’avoir le cœur si dur (« qui a pleuré? » interpellait François à Lampedusa il y a qq semaines).
    – et puis aussi la honte, comme Européen nanti, de participer à promouvoir un ordre économique mondial par trop injuste, d’y trouver si bien mon compte, et de ne pas même apporter la petite goutte d’eau pour le changer (cette petite goutte qui seule est ds mes cordes).

    Cela dit, on peut rappeler l’évidence : ce qui s’est passé est moins la faute de l’Europe que de l’Afrique (plus précisément des hommes de pouvoir et d’influence en Afrique qui sont si peu à la hauteur de leurs fonctions).

  • Je ne peux qu’applaudir ce billet. Merci aussi pour le lien vers Pascal Riché. Oui, ce n’est pas un « drame de l’immigration », c’est un drame des frontières, et des lois que nous avons érigées pour les défendre. À ce propos, quelqu’un sait-il s’il est exact que, comme je l’ai lu quelque part, ceux qui ont secouru les naufragés sont passibles de poursuites dans la loi italienne ?

    Henry le Barde a écrit ::

    On aurait le droit moral de défier l’État et ses lois pour sauver des enfants d’une adoption à risque… mais pas pour sauver ses propres enfants de la misère ?

    Bravo. La contradiction m’avait gêné moi aussi, mais je n’avais pas su l’exprimer d’une façon aussi efficace.

    stanislas a écrit ::

    la honte, comme Européen nanti, de participer à promouvoir un ordre économique mondial par trop injuste, d’y trouver si bien mon compte, et de ne pas même apporter la petite goutte d’eau pour le changer (cette petite goutte qui seule est ds mes cordes).

    Non seulement les Européens nantis ne souhaitent pas changer l’ordre économique du monde, mais les propositions de changement qui ont le vent en poupe aujourd’hui visent à revenir au protectionnisme: manière directe d’empêcher les miséreux de participer à notre prospérité autrement que par l’immigration.

  • @ Agg : c’est bien, vous vous êtes reconnu. Malheureusement, être l’auteur de la réaction la plus odieuse de celles que j’ai pu lire ne vous aura pas incité(e) à la réflexion. Ne vous fatiguez donc pas à répondre à ma réponse parce que je n’ai pas de temps à perdre avec des personnes comme vous. Hurlez à l’autoritarisme si ça peut vous faire du bien, mais vos commentaires seront modérés.

    Votre commentaire est une ânerie de bout en bout, reposant sur des grands classiques de ces sujets. Je note en particulier qu’il vous paraît impossible d’être également touché par les morts à Lampedusa et par ceux de nos rues. Eh bien, exercez-vous à l’amour, vous verrez : au final, il n’a pas de bornes. Si au moins j’étais certain que vous vous préoccupiez véritablement du sort des SDF locaux (attention, certains ne sont peut-être pas français)…

    Votre référence à l’illégalité de leur tentative d’entrer sur le territoire italien (rassurez-vous, ce n’était qu’une « tentative » : ils sont morts) est misérable et l’explication que vous nous donnez là est stupide. On se fout bien de la légalité dans ce débat. Si vous étiez un peu moins rabougri, vous imagineriez que si ces gens sont prêts à affronter la mort comme plusieurs milliers d’autres ces dernières années, ce n’est pas juste pour venir chercher un peu de confort supplémentaire. Et vous, avez-vous seulement eu l’occasion d’imaginer affronter la mort pour quoi que ce soit dans votre vie ?

    Pour ce qui est de l’action concrète, j’ai au moins un avantage sur vous : si je n’ai pas de certitudes (j’ai bien dans l’idée que tirer dans le tas aurait valeur d’exemple, certes), ça ne me conduit pas à cracher ma haine.

    stanislas a écrit ::

    Cela dit, on peut rappeler l’évidence : ce qui s’est passé est moins la faute de l’Europe que de l’Afrique (plus précisément des hommes de pouvoir et d’influence en Afrique qui sont si peu à la hauteur de leurs fonctions).

    Disons qu’il y a effectivement une responsabilité plus directe des pouvoirs locaux, mais l’Europe n’est pas dénuée de responsabilité.

    Gwynfrid a écrit ::

    À ce propos, quelqu’un sait-il s’il est exact que, comme je l’ai lu quelque part, ceux qui ont secouru les naufragés sont passibles de poursuites dans la loi italienne ?

    Je ne connais pas la loi italienne mais je l’ai lu dans plusieurs sources a priori fiables. Certains pensent même que plusieurs pêcheurs n’ont pas porté secours aux victimes pour ne pas risquer d’être poursuivis. Ca fera plaisir à Agg : enfin des gens qui respectent la loi.

    Gwynfrid a écrit ::

    Non seulement les Européens nantis ne souhaitent pas changer l’ordre économique du monde, mais les propositions de changement qui ont le vent en poupe aujourd’hui visent à revenir au protectionnisme: manière directe d’empêcher les miséreux de participer à notre prospérité autrement que par l’immigration.

    C’est assez vrai. Quant à la solution du développement local, elle est certainement la plus fondée, mais elle sert aussi un peu trop facilement d’excuse, brandie par ceux qui de toutes façons n’ont pas l’intention de lever le petit doigt d’une quelconque manière.

  • @ Gwynfrid: soyons justes : protectionnisme et entrave à la libre circulation ne sont pas forcément liés, pas plus, nous le voyons, que libéralisme économique ne signifie libre circulation et accueil.

  • Dans une société libre, il est presque impossible qu’un immigrant n’enrichisse pas la société qu’il rejoint. La seule issue pour l’immigrant est de travailler; son seul devoir est de respecter les lois du pays d’accueil, qui ne l’empêchent pas de travailler.

    C’est ainsi que dans les années 60 la Floride a accueilli un million de réfugiés cubains et la France a accueilli un million de pieds noirs sans le moindre impact sur le chômage, sans la moindre pression sur les salaires.

    Mais c’était avant. Avant les permis de travail. Avant la loi du 13 juillet 1973 qui fait de l’employeur un présumé coupable. Avant le SMIC qui ferme l’accès au travail aux moins productif. Avant l’explosion des charges sociales qui doublent le coût du salaire.

    « Et concrètement, vous faites quoi? » Bonne question. Tu n’y réponds pas, parce que la réponse est évidente : « rien. » Alors je pose la question d’après. Pourquoi ne fais-tu rien? Est-ce parce que tu ne veux pas? Je ne crois pas.

    Tu ne roules pas sur l’or, mais s’il n’y avait pas toutes ces lois, tu parlerais à un immigrant qui t’inspire confiance. Pas dix, un. Tu lui dirais : « Ecoute, je ne sais pas comment tu peux m’aider, peut-être répondre au téléphone, ou faire le ménage, ou du bricolage dans la maison, ou amener les enfants au club de sport. Je ne peux pas te payer beaucoup, seulement 300 ou 500 euros par mois. Je te prends à l’essai si tu veux ».

    Mais toutes ces lois te l’interdisent. D’abord, il n’a pas le droit d’être là. Et s’il est tout de même là, il n’a pas le droit de travailler. Et tu n’as pas le droit de le payer moins de 1000 euros. Et ces 1000 euros te coûtent 2000. Et si tu ne veux plus l’employer, il te collera aux prud’hommes et gagnera 6 mois de salaire. Alors tu ne fais rien concrètement. Toutes ces lois ignobles t’interdisent de ne rien faire concrètement. Alors tu écris un billet. Qui n’aide pas les immigrants ni ne soulage ta conscience.

    Sur le piédestal de la Statue de la Liberté à New York, il y a une plaque qui dit

    Give me your tired, your poor,
    Your huddled masses yearning to breathe free,
    The wretched refuse of your teeming shore.
    Send these, the homeless, tempest-tost to me,
    I lift my lamp beside the golden door!

    Cette philosophie d’ouverture a transformé en deux siècles un pays vierge, peuplé de réfugiés misérables en première puissance mondiale. Le flot ne s’est jamais tari.

    Ici, l’Etat providence a transformé en moins d’un siècle un peuple fier et inventif en mendiants timorés.

    L’histoire l’a montré. Le socialisme érige toujours des murs. Pour empêcher d’entrer ceux qui veulent profiter de ses largesses, et pour empêcher de sortir ceux qu’il étouffe.

  • @ Haglund:
    « pour Benoit XVI, ça, c’est vrai. La grande différence, c’est que lui se faisait copieusement insulter dans le courrier des lecteurs du Figaro en disant exactement la même chose. Ceci dit, je n’ai pas vérifié pour François. Mais assurément, il peut se permettre plus de choses; pourquoi ? Mystère. Pour la fréquence, j’en suis à peu près sûre; il y a actuellement quatre fils actifs »
    Sans doute à cause de son ouverture sur l’homosexualité, des personnes qui ont pratiqué l’avortement et des divorcés – remariés mais les interprétations des médias sont fausses.

  • @ Lib:
    totalement faux de prétendre que dire que l’étranger doit être accueilli est ne rien faire. C’est même cela qui est l’acte essentiel. Si tout le monde fait ça, tout est changé.

  • Haglund a écrit ::

    @ Gwynfrid: soyons justes : protectionnisme et entrave à la libre circulation ne sont pas forcément liés, pas plus, nous le voyons, que libéralisme économique ne signifie libre circulation et accueil.

    Certes, ce n’est pas forcément lié. Il n’empêche: le discours dominant est qu’on ne peut pas les laisser entrer. Le discours montant (pas encore dominant, mais ça pourrait venir) est qu’on doit protéger nos industries contre la concurrence des pays à bas salaires. La résultante des deux est d’alimenter les forces qui poussent à l’immigration, en même temps qu’on érige des barrières.

  • @ Lib : de mémoire, le flot s’est un peu tari lorsque les fiers Etats-Unis ont dressé une barrière sur l’ensemble de la frontière mexicaine, et n’ont apparemment pas semblé considérer l’immigration comme une bénédiction, malgré leur système économique si favorable 😉

    Il semble d’ailleurs qu’il ne soit pas tellement plus facile de s’y installer qu’en France.

    Par ailleurs, même si je te sais gré de me gratifier de la volonté d’employer un immigré, je diverge sur deux points.

    D’une part, et c’est l’objet de mon billet, penser que la mort de près de 400 personnes doit être pleurée n’est pas rien. Toi et moi, nous avons tendance à trouver cela évident, mais j’ai été frappé voire choqué par les réactions que j’ai lues ce week-end (sans pour autant être allé sur des sites d’extrême-droite). Bref, si c’est une évidence, c’est une évidence qui mérite d’être rappelée. De même, penser que les immigrés doivent être accueillis dans une certaine mesure (parce que je ne suis pas un partisan d’une absence totale de politique migratoire) ne va pas de soi non plus. Nombreux sont ceux qui contestent cette éventualité même. Là encore, c’est une disposition d’esprit à réaffirmer.

    A vrai dire, faire semblant de donner des pistes, comme si j’étais un spécialiste de politiques migratoires alors que je ne ferais que glaner ce que je pourrais lire à droite à gauche m’intéresse assez peu. En revanche, rester réceptif et agir un tant soit peu sur ces dispositions d’esprit me semble gérable.

    Au demeurant, je viens de le découvrir mais j’ai le pape avec moi :

    Enfin, regardant la réalité des migrants et des réfugiés, il y a un troisième élément que je voudrais mettre en évidence sur le chemin de la construction d’un monde meilleur ; c’est celui du dépassement des préjugés et des incompréhensions dans la manière dont on considère les migrations. Souvent, en effet, l’arrivée de migrants, de personnes déplacées, de demandeurs d’asile et de réfugiés suscite chez les populations locales suspicion et hostilité. La peur nait qu’il se produise des bouleversements dans la sécurité de la société, que soit couru le risque de perdre l’identité et la culture, que s’alimente la concurrence sur le marché du travail, ou même, que soient introduits de nouveaux facteurs de criminalité. Les moyens de communication sociale, en ce domaine ont une grande responsabilité : il leur revient, en effet, de démasquer les stéréotypes et d’offrir des informations correctes où il arrivera de dénoncer l’erreur de certains, mais aussi de décrire l’honnêteté, la rectitude et la grandeur d’âme du plus grand nombre. En cela, un changement d’attitude envers les migrants et les réfugiés est nécessaire de la part de tous ; le passage d’une attitude de défense et de peur, de désintérêt ou de marginalisation – qui, en fin de compte, correspond à la « culture du rejet » – à une attitude qui ait comme base la « culture de la rencontre », seule capable de construire un monde plus juste et fraternel, un monde meilleur. Les moyens de communication, eux aussi, sont appelés à entrer dans cette « conversion des attitudes » et à favoriser ce changement de comportement envers les migrants et les réfugiés.

    D’autre part, 300 à 500 euros par mois, ça reste un budget…

    @ Antoine : s’il faut rentrer dans ce débat… Je pense que le diagnostic d’Haglund est doublement faux. D’une part, parce que je n’ai pas spécialement changé sur ces sujets depuis l’arrivée du pape François. D’autre part, parce je ne pense pas que Benoît XVI se soit fait plus ou moins insulter que François pour les mêmes positions. J’aurais même plutôt tendance à penser que les propos de Benoît XVI était plutôt savamment triturés pour être instrumentalisés. Je me souviens d’un article d’anthologie expliquant que, si Benoît XVI était favorable à l’accueil des immigrés, c’était à condition de les baptiser, et j’ai ces derniers jours eu l’occasion de voir passer une noria de billets sur des sites d’extrême-droite pour se gargariser du « droit de ne pas émigrer » évoqué par Benoît XVI).

  • @ Koz:
    1) je n’ai pas dit que VOUS aviez changé; en fait, j’ai relu il y a quelques jours votre billet de l’époque. Mais je maintiens : vous produisez beaucoup plus ces temps ci, et avec un plaisir manifeste.

    2) pour les insultes, je n’ai pas vérifié pour l’actuel pape. Mais pour le précédent, c’était gratiné.

    3)@ Antoine:
    non, les raisons sont à mon avis nettement moins superficielles que ça. Le pape actuel pratique une sorte de « judo » rhétorique qu’il serait très intéressant d’analyser. Et nous assistons en direct à la naissance d’un personnage marquant de l’histoire.

    4)d’ailleurs, une preuve de plus : le texte que vous citez du pape François est magnifique, et incroyablement moderne.

    Ceci dit, l’immigration n’a pas que des avantages. Si on avait empêché à temps mon papa de s’installer en France, sa fille vous foutrait la paix aujourd’hui…

  • N’hésite pas à commencer par là. Tu seras plus légitime à poser la question de la suite.

    Histoire d’y aller progressivement, tu peux aussi lire le billet, ou encore tenter de le comprendre.

  • @ Koz:
    Je n’ai justement pas l’impression que tu aies tenté de comprendre : faire passer quiconque se pose des questions pour une ordure raciste insensible n’est pas la meilleure façon de démarrer un dialogue.

    Parce qu’en me niant toute légitimité à poser la question de la suite, tu sous-entends que je me fous absolument de ces morts. J’aimerais juste savoir sur quoi tu te bases pour dire ça. Parce que c’est quand même légèrement ignoble, comme insinuation, l’air de rien.

  • @ Koz:
    Et tu l’as fait dès l’article, avec ta conclusion :

    « Permettez-moi de penser que le rôle du chrétien est d’être toujours là pour réaffirmer l’humanité de l’immigré, avant toute autre considération. C’est sa place. Qu’ils se rassurent, les inquiets, il y en aura toujours d’autres – et tant d’autres ! – pour encourager l’indifférence, soutenir la fermeture et plaider l’identité menacée. C’est aussi un classique de l’humanité. »

    Voilà, si on ne se contente pas de réaffirmer l’humanité de l’immigré » (où l’ai-je nié ???), on encourage l’indifférence, on soutient la fermeture et on plaide l’identité menacée.

    Voilà, beau sens de la nuance et de la compréhension. Bravo, Koz, heureusement qu’il y a des chrétiens comme toi, ouverts et charitables envers tous, sauf envers les facho comme moi…

  • Eh bien tu noteras que je ne t’ai même pas cité dans mon billet. Tu pourrais m’être reconnaissant pour cette délicatesse mais non, même pas. Je comprends que tu le vis mal et j’en suis douloureusement navré mais tu ne vas pas me faire le coup de la victimisation, hein, pas toi ? Alors non, je ne t’ai pas fait passer pour une ordure raciste insensible, pauvre petit blogueur envers lequel je n’aurais pas été charitable (ne pas te linker, c’était de la charité).

    Ce que tu es, c’est quelqu’un qui n’a pas une ligne pour les morts, dans ton billet, faux de bout en bout et tristement orienté. Alors oui, quand quelqu’un, comme toi, se précipite prétendument sur « la suite » pour mieux ignorer le commencement, je pense qu’il vaut mieux qu’il se reprenne.

    Ton billet commence par réagir au fait que la déclaration du pape (« Aujourd’hui est une journée de pleurs« ) aurait fait tiquer certains. Formidable… Eh bien oui, tu vois, dès ce passage, la question de ta sensibilité se pose. Le pape ne fait en somme qu’énoncer une évidence, mais il faudrait comprendre que l’on « tique« . Eh ben non, tu vois, moi, le mec qui « tique » quand on évoque la nécessité de faire le deuil de 400 morts, j’ai plutôt envie de lui filer deux baffes charitables, pas de le comprendre, et d’aller dans son sens.

    Ton billet se poursuit avec l’évocation du Camp des Saints, bref l’évocation d’une invasion migratoire (dans un ouvrage pour le moins polémique). Mais c’est certainement parce que tu es un grand pudique que tu t’es abstenu de laisser paraître ta sensibilité. Pas parce que la mort de près de 400 personnes ne t’évoque rien de plus que la peur de l’invasion et de la menace sur ton identité.

    Et l’objet de ton billet est tout simplement de parier sur l’inadaptation du pape qui, un peu benêt, n’aurait pas bien compris la situation européenne, parce que le monsieur, il est Argentin, alors il peut pas saisir. Une thèse qui n’a ni réalité ni sens.

    Enfin, dans tes efforts pour relativiser fissa l’idée que l’on puisse, à la suite du pape, porter le deuil de 400 personnes, tu nous expliques que François serait plus sensible que ses prédécesseurs à la question de l’immigration. C’est faux. Ce n’est qu’à la marge et dans le style que François fait mieux passer un message qui est, en revanche, profondément le même. Je te laisse chercher dans les messages pour les Journées mondiales des migrants . J’ai cité le message de l’an dernier, tu pourras lire aussi celui de l’année d’avant. Benoît XVI écrivait aussi :

    Les réfugiés qui demandent asile, ayant fui les persécutions, les violences et les situations qui mettent leur vie en danger, ont besoin de notre compréhension et de notre accueil, du respect de leur dignité humaine et de leurs droits, tout comme de la prise de conscience de leurs devoirs. Leur souffrance exige de la part des Etats et de la communauté internationale des attitudes d’accueil réciproque, en surmontant les craintes et en évitant les formes de discrimination, et que l’on rende concrète la solidarité notamment à travers des structures d’accueil adéquates et des programmes de réinsertion. Tout cela comporte une aide réciproque entre les régions qui souffrent et celles qui accueillent déjà depuis des années un grand nombre de personnes en fuite, ainsi qu’un plus grand partage des responsabilités entre les Etats.

    La presse et les autres moyens de communication ont un rôle important pour faire connaître de façon correcte, objective et honnête, la situation de ceux qui ont été contraints de quitter leur patrie et leurs êtres chers et qui veulent commencer à se construire une nouvelle existence.

    Les communautés chrétiennes doivent accorder une attention particulière aux travailleurs migrants et à leurs familles, à travers l’accompagnement de la prière, de la solidarité et de la charité chrétienne; la valorisation de ce qui enrichit réciproquement, ainsi que la promotion de nouveaux programmes d’action politiques, économiques et sociaux, qui favorisent le respect de la dignité de chaque personne humaine, la protection de la famille, l’accès à un logement digne, à un travail et à une assistance.

    J’imagine que cette coupable inclination est due au rapport spécifique que la Bavière entretient avec l’immigration.

    Alors, tu es majeur, tu écris ce que tu veux mais derrière, tu l’assumes. Et manifestement, ta préoccupation a été de relativiser au plus vite le simple message de deuil du pape, pour la défense de ton identité menacée.

    Pour en revenir à ton commentaire, lis le billet – qui précisément évoque ta réaction, tellement prévisible – lis les commentaires. Si tu ne comprends toujours pas pourquoi ton petit com’ est à côté de la plaque, je décline toute responsabilité.

  • Bonsoir Koz,

    je ne veux pas remettre en cause l’importance de la compassion: c’est un soin de premier secours bien utile. Mais il est intéressant de voir plus loin.

    Plus loin, c’est la misère de certains pays. Cette misère est souvent causée par la guerre ou des expériences politiques hasardeuses contre lesquelles on ne peut pas faire grand chose, sauf à vouloir reprendre un rôle impérialiste bien hasardeux, dont il ne serait pas sûr qu’il soit bénéficiaire au final: les plus grandes famines en Inde ont eu lieu sous administration britannique.

    Mais sur d’autres sujets, on peut agir, même si cela remet en cause de nombreuses certitudes: en favorisant le commerce (mais sommes nous prêt à remettre en cause notre politique agricole et nos fermes de montagne photogéniques), en favorisant une démographie raisonnable (mais sommes nous prêt à favoriser un vrai contrôle des naissances dans ces pays), en arrêtant les réseaux de copains (mais qui financera nos partis politiques …), en accceptant de donner gratuitement dans certains cas, comme les médicaments, la propriété industrielle de nos entreprises de pointe (mais acceptera-t-on les conséquences sur certains emplois ?).

    Je pense que la société française, qui est incapable de remettre en cause ses petites certitudes pour se sortir elle-même de l’ornière économique actuelle (pourtant plus simple), le fera encore moins pour le Tchad ou le Somaliland. Finalement, et je rejoins ton titre, il va falloir sans doute beaucoup pleurer pour bien réaliser que tout cela est grave avant de passer aux prochaines étapes.

  • Oui, il faut prendre le temps de pleurer. Quelle leçon de la part du pape François.
    Il est certain que si on ne prend même pas le temps de pleurer, on ne trouvera jamais quoi faire de bon.

  • @ Uchimizu
    Voir un peu plus loin, oui, à condition de voir clair. La question n’est pas celle d’un retour à l’impérialisme triomphant du passé, mais celle de l’explosion silencieuse (parce qu’avec la complicité de nos politiques et médias) d’un néocolonialisme esclavagiste, en haine de de toute vie, qui transforme l’Afrique en plaie souillée de nos chimies mortifères, d’où l’on extraie l’uranium et les diamants, et les métaux de nos écrans , sous les charniers fumants où agonisent femmes violées et enfants soldats oubliés de nos pro life d’ici. Regardons, oui, ce qui se passe au Congo par exemple!
    @ceux qui ont plus peur de perdre leur France fantasmée que leur frère réel:

    quand on cesse d’être simplement humain en se refusant à pleurer, il n’est plus l’heure de parler d’identité. Elle n’a jamais été chez les arrogants oiseux, ‘elle n’est pas dans les discours (sur les valeurs!), ni les mots ni les postures, mais dans les cœurs généreux et les consciences assoiffées de liberté, , au creux des mains qui soignent et qui soulagent, qui partagent le pain et qui sèment le blé, qui besognent dans le silence recueilli . L’identité réelle, pas celle des bavards donneurs de leçons, ignore les frontières et les lois écrites. Elle n’a cessé d’être sous l’occupation nazie, chez nos résistants de l’ombre et nos martyrs silencieux . Ceux qui crient au loup ne font que se donner bonne conscience et belle posture, ils gênent de leurs gesticulations inutiles ceux qui sont la chair de la France en travail dans ce monde qui souffre.
    C’est ainsi qu’il n’y a que les bavards oiseux pour faire la différence entre un miséreux de pure souche et un SDF illégal. Qu’ils viennent dans nos associations humanitaires, châsses de France multi séculaire, reliquaires bénis des hospices médiévaux, manuels d’humanisme à la Montaigne et à la Péguy, berceaux de la France de demain, ils verront qu’à Emmaüs, au Secours Catholique, au SAMU social ou à la Croix Rouge …., on ne demande ni papier ni credo, mais que chaque homme y est mon frère.
    Alors, que faire? Peut-être commencer par là?
    Cher Koz, enfin MERCI! Il est bon de se vivre unis aussi dans les larmes, que nos deuils partagés soient le ciment qui soude nos cœurs pour bâtir la Civilisation de l’Amour.

  • Commencer par les pleurs ne me semble pas tout à fait juste. La révolte façon Camus me paraît plus juste, elle est un bon point de départ.
    Je suis étonné, très étonné que personne ne le rappelle mais le vrai drame qui est cause de ce drame symptôme est avant tout la destruction méthodique de la somalie par le système économique mondialisé.
    Les plages de somalie sont détruites par nos déchets chimiques et nucléaires. Les poissons y sont mort, les bébés mal formés.
    Par la faute de ce capitalisme de prédation, ces gens se sont fait pirate et se font tués par les flottes occidentales qui protègent leurs intérêts.
    Du coup, il viennent chez nous. Qui le leur reprochera ?
    Je suis contre cette immigration, mais ce n’est pas avec un mur et des gardes frontières qu’on la résoudra. Le grand remplacement doit être combattu à la source, pas dans ses symptômes.
    Le libéralisme est donc coupable, lui le premier. Qui a voté UMPS ?
    A mon humble avis, c’est en allant un dans cette direction qu’on résoud la contraction entre le point de vue Koz et de Agg/Fik.
    Le Pape ne demande pas de pleurer après tout, si ?

  • TheophileR a écrit ::

    Le Pape ne demande pas de pleurer après tout, si ?

    Eh bien, si. Explicitement, et à deux reprises.

    Il l’a demandé lors de l’homélie prononcée à Lampedusa le 8 juillet dernier, dont je ne citerai qu’une phrase mais dont vous pouvez aller lire directement un paragraphe entier :

    « Qui a pleuré pour la mort de ces frères et sœurs ? Qui a pleuré pour ces personnes qui étaient sur le bateau ? Pour les jeunes mamans qui portaient leurs enfants ? Pour ces hommes qui désiraient quelque chose pour soutenir leurs propres familles ? »

    Et chacun aura lu qu’il a déclaré que vendredi était « une journée de pleurs« .

    Bien évidemment, le propos n’est pas à prendre au pied de la lettre et le pape ne demande pas des pleureuses. Il demande simplement de combattre l’indifférence et de se laisser toucher par le sort des personnes disparues vendredi.

    C’est bien sûr et sans surprise cohérent avec ce qu’il disait dans son interview : commencer par soigner les blessures. Commencer par être présent auprès de l’autre. Ensuite, et seulement ensuite, on peut débattre des responsabilités et des solutions. Mais, d’abord, prendre le temps de se laisser toucher.

    Il est toujours temps ensuite de nous écharper dans nos débats et d’élaborer de grandes réponses contradictoires. De savoir si c’est la faute de l’Etat ou la faute du libéralisme. Mais nous devrions tous, parce que malheureusement ce n’est pas si naturel, commencer par prendre un temps pour se laisser toucher.

  • Extra – merci Koz, une fois de plus.
    Pour constuire une société apaisée, il faut bien des représentations communes qui diminuent les peurs : la reconnaissance des émotions en est certainement une bonne première étape. Et pour ceux qui se disent humanistes ou même chrétiens, il devrait être évident que ce drame (comme tant d’autres – mais celui là est à notre porte !) doit interroger la façon de vivre, la cohérence entre les pensées, les discours et les actions….
    Encore merci de nous livrer cettre relecture , pour interpeller notre confort.

  • Pour Lib, seul le libéralisme résoudra le problème. Pour TheophileR, le libéralisme est le premier coupable…
    On peut développer à n’en plus finir les solutions au niveau « macro », et pondre des pavés dignes de Sciences-Po, tous plus brillants et incontestables les uns que les autres.
    Mais je crois qu’avant tout l’action est une question qui regarde chacun d’entre nous, au niveau « micro ».
    J’ai souvent été frappé, dans les cas d’intégration (ou immersion ?) réussie, par le récit d’une rencontre. Une rencontre avec un autochtone qui accueille, qui aide, qui forme, qui aime. Voilà donc une piste d’action. Être cette personne, individuellement ou par le biais d’une association. Certes cela ne résoudra pas immédiatement le problème de l’émigration à risque, mais si ce type d’action se multiplie, la capacité d’absorption satisfaisante augmentera, et les nations pourront proposer des filières légales et sécurisées.
    Plus ambitieux, et plus dérangeant pour nous, on peut aller à la source, dans les pays d’origine. Si l’on est entrepreneur, on pourra y développer une activité qui embauchera des personnes ; si l’on est médecin, soigner ; si l’on est aimant, mèretéréser. Très probablement tout cela n’aura pas le développement de nos illustres devanciers et restera singulier. Peut-être n’aura-ce aucune efficacité. Juste la fécondité d’une conversion personnelle. Dieu pourvoira au reste.
    Je suis d’accord avec Koz : notre rôle n’est probablement pas de phosphorer pour trouver la solution globale miracle. Bien plus certainement de mettre en silence et en humilité les mains dans le cambouis. Après les pleurs 🙂

  • @ Koz: Nous sommes assez d’accord en fait. Une dernière remarque quant au terme « commencer » utiliser dans le titre :
    Ce n’est pas non plus comme si nous tombions des nues,ces boats people qui viennent s’échouer sur les côtes de l’Europe ne sont pas un phénomène nouveaux. Il y a longtemps que l’indignation est de rigueur face à cet état de fait. La recherche de solution est depuis longtemps à l’ordre du jour.

  • @ Haglund:
    eh oui, on ne va pas évangéliser des gens déjà chrétiens.
    les personnes non chrétiennes (come moi) qui ont dévcouvert le Christ et son message de paix grâce au témoignage d’un chrétien remercient chaque jour pour cette chance. car c’en est une.
    c’est une vraie chance de comprendre enfin qu Dieu ne nous demande JAMAIS d’aller faire exploser une bombe sur des innocents.

    mais je pense de plus en plus à évangéliser non pas les musulmans, mais l’Islam. comme ça s’est passé dans plein de pays qui ont été proche des chrtiens, ou de gens qui sont sur un territoire chrétien: par le dialogue, arriver à ce que les musulmans, tout en gardant leur propre religion, se mettent à remettre en cause les enseignements des gens qui les manipulent avec ça et et à comprendre qu’avant tout, Dieu veut qu’on écoute sa conscience et qu’on fasse le bien, pour tous. ce bien comprenant la liberté, …et la liberté religieuse en particulier.

  • @ Vieil imbécile: Cela m’évoque ces communistes qui prétendait que si l’URSS avait été d’avantage communiste, ça se serait mieux passer pour elle. Quant à croire comme Lib que le travail au noir puisse être une partie de la solution… no comment.

  • Tout d’abord la France n’accueille pas toute la misère du monde et n’a jamais accueilli toute la misère du monde. Il y en a qui font le choix, si on peut affirmer qu’on a le choix, d’aller ailleurs.
    Ensuite je trouve que Koz a du courage et du mérite à écrire ce qu’il écrit. Parmi les commentaires que ses prises de positions provoquent je ne retiendrai que ceux qui le remercient de s’exprimer ainsi. J’en fais partie. Tout au long du XX ième siècle la France a accueilli pour raisons de guerre: les Russes, les Polonais, les Républicains espagnols, les survivants des camps de la mort, les Hongrois, les réfugié indochinois, les harkis, les pieds-noirs, les Tchécoslovaques, les Chiliens, les boat-people. Cela s’est fait souvent dans la douleur, la souffrance, pour les accueillis plus que pour les accueillants. Mais cela s’est fait. Voici quelques liens pour celles et ceux que cela pourrait intéresser:

    http://www.histoire-immigration.fr/des-dossiers-thematiques-sur-l-histoire-de-l-immigration/la-retirada-ou-l-exil-republicain-espagnol-d-apres-guerre

    http://www.rapatries-vietnam.org/index.php

    http://www.harkis.com/article.php3?id_article=26

    http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/Histoire/pieds-noirs-rapatriement-temoignage.html

  • @ Henry le Barde:

    A mettre en lien avec ce texte de Gramshi: http://www.les-veilleurs.eu/wp/texte/je-hais-les-indifferents/

    je mets le texte, parce que je le trouve fort. Libre à vous de ne pas le lire. Mais il me semble un complément intéressant du billet de koz

    « Je hais les indifférents. Pour moi, vivre veut dire prendre parti. Qui vit vraiment ne peut ne pas être citoyen et parti prenant. L’indifférence est apathie, elle est parasitisme, elle est lâcheté, elle n’est pas vie. C’est pourquoi je hais les indifférents.

    L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est la boule de plomb pour le novateur, c’est la matière inerte dans laquelle souvent se noient les enthousiasmes les plus radieux, c’est le marécage qui ceint la vieille cité et la défend mieux que les murailles les plus fermes, mieux que ses guerriers, car elle enlise ses assaillants dans ses gouffres boueux, limoneux, et elle les décime et les démoralise et quelques fois elle les oblige à renoncer à leur entreprise héroïque.

    L’indifférence opère énergiquement dans l’histoire. Elle opère passivement, mais elle opère. C’est la fatalité ; c’est sur quoi l’on ne peut compter ; c’’est ce que bouleverse les programmes, renverse les plans les mieux construits ; c’est la matière brute qui se rebelle à l’’intelligence et l’étrangle. Ce qui se passe, le mal qui s’abat sur tous, le bien possible qu’un acte héroïque (de valeur universelle) peut provoquer, tout ça revient moins à l’initiative de quelques personnes qui activent qu’à l’indifférence, à l’absentéisme de la majorité.

    Ce qui arrive, arrive non pas parce que certains veulent qu’il arrive, mais parce que la majorité abdique sa volonté, laisse faire, laisse se grouper les nœuds qu’ensuite seule l’épée pourra couper, laisse promulguer les lois qu’ensuite seule la révolte fera abroger, laisse aller au pouvoir les hommes qu’ensuite seul un mutinement pourra renverser.

    La fatalité qui semble dominer l’histoire n’est que l’apparence illusoire de cette indifférence, de cet absentéisme. Des faits mûrissent à l’ombre, juste quelques mains, à l’abri de tout contrôle, tissent la toile de la vie collective, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point. Les destins d’une époque sont manipulés selon des vues étriquées, des buts immédiats, des ambitions et des passions personnelles de petits groupes actifs, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point.

    Mais les faits qui ont mûri aboutissent à leur fin ; mais la toile tissée à l’ombre s’accomplit : et alors il semble que c’est la fatalité qui emporte tout et tous, il semble que l’histoire n’est pas un énorme phénomène naturel, une irruption, un séïsme, dont tous restent victimes, qui a voulu et qui n’a pas voulu, qui savait et qui ne savait pas, qui a été actif et qui indifférent.

    Ce dernier s’irrite, il voudrait échapper aux conséquences, il voudrait qu’il soit clair que lui n’y était pour rien, qu’il n’était point responsable. Certains pleurnichent piteusement, d’autres blasphèment avec obscénité, mais personne ou peu de personnes se demandent : si j’avais, moi aussi, fait mon devoir, si j’avais cherché à faire valoir ma volonté, mon conseil, serait-il advenu ce qui est advenu ? Mais personne ou peu de personnes se sentent responsables de leur indifférence, de leur scepticisme, du fait de ne pas avoir offert leurs bras et leur activité à ces petits groupes de citoyens qui luttaient justement pour éviter tel mal et procurer tel bien.

    La plupart de ceux-ci, par contre, à évènements accomplis, préfèrent parler de faillite des idéaux, de programmes définitivement écroulés et d’autres agréableries pareilles. Ainsi, recommencent-ils leur absence de toute responsabilité. Et ce n’est pas vrai qu’ils ne voient pas clair dans les choses, et que parfois ils ne soient pas capables d’avancer de très belles solutions pour des problèmes plus urgents, ou pour ceux qui, bien qu’ils demandent une ample préparation et du temps, sont toutefois pareillement urgents.

    Mais ces solutions restent très bellement infécondes, et cette contribution à la vie collective n’est animée d’aucune lumière morale ; elle est le produit de la curiosité intellectuelle, pas d’un piquant sens d’une responsabilité historique qui veut que tous soient actifs dans la vie, qui n’admet pas agnosticismes et indifférences d’aucun genre. Je n’aime pas les indifférents aussi à cause de l’embêtement que me provoquent leurs pleurnichements d’éternels innocents. Je demande des comptes à chacun d’eux : comment il s’est acquitté des tâches que la vie lui propose quotidiennement ? Qu’est-ce qu’il a fait et, plus particulièrement, qu’est-ce qu’il n’a pas fait ? Je sens de pouvoir être inexorable, de ne pas devoir gaspiller ma pitié, de ne pas devoir partager avec eux mes larmes.

    Je suis parti prenant, je vis, je sens déjà pulser dans les consciences viriles de ma part l’activité de la cité future que ma part est déjà en train de construire. Et en elle la chaîne sociale ne pèse pas sur peu de personnes, en elle chaque chose qui arrive n’est pas due au hasard, à la fatalité, mais elle est l’œuvre intelligente des citoyens. Il n’y a en elle personne qui reste à la fenêtre à regarder pendant que le petit nombre se sacrifie, s’évanouit dans le sacrifice ; et celui-là qui est à la fenêtre, aux aguets, veuille profiter du peu de bien que l’activité de peu de personnes procure et dilue sa déception en vitupérant le sacrifie, le saigne, car il n’a pas réussi dans son dessein.

    Je vis, je suis parti prenant. Donc je hais qui ne prend pas parti, je hais les indifférents. »

    je suis d’accord sur certains points avec Agg: je trouve que nous sommes dans une civilisation où l’émotion prime toujours, et où celui qui remporte les débats, mais celui qui fait le mieux pleurer sur son sort; ça ne veut pas dire qu’il faille rester indifférents, je n’ai pas mis le texte en lien pour moi, mais qu’il est nécéssaire de réfléchir avant de prendre parti; il est vrai que ce billet ne le fais pas, mais je me méfie juste de cette tentation là; c’est-à-dire que j’aimerais un billet qui essaie de s’ateler à comment dire… pas au problème, ce serait déjà dire qu’il y en a forcémernt un, mais… à la question de l’immigration, et des limitations qui sont légitimes, ou non.
    Mais sinon je suis d’accord avec ce billet, j’aimerais juste un autre billet de complément.

    et je n’ai pas de position très claire là dessus, à part une grosse méfiance sur ce que racontent les médias, et de se dire qu’il n’est pas cohérent de « refuser d’accuillir toute la misère du monde » sans chercher à la réduire ailleurs que chez nous…

    PS: j’ai activé le signalement d’autres commentaires pour pouvoir répondre si certains souhaitent en discuter.

  • Vieil imbécile a écrit ::

    Je suis d’accord avec Koz : notre rôle n’est probablement pas de phosphorer pour trouver la solution globale miracle. Bien plus certainement de mettre en silence et en humilité les mains dans le cambouis. Après les pleurs

    Ravi d’être compris 🙂

    ThéophileR a écrit ::

    Une dernière remarque quant au terme « commencer » utiliser dans le titre : Ce n’est pas non plus comme si nous tombions des nues,ces boats people qui viennent s’échouer sur les côtes de l’Europe ne sont pas un phénomène nouveaux. Il y a longtemps que l’indignation est de rigueur face à cet état de fait. La recherche de solution est depuis longtemps à l’ordre du jour.

    En êtes-vous certain ? Combien d’entre nous ont délégué l’indignation et l’émotion aux professionnels ? Aux associations antiracistes ou aux curés ? Et l’on se sent quitte avec ça.

    En plus de ça, je pense que c’est aussi malvenu de prendre cela avec la force de l’habitude (d’une certaine manière). C’est précisément une façon de nous montrer indifférents : c’est pas nouveau, on n’est pas surpris. Nous devrions (et pour être franc, ce n’est pas mon cas) prendre chaque nouveau naufrage comme un nouveau drame qui nous atteigne. En ce qui me concerne, j’avoue que c’est la contestation de la parole si évidente du pape qui m’a le plus réveillé.

    [A ma connaissance, Lib ne parle pas de travail au noir. Il évoque au contraire le fait que les règles actuelles dissuadent de faire travailler. Il ne parle pas de les violer, il dit qu’elles sont trop restrictives]

    @ jfsadys : permettez-moi de moduler, toutefois, et de repasser du côté obscur de la force. On peut estimer que l’intégration doit se faire et se fera mais il faut aussi être conscient que l’immigration africaine (au sens large) pose des problèmes de culture spécifiques. Je ne dis pas qu’ils soient indépassables, mais qu’il est logique que cette immigration pose davantage de difficulté que l’immigration espagnole, italienne, hongroise etc.

  • Cher Koz, je rend hommage à ton bon cœur, et surtout à ta motivation pour remettre l’actualité en face de l’évangile. Mais là j’ai un petite angoisse : ces familles fuyaient des conditions de vie affreuses et insupportables. L’Érythrée est la pire dictature du monde et la Somalie est une repaire de bandit soumis à une famine chronique. Pour chaque décès dans ce bateau, combien de milliers de personnes restés au pays sont mortes dans des conditions bien pires (tortures, viols, mort de faim, ..). En plus les conditions de transport par les trafiquants d’êtres humains sont horrible du débuts à la fin du trajet. Les morts à proximité de nos côtes ne sont qu’une petite partie des pertes humaines dûes à ce trafic.

    Dès lors pourquoi se recueillir et prier seulement quand ça se passe sous nos yeux. N’est-ce-pas un peu hypocrite de se réveiller maintenant et d’oublier après. N’est-ce-pas hypocrite d’accueillir ceux qui peuvent nous toucher mais d’oublier tous ceux qui n’y ont pas réussi. J’entends bien que cela puisse réveiller des consciences endormis. Je comprends aussi que le pape en profite pour influencer les hommes politique européens. Mais je ne comprends pas pourquoi nous chrétiens devons prendre ce drame plus au sérieux que celui qui se passe depuis 20 ans dans ces deux pays.

  • Schiczu a écrit ::

    Mais je ne comprends pas pourquoi nous chrétiens devons prendre ce drame plus au sérieux que celui qui se passe depuis 20 ans dans ces deux pays.

    Personne ne vous interdit de le faire (je me permets d’émettre un doute sur le « bien pire » : mourir de faim est-il « bien pire » que mourir noyé ?). Il me semble que les chrétiens prient souvent pour l’ensemble des conflits et que l’on peut évidemment se laisser toucher par d’autres situations de détresse dans le monde, avec une limite toutefois : celle de n’être sensible à rien de particulier en prétendant être sensible à tout. En ce qui me concerne, je ne suis pas en mesure de prendre en charge émotionnellement l’ensemble des conflits et situations de détresse du monde. Mais lorsque des personnes viennent mourir en nombre en frappant à ma porte, il serait irréaliste de prétendre que je ne suis pas un peu plus concerné.

  • @ Lib:
    Ça ne vous scandalise pas de parler d’un pays « vierge » à propos d’un territoire que l’on a vidé de ses habitants originels pour assurer le confort de colons européens? C’est ça, la culture du mouvement perpétuel et des flux de populations, c’est l’écrasement d’une civilisation par le maëlstrom des débris de plusieurs autres. Même Koz reparle ici du « droit à ne pas immigrer », qui propose d’établir sur chaque territoire un ordre social juste et harmonieux pour permettre à chacun de ne pas risquer sa vie et son équilibre en partant hasardeusement à l’aventure! Si vous considérez que cette soupe barbare qui ne tient debout que par la violence de sa domination géopolitique est le merveilleux résultat du merveilleux droit à exterminer des peuples entiers pour les remplacer, ne réclamer pas de le faire au nom du christianisme.

  • @ do:
    Selon le calendrier musulman, nous sommes, comme vous le savez, en 1434. Faut il vous rappeler où en était le christianisme en 1434 ? Il comptait sept croisades au compteur, dont la quatrième, qui a ensanglanté l’orthodoxe Constantinople, et la septième sur notre sol, qui a exterminé l’hérésie cathare — donc les Cathares, avec entre autres le suave bûcher de Montségur. L’inquisition espagnole s’apprêtait à connaître ses jours les plus fastes. Légères ombres, me direz vous, à un tableau globalement rayonnant. Soit. Mais pourquoi alors chausser d’autres lunettes quand il s’agit de l’Islam ?

    Connaissez vous des musulmans, en France ? Les voyez vous vivre ? Les entendez vous parler ? Qu’est ce qui vous autorise à penser qu’ils ont animés par la tentation de la bombe sur les innocents, ou que vous pourriez leur apporter une lumière de tolérance quelconque ? Ceux que je connais (nombreux) pourraient rendre des points à pas mal de chrétiens.

    A d’autres : j’ai pu aller, grâce à ce fil, sur quelques sites d’abrutis. Disons les choses un peu nettement : que les larmes ne montent pas, face à une telle tragédie, contre toute attente, est ce que ce n’est pas, pour ces brillants héritiers de l’Occident, avant tout dû à cela — il s’agit de musulmans ?

  • J’ai probablement le double de votre âge Koz. L’argument de la difficulté d’intégrer les Africains je l’ai entendu pour les Polonais au catholicisme trop dur, pour les Italiens au catholicisme trop différent du nôtre, pour les Algériens, si on leur accordait le droit de vote l’assemblée nationale allait devenir musulmane et que n’ai-je entendu sur les républicaines espagnols qui avaient tué des religieuses et des prêtres pendant la guerre civile. Sur le lien du témoignage d’un pied-noir vous verrez aussi ce que certains Français pensaient des Français d’Afrique du Nord. L’Histoire bien entendu ne se répète pas mais la difficulté d’accueillir l’autre est toujours là en chacun de nous. Mais j’entends bien entendu ce que vous m’écrivez. Merci de m’avoir publié. Merci de votre commentaire.

  • TheophileR a écrit ::

    Les plages de somalie sont détruites par nos déchets chimiques et nucléaires.

    une fois que les pays sont en guerre civile, tous les trafics sont possibles, mais ces trafics de déchet ont été une conséquence, pas une cause du conflit somalien.

  • Koz a écrit ::

    En êtes-vous certain ? Combien d’entre nous ont délégué l’indignation et l’émotion aux professionnels ? Aux associations antiracistes ou aux curés ? Et l’on se sent quitte avec ça.

    Bonsoir Koz,

    après une nuit de réflexion…

    je vis assez bien mon « égoisme raisonnable », et je ne sens pas la nécessité de prouver que je suis indigné. Ma première loyauté va à mes proches (après tout, je suis un mammifère dont le but est d’assurer la perpétuation de ses gènes), à qui j’essaie de donner beaucoup. J’essaie aussi, dans mon travail, d’être toujours honnête et de faire tout ce qu’il faut (souvent plus que demandé) pour que les choses avancent. J’essaie aussi d’être un bon voisin. Si j’ai le choix sur un sujet (et honnêtement, même en démocratie, on a peu de choix), j’essaie de donner un avis honnête sur ce qui est le mieux pour la société, pas pour mon intérêt propre. Evidemment, je ne suis pas parfait, et il y a mille faiblesses que je regrette, car je n’atteins pas toujours ces objectifs.

    Toutefois, pour ne pas devenir fou, et continuer à bien assurer mes obligations envers mes proches et mes collègues, je dois aussi placer une limite à ce qui va me concerner ou pas. J’essaie de m’inquiéter seulement des sujets sur lesquels je peux agir.

    Alors la Somalie, le conflit du proche-orient, le Congo, les îles qui vont disparaitre avec la montée des eaux , les roms, les minorités chrétiennes en Egypte…, j’ai décidé que ce n’était pas mon problème aujourd’hui. Et je sais que dans les problèmes que je laisse derrière un rideau, il y a des souffrances atroces.

    Pas que je sois contre non plus le fait qu’on s’en occuppe, ou qu’on en accueille certains comme réfugiés, si c’est bien fait. Et si un jour, mon travail devient lié à un de ces problèmes, je m’y investirai avec mon énergie, et j’espère, mon honnêteté habituelle.

  • Il me semble qu’en plus de pleurer, le chrétien a une action concrète immédiate possible : prier. Prier pour ces pauvres gens morts à Lampedusa et dont seul Dieu connaît le nom, pour les victimes de la guerre, de la famine, des naufrages et des passeurs qui se font de l’argent en profitant de la misère humaine. Prier pour tous ceux qui sont en position de trouver des solutions à petite et à grande échelle. Prier pour ceux qui aggravent la situation en plongeant des pays entiers dans le chaos et la guerre. Bien sûr, ça paraîtra risible à ceux qui ne croient pas à l’efficacité de la prière (et à ceux qui ne savent même pas à quoi correspond ce concept). Mais pour un chrétien, la prière, c’est une action concrète accessible à tous et pas si prenante en temps ou en énergie. Après, c’est à chacun de voir ce qu’il peut faire en plus (un intérêt supplémentaire de demander de l’aide à l’Esprit Saint), mais prier est toujours un bon point de départ quand on est croyant. Et puis, se rappeler que chaque être humain qui souffre, c’est le Christ en croix et que notre indifférence rajoute encore quelques épines à sa couronne.

    Je ne sais pas quelle est la solution au problème de l’immigration clandestine. Quand on durcit la surveillance aux frontières, des gens viennent quand même et certains meurent. Quand on régularise les clandestins, encore plus de gens essaient de venir et le nombre de morts augmente (et ça fait gagner de l’argent aux passeurs). Je ne suis même pas sûre qu’il y ait une véritable solution dans un monde avec des pays riches mais désindustrialisés, d’autres pays misérables, surpeuplés, aux frontières artificielles, et des entreprises échappant à tout autre contrôle que celui de l’argent (il est légitime qu’une entreprise veuille gagner de l’argent mais si personne ne fixe de limites humaines acceptables, elle suivra la géographie de la misère, de la Chine au Bangladesh puis en Éthiopie, à la recherche de l’employé le plus docile et le moins coûteux). Peut-être qu’au lieu d’ouvrir nos frontières aux marchandises en les fermant aux hommes, on devrait commencer par refuser de laisser entrer sur notre territoire des biens produits dans des conditions inhumaines qui nous feraient horreur si elles nous concernaient de plus près. Voltaire et quelques autres dénonçaient déjà les conditions de vie et de travail des esclaves du XVIIIe siècle : je crains donc que la solution ne soit pas si simple, que la situation soit difficile à changer et que ce soit toujours « à ce prix que nous mangeons du sucre en Europe » (ce qui a changé, c’est que ce n’est plus le sucre mais les vêtements, certaines matières premières, etc.).

    Quant à l’hypocrisie de ceux qui sont légalistes sur l’immigration et moins sur l’adoption par les homosexuels, remarquons qu’elle a son pendant dans le camp d’en face : des individus trouvant normal qu’on traite avec la plus extrême rudesse quiconque s’oppose au mariage homosexuel parce que c’est une loi votée démocratiquement et tout aussi prêts à soutenir ceux qui violent une loi (votée tout aussi démocratiquement) au nom de la défense des sans-papiers, on en trouve à foison.

  • Amélie a écrit ::

    l me semble qu’en plus de pleurer, le chrétien a une action concrète immédiate possible : prier. Prier pour ces pauvres gens morts à Lampedusa et dont seul Dieu connaît le nom, pour les victimes de la guerre, de la famine, des naufrages et des passeurs qui se font de l’argent en profitant de la misère humaine. Prier pour tous ceux qui sont en position de trouver des solutions à petite et à grande échelle. Prier pour ceux qui aggravent la situation en plongeant des pays entiers dans le chaos et la guerre.

    Tout à fait! et il me semble que c’est avant tout à cela que devaient nous amener les larmes dont parlait le Pape.

  • Je comprends assez bien votre réflexion Uchimizu. Cela dit nul besoin à mon avis d’un lien familial ou autre. Il suffit juste d’une certaine proximité pour ressentir de l’empathie. Et le traitement via les medias est primordial dans un sens ou dans l’autre et peut apporter ou non cette proximité : Quand je lis une horreur dans la colonne faits divers de mon journal, je me dis c’est bien malheureux puis je passe finalement à autre chose bref je ne suis pas affecté outre-mesure. En revanche, quand j’entends le témoignage de ce jeune qui a rejoint la côte à la nage alors que son frère est décédé dans le bateau, c’est complètement différent.
    Je pense aussi que l’accumulation des faits négatifs peut finir par donner une érosion voire un certain blindage de l’âme, les medias ne traitent bien souvent malheureusement que de ces faits là et non de ce qu’il se passe de positif…pour un peu on passerait notre temps à pleurer du matin jusqu’au soir.

    En fait il me semble que ce qui chagrine certains intervenants ici et d’autres que j’ai pu lire sur la blogosphère c’est que la demande du pape pourrait être comprise comme étant de se montrer tristes, voire d’être tristes. Et effectivement, on ne peut de par notre volonté décider d’être triste, on l’est ou on ne l’est pas, sinon c’est de la méthode Coué, et ça n’a plus rien de spontané.
    Ce que l’on peut faire et je crois que c’est là en réalité le fond de la demande du pape, c’est prier pour les victimes et leurs proches et demander au Christ de se laisser toucher par le drame qu’elles ont vécu, bref de transformer toujours plus notre cœur de pierre en cœur de chair.

  • Je n’ai pas pleuré. Cette tragédie est d’une banalité rectiligne et se répètera encore.
    La prochaine fois, promis, j’aurai le courage de pleurer. Oh sans doute pas avec la frondeuse témérité, toute surnaturelle, juché sur les épaules de séraphins. de m’en féliciter sur la toile.
    Au prochain défilé macabre de Lampedusa, je serai prêt, promis je pleurerai.

  • Bon ben moi, rien à fiche. J’aime. C’est tout. Je suis un dingue.

    Merci Koz.

    [j’aurais juste édité certains passages, mais bon, suis pas le rédac’ chef]

  • « Certains dénoncent une compassion inutile, une indignation stérile. Ils vous répondent : « et concrètement, vous faites quoi ?« . J’aimerais être certain que ce reproche couvre vraiment leur souci d’une action concrète. Je crains qu’elle se borne à manifester l’agacement à fleur de peau, à se déculpabiliser soi-même de n’en avoir rien à cirer en culpabilisant l’autre de se laisser toucher. »

    Peut-être pour certains. D’autres éprouvent simplement un sentiment de tristesse et d’impuissance devant des problèmes qui les dépassent complétement et pour lesquels il ne ressentent aucune raison de se culpabiliser.

    La compassion est un sentiment honorable qui vaut mieux que l’indifférence, j’en suis convaincu. Pour autant , elle peut être ressentie en intériorité sans s’exprimer publiquement ou au contraire s’afficher car les hommes ne sont pas tous sortis du même moule.

  • Je tenais d’abord à vous remercier koz pour cet excellent article avant de faire savoir qu’une pétition en anglais a étés lancée pour demander aux autorités italiennes et aux institutions internationales de ne plus menacer de poursuites pénales des personnes ayant porté secours à des migrants en mer ce que montre cet article http://www.france24.com/fr/20131006-naufrage-lampedusa-apres-tragedie-polemique-services-secours-loi-immigration-italie et de mettre en place des moyens humains et financiers pour empecher que ceci se reproduise https://secure.avaaz.org/en/petition/Save_Refugees_Left_Drifting_and_Starving_on_Italys_Coast/?mobile=1

  • Ce qui me fait pleurer de colère c’est de voir que l’on peut impunément mettre des centaines de gens sur un bateau et les faire mourir. A défaut de trouver le vrai coupable, on essaye d’en trouver d’autres. Les lois de l’UE, la guerre, etc. Peut-être responsables, mais pas coupables. Ce n’est pas non plus celui qui a construit le bateau ou la bêtise humaine qui en sont coupables. Les coupables sont ailleurs. Je ne sais pas, mais je n’ai pas l’impression que quelqu’un a le moindre souci pour enquêter et punir ceux qui juridiquement sont coupables, ceux qui organisent et qui envoient ces gens à une mort probable. J’aimerais qu’on me dise que j’ai tout faux. En attendant je prie pour qu’un autre drame de ce type ne se reproduise pas.

  • « Donner aux immigrés les moyens de rester chez eux. » Voila une belle formule qui résume bien une ligne d’action bien difficile à mettre en oeuvre. Et pourtant c’est probablement la seule vraiment réaliste.
    Notre égoisme collectif est un obstacle, sur lequel on ne s’interroge pas assez. La reflexion crue de George Bush au G20: « Notre niveau de vie n’est pas négociable »,est reprise quoicqu’il en est pas son successeur, plus ou moins prisonnier des lobbies qui l’ont fait élire. Nos dirigeants sont sur la même ligne sans trop l’avouer, et tolèrent des déséquilibres commerciaux qui contribuent parfois fortement à la misère locale. (Le reconnaitre n’implique pas d’etre aveugle sur la corruption endémique, etc.)
    De la découle aussi parfois le consentement à l’existence de gouvervements iniques pourvu que la sécurité de nos approvisionnements soit assurée…
    Bien entendu on ne peut pas jouer les cowboys aux quatre coins du monde. La tentative cynique et naive à la fois d’exportation du modèle américain que fut la guerre d’Irak le démontre amplement….
    Alors quoi? Et bien peut être se tenir vraiment prêt à saisir les occasions de contribuer à changer des choses lorsqu’elles se présentent réellement… et cela arrive plus souvent qu’on ne le croit. Contre la lâche résignation qui nous saisit parfois, Amin Maalouf a écrit de belles pages dans « Le dérèglement du monde ». Il souligne justement que l’appétence pour la dignité , la culture, la liberté, et une vraie démocratie ne sont pas l’appanage des occidentaux. Ce qu’ont peut repprocher à la colonisation n’est pas d’avoir exporté ces idéaux mais de les avoir parfois trahis…
    Alors oui, tout à fait d’accord avec l’empathie comme premier reflexe…ensuite bien sur il faudrait ne pas s’arrêter là…tout un programme…

  • Merci Koz pour ces billets et pour les défendre après les avoir écrits.

    @Lib

    Comme toujours vous profitez pour réclamer la dérégulation à tout va mais vous vous laissez aller à des affirmations qui sont complètement inexactes. Ainsi vous amalgamez le SMIC et « l’explosion des charges sociales qui doublent le coût du salaire ». Pour apprécier la pertinence de ces affirmations, vous pouvez nous rappeler combien un patron rémunérant un salarié au SMIC, soit 9,43 € brut, va payer de charges patronales ?

  • @ Thierry de Ravinel:
    Je suis d’accord avec vous sauf sur un point. Pendant longtemps, j’ai cru naïvement que les Etats occidentaux dont Etats-Unis en tête, intervenaient dans le monde pour le Bien.
    Avec le recul et avec plus d’informations, notamment grâce à Internet, je me rends compte que les interventions occidentales ne sont que pour défendre nos intérêts. Et nos intérêts passent aussi par la déstabilisation de certaines régions du monde. Déstabilisation dont les occidentaux ne sont pas les seuls responsables mais à laquelle ils participent. En Afrique, qui a intérêt à ce que les pays africains ne se développent pas par eux-mêmes et que les populations ne profitent pas de la richesse de leurs sols qui sont très grandes ? Les pays occidentaux et la Chine, entre autres. Les Etats-Unis ne sont pas les gendarmes du monde, ils se fichent pas mal de la démocratie au Moyen-Orient, la preuve par l’Arabie saoudite leur grand allié. Ils veulent façonner le monde à leur main, comme ça les arrange, eux. Tant pis pour les Africains réduits à la misère prêts à embarquer sur n’importe quel rafiot puisqu’ils savent que s’ils ne partent pas, ils meurent quand même.
    Cela dit, dans les pays relativement stables, indépendants et riches comme l’Algérie, cela n’empêche pas les dirigeants de tout garder pour eux sans en faire profiter leur peuple que l’on garde assez pauvres pour garder la main sur eux en les maintenant dépendants de la manne gouvernementale mais pas trop pauvres pour éviter trop de troubles. Et ça, les Occidentaux n’y sont pour rien.

  • Florence a écrit ::

    En Afrique, qui a intérêt à ce que les pays africains ne se développent pas par eux-mêmes et que les populations ne profitent pas de la richesse de leurs sols qui sont très grandes ? Les pays occidentaux et la Chine, entre autres.

    Quelle drôle d’idée. Les pays occidentaux n’ont strictement aucun intérêt à ce que l’Afrique ne se développe pas, bien au contraire. Ni économiquement, ni démographiquement, ni politiquement.

    Il n’y a pas de complot contre le développement. Mais pas de recette non plus, malheureusement.

  • Pendant deux ans j’ai rencontré plusieurs fois un couple de jeunes Arméniens et leurs deux enfants. Ils étaient sans papiers enfin sans les papiers qui permettent de vivre légalement en France et d’y travailler légalement. Sinon ils avaient les papiers de leur pays d’origine. Ils étaient arrivés en France pas avec des passeurs mais tout simplement en… bus. J’ai eu aussi un mois dans ma classe de CM2 un enfant qui a vécu deux ans et demi dans plusieurs villes de France sans aller à l’école et sans se faire prendre par la gendarmerie et la police. Il venait du Maroc. Il est arrivé en France sans passeur. Caché dans la soute à bagages d’un car de touristes. Les bateaux qui viennent faire naufrage sur les côtes italiennes c’est vraiment le fait de passeurs, de réseaux organisés ou le fait de personnes désespérées qui se regroupent pour tenter le tout pour le tout? L’homme qui pilote le bateau prend le risque de mourir lui aussi dans le naufrage non? Ce qui se passe actuellement ce n’est le fait uniquement que de passeurs et de réseaux organisés?

  • @ Logopathe:
    Je n’ai jamais parlé de complot. Je parle des intérêts américains, occidentaux et chinois qui ne passent pas par le développement réel de l’Afrique. L’intérêt de ces puissances est de pouvoir bénéficier du sous-sol africain sans risquer de se faire mettre à la porte. Ce qui arriverait si les Etats africains devenaient trop forts.

  • @ Florence:
    L’intérêt bien compris de l’Occident est que l’Afrique se développe afin de 1) constituer un nouveau marché (c’est déjà le cas dans certains domaines, comme la téléphonie mobile) 2) créer un réservoir de main-d’oeuvre bon marché alternatif à la Chine 3) réduire la pression migratoire et 4) réduire la pression démographique (car le développement s’accompagne naturellement d’une réduction de la natalité).

    Mais avec ce genre de considérations, on s’éloigne du sujet, à grands pas…

  • @ Gwynfrid:
    Non je ne crois pas que l’on s’éloigne du sujet tant que ça. Je pense qu’on est au cœur du sujet. Si les Africains avaient une vie décente, ils n’embarqueraient pas pour se noyer sur les rives de l’Europe.
    Concernant les intérêts occidentaux, j’ai de sérieux doutes sur votre version même si elle me plairait davantage.
    L’intervention occidentale en Libye par exemple a été plus catastrophique qu’autre chose. Elle a permis de dégager un tyran, certes mais aujourd’hui l’Etat libyen est détruit et c’est le chaos. Les trafics de drogue et de migrants passent désormais par la Libye.
    Il y a 10 ans, l’intervention américaine en Irak ( d’accord, ce n’est pas l’Afrique) a entraîné des dégâts considérables et a eu des conséquences dramatiques pour les chrétiens d’Irak.
    Que dire de l’intervention punitive franco-américaine en Syrie qui a été repoussée in extremis ?
    Pourquoi les Américains ont-ils soutenu les Frères musulmans en Egypte ?

    On peut tout de même se poser des questions sur la politique étrangère américaine qui a des répercussions importantes sur la stabilité des pays et tout ce qui en découle en terme de migration de population.

  • Florence a écrit ::

    Si les Africains avaient une vie décente, ils n’embarqueraient pas pour se noyer sur les rives de l’Europe.

    Il ne faut pas non plus généraliser: l’Afrique n’est pas une terre uniforme. Outre la variété de climats, ill y a en Afrique des pays dans une misère noire, comme la Somalie, mais aussi des pays qui semblent partis sur la voie du développement à l’image des tigres asiatiques: on cite souvent l’Ouganda par exemple, ou différents pays de l’Afrique australe. Il y a même des entreprises africaines, comme les opérateurs kenyans, qui ont inventé de nouveaux produits autour des paiements mobiles qui s’exportent dans tout le tiers-monde, et sans doute bientôt chez nous.

  • @ Uchimizu:
    Heureusement que la misère n’est pas générale en Afrique.
    Il me semble qu’après les pleurs et la prière, il faut maintenant comprendre ce qui s’est passé.
    Il est important de connaître ce qui s’est vraiment passé à Lampedusa . D’où venaient ces pauvres gens ? Pourquoi sont-ils partis ? Quel a été leur périple ? Il faut savoir ce qui se passe.

  • Florence a écrit ::

    @ Gwynfrid:
    Non je ne crois pas que l’on s’éloigne du sujet tant que ça. Je pense qu’on est au cœur du sujet.

    Le coeur du sujet, c’est cette phrase de Koz: « le rôle du chrétien est d’être toujours là pour réaffirmer l’humanité de l’immigré, avant toute autre considération. » Vous êtes là dans les « autres considérations ». Cela dit:

    Concernant les intérêts occidentaux, j’ai de sérieux doutes sur votre version même si elle me plairait davantage.
    L’intervention occidentale en Libye par exemple
    [+exemple de l’Irak, etc]

    J’ai essayé d’exposer ce que sont les intérêts bien compris de l’Occident à mon avis. La politique suivie par l’Occident… c’est autre chose. Ce n’est pas toujours la politique la plus maligne pour le long terme. Mais je n’irai pas me lancer dans un avis sur l’Irak ou la Libye, car on s’éloignerait encore davantage…

  • Peut être suis alors dans d autres considérations même si pour moi savoir et comprendre ce qui s’est passé me paraît aller de soi dans la réaffirmation de l’humanité de ces immigrés. Sont ils donc morts pour rien ?

  • @ Gwynfrid:

    On s’éloigne, mais c’est un prolongement logique…
    Et je ne suis pas sur que l’intérèt objectif soit de faire un nouveau marché à bas cout de main d’oeuvre, ça risque de faiire des délocalisations, et plus de chomage chez nous….
    C’est plutot l’intérèt des multinationales ça!!
    mais cela ne justifie pas de ne pas chercher à contribuer au dévelloppement de ces pays…

    et puis les pleurs sont la première étape, pasla seule…

  • @ Gwynfrid: Que les pays les moins développés se développent, c’est plus que l’intérêt des Occidentaux : c’est l’intérêt général à l’échelle mondiale. Malheureusement, défendre l’intérêt général à l’échelle mondiale est une tâche ardue, même s’il correspond le plus souvent à l’intérêt particulier de chaque pays à long terme…

    @ Florence:
    Je suis d’accord avec vous pour dire qu’il est important de comprendre ce qui s’est passé. Quels sont les réseaux qui ont permis que des centaines de Somaliens se retrouvent à bord de ce bateau ? Qui a gagné de l’argent en conduisant ces gens à la mort ? Quand il y a mort d’homme, on se doit d’enquêter pour tirer l’affaire au clair : reconnaître la dignité humaine d’un individu, c’est aussi s’interroger sur les causes de sa mort quand elles sont suspectes et qu’on a de bonnes raisons de penser qu’un criminel en a tiré bénéfice.

    En revanche, les « intérêts occidentaux », c’est très vague. Il faut distinguer les intérêts de chaque pays (qui comportent toutes sortes de dimensions et le poids de l’histoire coloniale), les intérêts des entreprises (surtout les multinationales qui considère les différents États comme des outils destinés à les servir, et non des entités auxquelles on doit une certaine loyauté) et les intérêts personnels des preneurs de décision (au sens large : dans l’affaire de la Libye, il faut tenir compte aussi des intérêts de Bernard-Henri Lévy). Mais il ne faut pas oublier les nobles sentiments et bonnes intentions (BHL, par exemple, croit aux grands idéaux qu’il défend), qui introduisent une bonne dose d’irrationnel et peuvent avoir des conséquences au moins aussi fâcheuses que les calculs intéressés. C’est ainsi qu’on se retrouve souvent avec une politique incohérente, de court terme, aux conséquences absurdes ou désastreuses (sans l’intervention en Libye et la désorganisation complète de ce pays, les gens morts la semaine dernière à Lampedusa seraient peut-être encore en vie). Ce n’est pas nouveau : les intérêts des entrepreneurs, des États, des souverains, de l’Église et des missionnaires ont souvent été en conflit (c’est l’enjeu du film Mission ; sur un autre continent, parmi les premiers martyrs chrétiens du Congo belge, il y a des victimes de colons blancs, furieux que l’évangélisation remette en cause l’inhumanité qu’ils attribuaient aux Africains pour pouvoir les traiter de façon inhumaine). Comprendre le jeu complexe de tous ces facteurs est important. Mais la première chose à faire pour un chrétien, toujours, c’est d’affirmer avec force l’humanité des hommes et leur dignité, parce que ce sont souvent deux principes passés par pertes et profits par les uns ou les autres. Et cette affirmation passe d’abord par les larmes versées pour un frère mort, puis par la prière, et enfin par l’action dans le monde.

  • Amélie a écrit ::

    Je suis d’accord avec vous pour dire qu’il est important de comprendre ce qui s’est passé. Quels sont les réseaux qui ont permis que des centaines de Somaliens se retrouvent à bord de ce bateau ?

    Et si ce qui s’était passé était la logique pure: quand on est dans une misère noire, ou dans un endroit dangereux, on est prêt à prendre des risques. Il ne faut pas croire qu’en mettant quelques passeurs en prison, cela résoudra le problème.

  • @ Uchimizu:
    Si un être qui vous est cher meurt accidentellement ou par homicide, je peux vous assurer que vous ne vous contenterez pas d’une vague explication. Vous voudrez savoir exactement ce qu’il s’est passé. Vous voudrez tout savoir, tout comprendre. Vous voudrez savoir s’il y a des responsables ou s’il n’y avait pas quelque chose à faire pour éviter ça. Et votre vœu le plus cher sera que cela ne se reproduise pas. Pour que celui qui est mort ne soit pas mort pour rien.

  • @ Uchimizu:
    On arrête certains dealers et on remonte certaines filières de la drogue, même s’il semble difficile d’éradiquer ce fléau. Pourquoi ne pas faire de même avec les trafiquants d’êtres humains ?

  • Haglund a écrit ::

    Si tout le monde fait ça, tout est changé.

    Non, si tout le monde dit qu’il faut accueillir, rien ne change. On passe à l’étape d’après : comment on accueille? Combien? Qui? Avec quels moyens? Ce qui change, c’est quand une personne accueille.

    Koz a écrit ::

    de mémoire, le flot s’est un peu tari lorsque les fiers Etats-Unis ont dressé une barrière sur l’ensemble de la frontière mexicaine, et n’ont apparemment pas semblé considérer l’immigration comme une bénédiction,

    Oui, les US ont ces dernières décennies commencé à tourner le dos à leurs principes. Pas sûr que ça leur réussisse tant que ça. Mais il demeure que la prospérité de ce pays s’est construit pendant des siècles avec l’apport des réfugiés.

    La France aussi a été un pays ouvert, il y a un peu plus longtemps. Des cohortes de Polonais ou d’Italiens qui quittaient leur pays pour devenir mineurs à Douai. La vie était rude. Mais ils travaillaient au coude à coude avec des Français. Et leurs enfants étaient Français.

    Mais c’était avant qu’on protège les gens contre le travail.

    Koz a écrit ::

    D’autre part, 300 à 500 euros par mois, ça reste un budget…

    Certes, mais je suis convaincu qu’un réfugié sans formation peut rapidement atteindre un niveau de productivité lui permettant de justifier un tel salaire. 2000 euros, c’est presque impossible.

    Vieil imbécile a écrit ::

    Pour Lib, seul le libéralisme résoudra le problème. Pour TheophileR, le libéralisme est le premier coupable… On peut développer à n’en plus finir les solutions au niveau « macro », et pondre des pavés dignes de Sciences-Po, tous plus brillants et incontestables les uns que les autres. Mais je crois qu’avant tout l’action est une question qui regarde chacun d’entre nous, au niveau « micro ».

    Vous vous méprenez sur ma position. Je dis la même chose que vous. La solution n’est pas macro mais micro pour reprendre votre terminologie. Notre seul pouvoir, notre devoir d’être humain (qu’on soit chrétien ou non), c’est d’agir à notre niveau pour aider notre frère humain.

    J’observe simplement avec beaucoup de tristesse que les lois de mon pays m’empêchent concrètement d’aider concrètement des réfugiés. Spécifiquement, elles m’interdisent de lui donner un emploi solvable. J’observe également qu’il y a moins d’un siècle, ces lois nuisibles n’existaient pas et notre pays parvenait alors à accueillir des réfugiés sans les condamner au chômage et aux ghettos.

    Si vous connaissez un moyen concret accessible à un particulier et durable de mettre le pied à l’étrier à un immigré et qui ne soit pas interdit par la loi, merci de le partager.

    ThéophileR a écrit ::

    Quant à croire comme Lib que le travail au noir puisse être une partie de la solution… no comment.

    Non. Le travail au noir est interdit, il ne peut donc pas faire partie de la solution. Le travail est bien sûr la principale voie pour des immigrés (comme pour les autochtones) de subvenir durablement et dignement aux besoins de leur famille. Dommage qu’il leur soit interdit.

    panouf a écrit ::

    je mets le texte, parce que je le trouve fort.

    Oui c’est fort. Un texte qui commence et qui finit par « je hais », écrit par Gramsci, le théoricien de l’hégémonie culturelle, de l’utilisation de l’éducation pour conditionner les masses. Oui c’est fort. A sa décharge, Gramsci a écrit ça en 1917, avant que les idéologies totalitaires ne fassent la preuve de leur criminalité.

    Affeninsel a écrit ::

    Ça ne vous scandalise pas de parler d’un pays « vierge » à propos d’un territoire que l’on a vidé de ses habitants originels pour assurer le confort de colons européens?

    Vous avez raison de rappeler le crime qu’ont commis les colons à l’égard des autochtones américains, même s’il faut se garder de juger les siècles passés à l’aune des critères d’aujourd’hui.

    Pour autant, j’ai utilisé le terme « vierge » pour signifier que les colons ont construit les USA à partir de rien. Aucune infrastructure, aucune industrie, aucune agriculture, aucune ville, aucune richesse particulière hormis celle qu’offre la nature. On m’a souvent sorti la fable qui prétend que la prospérité de l’occident ait été obtenue de l’exploitation des colonies; personne n’a encore osé soutenir que la prospérité des US provient de l’exploitation des native Americans.

    Amélie a écrit ::

    si personne ne fixe de limites humaines acceptables, elle suivra la géographie de la misère, de la Chine au Bangladesh puis en Éthiopie, à la recherche de l’employé le plus docile et le moins coûteux

    Intéressant que vous mentionniez le Bangladesh. On en a beaucoup parlé il y a 3 mois au moment du drame du Rana Plaza.

    J’observe que quand on tape « boat people of Bangladesh » sur Google, on apprend que le Bangladesh est devenu un pays où les boat people essaient d’accoster, pas de fuir. J’observe aussi qu’il n’y a pas d’usine Gap en Somalie. Il semble que la présence d’usines travaillant pour l’occident est plutôt un facteur de développement que de misère. Je ne suis pas surpris.

  • panouf a écrit ::

    On s’éloigne, mais c’est un prolongement logique… Et je ne suis pas sur que l’intérèt objectif soit de faire un nouveau marché à bas cout de main d’oeuvre, ça risque de faiire des délocalisations, et plus de chomage chez nous…. C’est plutot l’intérèt des multinationales ça!! mais cela ne justifie pas de ne pas chercher à contribuer au dévelloppement de ces pays…

    C’est là le point clé. Le développement des ces pays est implique nécessairement l’ouverture d’un marché : un pays devenant moins pauvre consomme davantage par définition. L’ouverture de ce marché de consommation implique nécessairement un nouveau marché du travail, qui sera à bas salaires au départ (on peut espérer qu’ils augmentent au fur et à mesure du développement). C’est nécessaire pour le bien commun de l’humanité: Amélie a raison sur ce point. Mais je maintiens que c’est aussi dans notre intérêt économique et social bien compris. Oui, ça fera encore des délocalisations, et oui, ça sera dur pour nous car nous devrons encore nous adapter. C’est mieux que la « solution » alternative qui consiste à maintenir la situation actuelle avec misère d’un côté et immigration de plus en plus mal acceptée de l’autre.

    Amélie a écrit ::

    @ Uchimizu:
    On arrête certains dealers et on remonte certaines filières de la drogue, même s’il semble difficile d’éradiquer ce fléau. Pourquoi ne pas faire de même avec les trafiquants d’êtres humains ?

    Excellente analogie, car elle fournit la réponse à la question. Cela fait des dizaines d’années qu’on consacre des efforts inouïs à arrêter les dealers et la drogue est toujours là. De même, on lutte contre les trafiquants d’être humains, et l’immigration est toujours là. Dans les deux cas, le problème est toujours là, parce qu’il y a une demande, comme le dit Uchimizu. Bien sûr qu’il faut arrêter les trafiquants. Mais cela ne traite que le symptôme, pas la maladie. De même, ériger des murs et renforcer les frontières ne permet pas de traiter la maladie. Si on se contente de telles mesures, nous parlerons encore du problème dans cinquante ans… et pendant ce temps, nous continuerons à voir des cadavres de noyés sur les côtes européennes.

  • Pour compléter la dernière remarque de Gwynfrid il y a des personnes qui cherchent refuge en France sans passer par des passeurs et des réseaux de passeurs. Sans rien demander à personne.

  • Je maintiens que c’est le changement de regard sur l’étranger qui est fondamental; pour la qualité de l’accueil réel, on sait bien qu’il y aura de toute façon un long chemin. Mais écrire et dire le plus possible que l’étranger doit être accueilli contribue à freiner, au moins, la constitution de phénomènes de boucs émissaires. Pour risquer un néologisme, je dirais que cela contribue à débrignoliser les esprits.

    @ Lib:
    Non, on ne peut dissocier le salaire de la prise en compte de la dignité humaine. Parce que des gens vivent dans des caravanes et ont très peu de besoins, la tentation serait grande de les traiter en sous prolétaires taillables et corvéables à merci. Cette « solution » est à proscrire pour eux comme pour tous.

    Pour les Etats Unis…vous vous souvenez de la guerre de Sécession ? On en fait aussi une lecture économique et politique. Le Sud libre échangiste a été défait, et c’est le Nord protectionniste et industriel qui a, pendant des décennies, pu constituer un vaste marché intérieur protégé, et donner son essor à la jeune République. Et beaucoup demandent que notre jeune Europe suive le même chemin. Et ce protectionnisme économique peut fort bien s’accommoder d’une importante immigration, là encore, les Etats Unis l’ont prouvé.

  • @Lib Mais qui a dit que la présence d’un bâti sur un territoire était un gage de progrès ou de réussite culturelle? Le résultat, ce sont des américains déplacés et des constructions détruites à chaque fois qu’une catastrophe naturelle, si fréquente sur ces territoires, intervient. Je n’ai pas dit que l’Occident s’était construit grâce à l’esclavage des autochtones, j’ai dit que cette vision occidentale de progrès est… occidentale, et que d’autres territoires ne sont pas forcément faits pour en supporter l’application. Moyennant quoi, on excuse par le « développement économique » l’écrasement d’une civilisation qui n’avait strictement rien à faire du développement économique jusqu’à ce que l’occident vienne pointer son nez.

  • « Et concrètement vous faites quoi ? »
    Expérience pratique pour bourgeois chrétien de droite de bonne volonté :
    1- donner une fois tout son surperflu financier -par exemple vider son compte epargne logement- au Samu social (si si, vous allez y arriver, vous êtes comme moi, un logement, du chauffage, quelques jolis bibelots et des fringues de marque, des vacances planifiées et un avenir pas trop sombre)
    2- Apprendre que cet argent servira à loger des familles et des femmes enceintes étrangères à l’hôtel, à remettre sur pied indéfiniment des bons à riens de souche qui picolent, à panser des ulcères de SDF qui toujours se rouvrent…
    3- ressentir une brûlure à l’estomac, un regret glaçant, et se laisser humilier par son propre égoïsme et ses jugements
    4- prier encore et toujours pour être véritablement converti
    5- et avoir assez de Foi pour espérer que ce soit Dieu -et pas soi-même- qui donne un sens à cet acte fou

  • @ Lib:
    « le flot ne s’est jamais tari »

    Mais si, il s’est tari à la fin des années 1920, parce qu’il y avait des tensions dans le fameux melting pot et parce que les dernières terres disponibles étaient en train d’être distribuées.

    Et le flot ne s’est pas rétabli pendant la deuxième guerre mondiale : ainsi, Alain Michel, dans son livre Vichy et la Shoah, rappelle que Laval (puis Darlan à deux reprises) avait demandé en 1940 aux Etats-Unis d’admettre sur leur territoire les Juifs apatrides et étrangers que l’Allemagne avait expulsé chez elle après la défaite. Demande refusée par Roosevelt et ses conseillers, qui craignaient que l’Allemagne ne prenne prétexte d’une réponse positive pour expulser l’ensemble des populations concernées vers les Etats-Unis.

    La raison du développement des Etats-Unis jusqu’à la crise de 1929, c’est le schéma : immigration arrivant sur la côte Est, se constituant un pécule dans l’industrie de cette zone, puis éventuellement se déplaçant vers les terres disponibles de l’Ouest, distribuée à très bas pris dans le cadre du Homestead Act.
    La crise de 1929, dans une certaine mesure, est aussi liée à la fin de ce processus : plus de terres à distribuer.
    Par la suite, la croissance des Etats-Unis s’est faite autour de la technologie, dans laquelle l’Etat américain a eu un rôle moteur, notamment son ministère de la défense.

  • td a écrit ::

    Mais si, il s’est tari à la fin des années 1920, parce qu’il y avait des tensions dans le fameux melting pot et parce que les dernières terres disponibles étaient en train d’être distribuées.

    Le flot s’est tari avec l’instauration de quotas ethniques dans les années 20, mais surtout à cause de la crise de 1929 et du chômage de masse. Il a ensuite été rétabli avec la loi de 1965, et aujourd’hui l’immigration légale est, en chiffres absolus, à peu près au même niveau qu’avant la première guerre mondiale.

  • Merci Koz pour ce magnifique texte.

    Il se trouve que je fais partie des professionnels qui cherchent des solutions (à défaut d’en trouver) et qui en l’occurrence rencontrent les migrants juste avant qu’ils ne montent dans un bateau, quelque part sur une côte africaine…

    Bien sûr qu’il faut se poser des questions de solutions et de politique et de moyens.
    Au passage, la plupart de ces gens ne partent pas principalement à cause de trop de pauvreté, d’ailleurs ce ne sont pas les plus pauvres qui partent. Les gens partent d’abord pour fuir les guerres, et ensuite pour être libres et avoir des droits (terme générique qui veut dire : fuir un mariage forcé, la discrimination ethnique, religieuse ou homophobe, la pression sociale du village et de la famille….) et avec tout ça avoir des opportunités de devenir un peu plus riche pour aider ceux qui sont restés au pays. En gros, on part pour gagner la liberté pour soi et de l’argent pour les autres.

    Mais surtout, oui, pleurons et prions. Parce que ça veut dire qu’on ne regarde pas ces migrants comme un objet de politique, une question, un problème. Mais d’abord comme des humains. Et quand on regarde les gens comme des humains, avant de penser au reste, on a déjà changé son coeur, on change de route et on fait une bonne partie du chemin vers les choses concrètes et bien souvent réussies.

    Vraiment, si tous ceux qui n’ont pas l’envie ou la possibilité de s’engager ou même de se préoccuper de cette question pleurent sur ces 300 morts (peut-on pleurer ceux-là sans penser à ceux qui meurent en Somalie, ou sous ma fenêtre? Non, je ne m’inquiète pas de cela. Pleurer des gens morts à Lampedusa, c’est pleurer pour toutes les misères de l’Humanité), ils ont largement fait leur part, et ils ont largement oeuvré pour faciliter la tâche de ceux qui sont un peu plus proche du problème, par force ou par choix.

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