L'amour vache ?

Il est encore trop tôt pour se faire une idée utile sur le rapport Attali. Il est surtout trop tôt, en toute humilité, pour que je puisse m’en faire une. L’aspect catalogue « plurisolutionnel » de cet objet politique iconoclaste ne facilite pas la tâche de l’observateur. Le fait qu’il ait été établi à la demande d’un président de droite sous la direction d’un homme qui était le principal conseiller de la candidate de gauche il n’y a que quelques mois n’ajoute pas de la clarté à l’affaire. Que cet homme ponde un texte dont les orientations économiques sont déjà annoncées comme étant nettement libérales finit de jeter les derniers troubles dans les esprits habitués à analyser les propositions gouvernementales sous l’angle du fameux clivage. Toujours est il que Nicolas Sarkozy a demandé à cet homme là et à ses conseillers, d’identifier les verrous de la croissance et d’élaborer les clés permettant de les ouvrir (avec les dents). Cette commission nous en a donc forgé 316.

Comme je ne doute pas que ce rapport ou certaines de ses propositions phares feront l’objet de plusieurs billets ici-même, pour le peu que j’ai pu en lire, et à défaut de pouvoir fournir un avis éclairé, je me contente d’observer depuis quelques jours les réactions et surtout les critiques en provenance des deux camps.

Pour l’aile verte, Noël Mamère est sans surprise lorsqu’il affirme que le rapport est un « cadeau empoisonné ». A la gauche du PS, Benoit Hammon déplore que les propositions Attali « désossent méthodiquement le modèle social que son précédent patron avait construit sous deux septennats ». Quant à François Hollande, il prédit un rôle de « ramasse-poussière » au rapport et demande « qu’on cesse de faire des mesures gadgets« . Dray prétend qu’il « ne répond pas aux vrais problèmes actuels des Français » contrairement à son ancienne patronne qui se retrouve être le seul leader d’opposition à avoir accueilli les propositions avec un à priori plutôt favorable « il a le mérite d’exister ».Difficile pour Ségolène Royal de déjuger un des principaux fournisseurs d’idées à l’origine de ses 101 propositions de campagne. Du côté de la majorité, les analyses ne nous éclairent pas plus. Raffarin juge « Ce rapport est pour moi hémiplégique, la moitié des propositions sont bonnes et l’autre moitié restent très faibles »pendant que Jean François Coppé clame un bien pratique « Ni refus, ni chèque en blanc ». Quant aux syndicats divers et variés, leurs commentaires sont une parfaite illustration de ce qui ne pouvait manquer d’arriver lorsque les centrales reçoivent un catalogue de ce type : elles y puisent ce qui semble favorable aux intérêts qu’elles sont supposées défendre et elles rejettent le reste.

Puisque j’ai décidé de m’abstenir prudemment de formuler un avis prématuré, il était intéressant d’attendre la réaction du principal intéressé. Ce matin sur Europe 1, au micro de Jean Pierre Elkabbach, Jacques Attali, comme le titre Libération, a dézingué à tout va. Aux accusations d’hémiplégie de Raffarin, il dénonce l’immobilisme paralytique de l’ancien Premier Ministre :«Monsieur Raffarin est le symbole du conservatisme de ce pays et sa façon de gouverner la France fut un désastre». Aux Dray, Montebourg et consorts qui veulent jouer au plus fin, il assène un : «Je n’entends que des borborygmes contradictoires. Ces gens-là, qui n’ont d’idées sur rien, sont préoccupés par le fait qu’ils ne comprennent pas ce rapport.» Aux accusations de Bayrou : « la relance de l’immigration pourrait économiquement avoir des effets bénéfiques mais elle risque de plus déstabiliser, déséquilibrer la société», il rétorque «Si on m’avait donné cette phrase sans me dire qui l’avait prononcée, j’aurais dit que c’était Jean-Marie Le Pen.» Et boom, évacuez le Modem !

Mais la plus belle vacherie politique qui m’a été donné d’entendre depuis fort longtemps, parce qu’elle illustre tellement l’existence d’une blessure ouverte dans laquelle il plonge le doigt avec délice, il l’a réservé à son ami, le leader du principal parti d’opposition :

«J’ai demandé à François Hollande s’il avait des idées, il m’a répondu:« Ecoute, en ce moment, on est occupés par d’autres choses que d’avoir des idées. Sois gentil, envoie-moi quelques idées qui peuvent se trouver dans ton rapport et je te les renverrai comme étant les miennes. »»

Est-il utile d’en rajouter ?

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27 commentaires

  • Bonjour,

    Ce qui est envoyé à Goasguen n’est pas mal non plus : alors que ce dernier se plaignait d’une Répuplique des experts, Attali l’a renvoyé à « la République des imbéciles dans laquelle il aurait toute sa place ».

    Cette série de philippiques est amusante de prime abord, mais pose quand même des problèmes. D’abord un problème tactique : alors que le rapport propose un ensemble de mesures qui devront passer par la loi, incendier ceux qui auront à la voter est pour le moins maladroit et cela facilitera la tâche des lobbys divers et variés qui ne manqueront pas de s’opposer aux mesures de libéralisation proposées.

    Sur un autre plan, j’en reste à un schéma bêtement démocratique : les experts missionnés par le politique proposent et le politique dispose. Les propos d’Attali, outre qu’ils sont maladroits, me semblent donc inconvenants.

  • Je suis assez d’accord avec Sébastien, et perplexe devant l’attitude d’Attali. Passer au lance-flammes tous les autres est certes divertissant mais est-ce que ça aidera son rapport à passer ? Attali a cité Turgot dans son discours de présentation, se dépeignant un peu aisément dans le rôle du réformateur honni par tous les conservatismes mais qui défendrait avec persistance l’intérêt de la France et celui du « Roi » (super sens de l’à-propos d’Attali, vraiment…). Pense-t-il que Turgot aurait réagi de la sorte ?

    Je ne suis pas du tout certain que cette attitude serve son rapport (enfin, le rapport de la commission qu’il a présidée), bien au contraire.

    De même, son « tout ou rien », sur lequel il est d’ailleurs revenu, me paraît être, stratégiquement pas très fin, même si je comprends l’idée.

  • Je trouve que le « tout ou rien » (qui est-il pour dire cela?) additionné à l’attitude d’Attali depuis la publication du rapport montre un égocentrisme sans limite. Pour qui se prend-il celui-là? Vous êtes contre mon rapport? Vous n’êtes que des imbéciles!
    Cela n’aide pas à trouver ses préconisations intelligentes. Un type qui a une si haute opinion de lui-même ne me dit rien qui vaille.
    Un peu facile, d’ailleurs, de dire tout ou rien. Moi, il y a plein de solutions que je trouve stupides parmi lesquelles le travail du dimanche, l’appel à l’immigration plutôt que la relance d’une politique familiale… Et quel rapport entre la croissance et al suppression des départements? Si c’est tout ou rien, je préfère rien, du coup.

  • C’est vrai que la stratégie du « tout ou rien » s’est révélée à d’autres occasions d’une efficacité sans faille : tiens, par exemple, lors du référendum sur le TCE…

    Mais un type qui se paie la terre entière, aussi piquantes soient les réparties, on finit naturellement par estimer que c’est lui qui a un problème. C’est étonnant de sa part de ne pas s’en rendre compte.

    Reste que je comprends l’envie que son rapport ne soit pas un énième rapport dénaturé à force de re-discussion, de débats, de négociations etc. Mais là, il risque simplement de renforcer les blocages.

  • M. Attali souffre du syndrôme du premier de la classe, qui a en son temps élu demeure chez Giscard.
    Quelle que soit l’orientation politique, quel que soit le programme, il suffit d’avoir une telle personnalité pour rendre sa production indigeste.

  • Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne répond pas « avé les gants ».

    D’un autre côté, si tu te mets à la place du coordinateur d’une commission d’experts pluridisplinaires transpolitiques, qui a bossé pendant des mois sur le déverrouillage de la croissance et qui, tout particulièrement, doit justement porter son attention sur les idées reçues, les habitudes, les tabous, le statu quo, les blocages corporatistes qui figent un pays – les petites phrases politiques habituelles de 4 lignes qui balayent tes conclusions par quelques lieux communs entendus 10 000 fois doivent passablement t’énerver.

    Le minimum de respect pour le travail accompli c’est de motiver tes objections et avancer une contre proposition sérieuse qui détermine que sur le point 1. (le point 2. (…) le point 316.) :

    a. Ce n’est pas un verrou de la croissance et que la situation actuelle est la meilleure solution possible pour telles ou telles raisons
    b. Si, ce verrou est reconnu en tant que tel, la solution proposée ne le débloquera pas.
    c. Que si la solution proposée débloquera effectivement ce point, elle causera des effets pervers trop pénalisant (voir annexe X.) par rapport aux bénéfices obtenus en termes d’intérêt général
    d. Que par contre cette solution là (xxxx) présente l’avantage de débloquer la situation en minimisant les effets négatifs

    Un bon consultant doit faire preuve de diplomatie, surtout qu’il opère dans une relation client/fournisseur de services. Mais si une entreprise fait appel à un cabinet d’audit pour réaliser une étude sur la productivité et que le patron accueille un rapport de 400 pages par « c’est pas mal, mais infaisable, les syndicats n’accepterons jamais que la machine à café soit descendue d’un étage », il n’est pas non plus surprenant que le consultant ressente un léger agacement. Quand cette attitude provient d’un type qui, lorsqu’il a été consulté pour ses idées et observations, t’a répondu « Sois gentil, envoie-moi quelques idées qui peuvent se trouver dans ton rapport et je te les renverrai comme étant les miennes. », il y a quand même de quoi se la mordre.

  • Assez d’accord avec tous les précédents posts sur le côté déplacé voire dangereux de telles joutes oratoires politiciennes.
    Cependant, je comprends aussi la position d’Attali.
    D’abord parce qu’il est humain quand on se fait dézinguer à coups de petites phrases de se défendre de même.
    Ensuite, et c’est le plus important, qu’Attali défende la cohérence des 316 mesures est légitime.
    D’ailleurs, NS et le gouvernement travaillent depuis huit mois dans la même veine. On réforme partout, en même temps, pour qu’au final, la situation générale s’améliore.
    C’est dans ce sens que j’ai compris son « tout ou rien ».
    Et personnellement, j’aurais été a contrario déstabilisée si JA avait annoncé, bon, voilà ce qu’on vous propose, venez faire votre marché !

  • Pour ma part, je crois qu’il faut distinguer deux cas.

    S’agissant de sa réponse à Goasguen, le pb de la « république des experts » appelait une meilleure réponse qu’un trait d’esprit assez facile.

    En revanche, face aux critiques lamentables d’un Raffarin (qui fut le digne premier ministre de M. Chirac), sa réponse est parfaitement proportionnée.

    Le Figaro ne soutient d’ailleurs Attali qu’à la manière d’une corde un pendu : « il faut dire que le « M. Croissance » de NS a choisi de s’en prendre à ses contradicteurs plutôt que de répondre à leurs arguments ». Encore aurait-il fallu souligner, pour être honête, que tous n’avaient pas d’arguments.

  • je ne peux croire que le Premier Secrétaire du PS aie eu un propos aussi stupide…
    j’espére qu’il démentira

    attali est content de lui
    il fanfaronne…il est le meilleur
    il partira consulter ailleurs…

  • Ce qui me frappe le plus personnellement, c’est la méthode Sarkozy qui consiste à se défausser de choix purement politique sur des experts genre Attali. Comme s’il n’y avait plus d’idées, plus de choix à faire, plus d’orientations à donner mais que toutes les solutions allaient de soi. Les politiques s’énervent contre Attali en réaction, mais c’est aussi une conséquence de leur attitude passée : après tout ils n’ont pas rechigné à nous justifier leurs choix passés par des contraintes extérieures (économiques, européennes). Si gouverner ne consiste qu’à faire des choix qui vont de soi, on peut très bien se passer de gouvernement et le remplacer par des techniciens, et c’est ce que nous explique Attali en somme.

  • L’interview d’Attila sur Europe1 est extrêmement rigolote.

    Ceci dit, j’ai du mal à comprendre la logique de cette séquence d’évènements :
    (1) un candidat « compétent » fait campagne sur un programme économique « réfléchi », complet, cohérent, préparé de longue date
    (2) Il est élu en promettant à maints reprises que « tout ce que je dirais, je le ferais »
    (3) Une fois élu, il demande à un hiérarque du camp battu aux élections la marche à suivre,
    (4) Il exige d’avance de sa majorité d’appliquer leurs conclusions (« tout ce que vous préconiserez, je le ferai »)
    (4bis) Parallèlement il a organisé un grenelle de l’environnement aux conclusions nettement moins productivistes et là encore promet qu’il serait mis en oeuvre
    (5) Le socialiste en question réunit des experts, quarante experts qui travaillent comme quatre, et au bout de quatre mois produisent « librement » (= à l’abri des regards et du débat et donc indépendament des urnes, des gens savants qui connaissent ni la précarité personnelle ni la fragilité sociale, …) en fait de rapport un véritable programme de gouvernement. Sur les 316 (de mémoire) propositions, seules 3 sont présentées comme rejetées.

    Voilà, tout ça me semble assez curieux du point de vue de la cohérence politique et de la légitimité démocratique, je suis preneur d’explications.

  • Pour ma part, je pense que l’attitude de Jacques Attali est la seule qu’ il peut avoir devant les critiques de tout bord – mais pas toujours sur les mêmes points – qui ont été exprimées.
    S’il ne résiste pas aux attaques, mieux, s’il ne contre-attaque pas, il n’a plus qu’à s’excuser platement d’avoir proposé ( lui et les 40 membres de sa commission ) autant de mesures stupides.
    Je ne vois pas de risques à desservir son projet, car ce n’est pas son projet qui sera proposé au vote des parlementaires, mais ce qu’en retiendra N.Sarkozy( avec son accord, le tout ou rien étant une image )
    Sans préjuger de rien, des mesures qui provoquent des réserves :
    – du Medef qui n’est pas si en phase avec le rapport
    – des syndicats et de la gauche, très critiques
    – des professions règlementées ( taxis, notaires, avoués, huissiers )
    – de la presse qui doute de la mise en place des mesures quand elle ne les critique pas
    – de la droite chiraquienne qui chipote
    – du Modem et des Verts
    – de Francis, de jmfayard et de Koz
    de telles mesures ne peuvent qu’être audacieuses.

    Seule point d’interrogation, Ségolène Royal est plutôt pour…

  • Carredas, je vais réfléchir à la punition adéquate du fait de votre dernier tiret.

    Pour ce qui est de la méthode, et pour rassurer Tom Roud et Jmfayars, je conserve quelque crédit au mec qui a réussi à faire signer un nouveau type de contrat de travail aux ppales organisations syndicales et aux organisations patronales, sans provoquer le blocage du pays. Je ne suis pas extrèmement enthousiaste sur la méthode mais, le mec n’étant pas une burne comme on en a tant connue, j’attendrais quelque temps pour juger de la méthode, au vu du résultat. Bon, et si vous me répondez que la fin ne justifie pas les moyens, je vous répondrai que le pays du Discours de la méthode n’a pas grand-chose à perdre à être davantage celui de la Culture du résultat.

  • @carredas: je n’ai pas l’impression d’avoir critiqué les mesures préconisées par AAtali, que je n’ai pas lues…
    JMF non plus, Koz non plus, d’ailleurs il s’en expliquait dans son billet, mieux que je ne ferais…

  • « je conserve quelque crédit au mec qui a réussi à faire signer un nouveau type de contrat de travail aux ppales organisations syndicales et aux organisations patronales, sans provoquer le blocage du pays »

    Il me semble que pour le coup, l’essentiel du mérite en revient aux partenaires sociaux quand même… Sarko a eu la bonne idée de leur mettre la pression, ce qui leur a rendu bien service… Mais c’est bien l’aboutissement d’années d’efforts de leur part qui est ici récompensé. En particulier le Medef et la CFDT, et aussi FO.

  • Bien sûr. Il ne s’agit pas, là comme sur d’autres points, de lui attribuer un mérite exclusif. Mais le fait qu’il a eu l’intelligence d’utiliser la bonne méthode pour que cela aboutisse.

  • «J’ai demandé à François Hollande s’il avait des idées, il m’a répondu:“Ecoute, en ce moment, on est occupés par d’autres choses que d’avoir des idées. Sois gentil, envoie-moi quelques idées qui peuvent se trouver dans ton rapport et je te les renverrai comme étant les miennes.”»

    C’est peu dire que, bien que de gauche je n’ai guère d’estime pour Hollande.

    De là à croire sur parole Attali quand il nous en fait ici un parfait crétin, un naïf au point de lui dévoiler sa stratégie… polop ! L’a pas dit ça devant huissier, Flamby !

    Un qui n’a aucun mal à s’estimer, c ‘est Attali.

  • @Koz : »De même, son “tout ou rien”, sur lequel il est d’ailleurs revenu, me paraît être, stratégiquement pas très fin, même si je comprends l’idée. »
    Il reprend simplement à mon sens la phrase que Sarkozy a dite : « tout ce que vous proposerez, nous le ferons ». C’est NS qui n’a pas été fin dans l’histoire.

    Bof les vacheries des uns et des autres c’est pas nouveau.
    Ce qui m’inquiète plutôt c’est :
    – la posture du pick and choose. Chacun prend ou retire ce qui l’ennuie sans y voir une cohérence globale.
    – la période pré-électorale qui ne favorise pas un débat serein
    – la frilosité aux changements qui caractérise l’esprit français
    – le rapport en lui même qui par ses propositions donnent une dimension nouvelle aux fondements même de notre économie et de notre société. Et je le verrai plutôt comme un instrument de travail avant une présidentielle.
    Quand dans une entreprise on change de logiciel, on s’interroge sur tous les flux, on questionne tous les intervenants afin de connaitre leurs souhaits, on essaye de concilier les interêts des uns et des autres pour élaborer un cahier des charges cohérent . Avec l’élection de Nicolas Sarkozy on a changé de logiciel et la phase d’élaboration du cahier des charges a été validé dans les grandes lignes par son programme. La phase de mise en oeuvre et de test a déjà commencé sur certains sujets et j’ai l’impression que le rapport Attali se greffe dessus. Certaines de ses propositions rejoignent ce qui a déjà été acté et validé ça tombe bien mais quid de l’ensemble ? Même si ce travail a été fait en lien avec certains ministères, j’ai le sentiment j’espère éronné qu’il arrive trop tard…
    Désolée epo mais les critiques des uns et des autres ne m’ont pas inspirée…

  • Vous avez dû être comme moi, surpris, d’entendre Royal parler de ce rapport comme d’un cadeau fait au gouvernement, lorsqu’Attali le lui a remis. (tiens, mais pourquoi donc le lui a-t-il remis en mains propres ?)

    Voici l’explication :(extrait du confidentiel du Figaro du 22 janvier) :
    « L’entourage de Ségolène Royal est décidé à faire du rapport Attali un piège pour Nicolas Sarkozy. Les proches de l’ancienne candidate à la présidentielle vont soutenir les propositions -d’inspiration libérale pour la plupart- de l’ancien sherpa de Mitterrand. Ils savent que beaucoup d’entre elles, susceptibles de déclencher une fronde sociale, embarrasseront le chef de l’Etat. »

    C’est on ne peut plus machiavélique !

    Je ne comprends pas la stratégie de Miss Royal ; si vous pouvez me donner votre avis ?

  • Mary, une petite citation pour la route ?

    « Mais, en général, de nos jours, le système protecteur est conservateur, tandis que le système du libre-échange est déstructeur. Il dissout les anciennes nationalités et pousse à l’extrême l’antagonisme entre la bourgeoisie et le prolétariat. En un mot, le système de la liberté commerciale hâte la révolution sociale. C’est seulement dans ce sens révolutionnaire, Messieurs, que je vote en faveur du libre-échange. »

    Karl Marx

  • J’ai oublié de vous dire, Cher Monsieur Fayard, je hais Karl Marx.

    Et pourquoi, voulez-vous que j’aille sur la route ?????

  • Je ne connais pas tous les détails du programme de NS et de l’UMP, mais il me semble qu’un bon nombre des mesures de la commission Attali correspond ou ne fait qu’approfondir les ébauches des mesures déjà dans les cartons du candidat NS et pour certaines déjà engagées.

    Je vous conseille d’ailleurs d’écouter attentivement le discours de NS à l’issu de la remise du rapport :
    http://www.elysee.fr/webtv/index.php?intChannelId=3&intVideoId=317

    (les journaleux n’ont que très peu parlé de ce discours devant la commission. Je trouve, contrairement à ce que beaucoup de ses opposants essaient de nous faire croire, que nous pouvons nous féliciter d’avoir un président qui sait parfaitement où il veut aller, connait les problèmes et dossiers afférents, mais reste extraordinairement ouvert à la discussion.)

    NS cherche à promouvoir son programme de reformes, à faire de la pédagogie et à obtenir un certain consensus pour poursuivre. Il me semble que l’agrément qu’il vient de recevoir d’Attali (et même de SR … 🙂 d’une certaine façon) est plutôt une sacre victoire pour lui 🙂

  • Ce qui me gêne plus, Koz, c’est le coté « à prendre ou à laisser ». Les experts, oui, mais la prise de décision bloquée, ça c’est franchement anti-démocratique.
    Je regrette car la très bonne proposition de démolir le cadre départemental a été repoussée par Sarko.
    Erreur : oui les Français aiment le département. Mais pas forcément attachés à leur CONSEIL GENERAL…

    Toréador

  • Margit,

    Avant même de lire ou d’ entendre le discours que vous référencez, je crois qu’ il suffit d’ avoir en mémoire tous les discours prononcés par Sarkozy depuis l’ aube de sa campagne électorale. Qu’ ils aient été explicites sur certains sujets ou qu’ ils n’ aient donné que des orientations, la compatibilté du rapport Attali avec eux fait peu de doutes. Comme fait peu de doute une large prise en compte des propositions énoncées.
    D’ ailleurs, le fait de confier un tel rapport à une personnalité de gauche en vue, la manière dont son élaboration et son contenu ont été médiatisés me font dire qu’ il s’ agit là essentiellement d’ enfoncer le clou de la politique Sarkozy et d’ en élargir sinon la paternité du moins l’ assise dans l’ opinion.
    Peut-être Sarkozy ne fera-t-il pas absolument tout ce qu’ il a dit. En attendant, on ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir de la suite dans les idées.

    Toré,

    Si je ne suis pas forcément fana de la disparition du département (d’ accord avec vous sur l’ appréciation du Conseil Général), il est indéniable aux yeux de tous que le mille-feuilles de l’ organisation administrative et politique locale et ses rapports avec l’ administration centrale doivent être revus de fond en comble. Il y a là dessus un consensus assez général.
    Le problème est que c’ est un peu de la dynamite : quasi totalité des régions aux mains de l’ opposition, proximité des municipales et obstruction des élus locaux. C’ est pourquoi il n’ a pas été abordé lors de la campagne présidentielle alors que – je peux en témoigner – il est trés présent dans l’ esprit de la majorité actuelle.

    Pour reprendre le sujet d’ un billet récent de Koz : et vous voudriez qu’ on soit déçus ?!

  • @ Erick

    Assez d’accord avec vous sur l’ensemble du rapport en effet et particulièrement sur la suppression d’un échelon de la structure administrative. Tout le monde en parle avec avidité au vue des économies envisagées – mais pour le coup, cette réforme touche directement les élus qui seront in fine les seuls à décider de l’opportunité de celle-ci. Ce n’est pas seulement de la dynamite, c’est aussi un de ces problèmes dont la solution n’arrive jamais à être mis en oeuvre car elle remet en cause l’existence même des décideurs.

  • « cette réforme touche directement les élus qui seront in fine les seuls à décider de l’opportunité de celle-ci.  »

    oui mais il est bien dommage de voir que NS s’applatit (pour l’instant j’espère avant les élections) car la véritable rupture consisterait à faire passer ce genre de mesure. Mais il a peut-être trop de copains au CG !
    Je n’ai pas tout lu mais je n’ai pas vu de véritables explications de sa part sur ce sujet et j’ai l’humble sentiment que le rapport est mal venu en ce moment et sera enterré…

    bon je me calme…

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