Borloo, à un cheveu de Matignon

Borloo y croit : il a acheté un peigne. Avant / Après, il y a un an, il y a dix jours. Le peigne est dans ce cas précis un indice politique majeur. Lui que l’on a dépeint en alcoolique, lui dont a dit qu’il ne savait pas se peigner, lisse son image. Au propre. C’est la meilleure indication de sa préparation pour le job. Que cela se fasse ou non, il s’efforce ainsi de rendre la chose possible.

Mon père, dont je vous parle peu finalement, m’interdit toujours d’imaginer que les puissants soient idiots. Puisqu’ils sont là où ils sont… C’est un principe sage, qui peut éviter de passer soi-même pour un fat, même s’il peut conduire à présumer trop facilement que la décision dudit puissant est nécessairement intelligente. Dans le cas de Jean-Louis Borloo, comme le relèvent ses proches, il ne peut pas avoir passé huit ans au gouvernement sans discontinuer en étant bordélique, feignant et aviné. Il a nécessairement un truc, qui ne peut pas résider entièrement dans un quelconque cocktail matinal. Certains le voient en « renard ultramalin ». Selon Bernard Tapie, qui a peut-être oublié le double sens du terme, « Jean-Louis est un faiseur. Nicolas, aussi. C’est un beau tandem ! ».

Quoiqu’on dise, quoiqu’on pense, l’ « image », à supposer que la sienne soit exclusivement flatteuse, ne peut pas suffire durant huit ans. La surprise, toutefois, c’est qu’on n’en soit pas si sûr.

C’est aussi que Jean-Louis Borloo n’a pas ménagé ses efforts pour être insaisissable. Lui qui a, somme toute, accumulé les portefeuilles ministériels populaires et dont on ne peut pourtant guère citer de réalisations, semble mettre un point d’honneur à éviter la mitraille. La dernière séquence n’a pas manqué de le rappeler. Lui qui est Ministre d’Etat, ministre des Transports et ministre de l’énergie, s’est employé à éviter la presse… jusqu’à en agacer l’Elysée, montrant là les limites de l’exercice. Un exercice qui n’est pas sans évoquer le « concours de lâcheté et d’inélégance entre Jean-François Copé et Jean-Louis Borloo, qui se contente d’assurer le minimum » dénoncé par la rousse amazone.

Jean-Louis Borloo semble donc préférer envoyer les autres au front. Ca interpelle au niveau de l’homme d’Etat. Quoique : cela devrait être rédhibitoire dans un exercice normal de la Vème mais un Premier Ministre un peu planqué ne conviendrait-il pas à l’exercice inversé actuel ? Et si Borloo affirme vouloir avoir le projet, le budget et l’équipe, y croit-il vraiment, lui qui fut primé pour avoir déclaré : « Sarkozy, c’est le seul qui a été obligé de passer par l’Élysée pour devenir Premier ministre » ?

La promotion n’est pas faite. Son image sociale pourrait être utile pour contrebalancer le discours sécuritaire que Nicolas Sarkozy n’abandonnera probablement pas. Toutefois, si celui-ci veut véritablement placer la fin de son quinquennat sous l’angle international qui sied aux chefs d’Etat, il aura besoin d’un vrai chef d’équipe en politique intérieure, ce qui ne semble pas être la marque première de Borloo. Et quand l’échec de son intervention contrainte dans le débat ravive le souvenir de la « TVA sociale », on se prend à penser que le silence lui réussit mieux.

Nous voilà donc témoins d’un processus de recrutement en direct, un processus qui pourrait encore durer trois semaines, mettant à mal la volonté de discrétion de Jean-Louis Borloo. S’étant grillé le bout des ailes, avec un échec en une sortie, il ne peut plus se réfugier dans un prudent mutisme. Il lui reste trois semaines pour convaincre.

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21 commentaires

  • la parti politique le plus efficace serait en même temps le plus économique et le moins agaçant?
    après le parti pris, combien seront-ils à prendre le parti …de se taire?

  • Le 21 avril 2002, Jean-Louis Borloo, alors porte parole du candidat Bayrou, était sur les plateaux de télévision pour les traditionnelles soirées électorales télévisées. Après l’annonce des résultats, tous les hommes politiques présents s’invectivaient en se rejetant la faute du résultat électoral. Seul Borloo n’avait pas pris la parole, et un journaliste, soucieux d’égalité de temps de parole, le lui accorda, en lui demandant de répondre aux autres personnalités présentes. Il changea de sujet, et mit en relation le résultat des français avec la désespérance d’une partie des Français, sans accuser un camp plutôt qu’un autre, mais en mettant en avant les chiffres du surendettement, handicapant de nombreux ménages.

    Récupérant un portefeuille ministériel sous Raffarin, il fit voter une loi sur le désendettement qui n’a certes pas réglé le problème, mais mit au moins en place un mécanisme de faillite personnelle pour les cas les plus graves, inspiré d’une particularité alsacienne. La loi fut votée largement, sans psychodrame mémorable.

    Comme au soir du 21 avril, il ne s’est pas montré doué pour la polémique au cours de ces 8 dernières années. Peut-être est-ce équivalent de n’être pas doué pour la politique, dans la mesure où défendre pied à pied son camp peut être considéré comme une exigence du milieu. Je n’ai pas de raison de penser qu’il serait meilleur que Fillon à Matignon. Mais dans la catégorie du travailleur discret, je crois qu’il ferait l’affaire.

  • JLB n’a en rien piloté la réforme des retraites. Il n’est pas responsable de la communication désastreuse faite sur cette réforme, je comprends qu’il n’ai pas envie de s’afficher. Il fait son job dans son domaine de compétence ministériel.

    Concernant la rénovation des cités HLM, il a été comme ministre de la ville très efficace.

  • C’est qui Borloo?
    Mais bon de toute façon, je n’en suis pas à réfléchir à ça, j’essaie encore de comprendre pourquoi on ne garde pas Fillon, alors…

  • @ xerbias: tant mieux si c’est le cas. Pour le moment, je reste circonspect. Le choix n’est pas uniquement entre le silence et la polémique. On peut aussi simplement faire connaître son action. Ca me semble un peu trop contraire à la nature d’un politique, quel qu’il soit, d’agir vraiment et de ne jamais le faire savoir.

    Hervé a écrit : :

    JLB n’a en rien piloté la réforme des retraites. Il n’est pas responsable de la communication désastreuse faite sur cette réforme

    Non, mais il le devient dès lors qu’il s’agit de Transports et d’Energie, qui sont dans ses domaines d’attribution.

  • Bonsoir à tous,

    Je ne pense pas que Jean-Louis Borloo soit la personalité la plus impressionante
    du monde politique française. Et il a raté, pas forcément par sa faute, les 3 derniers grands chantiers qu’il a entrepris: le grenelle de l’environnement a été en grande partie victime de la récession.

    Toutefois, je pense qu’il peut être un bon choix pour Matignon pour plusieurs raisons.

    La politique est d’abord un sport d’équipe, et entre un président actif et des ministres compétents (j’espère que N. Sarkozy gardera C Lagarde), il vaut mieux une personnalité accommodante, acceptant de jouer en équipe. Cette qualité est sans doute plus importante pour moi que l’intelligence ou la compétence pure: je le constate tous les jours en entreprise. Mon impression, c’est que Jean-Louis Borloo saura jouer collectif.

    D’autre part, je pense qu’en vue de la présidentielle, Jean-Louis Borloo, comme représentant de la droite populaire (Valenciennes, ce n’est pas Neuilly), est un atout. Ceci dans un contexte où le président a quelques casseroles, du Fouquets au bouclier fiscal, en passant par les affaires dans lesquelles s’est pris E Woerth. JL Borloo peut regarder S Royal et M Aubry dans les yeux, et leur rappeler qu’elles sont des bourgeoises privilégiées qui ont toujours vécu dans des milieux protégés, et c’est un des seuls à droite je crois. Je suis convaincu que la capacité à rassembler les classes populaires sera une des clés de la présidentielle: N Sarkozy doit à mon avis plus s’inquiéter de son image dans ce milieu, que par exemple de ses petites fâcheries avec les catholiques, qui boudent un peu en ce moment, mais qui n’ont pas beaucoup d’autres endroits où aller (leur sort ne serait pas très enviable s’ils s’allaient avec les laïcards du PS).

    Au passage Koz, je progresse dans mon blog, et j’ai récemment terminé un article sur la religion. Je serais ravi d’avoir ton avis (de préférence sauvage) dessus. http://joyeuxacier.blogspot.com/2010/10/mon-dieu-et-ses-surprenants-serviteurs.html#more

  • Joyeux Acier a écrit : :

    Mon impression, c’est que Jean-Louis Borloo saura jouer collectif.

    J’avoue que, de ce côté-là, je n’ai pas d’impression favorable qui tienne. Comme je l’ai écrit dans mon billet, je me souviens surtout de la TVA sociale, de son soutien modéré au Grenelle de l’environnement et de son silence depuis des semaines. Certes, sont silence était probablement ce qu’il pouvait faire de mieux sauf à démissionner, dans la mesure où il reste tenu par la solidarité gouvernementale, et qu’il n’approuvait probablement pas les dernières sorties.

    Joyeux Acier a écrit : :

    D’autre part, je pense qu’en vue de la présidentielle, Jean-Louis Borloo, comme représentant de la droite populaire (Valenciennes, ce n’est pas Neuilly), est un atout.

    Mais ça fait de lui un bon choix pour la « sensibilité centriste » (comme il la nomme ) et sa politique, ou un bon choix électoral pour Nicolas Sarkozy ?

  • Vivien a écrit : :

    C’est qui Borloo?
    Mais bon de toute façon, je n’en suis pas à réfléchir à ça, j’essaie encore de comprendre pourquoi on ne garde pas Fillon, alors…

    Ca.
    Pourquoi Borloo si on a Fillon?
    Discret, besogneux, « efficace » (autant qu’un homme politique puisse le paraitre de nos jours), what’s the point de changer?
    En tout cas sa nouvelle coupe lui va très bien!

  • je ne saisis pas en quoi un Borloo representerait le nouveau souffle qu’on est censé chercher à mi mandat.
    Fillon a toutes les raisons de dire basta car ce poste use son homme, mais il a fait un job remarquable et imposé son autorité,sans jamais perdre son calme,même au parlement ou des claques se perdent. Honnêtement,je ne vois pas de meilleur candidat à sa succession.Il suffit(!) de formuler une feuille de route volontariste pour redonner l’élan necessaire, son maintien donnerait du poids à son poste sans porter ombrage au président .Par ailleurs, partir pour aller ou,il semble que l’on ait pas un poste digne à proposer à un tel homme d’état Juste une suggestion, peut on lui suggerer ,lui qui est marié depuis longtemps à une galloise de passer plus de temps sur l’oreiller à s’améliorer en british.

  • C’est vrai qu’en cas de nomination de Jean-Louis Borloo, NKM a du soucis à se faire. C’est vrai aussi que la « bravitude » n’est pas le fort du Ministre d’Etat, mais c’est le propre d’un positionnement centriste et radical. Quant à trouver un chef d’équipe,….le capitaine reste à l’Elysée car c’est l’effet du quinquennat que bon nombre d’observateur ont du mal à appréhender.

  • Je suis d’accord avec azerty: je ne vois aucune raison pour sarkozy de virer Fillon (et authueil est d’accord avec moi… et comme il connait bien la vie au gouvernement et à l’Assemblée, ce n’est pas un avis négligeable…)
    Je ne vois par contre pas tellement de raisons pour Fillon de rester, à part le gout pour le pouvoir aujourd’hui. Par contre, s’il part, il sera en position idéale pour se présenter aux élections présidentielles… bon ok, c’est un point de vue d’amateur…
    N’empèche que s’il se présente, je vote pour lui…

  • J’ai l’impression que NS a voulu donner cet été donner un grand coup de râteau à sa droite avec l’affaire de l’expulsion des Roms. Que son plan consistait ensuite à ratisser à sa gauche c’est à dire au centre en prenant JLB comme Premier ministre.

    Cela semble assez astucieux mais un peu téléphoné, alors peut-être qu’aujourd’hui il hésite…

  • J’ai cru comprendre (Zemmour chez Ruquier) que si Borloo est nommé, Bachelot part. Ca fait une très bonne raison d’espérer qu’il soit nommé, même si il est hélas probable que le successeur de Bachelot considère lui aussi comme sa mission sacrée de faire en sorte que le nombre d’avortements en France augmente le plus possible.

    A part ça… De deux choses l’une : soit Sarkozy n’a pas changé sa conception des fonctions de Président de la République (personne qui exerce la fonction de Président de la République, de Premier ministre, de ministre de tout, de Commander in Chief et d’assistante sociale du pays) et de Premier ministre (un collaborateur du précédent) et dans ce cas la nomination du Premier ministre n’a qu’un intérêt limité ; soit Sarkozy revient à l’équilibre Président (le bon Roy qui reste dans l’ombre même si il donne effectivement toutes les grandes orientations) / Premier ministre (le méchant exécutant qui fait tous les choix difficiles et qui sert de paratonnerre) qui prévalait avant lui et alors… on verra bien si Borloo serait capable de faire mieux qu’avec la TVA sociale (destruction d’une peut-être-bonne-idée en une seule phrase) ou la taxe carbone (une réforme apparemment géniale, sauf qu’elle était incompréhensible (on vous prend votre argent… et après on vous le rend. Sauf pour les industries polluantes, là on leur prend pas d’argent du tout. Ca va sauver l’environnement) et super-importante, sauf qu’elle a été abandonnée sans autre forme de procès après la censure par le Conseil Constitutionnel)).

  • J’ai beaucoup de respect pour l’immense travail accompli par François Fillon, et son équipe. Il serait, selon moi, légitime qu’il demeure premier ministre.
    Si tel ne devait pas être le cas, pour des raisons autres que celles liées à la qualité de son travail, Borloo me semble présenter des points forts, qui le différencieraient de son prédécesseur, non pas que son éventuel prédecesseur ait failli dans ces domaines :

    • un vrai talent de communication, de proximité : à chaque fois que je l’entends le matin à la radio, je me dis qu’il a quelque chose de différent des autres, j’ai presque l’impression qu’il parle avec le coeur. En même temps, je ne suis pas dupe, il est pathelin, et très politique à la fois.
    • un certain ‘track record’ dans les domaines sociaux : élu d’une ville dans une région à fort chômage, dont on dit que la situation s’est améliorée sous son impulsion, chantier d’amélioration de l’habitat dans des quartiers difficiles quand il était ministre en charge de ces questions, dont je ne connais pas le bilan cependant.
    • capacité à lancer des idées innovantes : TVA sociale (!), Grenelle de l’Environnement.

    3 atouts si l’on veut penser que la fin du quinquennat sera « sociale ». En plus, cela neutraliserait le centre droit en vue de la présidentielle, à part peut-être HM.

    Comme le ton de l’article de Koz le suggère, il est vrai par contre, que pour le Président, ce serait un choix risqué, les journalistes risquant de s’intéresser davantage aux ‘petits côtés’ supposés ou suggérés de sa personnalité (je n’ai pas d’avis ou d’information là dessus), quà la politique qu’il pourrait mener, et par là affaiblir l’action du gouvernement (cf. attaques contre Woerth). Son éventuel prédecesseur n’a jamais été inquiété par les journalistes sur quoi que ce soit de personnel, me semble-t-il.

    Mais à titre personnel, il ne me déplairait pas de le voir à l’oeuvre.

  • PIC a écrit : :

    En plus, cela neutraliserait le centre droit en vue de la présidentielle, à part peut-être HM.

    Mais faut-il « neutraliser le centre droit » ? Et l’éventuelle inclinaison sociale sera-t-elle autre chose qu’une façade ? Neutraliser le centre droit n’est-il pas la meilleure manière de s’en assurer ?

  • je me mets, lorsque je fais cette réflexion, à la place du Président (place que je lui restitue aussitôt après…). C’est une remarque ‘politologique », ce n’est pas ce que j’appelle de mes voeux.

    Il me semble qu’en vue de la Présidentielle, le Président courrait davantage le risque de se faire concurrencer par ceux qui font actuellement partie de son équipe sur sa gauche (le centre droit) que sur sa droite. Je crois que sous la Ve republique, jamais un premier ministre en exercice ne s’est présenté à la présidentielle contre le président sortant. C’est à ce titre que cela serait une manoeuvre de neutralisation.

    Par ailleurs, ce qui a fonctionné avec le premier ministre actuel (l’hyper président avec un premier ministre moins visible que dans les mandats précédents) pourrait aussi moins bien fonctionner si le nouveau premier ministre était d’une sensibilité différente, et tenait à occuper davantage de place. Ce serait intéressant.

  • Dans ce sens là, je comprends mieux. Et, en effet, c’est peut-être pour Nicolas Sarkozy un moyen de neutraliser le centre-droit : il est sûr que ce sera difficile de présenter une candidature qui se démarque de la politique menée lorsqu’un représentant bien identifiée a été aux manettes. Pourtant, je vois mal Nicolas Sarkozy abandonné les références sécuritaires : il faudra que Borloo accepte d’être tenu pour responsable de cette politique, qui risque de s’exacerber à l’approche des présidentielles.

    C’est en même temps se priver d’une autre stratégie évoquée, celle d’avoir une candidature centriste qui fédère les voix au premier tour avant de les apporter à Nicolas Sarkozy au second.

  • Neutraliser le centre… Ce n’est pas la première fois que je croise le terme (il y avait un très bon billet de Jules sur le sujet), mais l’euphémisme m’amuse toujours.

    Alors oui tous les efforts de Sarkozy concernant le centre droit semblent viser à le « neutraliser », ou à l’anesthésier, l’éparpiller, l’emasculer, enfin bref, lui faire avaler toutes sorte de couleuvres pour qu’il vote où il faut si possible, mais
    avant tout qu’il ferme sa gueule. Lui parler ou l’écouter…

    Tout remonte à la création du machin UMP, mais l’usage que Sarkozy a pu en faire n’a rien arrangé. Quand on lance une OPA simultanément sur le RPF et l’UDF, on devient un PS de droite, un truc bien trop large pour avoir des idées, ou les défendre collectivement tout du moins. La réponse de Sarkozy à cela? Lui même d’abord, l’exercice du pouvoir lui permettant de se maintenir dans son role d’homme providentiel. Etre lui même le Mélenchon de la droite pour éviter la scission, ensuite. Et enfin la « neutralisation », technique qui marche mal au 1er tour (si ce n’est pas Bayrou qui fait un tabac, c’est les Verts, ou Villepin…), et sans doute de moins en moins au second au fur et à mesure que les illusions se dissipent.

    « Borloo à Matignon », ca montre bien l’épuisement de la technique. Fillon n’aurait pas la cote qu’il a, surtout dans un moment aussi difficile, sans un gros capital de sympathie au centre. Pas dit que Borloo fasse mieux, et surtout, on a la démonstration que ça ne changera rien à la situation de Sarkozy.

    Il veut faire plaisir aux centristes? Il retrousse ses manches et il bosse. Si possible plus de deux jours de suite sur le même sujet. La grande refonte de la fiscalité, si c’est pas le bon sujet pour cela… On pourrait même lui pardonner quelques fantaisies clivantes si c’est plus fort que lui et s’il veut faire sortir la Gauche de son role de Doudou sociale. L’Education, comme veut nous faire Copé? Pourquoi pas… S’il est capable de fouiller un peu le sujet et surtout, s’il en profite pour nous lacher avec la Sécurité…

    J’ai fait exprès de ne pas le faire irréaliste, son programme 2011. Mais voilà, si Sarkozy était capable de faire autre chose que du Sarkozy, il aurait peut être eut l’idée tout seul, depuis le temps que ça marche aussi bien?

  • Bonsoir,

    au delà des logiques de premier tour, je pense que Nicolas Sarkozy se retrouvera au second tour contre un candidat socialiste. Une des batailles importantes pour moi est celle des classes populaires du privé, en particulier des ouvriers et techniciens en cours d’ascension sociale: des gens qui croient au travail, et qui comprennent le capitalisme, mais qui ont encore des revenus relativement faibles, et qui ont donc des problèmes quotidiens proches des classes populaires « de gauche »: pouvoir d’achat et insécurité par exemple. Ils peuvent autant détester certaines injustices sociales que les classes ouvrières traditionnelles. Pour résumer, ils détestent Neuilly sans être gauchiste, et en faisant leur course chez Lidl.

    Je continue à penser qu’une personnalité comme Jean-Louis Borloo peut, par son style, plus avoir d’impact sur ce genre de public que la droite traditionnelle.

  • Tu parles peu de ton père, en effet… Cependant à chacune des citations estampillées Pater dixit, un silence précède et suit. Les orphelins de père (comme moi) boivent les paroles de ce sage vénérable. Leur hauteur et leur profondeur dessinent le contour d’un demi dieu grec dont la voix profonde et sonore roule sur le monde, aplanissant la route de l’enfant qui marche après elle. Je me souviens d’un billet, « l’imposture climatique » je crois, tu le citais pour le réfuter ensuite, je suis désolé de dire que malgré mon admiration pour la vivacité de tes écrits, leur intelligence et la foule de documents qui les soutient, je suivis, mu par une confiance aveugle, la voix de ton père.

    Aujourd’hui, la voix parle et la parole est sage, sans aucun doute… Et moi (mes aïeux s’en confondent en excuses jusqu’à la troisième génération) j’ose proposer une lecture un peu différente de l’avènement des puissants.

    Une autre voix tout aussi grandiose m’a dit un jour: Le jour où l’évêque est trop vieux, on le remplace. Généralement on choisit son vicaire. Le nouvel évêque choisit son vicaire. Pour éviter de se retrouver dans une position inconfortable, il le choisit un petit peu plus couillon que lui. Quant à son tour, il est trop vieux, on le remplace par son vicaire qui se choisit de même un vicaire (soit juste un petit peu plus couillon)…Et ça fait 2000 ans que ça dure!

    Une voix de femme tire de son expérience personnelle ceci. Dans la fonction publique, lorsqu’un agent ou un chef est incompétent, on n’a pas d’autre moyen pour se débarrasser du gêneur que de le muter dans un autre service. Or une mutation est sanctionnée, généralement, par une promotion.

    Dernière voix, celle du cinéma, qui parle pour les truands: « de stratégie, y en a qu’une: défourailler le premier! »

    Si l’on estime que la politique tient de la religion (ou du para religieux) du fonctionnariat et du crime organisé, on peut imaginer, toute révérence gardée à ton père, qu’il y a des idiots sans scrupules qui gravitent dans les plus hautes sphères du pouvoir.

    A part ça, à propos de JLB, je n’en sais pas plus qu’un autre. Tout de même, si on se réfère à tes photos, je dirais qu’il a utilisé plus qu’un peigne. Or, en politique, il peut être dangereux d’abuser des soins capillaires, demande à Eric.

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