Ugly Khadafi vs. Little Rama

Recevoir le colonel Khadafi… Fallait-il considérer qu’il s’agissait d’une ordure avec laquelle on ne compose pas, ou seulement d’une ex-ordure, sur la voie de la rédemption ? Il n’y a pas que de la posture dans l’attitude de l’opposition socialiste et bien-pensante : il est évident qu’il y a quelque déplaisir à ce que la France, dont nous continuons à nous faire une haute opinion, reçoive ainsi ce chef d’Etat-là. Si je devais choisir, il est bien probable que celui-là ne viendrait pas dîner à la maison.

Et là, fait doublement marquant : j’étais d’accord, hier soir, avec le très ségoléniste Bernard Henri-Lévy, pour considérer que Khadafi ne s’était pas comporté autrement, dans l’affaire des infirmières bulgares, qu’en preneur d’otages, qu’en terroriste.

Ou, plutôt, disons que Bernard Henri-Lévy était d’accord avec moi, puisque je l’ai écrit dès le 20 juillet dernier et que, sauf à ce qu’il soit en mesure de produire derechef un écrit préalable, je revendique l’antériorité sur cette appréciation.

D’accord avec lui, également, pour considérer que, sur ce thème précis des relations internationales, et de la gestion des pays aux conceptions personnelles des droits de l’Homme, Nicolas Sarkozy ne fait pas ce qu’il a dit, ou laissé supposer. C’est bien regrettable même si c’est autant pour ceux qui fustigeaient en lui le « néo-conservateur« … Ils fustigeront désormais sa realpolitik.

D’accord encore pour rejeter le propos qu’il a encore tenu, dans une université portugaise, selon lequel « le terrorisme est justifiable lorsqu’il est l’arme des faibles« . En déduire, en revanche, avec BHL, qu' »il n’a pas renoncé au terrorisme » est bien excessif. Certainement, il n’en réprouve pas par principe l’utilisation. En revanche, rien ne permet de prétendre qu’il « n’y ait pas renoncé« , ce qui sous-entend qu’il pourrait envisager d’y avoir recours de nouveau.

Surtout, si Khadafi reste un sale type – et la Lybie, un pays dans lequel les droits de l’homme sont bafoués et dans lequel la torture est manifestement pratiquée de façon habituelle – c’est un sale type qui, dans les faits, a effectivement renoncé au terrorisme. Il ne le soutient plus, et a indemnisé les familles des victimes. Et, contrairement à d’autres, a renoncé au nucléaire militaire. Sauf cette grave affaire des infirmières bulgares, la Lybie est un pays qui ne faisait plus véritablement parler de lui sur le plan international.[1]

Faisons un petit bilan : le colonel Khadafi est donc le Chef d’un Etat qui bafoue les droits de l’Homme et qui a soutenu et pratiqué le terrorisme, mais y a renoncé depuis plusieurs années, a donné des gages en ce sens à la communauté internationale, et paraît désireux de poursuivre en ce sens.

Bref, il est peut-être passé du stade d’ordure à celui de salopard. Comme le souligne Pierre Rousselin dans Le Figaro, c’est une évolution que l’on ne saurait contrarier.

Faut-il refuser de recevoir un salopard ? Si oui, il faudra cesser d’avoir des relations avec nombre de pays. Tiens, par exemple, l’Arabie Saoudite, dont bien peu se choquent que l’on en reçoive le roi.

J’incline donc à penser, in fine, qu’il n’y a certes aucun plaisir à voir le Colonel Khadafi à Paris, mais que le plaisir n’est pas le sujet.

Quant aux socialistes, ils ne manqueront pas de faire valoir leurs arguments auprès de Romano Prodi, ou surtout de José Luis Zapatero, qui recevra le Colonel Khadafi à partir du 17 décembre [2].

*

Voilà pour l’aspect politique internationale. Sur le plan intérieur, il se passe des choses intéressantes également, avec l’opposition exprimée par Rama Yade, dont le plumage est certes des plus soyeux mais dont le Ramage commence un peu à….

Je comprends son « vif déplaisir » à voir arriver à Paris le Colonel Khadafi lors de la Journée Mondiale des Droits de l’Homme. C’est un argument qu’elle fournit, à titre gracieux, à l’opposition, qui ne sait comment l’en remercier.

France Info, RTL, Le Parisien : Rama Yade court les interviews, y affirmant notamment que « la France n’est pas qu’une balance commerciale« , des propos que goûteront certainement le Premier Ministre et le Président de la République, implicitement accusés de négliger les droits de l’homme pour une question de pognon.

Drôle de jeu que celui de Rama Yade. Etant à peine plus âgé qu’elle, je pourrais pratiquement lui laisser encore l’excuse de la jeunesse. Mais ce serait faire insulte à son intelligence, que l’on imagine vive. La force des ses propos est donc très certainement assumée. Elle pouvait en effet faire passer le message de son déplaisir sans y mettre une telle virulence, et sans oublier les éléments favorables à la venue de Khadafi.

Je doute quelque peu qu’il y ait un jeu de billard à plusieurs bandes entre Rama Yade et l’Elysée. L’Elysée pouvait jouer sur le mode du « vent de fraîcheur » apporté par la jeune Secrétaire aux droits de l’Homme lors de sa précédente visite impromptue aux squatteurs d’Aubervilliers, d’autant que cela avait le mérite de mettre en valeur l’attitude des municipalités communistes vis-à-vis des squatteurs lorsque le squat se déroule sur leur territoire. En revanche, dès lors ses déclarations sont susceptibles de mettre dans l’embarras Nicolas Sarkozy, François Fillon, ainsi qu’un Kouchner plus au fait des solidarités gouvernementales et condamné à courir derrière se secrétaire d’Etat, on peut douter que l’Elysée goûte beaucoup ladite fraîcheur.

Il y a surtout fort à parier que Rama Yade ait décidé de mener un jeu solitaire. En a-t-elle les moyens ? C’est possible. Il paraît que Nicolas Sarkozy ne respecte que les rapports de force. Or, en l’occurrence, Rama Yade peut profiter à plein de son statut spécial. On ne vire pas comme ça un membre du gouvernement qui cumule le fait d’être une femme, d’être jeune, d’être noire et de tenir un portefeuille des plus symboliques. Virer son Secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, cela ne se gère pas si aisément…

Rama Yade a sa vie politique devant elle. Ses propos auront d’ailleurs peut-être été bien appréciés à Colombes. Et puis les français aiment les grandes gueules. Mais elle ne se réserve pas un avenir serein. Comme toutes les grandes gueules, elle a encore moins droit au faux-pas. Ils seraient quelques-uns à ne pas la rater.

  1. Notons au passage qu’il est un peu piquant de voir l’opposition se prévaloir de sa grande conscience humaine au sujet des infirmières bulgares, alors que c’est bien Nicolas Sarkozy qui a fait ce qu’il fallait pour débloquer la situation, et les ramener dans leur pays. Sur cette affaire, once more, il y a ceux qui agissent, et ceux qui commentent. []
  2. décidément, après la suppression de l’équivalent de l’ISF par le gouvernement Zapatero, Zapatero va commencer à leur courir sur le haricot, à nos socialistes []

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51 commentaires

  • Si Michel-Édouard Leclerc avait effectué une prise d’otage (avec ranson probable à la clé), l’aurait-on ensuite reçu pour parler affaires ? J’ai quelques doutes. Je ne vois pas pourquoi il en serait différent pour Khadafi.

  • Salut Koz !

    Cette histoire m’embête pour ne pas dire autre chose. Khadafi n’a pas ma bienveillance. Pour ne pas dire autre chose. Et il pose une question : doit on recevoir un terroriste ou ex terroriste ?

    A contre coeur, je répondrais oui. Parce qu’à mon humble et candide avis, il n’y a que la reconnaissance qui fasse qu’un pays veuillent se joindre à la communauté internationale. Je préfère d’ailleurs cette option à l’invasion du pays, aux coups d’état organisés. Bref, pas l’option Kouchner.

    Ensuite, pour la très jolie Rama Yade, depuis ce matin, je me mords les lèvres tellement le plan com est évident. Je n’y vois que de la duplicité pour atténuer la grogne journalistique. On va nous refaire le couplet de la liberté de parole et après « pschiiit ». « Ben vous voyez ils sont pas tous des méchants en fait au gouvernement donc ça va ». Les gesticulations des uns (les ministres, NS) et des autres (les journalistes) commencent franchement à me peser.

  • Ca me dérange énormément de voir la France dérouler le tapis rouge sous les pieds de Khadafi et lui donner une certaine respectabilité qu’il ne mérite pas. Peut-être c’est une bonne chose que Sarkozy l’accueille avec grande pompe avec installation de tente bédouine dans le jardin de l’Elysée et tout le reste. Seulement le temps nous dira si c’était une bonne chose ou pas. Il paraît que la situation s’est beaucoup améliorée en Libye avec la fin des sanctions économiques et la hausse du prix du pétrole. C’est quand même mieux qu’un dictateur utilise l’argent du pétrole pour développer son pays plutôt que de le tirer vers le bas comme c’est le cas de Chavez au Venezuela (je ne dis pas que Chavez soit un dictateur, mais presque). La Libye a perdu beaucoup de temps avec le régime de Khadafi et les idées farfelues du Livre Vert (A propos, beaucoup des propositions de campagne de Ségolène Royal paraissaient s’inspirer directement du Green Book). A part le terrorisme, il faut aussi oublier l’affaire des infirmières bulgares, sa prise du pouvoir par coup d’Etat, son installation au pouvoir depuis plus de 35 ans, l’enrichissement personnel des proches du régime, la destruction de la libre entreprise, le recul culturel et scientifique de la Libye, le développement débridé de la corruption… Il suffit de penser aux Talibans et on s’aperçoit qu’il y a bien pire.

  • @ Koz,

    content de constater en tout cas, que contrairement à Authueil, vous n’y voyez pas une forme de génie tactique de Sarkozy. Pour ma part, j’ajouterai deux points :

    1. Cette attitude est en contradiction totale avec les propos de Sarkozy pendant la campagne qui répétait à l’envi que l’on ne gagnait rien (même en termes de contrats) à s’affranchir des droits de l’homme. En recevant Kadhafi, qui a fait deux déclarations plus que condamnables ces derniers temps (terrorisme et prétendue « dictature » du Conseil de sécurité, dont la France est membre permanent) et en cédant à tous ses caprices (j’espère que ce ne sera pas le cas devant la tombe de de Gaulle !), la France se décrédibilise pour longtemps. Comment ensuite faire croire à des messages de « moralité » dans la jeunesse africaine ? Après Poutine, les déclarations invraisemblables sur Taïwan et le Tibet, Sarkozy est dans la continuité, en pire, de Chirac. Et dire qu’ils disaient durant la campagne quand Royal rencontrait le Hezbollah (depuis invité à la Celle St Cloud par l’Etat français) qu’on « ne parlait pas avec les nazis » ;

    2. L’attitude de Rama Yade démontre tout simplement le dysfonctionnement institutionnel, la « cacophonie » comme dirait Moscovici, à laquelle on assiste. Face à un hyperprésident, à un Premier ministre impotent, les Ministres sont laissés libres dans la nature et élevés à l’école des coups médiatiques permanents, ils tentent d’exister par ce genre de déclarations tonitruantes… avant de se raviser.

    La volte-face de Rama Yade en quelques heures serait simplement pathétique s’il ne venait pas encore décrédibiliser le message de la France au niveau international. J’ajoute que quand vous voyez la récupération bassement politicienne de l’événement d’Aubervilliers une marque de « fraîcheur », c’est tout de même invraisemblable de « mauvaise foi ». Vous qui vous faites l’avocat permanent de Ségolène Royal notamment, pourquoi ne prononcez-vous pas le mot « bourde », magistrale en la matière ?

  • Je pense qu’on peut mettre en parallèle la sortie de Yade et celle du ministre algérien des anciens combattants. On confie à un sous-fifre inconnu à l’étranger le soin d’adresser le message attendu de l’opinion intérieure. La connivence ne fait guèrer de doute. Il se pourrait à la limite que l’accord ne soit que tacite, mais j’en doute fort.

    Inversez le problème: il aurait tout simplement été impensable, politiquement, que Yade se taise. Et le petit côté « alter » du discours ne peut que faire du bien.

    Si Sarko lâche Yade je mange mon clavier.

  • J’avoue que Khadafi vienne faire du tourisme en France m’inquiète moins que le fait que Sarkozy lui livre clé en mains le nucléaire ainsi qu’à Bouteflika – et à leurs successeurs – à qui le tour ensuite ? Sans parler (en accord en cela avec la presse française) de cette proposition ahurissante faite aux allemands de cogérer une partie de nos bombes atomiques.
    http://www.spiegel.de/politik/deutschland/0,1518,505887,00.html

    Bien vu pour Zapatero, l’expérience espagnole est sans doute riche en enseignements pour nous ; en échange (« gagnant-gagnant »), si Sarkozy pouvait s’aligner sur Merkel en matière de politique étrangère… Je n’insiste pas trop sur une publicité comparative qui serait cruelle, il vaut mieux que vous fassiez vous-même la démarche.

  • Je persiste à avoir du mal à voir dans les sorties de Rama Yade une action concertée avec le Chef de l’Etat. Pour être policées, ses déclarations sont tout de même violentes, et donnent le mauvais rôle à Sarkozy et Fillon – sans compter que Kouchner passe un peu pour un couillon, à devoir dire, derrière : « oui, elle a raison ».

    Je penche plus, donc, pour la thèse « jeu perso » et de toutes façons, vas-y pour me virer.

    @ Jonathan_G : si vous saviez le bien que ça me fait de vous voir heureux.

    En revanche, je voudrais rectifier deux points qui me laissent penser que vous devriez mieux lire avant de réagir.

    Que l’attitude de Sarkozy soit en contradiction avec ses propos de campagne, ce n’est pas un ajout de votre part, cela figure dans mon billet.

    Pour ce qui est du propos « invraisemblable de « mauvaise foi » », c’est invraisemblable de mauvaise lecture. Reprenez le paragraphe, vous verrez que je n’y vois guère moi-même de fraîcheur, mais bien davantage le registre sur lequel a joué l’Elysée.

    Je reste, en tout cas, étonné que vous considériez comme une bourde magistrale le fait d’aller rencontrer des squatteurs. Sale droitiste…

    Ensuite, pour ce qui est d’une récupération à Aubervilliers, franchement, vu la popularité de la visite de Yade auprès d’une bonne partie de l’électorat de droite, je vois mal où se trouve la récupération. En revanche, je reste très amusé du coup de projecteur mis sur le traitement réservé aux squatteurs par les mairies communistes. On retrouvera leurs camarades dans les défilés avec Droit Au Logement…

    Sinon, je suis surpris de me voir qualifier d' »avocat de Ségolène Royal ». Tout arrive. A ce sujet, vous feriez mieux d’en prendre votre parti : il est très peu probable que vous trouviez sur ce blog des propos qui lui soient favorables. Arrêtez donc d’en bouffer votre chapeau à chaque fois, vous allez vous rendre malade.

    @ jmfayard : il y a, dans l’edito du Figaro, un point que vous auriez pu lire. En ce qui concerne le nucléaire, si je comprends bien, c’est non pour le nucléaire civil à ceux qui affirment vouloir en venir au militaire (Ahmadinejad)… et c’est non aussi pour ceux qui y renoncent (Khadafi) ? On comprend qu’Ahmadinejad ne voie pas ce qu’il aurait à gagner à renoncer.

    Sinon, je trouve rigolo que vous me citiez une personne de droite en exemple. Serait-ce que, à voir l’attitude de Zapatero et de Prodi, vous ayez desespéré des socialistes ?

  • Jonathan, d’abord je ne saisis pas le dysfonctionnement et ce qu’il a d’inconstitutionnel! On en a vu d’autres sous d’autres gouvernements plus pluriel, et on en aurait pu voir d’autre, de l’atlantique à l’oural (de besancenot à bayrou)… Je rappelle au passage que si le premier ministre est « impotent », son handicap incombe au moins à 50% à Monsieur Jospin!
    Cà me gêne quelque part cette venue en France, mais comme dit koz, c’est pas pour le plaisir.
    Alors soit on le reçoit pas et quid de cette compensation de la libération des infirmières, quid des contrats juteux (peut-être les premiers rafale export) et qui donneront du travail à des ouvriers français (et des sous aux actionnaires, et alors!), dont on ne craindra pas de grèves pour refuser cette manne du diable… et que d’autres gouvernements socialistes ou pas, n’hésiteront pas à récupérer sans états d’âme…
    Ou alors on le reçoit, on en fait profiter l’économie et tout compte fait, on fait revenir la Lybie dans le concert des nations, avec un dictateur en fin de carrière. Qu’aurait-on du faire avec l’Irak si on avait pas choisi de l’attaquer, avec Saddam aux commandes ?
    Et si on lui proposait d’aller fleurir la tombe de F. Mitterrand plutôt que celle de De Gaulle ? On lui dit rien d’ailleurs et on l’amène à Jarnac plutôt qu’à Colombey…

  • La position de Yama Rade n’est pas si nette que ça :

    « Je le dis et je le redis, il est normal qu’on parle à tout le monde et c’est même un devoir de parler en priorité à ceux à qui on demande des efforts en matière de droits de l’Homme, je dis et je redis que le colonel Kadhafi d’aujourd’hui n’est pas le même que celui d’avant, je dis et je redis que je ne suis pas hostile au principe de sa visite », a ajouté Mme Yade. »

    N’oublions pas que dans le cadre d’une normalisation des relations avec la Lybie, Prodi vient de proposer la même chose à Kadhafi qui doit se rendre en Italie dans les semaines qui viennent. Je n’ai pas entendu la gauche condamner ce projet imminant.

    En fait en matière de Droits de l’Homme, la Chine n’a strictement rien à envier à la Lybie, ni dans son passé ni dans son présent. Sauf que le poids de cet état dans le monde, sa dimension économique et la menace que ferait poser sur le monde une dégradation sensible des relations de ce pays avec tous les états démocratiques, font que personne, et surtout pas Royal par exemple, en fait l’ensemble de la classe politique en France, songerait à envisager une rupture des relations ou même le refus d’une visite d’un représentant chinois.

    En matières diplomatiques ou humanitaires, la coupure des voies de communication est à peu près la pire des choses. L’embargo sur Cuba, tout ce qu’il y a de relatif d’ailleurs, n’a fait que détruire à petit feu la population sans faire vaciller d’un iota la stabilité du régime castriste.

    Je pense qu’il faut aller au bout des choses dans ce domaine. La vraie question qui se pose brutalement est la suivante : A condition, bien entendu, que les voies diplomatiques visent principalement à ramener progressivement ces états rénégats à un respect de plus en grand de certaines principes, doit-on entretenir des rapports normaux d’états à états avec des pays dans lequel les droits de l’homme sont violés ? La liste est tellement longue que la question mérite d’être clairement soupesée pas seulement en termes de posture diplomatique, mais en termes d’éfficacité pour résoudre le problème concerné.

  • La vraie leçon de cette histoire c’est de voir le principe Chevènementiste d' »un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne » complètement battu en brèche.

    Rama Yada l’a ouverte, persiste et signe. Elle finit par déclarer qu’ elle ne démissionnera pas car « on ne déserte pas en rase campagne » et une pierre dans le jardin de Chevènement.

    Que vient foutre Chevènement là dedans me direz vous ? Bonne question, c’est juste que son principe énoncé plus haut avait la vie dure dans notre vie politique et je ne suis pas mécontent de le voir disparaître au profit d’une plus grande liberté de parole au sein du Gouvernement.

  • On me censure? Flute, moi qui coryais que la droite décomplexée était revenue au pouvoir…

    [De koz : précisément, réjouissez-vous, la droite autoritaire et décomplexée est de retour. En l’occurrence, je vous avouerais que j’essaie de garder un certain niveau dans les commentaires ce blog. A ce stade, le terme de « censure » est un peu présomptueux.]

  • « Sinon, je trouve rigolo que vous me citiez une personne de droite en exemple. Serait-ce que, à voir l’attitude de Zapatero et de Prodi, vous ayez desespéré des socialistes ? »

    Je suis simplement votre bon exemple. Vous citez à titre d’édification quelqu’un de ma famille politique que nous devrions prendre en exemple. Je fais de même et tout le monde peut ainsi progresser.

    « il y a, dans l’edito du Figaro, un point que vous auriez pu lire. En ce qui concerne le nucléaire, si je comprends bien, c’est non pour le nucléaire civil à ceux qui affirment vouloir en venir au militaire (Ahmadinejad)… et c’est non aussi pour ceux qui y renoncent (Khadafi) ? On comprend qu’Ahmadinejad ne voie pas ce qu’il aurait à gagner à renoncer. »

    C’est surtout NON à la prolifération du nucléaire.

    Plus il est répandu, en particulier dans les pays instables – et il n’est pas injurieux de dire que le système politique de ces pays n’est pas une démocratie aussi stable et apaisée que, disons, la Suisse – plus l’espoir d’éviter un holocauste nucléaire s’évanouit, ça me semble simple à comprendre. Tout aussi simple, le fait qu’il n’y a aucune frontière entre nucléaire civil et nucléaire militaire. Dans le premier cas, il y a des réactions nucléaires contrôlées et dans le second cas les mêmes réactions nucléaires… qu’il n’est plus la peine de contrôler, ce qui est bien plus simple. D’où le troisième point que l’actualité est là pour nous rappeler : qui a le nucléaire civil peut à tout moment décider d’avoir le nucléaire militaire et ce n’est alors plus qu’une question de temps et de moyens. Oh certes pas quelquechose d’aussi raffiné qu’en France et aux US, mais une ou deux petites « crude nuke » déclenchées sur place par attentat suicide, c’est à la portée du premier dictateur venue et ça fait pas mal de dégats. (Certes Sarkozy, se voulant rassurant, a prétendu à l’époque avoir la possibilité de désactiver à distance les futures centrales nucléaires lybiennes en cas de danger, mais cela a fait rire – jaune – tous les spécialistes et même pas mal de néophytes).

    Comme la prolifération du nucléaire menace l’existence même de l’humanité, celle-ci a le droit de dénier le droit à tel ou tel pays d’y recourir y compris pour les utilisations initialement « civiles » si elle estime que cela lui fait courir un risque. C’est le cas clairement pour l’Iran qui viole explicitement les clauses de garanties qu’il devrait respecter en vertu traité de non-prolifération – donc n’a aucun droit au nucléaire civil. En ce qui concerne les dictatures au pouvoir en Lybie et en Algérie, on n’a pas une telle certitude juridique. Mais franchement, on connait ces régimes, voulez-vous êtres dans dix ans de ces personnes qui diront qu’elles ne savaient pas ?

    En tout état de cause, même si on ne pouvait pas les empêcher d’acquérir le nucléaire, de là à les y aider…. ! Alors que ces pays n’en ont nul besoin sur le plan énergétique ! Ce que Mme Merkel avait parfaitement compris, hélas pas nous.

  • Je vous parlais Relations Internationales, pas Ecologie. Si votre opposition est une opposition au nucléaire de façon générale, à vrai dire, Khadafi ou pas…

    Je vous laisse aller expliquer à Ahmadinejad que l’opposition de la communauté internationale est liée à des questions écologiques.

  • Hum… à ce stade c’est vous que je qualifierais de présomptueux. Et je pourrais user du même argumentaire et supprimer ce lien RSS de mon Netvibes pour en assurer un « certain niveau ».
    Mais je ne me range pas à la facilité. Et contrairement à vous Héraut de l’Espèce, je n’essaye pas de me débarrasser de tout ce qui me gêne aux entournures. Je fais avec et apprends de vos faiblesses.

  • Bonsoir à tous,
    plan comm ou plan perso, je sais pas.
    Ce qui me turlupine depuis ce matin, dans cette histoire, c’est la référence constante à la façon dont s’est déroulée la libération des infirmières, l’UMP ou Kouchner ce matin sur France Inter, et y compris dans ton billet, Koz. Entendons-nous bien : non pas la référence au fait qu’elles aient été libérées, mais au fait que ce soit « grâce » à Sarkozy, alors que personne ne faisait rien depuis des années. Ce qui est censé expliquer pourquoi on peut bien lui rendre la monnaie de sa pièce, au garçon _ à Kadhafi, je veux dire 🙂 .

    Ca me turlupine pour des tas de raisons :
    – ah, tiens, c’est plus Cécilia qui a libéré les bulgares (oui, je sais, c’est facile)
    – plus sérieusement : cet épisode n’est toujours pas clarifié, le rôle de la France, et par conséquent celui de Sarkozy, n’est pas éclairci. Ce qui sorti dans les journaux depuis cet été, c’est : Les négociations ont commencé avant, elles étaient sur le point d’aboutir quand la France s’en est mêlée, et c’est un coup de pouce qui a été donné en personnalisant l’affaire. Utile, je veux bien! Même si Sarkozy n’a fait gagner que quelques jours à ces femmes, même un seul jour, c’est un grand mérite. De là à dire qu’il a tout fait tout seul et que personne ne faisait rien et que donc personne ne peut donner de leçons de morale, je crois que c’est faux.
    – tout le monde étant habilité à donner des leçons de morale, j’y vais de la mienne (on est modem ou pas hein) : Ce sera pas le premier dictateur à être reçu par un président de la République. Bon. Mais c’est une question de degré : la France est la première, et on le reçoit cinq longs jours, et puis le président dit qu’il est « très heureux »… ça fait beaucoup, même si on savait pas que c’était le jour des Droits de l’Homme (avec les majuscules). Ca va trop loin, quoi. Là, c’est pas juste : « La France reçoit Kadhafi ». C’est « La France reçoit Kadhafi avec les honneurs ».

    Quand aux justifications : vendre des EPR, je suis pas d’accord, comme jmfayard, mais tout le monde s’en fout. Voyons plutôt ce qu’on nous présente comme de la realpolitik pour faire gagner la France : passer des contrats à l’étranger, moi je veux bien, mais je voix pas en quoi ça change la situation économique de notre pays : on nous parle de 3 milliards de chiffre d’affaire : quels sont les BENEFICES effectivement réalisés par ces entreprises? Et ensuite, il me semble que c’est sur place que tout ça crée de l’emploi, pas dans le Berry profond. Mais je suis pas économiste.

    Si les justifications étaient solides, je voudrais bien avaler mon chapeau et regarder la tente de Kadhafi à la télé. Après tout, je suis pas Kouchner moi, j’ai pas fait profession d’avoir des émotions médiatiques, de représenter la bien-pensance internationale (mais quel hypocrite ce mec, je le supporte de moins en moins).
    Mais les justifications me paraissent très très très faiblardes. Par conséquent, je garde mon chapeau, et je suis pas d’accord, et même je trouve ça carrément lamentable.

  • D’après le Times, la visite devait durer trois jours. Le terroriste retraité mais tortionnaire récent a fait savoir qu’il s’attarderait bien… quinze jours dans notre dégoûtant pays colonialiste. Comme ça faisait un peu trop ouvertement foutage de gueule, on s’est mis d’accord sur cinq jours. Il doit pas avoir grand’chose à foutre chez lui, le guide suprême. Forcément, sans infirmières à torturer, il doit s’ennuyer, en Libye.

  • @ Koz,

    – heureux que vous soyez heureux de me voir heureux ;

    – effectivement, vous rappelez les engagements de campagne de Sarkozy mais vous y passez très vite et ne rappelez pas notamment cette fameuse phrase : « La Realpolitik, elle fait renoncer à ses valeurs sans gagner des contrats ». Et effectivement, comme le souligne jmfayard, puisque vous mettez en avant le comportement de Zapatero ou de Prodi, pourquoi n’aurions pas le droit de vous opposer celui de Merkel ?

    – sur Aubervilliers, ce qui était insupportable, c’était que Yade dans la même journée est allée à Asnières (ville UMP) pour dénoncer les squatteurs pour se rendre ensuite à Aubervilliers (ville PCF) et y dénoncer les agissements de la « Mairie » alors qu’il s’agissait d’une décision de justice et que la Mairie avait en outre prévu des solutions pour un certain nombre de personnes. C’était de l’amateurisme, point barre ;

    – sur Ségolène Royal, mon clavier a fourché. Je voulais bien entendu dire « le pourfendeur ». Et je ne fantasme pas sur ce que vais lire sur ce blog mais partage parfois (tests ADN, assassinat d’Anne-Lorraine et sa récupération…) votre point de vue.

  • J’aurais préféré que Khadafi ne soit jamais invité en France, pour les raisons invoquées par tout un chacun et pour des raisons personnelles puisque je le tiens pour responsable de la mort de mon meilleur ami dans l’attentat contre le boeing de la PanAm au -dessus de Lockerbie.
    Ceci dit je trouve que ceux qui comme BHL et toute la gauche critiquent la « realpolitik » de Sarkozy ont la mémoire un peu courte.
    Tous les gouvernements de droite comme de gauche ont pratiqué la « realpolitik ».
    Tous les hommes d’état ont dû un jour ou l’autre transiger avec leurs principes.
    Des exemples à gauche : le général Jaruzelsky, homme à poigne de la reprise en main communiste en Pologne, reçu à Paris par un gouvernement socialiste, Omar Bongo qui ne passe pas en Afrique pour un grand démocrate, c’est le moins que l’on puisse dire, reçu en visite d’état avec des honneurs particuliers par Mitterrand.
    Des exemples à droite : Nikita Kroutchev, le boucher de Budapest, reçu en grandes pompes par De Gaulle en 1960, quatre ans après l’écrasement de la révolte hongroise, le même Général De Gaulle se rend pour son deuxième et dernier voyage à l’étranger après avoir perdu le référendum de 1969, en Espagne où il est accueilli par un grand démocrate : Franco. C’est l’occasion de lui dire le célèbre « vous êtes le général Franco, j’étais le général De Gaulle ». Certes De Gaulle n’était plus aux affaires mais tout de même!!

  • « Faut-il refuser de recevoir un salopard ? Si oui, il faudra cesser d’avoir des relations avec nombre de pays. Tiens, par exemple, l’Arabie Saoudite, dont bien peu se choquent que l’on en reçoive le roi. »

    Il ne s’agit pas de « le recevoir », mais de le recevoir en ami et lui donner un vernis d’honorabilité qu’un « salopard » ne mérite pas. Mais cela n’est pas choquant qu’on déroule un tapis rouge devant une ancienne « ordure » (les guillemets pour vous citer), puisqu’on l’a déjà fait si souvent. C’est aussi cela la rupture.

    Quant à dire que peu de gens sont choqués qu’on reçoive le roi d’Arabie Saoudite, c’est malheureusement vrai : Rama Yadé n’a rien dit à ce propos. Ni à propos du Tibet, de Taïwan, de l’Algérie, du Maroc, des amitiés africaines, de Poutine, etc. Est-ce pour autant que tout cela ne relève pas de la diplomatie du portefeuille ?

    « J’incline donc à penser, in fine, qu’il n’y a certes aucun plaisir à voir le Colonel Khadafi à Paris, mais que le plaisir n’est pas le sujet. »

    Efectivement, le sujet semble plutôt les dollars, l’approvisionnement énergétique, quelques milliards d’armes en tout genre que les Lybiens pourront voir défiler, au mieux, à Tripoli les jours de fête. Au pire, quelques opposants en verront la couleur… Et du nucléaire civil, en prime.

    Non, le plaisir n’est pas le sujet.

  • @jmfayard,

    Moi aussi, si on me l’avait proposé, j’aurais préféré voter Merkel ou Obama. Mais je n’ai eu le choix qu’entre Sarkozy et Royal (et je ne parle pas des alternatives…)

    Pour le reste, je pense qu’il n’est pas inopportun de rappeler que ce n’est pas Sarkozy qui a levé les sanctions contre la Libye. Ca a été fait en 2004 sous l’influence US-GB, mais personne ne l’a remarqué en France, obnubilé qu’on était par la guerre en Irak.

    Enfin, il faut parler de l’alternative à la position qu’a choisi Sarkozy. Si j’ai bien compris l’opposition, il faut adopter à son égard une démarche résolument novatrice : la condamnation ferme, l’opprobre internationale et le froncement de sourcils.

    Quand on voit la longévité des régimes qui ont « subi » ce traitement : Corée du Nord, Birmanie, Cuba, Irak… on se dit que ce remède est soit totalement inopérant, soit prend littéralement des siècles à agir. Surtout, on se dit qu’une autre approche mérite d’être tentée.

    Je ne dis pas que c’est agréable ou que c’est sans risque, mais faire des affaires avec Khadafi comporte de nombreux avantages : ça nous enrichit, ça enrichit les libyens, ça ouvre la Libye sur l’extérieur et l’ouverture est le pire ennemi des dictatures.

    On invoque les droits de l’homme mais pour immédiatement les oublier dans la fixation sur Khadafi. Moi aussi j’aimerais bien voir Khadafi payer ses crimes, mais pas autant que de voir les Libyens se libérer. Depuis 40 ans que Khadafi est au pouvoir et pendant les 30 ans qu’il était au ban des nations, le sort des Libyens s’est il amélioré? Qu’est ce qui est plus important? Punir Khadafi ou bénéficier au peuple Libyen?

  • Nicolas a gagné mon vote un certain 14 janvier, grâce au discours de Mlle Yadé… Avoir laissé Rama à la maison, en amenant Rachida avec lui, lors de son voyage en Chine, est pour moi la première déception de ce quinquennat (certains diront que je suis indulgent sur beaucoup d’autres choses)..
    Le petit Nicolas avait en effet promis de ne pas jouer à la realpolitik et de ne pas négliger les droits de l’homme pour vendre des airbus..
    La position de fournisseur n’est pas si désavantageuse que ça dans une relation commerciale, même en présence de concurrence… et ne justifie pas nécessairement une baisse de notre posture diplomatique, qui est l’une des principales forces de la France (peut-être avant même sa puissance économique)

  • C’est ça la rupture avec Chirac ? Un super-VRP¨qui s’assied sur les droits de l’homme pour fourguer des centrales nucléaires, des TGV, des airbus et des armes ? A ce rythme-là, l’élève va vite dépasser le maître.

    Il est clair que cette réception et les contrats qui vont avec font partie du deal conclu pour la libération des infirmières bulgares.

    Quant à Rama Yade, en plus d’être belle et intelligente, elle m’est de plus en plus sympathique… Surtout si elle hérisse le poil des vieux grognards de la droite. C’est finalement vrai qu’il n’y a pas que des billes dans ce gouvernement…

    … Même si je n’exclus pas complètement une prise de parole concertée avec l’Elysée, la jeune ministre des droits de l’homme étant chargée de dire ce que le président ne peut directement formuler. Ce qui pourrait également expliquer l’énigmatique « no comment » de Fillon en forme de sourire.

    Après l’ouverture à gauche, ce diablotin de Sarko serait en effet bien capable d’organiser l’opposition au sein même du gouvernement, histoire d’assécher complètement le PS et de faire croire à l’opinion qu’il représente à lui seul toutes les tendances politiques.

  • Rama Yade reste au gouvernement donc, déclaration ou pas, elle cautionne tous les agissements de ce gouvernement, ou plutôt de son chef.

    Cette visite coïncide avec la commémoration de la déclaration des droits de l’homme, une notion absente dans bien des pays avec lesquels nous faisons de fructueuses affaires (avant Sarkozy, c’était vrai aussi). Ca me rappelle Chirac en 1995 fêtant le 50ème anniversaire d’Hiroshima en procédant à une reprise d’essais nucléaires dont certains s’accordent à dire qu’ils aient une utilité douteuse (cf mon blog pour les plus courageux d’entre vous et mes excuses pour cette pub).

    Ces histoires de contrats sont de la poudre aux yeux; un contrat ne se signe pas du jour au lendemain et n’est pas dépendant d’une visite officielle ou non, à qui veut-on faire croire cela.

    Dernier point, le fait que Prodi ou Zapatero reçoivent un tortionnaire n’en fait pas un ange non plus et ne les grandit pas pour autant … tout au moins à mes yeux (ce qui n’est finalement pas bien grave pour eux.:) ). Ca m’embête plus avec Sarkozy ou n’importe quel autre pingouin à la tête de l’Etat, c’est que c’est fait en mon nom également.

  • A la suite de la libération des bulgares, Sarkozy avait été en Lybie et on nous parlait déjà de contrats dont celui de la centrale nucléaire civile pour dessaliner l’eau.

    Et là, rebelote, il revend la même usine.

    Primo, je me demande si cette histoire de dessalinisation n’est pas une couverture pour dire que c’est du nucléaire sympatique.
    Deuxio, on a l’impression que notre VRP négocie des tonnes de contrat or, ce sont souvent les mêmes évoqués plusieurs fois.

    Bref, quand il est allé là bas, il s’agissait de promesses d’achat. Et cette fois, c’est définitif ou pas ? Ou il faudra encore un troisième sommet franco-lybien pour finalement dessaliner cette fameuse eau de mer ?

    Je trouve les médias bien light quand il s’agit de nous dire ce qui a été exactement vendus, des transferts de technologie etc…

  • Je reste satisfait de voir que mes commentateurs socialistes [edit : et jusqu’à François Hollande (qui est aussi, à sa façon un commentateur socialiste, puisqu’on ne l’a jamais vu acteur. Jamais ministre, sa plus grande responsabilité aura été la direction du PS… avec quel succès. Amusant de voir quelqu’un comme lui dispenser des leçons) !] trouvent leur modèle à droite, avec Angela Merkel. Cela donne des raisons d’espérer.

    Qu’ils se rassurent, Nicolas Sarkozy n’est pas mon alpha et mon omega, l’astre qui illumine mes jours. Et j’apprécie de voir une chrétienne-démocrate tenir les propos que ne tiennent les socialistes que lorsqu’ils sont dans l’opposition.

    Zapatero reçoit Khadafi après nous. Prodi est tout sourire avec Khadafi sur la photo. Quant à l’Allemagne, elle a conclu des contrats privilégiés avec Poutine au sujet du gazoduc comme avec Gazprom… sous Schröder (qui occupe quel poste, déjà, dans Gazprom ?). Je remarque d’ailleurs que ces liens privilégiés perdurent. Il est probablement excessif de demander à Angela Merkel de les rompre mais, bon, je note.

    Dans ces conditions, on remarquera que les socialistes ne sont jamais aussi vertueux qu’en France, où ils sont dans l’opposition. On s’en voudrait dès lors de les envoyer au pouvoir, corrompre leur belle âme.

    En ce qui concerne la libération des infirmières bulgares, Lisette, je n’ai jamais prétendu que Sarkozy ait tout fait, et que les autres n’aient jamais rien fait. Je suis tout à fait informé de ce que le Commission européenne négociait ardemment depuis longtemps, et que d’autres pays faisaient pression. En revanche, je note que la Commission européenne négociait depuis longtemps… sans résultat. C’est bien, de négocier. C’est encore mieux de conclure. En l’occurrence, Nicolas Sarkozy a manifestement compris ce qu’il fallait faire pour obtenir la libération des infirmières et du médecin. Si c’était tellement évident, si son intervention est tellement négligeable, comment se fait-il que personne n’y ait songé avant lui ?

    Et j’observe aussi (je suis très observateur, ce matin) que le Président bulgare a chaleureusement félicité Nicolas Sarkozy, a souligné son intervention décisive. S’il était ce pique-assiette que veulent décrire ce que ce succès diplomatique indispose, s’il était ce voleur du travail des autres, je doute que le Président bulgare en aurait rajouté.

    « Après tout, je suis pas Kouchner moi, j’ai pas fait profession d’avoir des émotions médiatiques, de représenter la bien-pensance internationale (mais quel hypocrite ce mec, je le supporte de moins en moins). »

    Tu n’es pas Kouchner, certes. Mais tu es bayrouïste. A l’interne, c’est kif-kif niveau émotion médiatique et bien-pensance.

  • Il est intéressant de rapprocher votre papier, cher Koz avec les propos de Michel Charasse interviewé par Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 ce matin. http://www.club-internet.fr/actualite_v5/chronique.phtml?id=772787
    Les meilleurs passages « si l’on achetait du pétrole dans les pays purs il y a longtemps que l’on roulerait en voiture à pédale »
    Sur RamaYade; « si l’on ne veut pas d’ennui on la nomme au ravitaillement… » bref il existe des socialistes réalistes comme il existe des libéraux coincés…et vice versa.

  • J’ai surinterprété cette note :
    « c’est bien Nicolas Sarkozy qui a fait ce qu’il fallait pour débloquer la situation, et les ramener dans leur pays. Sur cette affaire, once more, il y a ceux qui agissent, et ceux qui commentent. »
    Désolée.
    Si tu n’as jamais prétendu que Sarkozy ait tout fait et les autres rien, je n’ai jamais dit que son intervention était négligeable. Je pense même exactement le contraire : quand bien même il n’aurait fait que sortir les infirmières une heure plus tôt, ce serait encore un grand mérite, et il leur a fait gagner beaucoup plus que ça, probablement.

    Je passe en revue les justifications apportées pour la qualité de l’accueil fait à Kadhafi, et je les trouve faibles. Elles sont suffisantes pour un accueil, mais pas pour de l’empressement.

    Kouchner est insupportable, je le pense depuis des années et n’ai pas attendu qu’il devienne ministre de Sarkozy pour cela. Je n’ai pas attendu non plus de devenir « bayrouiste », comme tu dis. Et de l’entendre faire des simagrées au sujet de « heureux hasards » qui l’empêchent d’être là au moment de la visite, ça me hérisse.

  • Les récentes interviews des piliers de la mitterrandie (Dumas, Védrine, Charasse) doivent-elles prises pour un dédouannement a posteriori de la politique menée à l’ époque vis à vis des « salopards » (y compris Khadafi) ou simplement d’ une explication de politique étrangère à l’ attention des ténors enroués de la gauche vertueuse ?
    Et leurs commentaires à propos de la sortie de Rama Yade ne manquent pas de sel : au mieux elle a fait un erreur de jeunesse tout en restant dans son rôle, au pire elle a fait une faute en se désolidarisant de son « patron ».
    Dumas, Védrine, Charasse vendus au sarkozysme ?

  • Il est parfois contradictoire en lisant la presse et certains commentaires de reprocher à la fois à Sarkozy de n’avoir que profiter d’une libération des infirmières bulgares imminente et inéluctable et en même temps de constater que la visite de Kadhafi est une contre partie de cette action. Mais c’est pas la première fois, (c’est même presque systématique), que de se livrer à ce sport ces temps ci.

    Maintenant, finalement, on y voit une contrepartie inévitable à la libération des infirmières, on ne conteste plus la possibilité d’établir des relations commerciales (voir déclaration de Fabius) les reproches portent maintenant sur les signes « d’empressement », les tapis rouges, etc…

    OK, donc il aurait fallu recevoir Kadhafi en visite officielle comme l’ont fait (Zappareto) et vont bientôt le faire (Prodi) les autres leaders socialistes européens – mais refuser de dérouler un tapis rouge à l’Elysée (pas un vert non plus), refuser de lui serrer la main ostensiblement avec pied de nez à l’appui, l’humilier même un peu si c’est possible à sa descente de l’avion, le faire recevoir par le petit fils de Martinon, lui faire sentir que c’était contraint et forcé, lui déclarer qu’il était un salopard (que les volontaires lèvent la main), le provoquer en duel en le souffletant d’un gant, lui faire « fi ! », et ne pas oublier quand il quittera le territoire « je ne vous salue pas Monsieur ! ».

    Dans les faits, avoir un Secrétaire d’Etat qui parle comme elle l’a fait, que celle-ci reçoive l’appui du Ministre des Affaires Etrangère, que même Sarkozy déclare officiellement qu’il ne lui retire en rien sa confiance, la maintient à son poste et déclare que tout deux pensent la même chose, que les problèmes de droit de l’homme et de démocratie aient été abordés pendant la visite, est aussi un message fort envoyé à Kadhafi. Ne serait-ce justement que l’expression même de cette pluralité d’opinion et d’expression au sein d’un gouvernement.

    Il fut un temps, dans les gouvernements de droite et de gauche précédents, où l’affaire se serait passé très différemment (accords secrets, commissions occultes, et j’en passe). La real politik de cette époque était caractérisée par la crainte de voir certains pays basculer côté bloc de l’Est dans le cadre de la Guerre Froide. Non seulement, les dictateurs n’étaient pas dénoncés, mais les super puissances préféraient les régimes durs estimés comme les seuls capables d’empêcher la gauche communiste d’arriver au pouvoir dans des pays hyper instables. Ce qui d’ailleurs n’empêchaient rien du tout et a contribué largement à l’instabilité du monde dans cette période.

  • Koz a dit:
    « Je reste satisfait de voir que mes commentateurs socialistes [edit : et jusqu’à François Hollande (qui est aussi, à sa façon un commentateur socialiste, puisqu’on ne l’a jamais vu acteur. Jamais ministre, sa plus grande responsabilité aura été la direction du PS… avec quel succès. Amusant de voir quelqu’un comme lui dispenser des leçons) !] trouvent leur modèle à droite, avec Angela Merkel. Cela donne des raisons d’espérer. »

    C’est quand même surprenant ce type de remarque après avoir servi comme preuve de respectabilité Zapatero et Prodi.
    Je comprends assez mal le reproche fait aux commentateurs socialistes de citer Merkel en exemple… surtout quand tes propres arguments reposent sur le même type de raisonnements.
    Tu as bien raison de citer Prodi et Zapatero comme ‘figures de gauche’ ayant accueillies Khadafi, mais tu ne peux pas dans le même temps de gausser que d’autres utilisent exactement le même type d’argumentaire.

  • Bon, on constate quoi ? que sur cette affaire Zapatero et Prodi sont aussi mauvais que Sarkozy. La belle découverte. Il y a certainement d’autres circonstances où ils sont pires ou meilleurs, mais je ne vois pas pourquoi cela devrait dédouaner Sarkozy.

    Le fait que des socialistes ou des Bayrouistes agissent d’une certaine façon ne permet pas à mon humble avis, de juger Sarkozy.
    Pour juger Sarkozy, je regarde et évalue les faits et déclarations du nommé Sarkozy.

    Pour « rassurer », s’il le fallait, je dirais que je ne suis pas certain que Royal aurait mieux fait. Mais c’est Sarkozy qu’une partie des Français a élu, c’est lui donc que je mets en cause dans cette affaire déplorable.

    Les déclarations des autres ont peu d’importance et sont, de plus, totalement gratuites puisqu’ils n’ont pas le pouvoir. Je considère qu’elles sont faites à titre personnel.

  • Cela permet de prendre la juste mesure de l’évènement. Sommes-nous manifestement isolés dans le monde ? Notre pays prend-il une position inexplicable ?

    Pour « les déclarations des autres », je n’ose penser que tu parles des socialistes en général.

  • « Notre pays prend-il une position inexplicable ? »

    Dans la mesure où son président a été élu sur le discours exactement contraire à sa pratique, j’aurais tendance à dire que oui.

    Pour rappel :
    « Je ne crois pas à la « realpolitik » qui fait renoncer à ses valeurs sans gagner des contrats. Je n’accepte pas ce qui se passe en Tchétchénie, au Darfour. Je n’accepte pas le sort que l’on fait aux dissidents dans de nombreux pays. Je n’accepte pas la répression contre les journalistes que l’on veut bâillonner. Le silence est complice. Je ne veux être le complice d’aucune dictature à travers le monde. »

    Prodi, Zapatero et Merkel ont ils tenu le même discours que Sarkozy pendant leurs campagnes respectives ? A ma connaissance, non.

    Sur le fait que les autres font la même chose que nous (ou que nous faisons la même chose que les autres, le résultat est le même), il n’y a aucune gloire à en tirer, ni aucune excuse à y trouver.

    Mais vous comprenez, si on ne vend pas d’armes à la Libye, d’autres le feront ! La belle affaire… Vendre des armes à des dictateurs : la gloire et la fierté nous inondent le front !

    On retiendra donc que la France est un pays dont la balance commerciale continuera sous l’ère Sarkozy de (tenter de) s’équilibrer en vendant de la mort et de l’atome à des dictateurs, et qui continuera de chercher du pétrole et du gaz chez eux. On devrait vendre des bombes H, on ferait d’une pierre deux coups !

    Consternant.

  • Je ne sais pas si nous sommes isolé dans le monde; pour cette affaire, visiblement pas.
    Notre pays prend-il une position inexplicable?
    Pour moi, oui, c’est très net. Mais ce n’est que mon avis.

    Les déclarations des autres : j’inclus aussi les socialistes. Pour ce type de problème, je considère que ce sont des points de vue personnels. A mon avis, au pouvoir, il se seraient compromis (ils se sont d’ailleurs compromis) que ce soit avec Kadhafi ou avec d’autres.
    J’aurais trouvé plus courageuses les opinions de membres du gouvernement allant dans le sens d’une certaine éthique si ces membres avaient été jusqu’au bout de leur conviction; mais ça n’a pas été le cas. Swartzenberg et Servan-Schreiber (Jean-jacques) sont bien morts.

    Il y a toujours deux discours : les grands sentiments et le cynique « pragmatisme ». Il est plus facile de tenir l’un que l’autre lorsqu’on est dans l’opposition (le RPR l’a également pratiqué cela en son temps). Il n’est courageux de tenir le premier lorsqu’on est au pouvoir que si on met en conformité ses actes et ses paroles. Sarkozy a tenu le discours « sentiments » puis s’est empressé de s’asseoir dessus, d’où ses difficultés aujourd’hui.
    Mais il lui suffit de commander un sondage à son organisme préféré, de faire diffuser le résultat par le Figaro, ce résultat sera repris aux différents JT et tout rentrera dans l’ordre.
    Comme d’hab’.

    Seule perdante, la morale, mais la morale, qui s’en soucie ?

  • Je ne contesterai pas le revirement de Nicolas Sarkozy. Je l’ai d’ailleurs écrit dans mon billet. Et je ne contesterai pas non plus que ce n’est pas glorieux.

    Le fait de recevoir Khadafi peut encore se discuter : j’ai encore tendance à penser que, si son pays est encore bien loin d’être un modèle, il a fait des avancées qu’il ne paraît pas stupide de reconnaître, et d’encourager. Ou alors, on ne reçoit que les démocrates.

    En revanche, que la politique étrangère de Nicolas Sarkozy, que son option, entre réalisme ou « néo-conservatisme », soient obscures, j’en suis d’accord.

    C’est le problème du « pragmatisme », qui ne risque d’être compris que par celui qui prend les décisions.

  • Pragmatisme !
    En dehors de toutes considérations morales, démocratiques et économiques, pour moi il y a une raison pour laquelle j’approuve totalement la politique étrangère de NS, quitte à avaler au passage quelques couleuvres, c’est la coopération de Khadafi dans la lutte contre les terroristes islamistes et la perspective de l’ union de certains pays méditerranéens susceptible de former un rempart contre la progression de cette gangrène.
    Nous n’avons rien à gagner à mettre en avant nos états d’âme à un moment où Al Qaïda cherche à déstabiliser les pays du Maghreb.

  • Encore un bel exemple de rupture!!
    Après avoir eu un chef d’Etat « absent », nous avons un président omniprésent, version bling/bling
    Après avoir eu un président qui donnait la légion d’honneur à Poutine en faisant tout pour que cela ne se sache pas, nous avons un président qui félicite Poutine pour sa victoire aux législatives, sans aucun remords
    Et voici donc la dernière rupture: nous avons maintenant un président qui assume complètement son amitié avec les salauds. Kadhafi a soutenu pendant des années le terrorisme? Ce n’est pas grave, puisqu’il va nous verser des milliards et qu’en plus on nous assure qu’il a renoncé au nucléaire militaire (tiens une autre rupture: maintenant on ne prend plus aucun gant pour nous prendre franchement pour des cons!!)

    Bref, la rupture, c’est vraiment immonde!!!

  • “Je ne crois pas à la « realpolitik » qui fait renoncer à ses valeurs
    sans gagner des contrats. » dixit sarko
    stratégie doublement perdante…
    peut-être voulatil dire l’inverse…
    je ne crois qu’à la politique réelle…
    qui parle des valeurs et gagne les contrats
    ou qui gagne des contrats parce qu’elle porte des valeurs
    car le commerce des idées accompagne le commerce des biens,
    comme le montre l’histoire…(win-win², les valeurs, les euros, ici et là bas….)

  • Pingback: Non, ce n’est pas de la realpolitik. « Victoire au poing

  • Eh oui, Margit, c’est aussi un point que certains passent sous silence : la coopération dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Ce n’est pourtant pas négligeable.

  • Pingback: » Et de deux

  • Je voudrais juste signaler, que la visite en Espagne de Kadhafi s’est passé dans l’indifférence ; qu’il a été reçu par le roi et la reine, par Zapatero et Aznar.
    Que 11.8 mds d’€ de contrats sont en passe d’être finalisés.
    Qu’il n’a pas fait de provocations, car il n’a pas été provoqué.
    Je le dis, car ne comptons pas sur la

    N’aurait-il pas été plus intelligent d’agir de la sorte ?

  • Tout dictateurs et oppresseurs de leurs peuples, qu’ils aient été, je n’ai pas souvenir que Baby Doc, Jaruzelski et Castro aient fait exploser en plein vol des avions de ligen français.

  • Je ne vois aucune Realpolitik dans cette visite. Dire que Sarkozy a trahi ses idées versées lors de sa campagne relève de l’autisme ou de la cécité (ou des deux!). Il suffit de relire un de ces discours où justement, il précisait que le fait de pouvoir, le cas échéant, remplir les caisses, meme avec une personne pu fréquentable, justifiait quelques écarts à la digne défense des droits de l’homme.

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