Quand l'Occidental alangui cherche dans la connerie les limites de la liberté d'expression…

J’élève deux enfants. A l’instant, mon adorable petite fille, au terme d’un soupir suspect, m’a fixé de ses doux yeux d’enfants, et m’a dit : « gako… p(o)utain ». C’est son droit. Sa liberté. Pourtant, je m’efforce de l’en dissuader. On pourrait certes discuter de l’analogie entre un régime familial et le régime politique censé régir une société composée en grande partie d’adultes. Il y a pourtant de cela dans la dérisoire affaire Siné / Charlie Hebdo.

*

Sur le fond de l’affaire, on peut aussi débattre de l’antisémitisme effectif du propos de Siné (ironisant, je le rappelle tout de même, sur les motivations qu’il prête à Jean Sarkozy pour sa conversion imaginaire au judaïsme en vue de son mariage avec l’héritière Darty). Je me permets à cet égard de vous renvoyer à la lecture de mon camarade Hugues : Ô vous, frères humains. Notez que, si j’y renvoie, c’est que l’hypothèse de l’antisémitisme de Siné me paraît crédible. Je tiens à souligner le terme « hypothèse », signifiant par là que je n’impute aucun antisémitisme à Siné mais en examine la possibilité : à l’heure où le libertaire Siné menace d’assigner quiconque prétendrait qu’il est antisémite, la précision est prudente.

On peut envisager une autre hypothése – pas une insulte, hein, et une hypothèse favorable à Siné, en outre : il est juste con. Doté d’un humour de soirée anisée au camping et tout à son antisarkozysme beauf, il a trouvé drôle d’imaginer que l’éventuelle conversion de Jean Sarkozy au judaïsme ne puisse s’expliquer que par l’âpreté au gain, sans percevoir dans son propos (écrit) les effluves amères de l’antisémitisme. A vrai dire, on sait déjà que l’antisarkozysme est un puissant inhibiteur du raisonnement.

Mais il y a aussi dans cette affaire quelque chose qui me fait intérieurement sourire, et dépasse les circonstances de cette polémique. C’est (i) l’inconfort de Val, et (ii) le dérisoire des positions de quelques pathétiques occidentaux.

Eh oui, parce qu’on se souvient des caricatures de Mahomet… A l’époque, Val avait revêtu le costume blanc du super défenseur de la liberté d’expression. Il lui faut aujourd’hui expliquer qu’en dépeignant le Prophète Mahomet sous les traits d’un terroriste, on ne faisait que faire usage de cette liberté, sans insulter des millions de musulmans, alors qu’en insinuant que la conversion du fils Sarkozy répondrait à une volonté de béneficier du pognon des Juifs et de leur pouvoir sur le monde, on insulte des millions de Juifs. On a vu des exercices plus aisés.

J’avais publié, pour ma part, aux premiers jours de l’affaire, un billet intitulé Pathétique Occidental, dont le ton certes virulent m’a valu les réactions les plus vives en trois ans de blog. Que ceux qui voulurent alors me faire prendre conscience de ma « dhimmitude » s’étranglent : je suis aussi soumis aux Juifs ! Ou alors, c’est autre chose.

Sur le fond, ma position ne change pas. Et si Philippe Val a besoin de cohérence, je la lui offre, car cette volonté, qu’affichent certains, de tester dans l’offense les limites de la liberté d’expression m’apparaît toujours aussi gamine, ridicule, dérisoire et pathétique.

Parce que la liberté d’expression n’est pas en cause dans nos pays.

Parce que, oui, mettre du sel sur une plaie, ça brûle et le sujet brûlé s’avère très réactif. Nul besoin d’une expérimentation pour le vérifier.

Parce que là pas plus qu’ailleurs la liberté ne s’auto-justifie. Chez « nous », enfin, la liberté est acquise. Elle est un cadre, nécessaire, dans lequel nous agissons. Elle n’est pas un critère.

Parce que la liberté d’expression, c’est bien davantage que ces accrochages à la petite semaine. Arte diffuse, ce mercredi, à 21:55, un reportage intitulé « Seul contre la Stasi », à propos de deux étudiants qui, en 1968, diffusèrent un tract dénonçant le régime, autant que le marxisme. La liberté d’expression est en jeu en Chine. Elle est un combat en Birmanie. Elle est en piétinée au Zimbabwe. A Cuba. Bref, les gars, elle vole loin, plus haut que vos escarmouches. Vous me faites l’effet d’occidentaux alanguis et avachis, obèses et gâtés dans vos canapés, gavés de démocratie et de liberté, invoquant des principes plus grands que vous.

Parce que, surtout, la liberté d’expression n’est pas menacée dans ces polémiques. Elle n’est, au bout du compte, même pas en jeu dans ces débats, dans lesquels elle fait figure d’invitée rhétorique.

Parce que l’invocation de la liberté d’expression ressemble trop souvent à une instrumentalisation, à un présomptueux cache-sexe à la connerie.

*

Pour ma part, j’aspire à faire de mes enfants de hommes et des femmes libres et aptes à faire un bon usage de leur liberté.

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65 commentaires

  • Il y a peut-être une manière plus simple de dire les choses : Charlie Hebdo est un ramassis de cons éditant un journal exclusivement lu par des cons d’ailleurs de moins en moins nombreux.

    Car, comme on le sait, le con est grégaire, pour ne pas dire identitaire.

    N’eut été son passé mythologique érigé au rang de légende de l’intellectualisme militant et, il est vrai, une ancienneté remarquable dans l’art de se faire plaisir aux dépens d’autrui, Charlie Hebdo aurait sans doute rejoint les poubelles de l’histoire aux côtés des fanzines de lycéens prépubères. La France peut certainement s’honorer de disposer d’une économie assez libre pour permettre à de grands ados attardés de soxiante dix ans et plus de s’entretenir dans le pipi-caca. Il n’y a alors rien d’étonnant à ce que, dans le voisinage immédiat du nid de cons, prospèrent quelques demi-cons frustrés de ne pas trouver l’arrogance d’être aussi cons qu’eux et prompts à s’emparer de la dernière provocation porteuse de Charlie pour se répandre eux-mêmes à grandes eaux dans tout ce qu’une presse surnuméraire peut avoir de colonnes vides fin juillet à Paris.

    Un autre drame du chômage et du manque de croissance en France, sans doute.

  • A vrai dire, on sait déjà que l’antisarkozysme est un puissant inhibiteur du raisonnement.

    Dans le style « l’œuf ou la poule », « l’effet ou la cause », l’antisarkozisme est-il un inhibiteur du raisonnement ou est-il la preuve que le raisonnement est déjà inhibé ? 😉

  • @ Fatigué

    Effectivement tu as l’air un peu las, pour ne pas dire franchement déprimé pour sortir des attaques aussi gratuites envers CH…

    Je ne me reconnais pas dans toutes ce qui y est dit mais il apporte un point de vue relativement différent de ce qu’on peut lire ailleurs, et surtout revient régulièrement sur des aspects de l’actualité souvent négligé… et puis merde, ça fait du bien de s’envoyer des caricatures bêtes et méchantes de temps en temps!
    Ceci dit, il y aurait également beaucoup à dire sur les articles et les unes du figaro, ce qui ne veut pas dire que ce journal est fait par des cons, pour des cons, non plus !
    quoique, parfois je me demande 😉

  • Pfft, le peu que j’en ai lu (il y a des événements bien plus intéressants … pardon Koz) me semble plutôt pointer vers un prétexte que Val aurait saisi pour mettre un terme à la collaboration d’un vieux schnock qui commençait à radoter un peu trop fort et accessoirement à faire parler de sa feuille de chou … 🙂 tout le monde s’y met, donc, bilan de l’affaire pour Val +2 🙂

  • Ce ne sera pas le commentaire le plus subtilement argumenté de la semaine, mais tant pis: je suis d’accord de bout en bout avec ce billet.

  • Dans cette « zone » de Siné, il ne faut surtout pas lire que le fils Sarkozy se converti au judaïsme pour « bénéficier du pognon des Juifs », mais surtout pour « bénéficier du pognon » de la riche héritière du groupe Darty, nuance. Eut-elle été musulmane que le discours aurait été le même ! Siné est simplement athée, il crache sur toutes les religions, sans distinction…

  • Tout de même… si des propos antérieurs de Siné repris par Laurent Joffrin sont exacts
    « … je suis antisémite et je n’ai plus peur de l’avouer. Je vais faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs. Je veux que chaque juif vive dans la peur sauf s’il est propalestinien. Qu’ils meurent etc… »
    il ne s’agit pas seulement de connerie mais aussi d’antisémitisme claironnant.
    J’ai découvert par les liens le blog intox2007, blog de gauche soutien de Ségolène Royal depuis 2006…
    l’auteur traite BHL,Val et Joffrin d’imbéciles et explique que Siné comme lui-même ( qui s’est déjà torché le cul avec une bible si si…) est un libre-penseur qui considère toutes les religions comme un abrutissement de l’esprit humain.
    Siné critiquait juste le package que le prince Jean fils de Naboleon IV présentait, prêt à tout y compris à changer d’abrutissement religieux pour arriver à ses fins.
    Je ne sais pas ce que pense Ségolène Royal du soutien de l’auteur et de ses pratiques hygièniques.

    C’est vrai qu’il y a quelque chose de boursouflé dans ces propos haineux mais de nauséabond aussi.

  • Parce que la liberté d’expression, c’est bien davantage que ces accrochages à la petite semaine. Arte diffuse, ce mercredi, à 21:55, un reportage intitulé “Seul contre la Stasi”, à propos de deux étudiants qui, en 1968, diffusèrent un tract dénonçant le régime, autant que le marxisme. La liberté d’expression est en jeu en Chine. Elle est un combat en Birmanie. Elle est en piétinée au Zimbabwe. A Cuba. Bref, les gars, elle vole loin, plus haut que vos escarmouches. Vous me faites l’effet d’occidentaux alanguis et avachis, obèses et gâtés dans vos canapés, gavés de démocratie et de liberté, invoquant des principes plus grands que vous.

    Voilà c’est dit. Mais tu sais bien qu’en France on aime bien se la frotter avec ce genre de grands principes de défense de liberté etc… Il faut bien avouer que nos politiques entretiennent le phénomène. A écouter Sarkozy, on en viendrait à se demander si la France ne doit pas inculquer son Savoir (avec un grand S) au reste de la planète qui ne’aurai pas le joie de bénéficier de notre système si parfait.

  • Margit, effectivement, comme tu le subodores, cela tend à m’agacer un peu lorsque l’on m’explique que le sujet traité n’a pas d’intérêt. Y’a rien de plus subjectif. Qu’il ne t’intéresse pas, c’est autre chose. En ce qui me concerne, l’inconfort de Val m’amuse, tout comme le parallèle avec les caricatures de Mahomet et, surtout, l’utilisation que l’on fait de la liberté d’expression.

    Seb… c’est bon. Les propos sur ce qui serait typiquement français, franchement. Comme par hasard, on trouve rarement de points positifs, pas plus que d’études comparés avec d’autres pays.

    Caz : oui, je sais, c’est un point de vue. Je l’ai lu. Mais je ne perdrai pas mon temps à expliquer en quoi elle ne me convainc pas.

  • Je l’avoue, même dans mes pires cauchemars, je n’ai jamais imaginé que Nicolas Sarkozy puisse parvenir à ramener la France au niveau de l’ex-Allemagne de l’Est : sur le plan institutionnel, du moins.

    Reste que tout long parcours étant fait d’une succession de pas, il est sans doute de bon réflexe citoyen de réagir à chaque pas, fût-il mineur, dans la direction d’une lente dégradation des institutions de notre république.

  • Ce n’est pas une actu qui m’a plongée dans des réflexions profondes.
    A la lecture de ce billet, je pourrais dire néanmoins, que je pense qu’entre les caricatures de Mahomet et le propos de Siné sur Jean Sarkosy, il y a une différence.
    D’un côté, il y a la satyre faite sur un homme, prophète il y a 14 siècles, et sur l’inadéquation entre certains de ses propos et sa vie, encore que ses écritures, dictées par Dieu sont malheureusement souvent en adéquation avec ses actes les plus violents.
    De l’autre côté, il y a la critique d’un homme d’aujourd’hui, accusé d’avidité , qui se marierait non pas par amour de sa future conjointe, mais par amour pour sa dot; avec un zoom sur les moyens d’arriver à ses fins, à savoir la conversion à une religion, religion un peu particulière, puisque, comme le dit l’article cité par Pilou, on est juif par transmission par la mère ou par conversion.
    (l’article précise en outre que le grand père de Nicolas sarkoy – donc de son fils- était juif, par sa mère, certes, mais ce qui implique que l’arrière grand mère était juive).
    Ce qui semble donc là, être plus une attaque ad hominem, qu’une caricature qui me paraît être, dans le cas de celles de Mahomet, une polémique sur un plan plus commun.

    Ce qui fait que je vois pas trop la correspondance des deux affaires au niveau de la liberté d’expression.
    Dans un cas, c’est général, et la liberté d’expression peut nous permettre de discuter – voire polémiquer- sur le sujet vaste des idéologies.
    Dans l’autre, c’est un cas particulier avec une insinuation qui touche à la diffamation (sur les intentions d’un homme qui ne se marierait pas par amour, mais par intérêt)
    Avec l’amalgame : « juif = riche »
    Mais peut être y a t-il un relent d’anti antisémitisme de la part de Siné? Je ne sais pas.
    Ce que je sais, c’est que pendant la campagne pour les présidentielles, dans nombre de forums anti Sarko, sa judéïté (et son origine étrangère)était souvent citée.

    Enfin, dans les deux cas, il y a eu liberté d’expression: la preuve, on a pu lire les articles parlant de ces deux événement; et dans les deux cas, une partie de la population s’est sentie blessée.

  • Plus ça va, plus je m’américanise sur le sujet : laisser tout le monde parler, et laisser le marché des lecteurs faire le tri …
    Sinon, pourquoi y aurait-il une exception religieuse dans le débat public ? On aurait le droit de critiquer des opinions politiques, mais pas des opinions religieuses ?

  • carredas: je pensais, en ce qui me concerne, en la foi affichée par un certain jeune, et si regardé si jeune homme en certaines stratégies pour accéder en haut de l’échelle sociale, puisque tel semble être son objectif. D’aucuns auraient pu croire qu’une famille fortunée avait les moyens de fournir la meilleure éducation à ses enfants : celle qui explique par exemple qu’on est certes libre en son for intérieur de mépriser tant les règles de la politique ou l’image des institutions que les croyances d’autrui, mais que l’homme de goût évite de revendiquer de telles opinions tant qu’il n’y est pas contraint.

  • merci Koz : c’est tout ce qu’il y avait à dire sur ce sujet. Amusant au demeurant.

    Je te rejoins complètement, après avoir lu pas de trucs dessus : Siné est juste un vieux con anticlérical, antisarkozy. Un vieil aigri ?

    à bientôt !

  • Je n’ai pas compris votre commentaire. Vous tenez pour acquis que Jean Sarkozy ne se convertirait au judaïsme que par intérêt financier et vous trouvez que c’est une faute de goût, c’est bien ça ?

  • Bobby lapin: Examinons les faits : la très profitable entreprise Charlie Hebdo doit une bonne part de son excellente rentabilité de cette année au sextuplement de son tirage habituel à l’occasion de la publication des « caricatures ». Le profit des uns, actionnaires et dirigeants de Charlie faisant le malheur des autres, la facture de la protection policière que Charlie a demandé et obtenu pour ses locaux à l’occasion sera payée par la collectivité.

    Il n’y a pas que les marchands d’amres qui vivent du malheur et de la douleur d’autrui : une certaine presse qui refuse d’assumer son recours régulier à la plus basse provocation et à l’appel aux pires instinct le fait tout autant. Un pornographe a au moins le mérite de ne causer de tort qu’à ceux dont il fabrique et publie l’image moyennant rémunération : Charlie Hebdo, au nom de la liberté d’expression, n’existe que pour insulter et porter atteinte aux croyances et sentiments des hommes, vivant de la charité des uns trop heureux de trouver prétexte à rabaisser les autres en achetant avec deux ou trois euros le droit de soulever en société les questions les plus douteuses que puissent parvenir à concevoir ceux trop pervers pour consacrer leur existence à quelqu’oeuvre socialement utile qui font être ce journal, aussi, un peu, grâce à l’argent public, c’est à dire, notre complicité à tous.

  • Bien d’accord avec ce post, il est avec ceux de Daniel Schneidermann sur ASI, le seul à tenter l’impartialité.
    Et, en effet, on aurait bien envie de renvoyer dos à dos les deux parties. Même si les actions de Siné, courageuses durant la période coloniale, font pencher la balance plus de son côté que de l’opportuniste Val, ceci dit le courage de jeunesse n’empêche un certain gâtisme dans le grand âge, comme quoi, la retraite finalement n’est pas une mauvaise invention (au fait, retraite n’est pas synonyme de relégation, mais de recul, de distanciation, de gain en horizon, non ???).
    Je pense néanmoins comme Desproges que l’on ne peut pas rire de tout avec n’importe qui.

    Dans les commentaires, @carredas a déclenché un fou rire matinal avec sa volonté de mêler Ségolène à cette affaire, décidément l’antiroyalisme est aussi un puissant inhibiteur de la juste mesure !!!!

  • Tom Roud, comment cela se passe-t-il aux USA ?
    Si par exemple, quelqu’un exprime des propos antisémites ou racistes peut-il être poursuivi ou la liberté d’expression est-elle totale.

    Au cas présent, ce n’est pas aussi direct, il y a juste des rumeurs sur une supposée conversion au judaïsme de Jean Sarkozy qui serait prêt à renier la sienne pour épouser une jeune fille juive trés fortunée.
    Associer reniement, Sarkozy ( fils de l’homme aux rats ), juif, fortune serait juste une question de circonstances et Siné revendique sa liberté de le faire mais il n’est pas antisémite et ses précédentes déclarations ( qui l’étaient beaucoup plus ) auraient été faites sous l’influence de l’alcool.

    Vous parlez de critique religieuse mais on est loin du compte ici.

    @ Enée

    Tant mieux pour le rire matinal excellent pour la santé mais ne vous laissez pas aveugler par des a priori
    Si j’ai évoqué Ségolène Royal c’est qu’elle est croyante et le soutien d’une personne fortement anticléricale ne l’enthousiasme peut-être pas ( le blog intox2007 affiche en toute lettres son soutien à S.R. depuis 2006 et l’auteur de l’article parle de toutes les religions comme d’un abrutissement )
    Et donc, vous penchez plutôt pour Siné qui veut tuer tous les juifs quand il est sous l’emprise de la boisson… et qui serait juste un peu gâteux ?

  • Enée, je ne sais pas pourquoi, je bloque sur le « courage » à l’époque du colonialisme. Faire passer des armes au FLN pour contribuer à faire tuer le fils de 20 ans de son voisin, peut-être lui-même opposé à la guerre, je veux bien appeler cela de l’engagement, mais c’est l’engagement des enfoirés.

    Et il semble que Siné n’ait pas attendu le grand âge pour flirter avec l’antisémitisme.

    Fatigué, je suis assez d’accord avec votre dernier com’.

    Charlie Hebdo est l’incarnation de ce que je « dénonce » dans ce billet. C’est bien tout leur paradoxe, en tant que gauchistes : ils sont, dans mon idée, les premiers à faire figure d’Occidentaux avachis, alanguis. Cet occidentalisme bouffi, repu de liberté, c’est leur fonds de commerce. En enfants gâtés de de la démocratie, ils font tremper la liberté d’expression dans leurs blagues salaces, vulgaires, leurs dessins à gros traits. Comme si leurs dérisoires provocations méritaient que l’on invoque les grands principes.

    Mister trois tirets, je ne partage pas votre premier commentaire, considérant qu’il faut se battre sur chaque petit point.

    C’est un raisonnement trop pratique qui finit par couvrir n’importe quelle ineptie.

    Tout cela, c’est de la simulation. On joue à croire que la liberté d’expression est en jeu. On joue à croire qu’en dessinant un arabe léchant le cul d’un juif (une Une de Charlie Hebdo), on engage les Droits de l’Homme.

    Ce faisant, on dévalorise la liberté d’expression, on l’avilit. On l’attire avec soi dans la fange. J’en ai une plus haute opinion.

    Et, pour revenir au com’ d’Enée, je ne fais pas de différence entre Val et Siné à cet égard.

  • Tom Roud, comment cela se passe-t-il aux USA ?
    Si par exemple, quelqu’un exprime des propos antisémites ou racistes peut-il être poursuivi ou la liberté d’expression est-elle totale.

    Salut carredas,

    Mon absence totale de vergogne m’autorise à parler pour Tom Roud, sans compter qu’elle autorise tout autant Tom Roud à piétiner ma remarque de sa semelle d’airain affamée de vérité si l’envie le saisit : personne ne peut être poursuivi aux USA pour avoir manifesté une opinion politique, fût-elle « un bon juif est un juif mort ». Après, crier « tuons les juifs » est plus problématique : ça rendre dans le cadre de l’Immninent lawless action (« action illégale imminente ») : en gros, il est interdit de dire quelque chose qui provoque un danger « clair et immédiat » au vue de la loi.
    Maintenant, dans les médias, il est extrêmement risqué de dire quoi que ce soit susceptible de vexer une minorité quelconque, non pour des raisons juridiques, mais parce que c’est la porte assurée. Ce que Tom Roud exprime par : « laisser le marché faire le tri » –on l’aide un peu en général, mais effectivement, c’est ça l’idée. La dernière grosse affaire en date (elle fit la une de Time) est celle de Don Imus, qui avait traité les basketteuses (noires) de l’équipe de l’université de Rutger de « nappy-headed hos » (que je traduirais poétiquement par « putes à tresses »). Il fut promptement débarqué après 36 ans de loyaux services, un peu comme Siné, donc.

  • @ tcheni : voilà, c’est exactement cela. Les gens font extrêmement attention à ce qu’ils disent et font, car on peut être facilement accusé de discrimination. J’ajoute que ce n’est pas spécifique aux media : c’est la même chose dans le milieu universitaire, et, je suppute, dans tous les autres milieux. L’un des meilleurs exemples est dans le roman « La Tache », de Philip Roth (juif en passant) qui raconte comment un professeur d’université se fait virer pour avoir qualifié des étudiants de « spook » – qui signifie fantôme- comme ils ne venaient pas en cours. Le problème, c’est qu’ils étaient noirs et que « spook » est un ancien sobriquet raciste des sudistes envers les noirs; pour cette raison, soupçonné de racisme, il se fait virer par sa hiérarchie. On n’est pas si loin de l’affaire Val/Siné en fait …

    Par constraste avec les US, la France me paraît rétrospectivement très tolérante avec le racisme. L’antisémitisme est en fait une exception; parfois on lit et entend des choses bien pire à mon avis sur les musulmans que ce qui est dit ici sur Jean Sarkozy. En fait, depuis que je suis aux US, je me pose beaucoup de question sur mon propre racisme. Je trouve cela assez sain.

  • La position inconfortable de Val, qui doit expliquer la différence avec l’affaire des caricatures, est en effet assez amusante. Mais on peut aller plus loin. Charlie-Hebdo est un journal qui se fait une spécialité de déverser des torrents d’insultes sur différentes religions, et notamment sur le catholicisme. On y lit des propos orduriers sur le pape et sur ceux qui seraient assez débiles pour l’écouter (sans parler des caricatures). Tout le monde semble y avoir toujours vu l’exercice de la liberté d’expression, et la justice estime que cela relève de la polémique admissible. Au sein de tout ce fatras, faut-il que Val ait souhaité se débarasser de Siné pour s’indigner d’une phrase. Et faut-il que nous soyons en pleine période creuse de l’actualité pour que tout le monde s’enflamme.

  • Pour moi Siné dénonce juste – sans doute à tort puisqu’il se base sur une rumeur – l’opportunisme supposé du fils sarkozy, qu’il dépeint come un type prête à se convertir à une religion pour assurer son avenir.

    Le reste n’est que littérature : oui, sa chronique est bête, mais sûrement pas antisémite.

    J’aime assez ce papier de François Reynaert (http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/medias__pouvoirs/20080722.OBS3939/sine_asko_et_moi.html) que je me permet de citer même si c’est un peu long :

     » Siné n’a pas écrit « tous les juifs sont riches » ou « pour réussir, il faut vraiment être juif » ce qui serait une saloperie. Il a écrit, « ce garçon là est prêt à tout même à une conversion pour devenir riche », ça n’a rien à voir. On me dit : mais cette histoire de conversion de Jean Sarkozy est fausse. Alors il faut faire un procès à Siné pour fausse information, pas pour antisémitisme. On me dit : mais on sait bien que l’antisémitisme a toujours reposé sur cet amalgame entre les juifs et l’argent. Et après ? En quoi est ce que cela empêche de se moquer d’un individu qui chercherait à réussir dans la vie en épousant une héritière qui se trouve être d’une famille juive (si c’est le cas bien sur, ce que j’ignore, évidemment). Au contraire, refuser de le faire nous ferait entrer dans une logique de folie. A ce compte là, j’aurai le droit de me moquer ou de contester les milliards de M. Arnaud, de M. Bill Gates, ou de M. Mittal, uniquement si je suis bien sûr qu’ils sont catholiques, protestants, hindouiste, ou n’importe quoi d’autre, et je devrais me bâillonner la bouche à propos des milliards d’un M de Rothschild, parce qu’il s’appelle Rothschild ? C’est délirant.
    Et pourquoi s’arrêter aux juifs alors ? Si je suis ta logique, je n’ai plus le droit de me moquer d’une bourde de Ségolène Royal ou de n’importe quelle autre femme politique : allons, on sait bien quelle misogynie honteuse se glisse derrière le fait d’accuser une femme d’inconséquence, non ? Et je n’aurais plus le droit non plus de dénoncer la corruption de je ne sais quel ministre d’un pays du Golfe : voyons, ne soyez pas naïf, traiter un arabe de voleur, c’est entrer dans un stéréotype raciste, non ?  »

    Il ne s’agit donc pas tant de liberté d’expression (même si je suis en accord avec le fond de ton article, Koz), que de vigilance déplacée de la part de toute une intelligentsia qui scrute la moindre déviance de la « ligne officielle » pour tirer dessus à bout portant.

    Bien sûr, toute atteinte aux juifs sera sanctionnée vingt fois, trente fois plus durement que l’insulte à l’islam ou à la religion catholique. Le même Charlie Hebdo a déjà publié des choses terribles sur le pape sans qu’aucun de ces bienpensants ne lèvent le petit doigt.

  • Vous avez au moins en partie raison, Koz : rien ne sert de se battre ou de s’insurger lorsque la cause est perdue : en Arabie Saoudite, en Birmanie, au Tchad, etc.

    Mais ce n’est à mon avis pas encore le cas, loin s’en faut, en France : y compris, je préfère le préciser, bien avant l’arrivée de Sarkozy dans mon esprit du moins. Tel est le cas depuis fort longtemps dans tant d’autres pays qu’il est des atteintes bien plus majeures aux libertés fondamentales qu’il est même inutile de relever, surtout lorsque maints docteurs es morale des meilleures écoles nous expliquent que commercer avec des pays aux moeurs de bagnes à l’échelle d’une nation c’est contribuer au progrès social. Il est d’ailleurs inutile de débattre avec les dictatures : seul le combat, économique notamment, a un sens.

    Reste que s’il s’agit de bâtir une société se dispensant de liberté, inutile de faire appel à la bonne volonté des citoyens : un autocrate suffit et les candidats ne manquent guère, y compris en France. Par contre, s’il s’agit de sauver quelques éléments d’un héritage parfois chèrement payé par nos aînés, alors, cela vaut peut-être encore la peine de s’insurger :non pas par intellectualisme mal placé trop rapidement détourné de son noble objectif par les pires de nos prochains : non : tout simplement par respect pour ce en quoi nos ancêtres avaient foi.

  • Koz, je viens de relire tranquillement ce billet après avoir été lire des commentaires sur le sujet sur LePost et Rue89 et je voulais te remercier de la mesure de tes propos.
    Et puis :

    Parce que l’invocation de la liberté d’expression ressemble trop souvent à une instrumentalisation, à un présomptueux cache-sexe à la connerie.

    ça c’est quand même très vrai…

  • — : mais précisément, je ne crois pas que vous défendiez la liberté d’expression. Ni que ça en vaille le coup. La liberté d’expression n’est pas en jeu dans cette polémique qui nous laisse le choix entre la connerie et l’antisémitisme.

    Chafouin : la phrase de Siné est défendable (il n’y aurait pas de polémique sinon) mais Siné a, aussi, un passé, qui ne milite pas en sa faveur.

    Pour le reste, je suis assez d’accord avec toi. Les Unes de Charlie Hebdo me suffisent. On réagit moins à propos des cathos parce que nous sommes encore censés ne pas être une minorité. Au demeurant, mis à part l’exemple ressassé de la bombe dans le cinéma diffusant La Derniére Tentation du Christ, il y a plus de 20 ans, on peut, je crois, relever la tolérance des cathos. Maintenant, il est certain que les provocs minables de Charlie Hebdo et consorts me font le même effet que cette affaire : on pond une caricature foireuse et fangieuse, puis on recouvre la boue du manteau blanc de la liberté d’expression, comme si elle était en jeu…

    Raveline, c’est noté. 😉

    Carredas : c’est le privilège d’arriver en retard dans une polémique.

  • Disons en effet que dans ce cas précis, j’attends en effet toujours qu’une personne raisonnable daigne produire un argumentaire raisonné, évitant les procès d’intention, les citations hors-contexte, les spéculations hasardeuses et le lancer d’épithète en équipe expliquant en quoi qui a causé quand quel tort à qui ou quoi : tout en suivant, attentivement je l’admets, d’un oeil particulièrement critique les contributions souvent indignes de personnes prétendant être de grands esprits auxquelles la presse nationale donne si grande publicité. Pourtant, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour se douter que nul ne sortira jamais grandi d’une polémique née dans Charlie Hebdo.

  • J’adore les blogs de droite!!!
    C’est reposant, et il n’y en a pas tant que cela.
    Lorsque je trouve certains articles aussi dogmatiques que ceux de gauche, alors je le zappe et je me re ballade.
    Sur le site de « pasidupes », voici ce que j’ai trouvé ce matin, concernant la liberté d’expression et les caricatures.
    Amusant, parce qu’on voit à cet égard qu’on supporte mieux les caricatures lorsqu’on est du côté de celui qui les fait, plutôt que du côté de celui qui les reçoit en pleine figure.

    Au secours, la démocratie est en danger
    Jeudi 24 juillet, un humoriste s’en est pris à ses camarades de lutte.
    On a appris que la CGT avait communiqué par écrit avec le journal Le Monde. Son nouveau directeur, Eric Fottorino, a en effet reçu de la centrale syndicale une lettre ouverte pour lui faire part de son « indignation » devant « le dessin de Une » représentant un ouvrier CGT aux poches garnies de billets par le patronat de la métallurgie (UIMM).
    Selon la CGT, la caricature du dessinateur Plantu « s’inscrit de fait dans une campagne calomnieuse et mensongère visant à faire un amalgame injustifié entre les pratiques coupables de l’UIMM et les organisations syndicales ».
    Bien qu’elle affirme « son attachement à la liberté de la presse et au libre arbitre des journalistes », la CGT marque son embarras, car elle ajoute aussitôt que « cette liberté n’efface pas celle de ceux qui, s’estimant injustement mise en cause, souhaitent pouvoir critiquer le fond, la forme de tel ou tel article »

    Cela voudrait il dire que, lorsqu’on parle d’un juif, il est normal qu’on suggère qu’il soit riche et accepte toutes les solutions quelles qu’elles soient pour arriver à la richesse, mais qu’il est diffamatoire de caricaturer un « travailleur » CGT avec des billets dans les poches?

    Parce que, oui, mettre du sel sur une plaie, ça brûle et le sujet brûlé s’avère très réactif. Nul besoin d’une expérimentation pour le vérifier.

    C’est exactement cela, Koz!
    Bon, 7h, je vais bosser. les vacances près des vaches, ce n’est pas permis à tout le monde 😉

  • Je vais être un peu hors sujet (pas plus que d’habitude ceci dit) puisque je n’ai pas suivi cette histoire d’hebdo, et je ne sais pas qui est Charlie, et je me fous de savoir si le prince Jean est intéressé par la fortune de Rachida Darty.

    Je constate juste que les deux dernières publications Koziennes sont un peu sur la mème thématique, avec un mot récurrent : antisarkozysme. Je ne suis pas politologue mais il me semble que la coutume est plutôt de parler de majorité et d’opposition, à la rigueur, on était de droite ou de gauche avec des nuances, on pouvait être centre droit, d’extrème gauche etc… Maintenant, les choses sont claires, vous êtes pour ou contre un homme. Ce qui validerait finalement la théorie de l’opposition (qu’il convient de renommer antisarkozystes) qu’il y a une dérive vers un pouvoir monarchique.

    Deuxième constat, j’entendais ce matin un député UMP (Sarkozyste ?) vanter l’année écoulée, le volume des réformes était important, il était content, mais il réclame une petite pause pour qu’il puisse expliquer à ses administrés le bienfait du Sarkozysme. On ferra le rapprochement avec la campagne de pub, pour là encore, expliquer qu’on devrait être patient, que le sarkozysme va bientôt faire effet. Bref, l’heure est à l’explication, la pédagogie.
    Je fais un rapprochement avec la religion, il faut enseigner le Sarkozysme et l’expliquer. Mais la religion fabrique également ses inquisiteurs … et c’est donc là qu’intervient Koz. Dans ses derniers billets, il ne fait pas de l’enseignement du Sarkozysme mais part en chasse contre l’antisarkozysme.
    En tant qu’antisarkozyste (choisi ton camp l’ami puisque je rappelle, on est forcement pour ou contre NS), je vais ironiser en disant qu’il est plus aisé de faire de l’inquisition, que de l’enseignement puisque la situation économique n’est guère fameuse et que le sarkozysme est jugé là dessus (et non sur les moeurs religieuses et sexuelles de son marmot).

  • Ceci dit, on ne comprend plus rien. Au départ, c’était clair. Ceux qui défendaient Siné étaient des noms attendus comme Halimi, Bedos, Plantu, Geluk… et ceux qui défendaient Val aussi BHL,Adler … Ceux qui les renvoyaient dos à dos ou presque, en penchant un peu pour Siné (car Val ne pouvait pas découvrir ainsi soudainement le personnage Siné) aussi : Cavanna, Schneidermann, Esther Benbassa, Jean Daniel …
    Mais aujourd’hui cela se complique sacrément,et on ne comprend plus rien à la liste des signataires des renforts de Val qui regroupe des gens qui ne s’aiment pas vraiment : les époux Badinter, Fred Vargas, D Voynet, B Delanoe, BHL etc…
    Là, cela m’en bouche un coin comme on dit et j’aimerais vraiment connaître ce qui sous-tend cette affaire. Car une mayonnaise pareille ne prend pas aussi bien sans que les ingrédients soient de première qualité. Or la phrase de Siné ne l’est pas et ses phrases antérieures non plus… Une idée ?…

    @Koz : sur les engagements de jeunesse, je ne vais pas argumenter. D’abord je n’ai jamais approché le bonhomme, ni personne dans mes relations. Sinon, mon pacifisme viscéral fait qu’effectivement je reconnais que toute guerre, toute résistance tue des innocents. Là dessus, inutile de discuter, la violence est la pire des conneries, une voie sans issue.

  • Le deux poids deux mesures des journalistes français fini par se retourner contre eux quand ils franchissent cette ligne définie par une poignée d’intellectuels qui prennent a partie l’opinion publique pour se trouver une légitimité.

  • A Chafouin
    Oui, la phrase de Siné peut être lu (passons sur la pathologie chronique antisarkozyste) comme tu l’entends. Mais lorsqu’on la met sous la plume de Siné, compte tenu de certains de ces propos ou de ses accointances (Soral/Dieudonné), on peut concevoir que cela puisse choquer. (Ou qu’on n’ait pas envie de rire de cela avec lui)
    La thèse de Koz selon laquelle Siné serait plus con qu’antisémite, n’exclut pas la possibilité d’une double source : la question serait simplement d’en connaître les proportions.

    L’idée selon laquelle il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas mettre en boite méchamment les juifs, comme les autres, est de bon sens. Mais elle a ses limites car l’antisémitisme n’est pas un racisme ordinaire.
    Le raciste ordinaire pourra avoir un ami noir ou arabe : il le veut ici semblable à lui. Ou bien là bas au loin, dans son pays. Après quoi il boit son pastis ou sa bière.
    L’antisémite ne supporte l’existence même du juif qu’il postule, même ‘intégré’, comme un ‘alien’ déguisé, et dont il ne veut ni ici chez lui , mais non plus la-bas, en Israel.
    Ceci posé, il n’est pas impossible que le statut juridique particulier de l’antisémitisme n’ entraine pas des effets pervers. En les cantonant. C’est une autre question.

    Val aurait pu néanmoins faire l’économie de cette affaire. Mais sa réaction illustre bien le malaise de cette gauche extrême dont certains rameaux brunissent curieusement. Dieudonné n’est qu’un symptôme mais il est vraiment illustratif de la direction de cette dérive . Et si la sauce prend si bien c’est parce qu’elle touche aussi à cela.

    Bien sûr , en deça de la réaction de Val, il y a plusieurs degré de règlement de compte : et là , la sauce devient belle mayonnaise . Val aurait-il choisi ce prétexte pour virer Siné (Il semblerait que non), en tout cas une partie de la gauche qui ne peut plus sentir Val et son charlie-hebdo, en profite pour le dézinguer en des termes assez violents et limite haineux (Il suffit d’aller voir certains blogs et leurs commentaires)
    S’y rajoutent tous les poseurs professionnels , les donneurs de leçons , les indignés de métier, les pseudo-sages -J’aime bien Bedos faisant le tri des gentils juifs et des méchants.-
    Enfin s’y additionnent tous ceux que cette guerre intestine réjouit car elle en dit long sur la piètre qualité de reflexion des participants directs.

    A la limite Siné , dans sa franche vulgarité, est le plus bêtement clair.

    Koz également y trouve matière à porter quelques coups ça et là (il n’y a pas de petit profit) en ironisant sur la position ‘inconfortable’ et incohérente de Val .Mais il se situe là en polémiste religieux, en rappelant que la religion musulmane ou chrétienne reçoivent des avoinées bien plus conséquentes : c’est vrai mais ce n’est pas la question.
    (Il faut noter que dans le propos ambigu de Siné, la religion juive n’est pas dans le champ de tir. D’ailleurs le religion juive étant ‘propriétaire’ et d’usage ‘réservé’ , elle échappe souvent aux diatribes de la religion laïque qui adore ferrailler contre les situations monopolistiques!)

    L’esprit pratique de Koz l’amène également à porter un pertinent coup de bazooka sur les « avachis, obèses et gâtés dans leurs canapés, gavés de démocratie », dont la seule raison de penser et d’être, est de tester infantilement et repousser irresponsablement sans cesse les limites de la supposée liberté d’expression qui devient , en effet, une stupide névrose . On ne peut qu’être d’accord, à cette réserve près que la liberté d’expression n’existe aussi que si on en use (Il me dira qu’user n’est pas abuser)

  • Eh bien moi je ne suis pas d’accord avec votre billet, Koz. Je n’aime pas cette façon un peu soviétique d’évacuer un problème en redéfinissant les mots. Dans l’affaire des caricatures comme dans l’affaire Siné, il s’agit bel et bien de savoir si, oui ou non, l’intéressé respectif avait le droit de publier les propos qu’il publie (sous forme de dessin ou de texte). Il s’agit donc bien d’une question de liberté d’expression, on n’y coupe pas.

    Et on ne résout pas la question en constatant simplement qu’on n’est pas en Birmanie. A quelqu’un qui crierait à la dictature en commentant ces affaires, je répondrais, comme vous, qu’on n’est pas en Allemagne de l’Est quand même, et qu’il ne faut jamais l’oublier. Pour autant, ce constat ne répond pas à la question posée, qui est celle des limites de la liberté d’expression. Et cette question est cruciale, fondamentale, vitale dans une démocratie. Ce n’est pas du tout une question secondaire et anecdotique qu’on peut balayer d’un revers de main comme vous le faites.

    Pour ma part, je suis chrétien, et je trouve généralement le propos de Charlie sur les chrétiens lamentables. Je serais cependant scandalisé qu’on les en empêche, parce que je crois que la liberté totale de caricaturer le Christ fait partie des conditions nécessaires à l’accomplissement du message chrétien. Pas de raison que les autres religions disposent d’un régime de faveur.

    Dernière question: quelle est la pertinence de la remarque de Siné « il ira loin ce garçon »? Se convertir au judaïsme est-il vraiment un bon moyen pour aller loin en politique en France? J’ai des doutes…

  • Mais où vont-ils chercher tout ça dans les propos de Siné ? Moi, je ne vois rien de plus que de la prose alimentaire habituelle : les ragots people à la Charlie Hebdo : On cible un individu médiatique et on charge la barque selon le sens le plus rentable.

    En réalité, le feu couvait déjà entre les 2 lignes d’une des nombreuses fractures à gauche. Et il aura suffit de quelques mots sensibles mis dans un même paragraphe par un « usual suspect » – probablement sans imaginer les intentions qu’on lui prêtera – pour que tout s’embrase…

    Siné, pauvre victime d’un mauvais concours de circonstance… Quelle humiliation !

    Un bon thème de recherche pour les sociologues 😉

  • Je ne suis pas un grand connaisseur de Charlie et de Siné, mais à lire les nombreux articles et posts sur cet affaire, il m’est d’avis qu’il s’agit ici plus d’une nouvelle attaque gratuite et puérile d’un dessinateur d’extrême gauche envers l’ennemi juré du moment (Sarkozy) via son fils Jean. Par ce dessin, Siné se défoule donc sur l’homme politique qu’il n’aime pas, se défoule sur les riches qu’il n’aime pas (mais qu’il aimerait être), se défoule sur la religion qu’il n’aime pas.

  • Vous ne connaissez pas bien Siné, mais vous savez qu’il voudrait être riche, quand même. Vous avez un truc, pour ça?

  • Oppossum, 2 rectifications :

    1) Je n’affirme pas que Siné est plus con qu’antisémite, je formule deux hypothèses, étant précisé que l’hypothèse que son propos soit antisémite me paraît crédible, comme je l’ai écrit en toutes lettres.

    ii) Je n’ai pas écrit dans mon billet que les musulmans et les chrétiens étaient moins bien traités que les cathos. Il est vrai que, dernièrement, on se paie davantage les musulmans, au prix de jugements sommaires. Et il est vrai que l’on se paie depuis longtemps les chrétiens / les cathos sans réactions de quiconque, ce qui me gonfle mais reste vaguement compréhensible, l’offense étant censée émaner de la même « communauté », mais tel n’était pas mon sujet.

    FC, je n’apprécie pas trop cette façon un peu totalitaire de qualifier l’autre de soviétique parce que sa thèse vous déplaît 😉 . Au demeurant, je ne redéfinis pas les mots, je les précise.

    Je dis seulement que la liberté d’expression n’est aucunement menacée en l’occurrence :

    i) Siné a été libre de son propos, tout comme Val est libre d’en tirer les conséquences. Personne n’est empêché de s’exprimer. Au demeurant, tous les journaux ont une ligne éditoriale. Se faire virer quand on l’enfreint est d’une banalité sans nom. Il n’y a d’atteinte à la liberté d’expression.

    ii) Invoquer la liberté d’expression pour cautionner une éructation dérisoire s’apparente à de l’escroquerie intellectuelle. Ca me fait penser à ceux qui ne peuvent pas s’empêcher, pour le moindre désagrément, d’invoquer la Déclaration des Droits de l’Homme. Tu leur fermes la porte au nez, ils invoquent la liberté d’aller et venir…

    Après ça, une fois qu’ils ont commis leur petit propos minable, ils s’efforcent d’enrôler la société dans une prétendue défense de la liberté d’expression. C’est Siné un jour, c’est Dieudonné un autre, c’est le Jylland-Posten un troisième.

    Au demeurant, même dans ce dernier cas, il ne s’agissait pas de liberté d’expression : les caricaturistes ont-ils seulement été empêchés de publier leurs caricatures ? Charlie Hebdo a-t-il été empêché de le faire ? La liberté d’expression est en jeu lorsqu’une autorité entend restreindre votre droit d’ exprimer vos opinions. Quand Voltaire – l’idole de ces débats – employait paraît-il sa grande expression (pas d’accord… mais me battrait…), il l’opposait aux autorités publiques. Que des groupes vous contestent le droit de dire une chose, cela arrive, cela ne signifie pas pour autant que la liberté d’expression soit en péril.

    Enfin, réduire le débat – dans ce cas comme d’autres – à une question de droit(s) est une sorte de démission morale. Dans bien des cas, on peut dire « j’ai le droit de… ». Mais le fait d’avoir le droit de le faire ne signifie pas qu’il soit intelligent de le faire effectivement.

    En tout état de cause, la liberté d’expression n’étant pas menacée, merci de ne pas extorquer sous la menace son drapeau immaculé pour défendre vos propos fangieux (je ne parle pas de vous, FC).

  • Je savais que le « soviétique » vous plairait…

    Il y a bien eu un procès pour les caricatures, je ne rêve pas? Et si Charlie l’avait perdu, il aurait été condamné pour ce qu’il a publié? Et si Siné a un procès et le perd, il sera bien condamné pour ce qu’il a publié? Certes, le fait de virer Siné relève simplement de la politique éditoriale du journal; mais le motif invoqué est un motif qui tombe sous le coup de la loi, une loi, en l’occurrence, dont l’objet est de poser des limites à la liberté d’expression. Je ne vois pas comment vous pouvez évacuer la problématique « liberté d’expression » de ces deux histoires.

  • Les humains ne vivent qu’en société, leurs libertés individuelles sont donc relatives et les limites de celles-ci sont à mesurer sur une échelle.
    Pourquoi en parler comme des valeurs absolues ?
    Il y a des règles, il y a des lois, il y a des limites sinon il n’y a pas de vie en communauté.
    Qu’il puisse y avoir procès me semble une garantie pour tout le monde, il y a peu de procès dans les dictatures, au cas présent d’ailleurs il me semble que la plainte a été déposée par Siné…

  • La Licra a semble-t-il porté plainte contre Siné. C’est amusant parce que les propos de Siné sont textuellement ceux attribués au président de la Licra par deux journalistes de Libé. Mais peut-être que la Licra a porté plainte pour plagiat?

  • Faire un procès signifie qu’un droit est contesté, point. Ca ne signifie aucunement que la liberté d’expression est en danger. Des procés fantaisistes, il en existe à la pelle. Et des jugements cinglants rejetant les demandes, aussi.

    Un procès a été intenté contre Charlie Hebdo ? Fort bien. C’est un droit, ouvert à tous. Vous ne voudriez pas en limiter la portée, si ? Bon. Et le procés a été perdu. Bien. La liberté d’expression a-t-elle vraiment été en danger ?

    Si Siné fait un procés, et le perd, c’est parce qu’il aura été jugé que son licenciement était justifié, en l’occurrence par le non-respect de la ligne éditoriale. Cela ne signifiera pas qu’il n’avait pas, dans l’absolu, le droit de tenir ces propos.

    Vous parlez du « motif invoqué » mais, en « pratique », il faudra attendre pour le connaître effectivemment.

    Comment se fait-il que j’évacue, à vos yeux la question de la liberté d’expression ? Si je refuse la publication d’un commentaire, ici, va-t-on me dire que la liberté d’expression est menacée ? Vous me répondrez que, tout de même, non. Et pourtant, à en suivre le raisonnement communément employé – notamment par — ici – il faudrait considérer qu’il faut dérouler presto la banderole de défense de la liberté d’expression. On est, là, juste à un degré moindre d’insignifiance.

    Niamreg, vous vous évertuez à ne pas voir dans le propos de Siné le sous-entendu qui y figure. Et qui ne figure évidemment pas dans le propos de Gaubert. Soit. Et Siné s’en sortira parce que son propos est ambigu. Mais le sous-entendu est bien là.

  • Entre ne pas publier un commentaire et prononcer une sanction pénale, il y a comme une petite différence… Dans l’affaire des caricatures, la sanction pénale n’a pas été prononcée, mais si elle l’avait été, c’est bien l’expression d’une idée (pour sotte qu’elle vous paraisse) qui aurait été punie. La question était donc bien, faut-il limiter la liberté d’expression en matière de caricatures de Mahomet? La justice devait arbitrer entre la liberté d’expression d’un côté, le respect de la sensibilité des musulmans de l’autre. Ils ont penché pour la première. Il me paraît donc difficile de nier qu’il était question de liberté d’expression dans cette affaire.

    Dans une démocratie, qui plus est pluriculturelle, une affaire comme celle des caricatures est à la fois inévitable et significative. Je ne crois pas qu’on puisse minimiser l’affaire comme vous semblez le faire. Je n’ai pas voulu dire autre chose. Il y a un vrai équilibre à trouver, on est sur une frontière.

  • Le recteur de la Mosquée de Paris voyait dans ces caricatures une oncitation au racisme, ce qui ne me semble pas insensé, que chacun reconnait comme une limite à la liberté d’expression. Il n’a pas été suivi. Point. Mais jamais la liberté d’expression n’a été menacée dans notre pays dans cette affaire. Il n’y a qu’une bande d’anticléricaux associée à une bande de fachos anti-musulmans pour le croire.

    Tremper la liberté d’expression dans des provocs de merde, c’est évidemment l’avilir.

  • C’est effectivement une hypothèse que certains, forts de leurs a priori, ont choisi d’écarter d’emblée.

    A part ça, je lis à l’instant, dans une chronique d’Elisabeth Lévy dans Le Point de la semaine, les propos qu’avaient tenus Siné en 82 (j’ignorais la date, mais il se trouve que c’était juste après l’attentat de la rue des Rosiers) :

    « Je suis antisémite et je n’ai plus peur de l’avouer. Je vais faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs (…) Je veux que chaque juif vive dans la peur, sauf s’il est propalestinien. Qu’ils meurent. »

    Il paraît qu’après sa condamnation, il s’était excusé. Mais le seul fait que ces propos aient pu sortir est suffisamment évocateur.

    Alors, faut-il vraiment en appeler à tous les saints de la liberté d’expression ?

  • Il me semble avoir lu quelque part que la relation entre Jean et sa dulcinée durait depuis 4 ans. Cela prouve bien le machiavélisme de Sarkozy Jr qui a construit patiemment son piège diabolique. Tsss, que de vilénie chez un si jeune homme !…
    (smiley pince-sans-rire)

  • Qu’importe le sens et la définition des mots antisémitisme et liberté d’expression, si les uns et les autres en sont absolument persuadés devant les mêmes faits.

    On constate qu’une gauche paranoïaque a fortement réagit face à une gauche victimaire (pour reprendre la dichotomie de Joseph Macé-scaron). Cet affrontement devait arrivé et la personne de Siné est secondaire.

    En gros, l’équivalent au meurtre de l’archiduc d’Autriche en 14.

    Une belle guerre de positions bien tranchées en perspective…

  • Le fait d’aller fouiller dans les propos du passé est 1) une méthode profondément nauséabonde qui devrait vous inquiéter plus que ça (parce que là pour le coup le soviétisme est patent) et 2) une preuve manifeste que les propos du présent ne suffisaient pas à justifier quelque condamnation morale que ce soit…

    Le raisonnement « les propos de Siné sont forcément antisémites, puisqu’il a déjà tenu des propos antisémites il y a 25 ans » m’échappe un peu. Ou plutôt non, il ne m’échappe pas, malheureusement: il s’agit de prouver que Siné est, par essence, un antisémite, et donc que ses propos concernant les juifs doivent nécessairement être interprétés de la façon la plus défavorable possible. Je suis très, très surpris que vous souscriviez à ce type de petit jeu totalitaire.

  • et si nous relisions Pierre Desproges ?

    qui disait déjà le 13 Décembre 1982 que :

    « Vous êtes de ces pacifistes bardés de grenades et de bons sentiments prêts à éventrer quiconque n’est pas pour la non-violence. ». « Siné possède la particularité singulière (bonjour les pléonasmes) d’être le seul gauchiste d’extrême-droite de France. » (source Wikipédia)

    maintenant la question est à quelles gémonies serait livré Pierre Desproges avec ses sketchs ?

  • FC

    Excellent, la surprise teintée de déception…
    L’idéal est d’utiliser la pratique face à des jeunes comme ses enfants par exemple (toi en qui j’avais mis ma confiance, comment peux-tu me décevoir ainsi) avec Koz, cela risque de moins bien marcher.
    Et puis la petite touche « soviétique-totalitaire, et puis le constat implacable :
     » il s’agit de prouver que Siné est par essence (?) un antisémite… »
    Quand on connait un peu Koz a travers son blog et ses billets, on le retrouve tout à fait dans le totalitarisme soviétique et la démonstration accablante et nauséabonde…

  • MB, merci pour ce rappel. Desproges manque cruellement, parfois.

    Carredas : Tout à fait ! La démonstration est implacable, voici Koz percé à jour, une vraie passoire ! ^^

  • Soviétique une première fois, c’était à peine drôle. Une seconde fois, c’est autant stupide que ridicule. Eclairer le présent à partir du passé est d’une banalité affligeante et savoir si un propos donné est un dérapage isolé et involontaire, si l’insinuation que l’on pense lire est improbable ou possible, c’est également d’une grande banalité.

    Placez les propos de Siné dans la bouche de Le Pen ou du Rabbin Sitruk, je suis sûr que vous ne les interpréterez pas de la même manière. Et pourtant ce sont les mêmes propos. Etonnant, hein ?

    Bref, n’attendant rien de spécial de votre part, je ne suis ni surpris ni déçu. Cela dit, le fait que l’anathème vous vienne si vite sous les doigts n’est pas le gage d’un raisonnement serein. Prenez donc une verveine. Ou profitez du soleil.

    Et merci, Carredas.

    Quant à Desproges, il pouvait se le permettre parce que le parti-pris de « méchanceté ordinaire » était évident. Et qu’il exerçait également son humour décapant à son « détriment » : d’une part, il caricaturait des personnes telles que lui et puis… Je me souviens de son « plus cancéreux que moi, tu meurs » à triple tiroir, alors qu’il se savait malade…

  • « Quand on connait un peu Koz a travers son blog et ses billets, on le retrouve tout à fait dans le totalitarisme soviétique et la démonstration accablante et nauséabonde… »

    D’où la surprise. Qui est sincère et demeure entière. Juger le propos d’un provocateur patenté à la lumière d’un autre propos tenu sous l’emprise de l’alcool il y a un quart de siècle, ce n’est pas une enquête, c’est encore moins « Eclairer le présent à partir du passé », c’est un raccourci obéissant à la même rigueur intellectuelle qu’un procès stalinien, toutes proportions gardées. Il ne s’agit pas d’anathème mais de comparaison. Pour expliquer ce que je veux dire, quoi. Mais apparemment ça ne traverse pas l’épiderme… Peu importe.

  • Pingback: Koztoujours, tu m’intéresses ! » Liberté, j’écris ton nom. Et après, on fait quoi ?

  • je viens de regarder l’émission d’@si, qui revient sur toute l' »affaire siné-val ». invité: Siné.
    le ton, il faut le reconnaitre, est plutot bienveillant vis à vis de Siné mais cette émission a le mérite de remettre dans son contexte les sorties de Siné en 82 et les propos de Desproges à propos de ce dernier.

    pour les abonnés c’est ici http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=1140 (acte 4)

    très instructif…

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